• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de soi même

sur Hollande 2017 : Capitulation en rase campagne sur champs de ruines (Allégorie)


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

soi même 2 décembre 2016 16:30

Bien entendu, c’est en premier lieu avec l’Union Soviétique qu’elle souhaite y parvenir. Les raisons de ce choix primordial sont évidentes. La Russie est, en effet, à tous égards, la puissance principale de la région du monde où elle se trouve située. D’autre part, elle apparaît à la France comme un interlocuteur avec lequel la compréhension et la collaboration sont éminemment naturelles. Il y a là une réalité politique et affective aussi ancienne que nos deux pays, qui tient à leur histoire et à leur géographie, au fait qu’aucun grief fondamental ne les opposa jamais, même au temps de « Guerre et Paix » ou à l’époque de Sébastopol, enfin à des affinités qui se manifestent clairement, aussi bien au niveau de leurs élites, intellectuelles, littéraires, artistiques et scientifiques, qu’entre leurs peuples eux-mêmes. Il va de soi que leur alliance au cours des guerres mondiales et, notamment, la part capitale que l’Union Soviétique prit à la victoire décisive qui couronna la Deuxième n’ont fait que renforcer, chez les Français, le sentiment de cette solidarité. Bref, puisqu’il s’agit de faire évoluer dans le bon sens la situation internationale, Paris, pour en parler à l’Est, s’adresse nécessairement à Moscou.

D’autant plus que, pour la France, sans qu’elle méconnaisse aucunement le rôle essentiel que les Etats-Unis ont à jouer dans la pacification et la transformation du monde, c’est le rétablissement de l’Europe en un ensemble fécond, au lieu qu’elle soit paralysée par une division stérile, qui en est la première condition. Aussi, l’entente entre des Etats jusqu’à présent antagonistes est-elle surtout, suivant les Français, un problème européen. C’est le cas pour les échanges intellectuels et matériels qui favorisent les progrès communs. C’est le cas pour le règlement qui, un jour, devra fixer le sort de l’ensemble de l’Allemagne et la sécurité de notre continent. C’est le cas pour ce qui doit être fait afin que l’Asie, l’Amérique latine et l’Afrique soient, elles aussi, assurées de la paix et, en outre, aidées dans les efforts qu’elles déploient pour leur propre mise en valeur.

En attendant que l’Europe tout entière en vienne à se concerter au sujet des voies et moyens qui la mèneraient vers ces buts nécessaires, tout, nous semble-t-il, engage la France et l’Union Soviétique à le faire entre elles dès à présent. »

 

 

pages 212-213 :

Discours prononcé devant la Diète polonaise, le 11 septembre 1967

« ...que viennent à s’établir entre tous, de l’Atlantique à l’Oural, une politique et une pratique délibérées de détente, d’entente et de coopération, il y aurait alors toutes chances pour que, dans les conditions et l’atmosphère nouvelles qui seraient ainsi créées, les peuples européens puissent aborder en commun et régler eux-mêmes les questions qui sont de leur ressort, parmi lesquelles la principale est le destin du peuple allemand.

La France qui, comme la Pologne, est voisine de ce grand pays et a de tout temps, surtout en ce siècle même, gravement souffert des ambitions germaniques, entreprend cependant, après l’effondrement du Reich et dès lors que l’Allemagne en renie les méfaits, d’avoir avec son voisin d’outre-Rhin de francs rapports de réconciliation. En même temps, elle s’applique à renforcer en tous domaines ses contacts cordiaux et constructifs avec les Etats de l’Est et du Centre de l’Europe, comme elle le fait avec ceux de l’Ouest. Ne peut-on espérer qu’ainsi se fonde progressivement, pour la sécurité commune, un ordre européen auquel participeraient et que garantiraient solidairement tous les pays du continent ? Mais, pour atteindre un tel but, ne faut-il pas que la Pologne et la France suivent côte à côte la route qui y conduit ?
Au demeurant, une Europe qui ne serait plus divisée, de quel poids pèserait-elle pour soutenir et maintenir la paix dans toutes les parties du monde ! »

 

 

pages 332-335 :

Conférence de presse tenue au Palais de l’Elysée le 9 septembre 1968

« La division en deux blocs — vous savez ce que j’en pense depuis l’origine — qui a été imposée à l’Europe à la faveur de ses déchirements, est pour elle un malheur succédant aux autres malheurs. Cette division constitue, en effet, pour les peuples de notre continent, un empiétement permanent sur leur droit à l’indépendance, alors que chacun d’eux est, par excellence, capable de se conduire lui-même. D’ailleurs, répartir les nations de l’Europe en deux camps, dominés par deux rivaux, c’est empêcher que s’établissent normalement entre elles les rapports économiques, culturels, humains, qui sont conformes à leur nature et à leurs tendances millénaires, alors qu’à notre époque, où tout dépend du développement moderne, ce sont la détente, l’entente et la coopération, qu’exige leur intérêt commun. Enfin, la tension politique et militaire entretenue entre les unes et les autres met constamment la paix en question. Il n’y a pas d’idéologie qui puisse justifier une situation aussi artificielle et aussi dangereuse.

Cette situation, la France l’a, depuis l’origine, réprouvée. Ai-je besoin de rappeler qu’à Moscou, en décembre 1944, j’ai, au sujet de la Pologne, refusé de souscrire et de donner d’avance mon aval à la suzeraineté soviétique que Staline allait lui imposer par le moyen du communisme et à travers un gouvernement formé à sa discrétion ? Ai-je besoin de rappeler aussi, qu’en 1945, la France, bien qu’elle fût belligérante, en possession de sa souveraineté, de son territoire, de son Empire, de ses armées, ne fut pas conviée à Yalta, par entente calculée de Washington et de Moscou ; qu’avant l’ouverture de la Conférence, j’en avais, par tous les moyens, contesté la composition ; qu’une fois connues ses conclusions je ne les ai pas adoptées et que, pour marquer publiquement mon désaccord, je ne me suis pas rendu aux entretiens auxquels me convoquait spectaculairement Roosevelt ?

 

Je ne pouvais, en effet, accepter que le sort de l’Europe fût, en fait, fixé sans l’Europe. D’autre part et quelles que fussent les vagues formules de principe qui couvraient cette usurpation, je n’admettais pas, non plus, le droit suprême de disposer des autres — ennemis ou alliés — que deux puissances, déjà rivales, s’attribuaient d’office, chacune d’un côté de la ligne de démarcation qu’ensemble elles avaient tracée à leurs troupes, livrant inévitablement à la domination soviétique la partie centrale et orientale de notre continent et, du coup, le coupant en deux. Si, par la suite, mon gouvernement a reconnu que les faits étaient accomplis, faute de pouvoir les empêcher, il n’a jamais reconnu qu’ils étaient justifiables ni justifiés.
 

 

Depuis 1958, nous, Français, n’avons pas cessé de travailler à mettre un terme au régime des deux blocs. C’est ainsi que tout en pratiquant d’étroites relations avec les pays de l’Ouest européen et en allant jusqu’à changer, à l’égard de l’Allemagne, notre ancienne inimitié en cordiale coopération, nous nous sommes progressivement détachés de l’organisation militaire de l’OTAN, qui subordonne les Européens aux Américains. C’est ainsi que, tout en participant au marché commun, nous n’avons jamais consenti pour les Six au système dit « supranational » qui noierait la France dans un ensemble apatride et n’aurait d’autre politique que celle du protecteur d’outre-Océan. C’est ainsi que notre volonté de ne point risquer cette absorption atlantique est l’une des raisons pour lesquelles, à notre grand regret, nous avons jusqu’à présent différé l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’actuelle Communauté.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès