Le couteau d’Abraham
Dieu maudit, dieu unique, inique et
sanguinaire
Dont le rire odieux ensanglante la terre,
Si tu avais du cœur, si tu avais une âme
Aurais-tu retenu le couteau d’Abraham ?
Que ne l’as-tu laissé tuer son rejeton
Plutôt que d’égorger un innocent
mouton !
En saignant ses deux fils, tuant sa
descendance
Il aurait évité des siècles de souffrance.
Que ce fut Isaac, que ce fut Ismaël,
Ces frères ennemis perpétuent leur duel,
Ces messagers de mort depuis portent le
glaive
Et font couler le sang et les larmes sans
trêve,
Refusant de remettre leur épée au fourreau
Ils sont à tour de rôle, et victime, et
bourreau.
Les enfants d’Isaac fondèrent Israël
Et l’Islam fut donné aux enfants d’Ismaël
Ces frères combattants issus du même sang
Arborent comme
emblème l’étoile ou le croissant.
L’objet de leur
combat, c’est une même terre -
Que chacun
revendique comme leur sanctuaire -
Commune puisqu’alors
c’était un même peuple
Avant que leurs
dieux fous ne les rendent aveugles.
Partout où ils
essaiment, ils importent leur guerre,
Bafouant les
nations qui leur offrent leur terre.
Et sur leur sol
martyr, dans le sang et les flammes,
Se massacrant entre
eux, ils génèrent des drames.
Les uns sèment
la mort au bout de leurs missiles
Au nom de la
Charia, sur les champs et les villes,
Les autres,
sous l’abri moral de la Shoa,
Massacrent des
enfants, explosant corps et bras.
Ces sordides
tueurs, ces brutes sanguinaires
Devraient bien
méditer ces vers de Baudelaire :
"Et
cependant voilà des siècles innombrables
Que vous
vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement
vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs
éternels, ô frères implacables ! "
N’êtes-vous pas
fourbus et noyés dans les larmes ?
Y aura-t-il
toujours, entre frères, une lame ?
Ne serait-il
pas temps de rejeter la haine
Et se dire
« Bonjour ! » à défaut de « Je t’aime ! »
VictorAyoli