Si du point de vue théorique je suis entièrement d’accord avec les
conclusions de Mr Fortin sur le refus du continent américain d’encore se
laisser faire par l’empire, je me pose quand même certaines questions
sur la valeur intrinsèque de son argumentation. Par six fois, il
met en exergue Cuba, une dictature moyenâgeuse qui n’a plus de raison
d’être aujourd’hui, mais fait totalement abstraction du Brésil, du
Chili, de l’Equateur, de l’Uruguay qui est en train de vivre un
changement de cap démocratique qui eut dû attirer son attention. Bref,
de tout ce qui n’est pas son dada, c’est courant chez lui et dérangeant
pour quelqu’un qui se targue d’être un humaniste.
N’étant pas du
genre à refuser l’expression d’un point de vue, je n’ai voté ni oui ni
non en modération pour la parution de ce chef d’oeuvre uniquement conçu
en tant que propagande indirecte. Je le mets simplement en parallèle
avec le refus par ceux qui croient qu’Agoravox est la propriété d’une
certaine gauche ( même reproche à la droite fascisante ) qui n’a pas les
yeux en face des trous de parution du billet que nous a proposé il y a
quelques jours Cubanis sur cette même antenne.
Le voici in extenso et tant pis pour ceux que cela dérange :
Le drame cubain se déroule chaque jour sous les yeux indifférents du
monde. Personne ne s’émeut du sort réservé à une nation sous l’emprise de la
tyrannie la plus ancienne d’occident.
Le drame cubain se déroule chaque jour sous les yeux indifférents du monde.
Personne ne s’émeut du sort réservé à une nation sous l’emprise de la tyrannie
la plus ancienne d’occident. D’autres problèmes semblent tellement plus
importantes partout ailleurs ! En Europe, nombreux sont ceux qui croient
encore à la version romanesque d’une petite île luttant dignement contre le
géant Goliath des temps modernes. Un mythe soigneusement inventé par quelques
intellectuels de gauche il y a presque soixante ans, mais qui subsiste encore
aujourd’hui. Au départ, grâce aux subventions soviétiques et dernièrement, au
pétrole vénézuélien.
Mais les soutiens économiques dont le régime cubain
bénéficie n’expliquent pas sa longévité. Il manque aussi un sincère intérêt
politique de la part des puissances, commençant par les Etats Unis, nullement
intéressés pour normaliser ses relations avec La Havane malgré l’anticastrisme
officiel des administrations successives.
Alors, depuis presque soixante ans, aucun vrai changement à
l’horizon. En attendant, prétextant l’hostilité de Washington, nul principe
démocratique porté par l’occident depuis la fin du fascisme en Europe ne
s’applique pas à Cuba. Pas d’élections libres, aucun droit d’expression ou de
réunion ni d’entreprendre librement. Le peuple cubain est devenu l’otage des
intérêts géopolitiques qui le dépassent. Cette folie doit cesser.
Un de trois résidents dans l’île a quelqu’un de sa
famille vivant à l’extérieur, soit de façon définitive ou temporelle ;
chaque année, des milliers de personnes au péril de leurs vies, choisissent de
traverser le détroit de la Floride dans des embarcations de fortune pour gagner
la terre promise. Sans oublier les 20 000 cubains qui quittent l’île légalement
pour l’Amérique tous les ans. Les chiffres pour d’autres destinations ne sont
pas connus, mais ils sont toute aussi impressionnants. D’après l’Institut
National des Statistiques cubain (ONE) le solde annuel –négatif- avoisine les 37 000 personnes.
A cette hémorragie permanente de ses forces vives et de sa jeunesse, s’ajoute
le nombre des récentes naturalisations, que grâce à la « Loi pour la
mémoire historique » approuvée en Espagne par le gouvernement socialiste,
a permis à 80 000 cubains d’ascendance ibérique d’acquérir la nationalité
espagnole. Au terme de l’opération l’année prochaine, l’ambassade espagnole à La Havane estime à 300 000 (5%
de la population) le nombre total des nouveaux sujets de la couronne.
S’il y avait encore des doutes sur la réussite du Castrisme,
ces chiffres prouvent le contraire. Personne n’oserait les contester
d’ailleurs. Le paradis socialiste des caraïbes est en réalité l’enfer de Dante,
une évidence, même pour des nombreux fonctionnaires du régime qui le lâchent quand ils le
peuvent.
Il est certain qu’il n’y a pas de guerre civile ouverte à
Cuba. Les moyens de répression sont plus subtils qu’en Syrie, mais ils ne
restent pas moins violents. Il est également évident qu’après soixante ans de
castrisme, toute illusion d’assister à la naissance soudaine d’une société
civile saine est un rêve sans espoir, car les cubains ne sont pas seulement
prisonniers du régime, mais aussi et surtout, de la géographie.
Cependant une solution consensuelle existe : faire
devenir Cuba, par référendum une autonomie espagnole. Légalement rien
ne s’y oppose, le gouvernement autonomique mis en place pour l’Espagne en 1897
peut être remis à l’ordre du jour, puisque la République déclarée en 1902 a été
imposée par la Armée des Etats Unis ; sans oublier que le Castrisme aussi,
a pris le pouvoir par la force des armes. Aucune consultation populaire n’a pas
été faite à Cuba depuis plus de soixante ans. Les avantages alors d’un tel dénouement sont
évidents pour les deux nations.