Article intéressant mais à remettre dans le contexte de la politique
italienne et du nouveau bipolarisme où chaque vote a son importance et
oblige des alliances très élargies et hétéroclites... Pour preuve, à
ce jour on ne sait pas vraiment qui a réellement gagné car une poignée
de votes séparent les deux listes et Berlusconi a demandé à recompter
les votes.
Pour revenir à votre article, la Ligue Lombarde demeure l’allié le
plus « embarrassant » de Berlusconi car ils véhiculent réellement des
idées racistes et surtout car ils ont un poids électoral réel (même
s’ils sont en perte de vitesse). On peut faire sinon beaucoup de
reproches à Fini mais son ouverture d’esprit est saluée souvent même
par ses adversaires de gauche. Son parti est désormais le troisième
parti italien. D’ailleurs, même la Mussolini jouit d’un capital
sympathie assez étonnant même à gauche dû à son franc parler et à ses
nombreux combats comme celui pour les droits des femmes. Cela dit, le
poids de son regroupement est anecdotique (moins de 1% de mémoire).
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la coalition de Romano Prodi
est probablement encore plus « plurielle » que l’ancienne gauche
plurielle de Jospin... Elle réuni en effet une quinzaine de partis
dont deux partis communistes (Partito dei Comunisti Italiani
d’inspiration marxiste et Rifondazione Comunista), des verts radicaux
anti-nucléaire, des démocrates chrétiens très catholiques
(Popolari-UDEUR), des radicaux laïcs qui crient contre le "vaticano
talebano" (Rosa nel pugno), deux partis socialistes dont un guidé par
le fils de Craxi (à l’époque proche de Berlusconi)...etc Beaucoup
disent que leur seul point commun est la haine contre Berlusconi.
Avec une telle coalition et un pays divisé en deux je n’ose même pas
penser comme l’Italie pourra être gouvernée. A la lumière du résultat
et en voyant la compositions des deux alliances, je pense que le
vote blanc était finalement le meilleur choix malgré son inutilité.
Maintenant, il faut savoir resituer dans le contexte "politique et
culturel" italien toutes les déclarations ou les citations un peu
fantasques des uns et des autres pendant la campagne. Il existe un
« franc parler » public en Italie qui est inconcevable en France. Mais
je voudrais juste préciser une chose. Très souvent en France, on
critique les hommes politiques italiens en disant qu’ils sont pas
crédibles, corrompus ou de mauvaise fois. Cela est parfois vrai. Mais
pour bien connaître les deux pays, je ne vois pratiquement aucune
différence DE NATURE avec les hommes politiques français. Il ne s’agit
que d’une différence de forme. En Italie, ils s’enguelent, ils
s’insultent et tout le monde s’amuse. Ainsi, le public se passionne,
prend position et va voter massivement (plus de 84% de participation
je crois). Ca me rappelle aussi un ami qui me disait ça : "quand
j’achète quelque chose chez un commerçant en Italie je sais que je me
fais arnaquer mais au moins on m’arnaque avec le sourire. A Paris,
quand on m’arnaque en plus on me traite de tous les noms..." Jean
Cocteau avait bien raison, les Italiens sont des Français de bonne
humeur...