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Commentaire de Carlo Revelli

sur Berlusconi : les liaisons dangereuses


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Carlo Revelli Carlo Revelli 12 avril 2006 12:29

Article intéressant mais à remettre dans le contexte de la politique italienne et du nouveau bipolarisme où chaque vote a son importance et oblige des alliances très élargies et hétéroclites... Pour preuve, à ce jour on ne sait pas vraiment qui a réellement gagné car une poignée de votes séparent les deux listes et Berlusconi a demandé à recompter les votes.

Pour revenir à votre article, la Ligue Lombarde demeure l’allié le plus « embarrassant » de Berlusconi car ils véhiculent réellement des idées racistes et surtout car ils ont un poids électoral réel (même s’ils sont en perte de vitesse). On peut faire sinon beaucoup de reproches à Fini mais son ouverture d’esprit est saluée souvent même par ses adversaires de gauche. Son parti est désormais le troisième parti italien. D’ailleurs, même la Mussolini jouit d’un capital sympathie assez étonnant même à gauche dû à son franc parler et à ses nombreux combats comme celui pour les droits des femmes. Cela dit, le poids de son regroupement est anecdotique (moins de 1% de mémoire).

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la coalition de Romano Prodi est probablement encore plus « plurielle » que l’ancienne gauche plurielle de Jospin... Elle réuni en effet une quinzaine de partis dont deux partis communistes (Partito dei Comunisti Italiani d’inspiration marxiste et Rifondazione Comunista), des verts radicaux anti-nucléaire, des démocrates chrétiens très catholiques (Popolari-UDEUR), des radicaux laïcs qui crient contre le "vaticano talebano" (Rosa nel pugno), deux partis socialistes dont un guidé par le fils de Craxi (à l’époque proche de Berlusconi)...etc Beaucoup disent que leur seul point commun est la haine contre Berlusconi.

Avec une telle coalition et un pays divisé en deux je n’ose même pas penser comme l’Italie pourra être gouvernée. A la lumière du résultat et en voyant la compositions des deux alliances, je pense que le vote blanc était finalement le meilleur choix malgré son inutilité.

Maintenant, il faut savoir resituer dans le contexte "politique et culturel" italien toutes les déclarations ou les citations un peu fantasques des uns et des autres pendant la campagne. Il existe un « franc parler » public en Italie qui est inconcevable en France. Mais je voudrais juste préciser une chose. Très souvent en France, on critique les hommes politiques italiens en disant qu’ils sont pas crédibles, corrompus ou de mauvaise fois. Cela est parfois vrai. Mais pour bien connaître les deux pays, je ne vois pratiquement aucune différence DE NATURE avec les hommes politiques français. Il ne s’agit que d’une différence de forme. En Italie, ils s’enguelent, ils s’insultent et tout le monde s’amuse. Ainsi, le public se passionne, prend position et va voter massivement (plus de 84% de participation je crois). Ca me rappelle aussi un ami qui me disait ça : "quand j’achète quelque chose chez un commerçant en Italie je sais que je me fais arnaquer mais au moins on m’arnaque avec le sourire. A Paris, quand on m’arnaque en plus on me traite de tous les noms..." Jean Cocteau avait bien raison, les Italiens sont des Français de bonne humeur...  smiley


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