Comment Macron m’a séduit, puis trahi.
EN 2010, LE JOURNAL LE MONDE EST AU BORD DE LA FAILLITE ET EMMANUEL MACRON PROPOSE SON AIDE « BÉNÉVOLE » AUX JOURNALISTES. MAIS LE BANQUIER D’AFFAIRES ROULAIT EN FAIT POUR UN DES GROUPES QUI VOULAIT RACHETER LE JOURNAL…
Je suis Adrien de Tricornot, je suis journaliste au
Monde. En 2010, le groupe Le Monde avait de grosses difficultés
financières et j’étais vice-président de la Société des
Rédacteurs du Monde.
Nous les journalistes, au travers de la
Société des Rédacteurs du Monde, étions les principaux
actionnaires du groupe*. Nous savions que nous allions devoir faire
appel à de nouveaux investisseurs, et voir nos parts diminuer. Nous
allions perdre le contrôle actionnarial du journal. Il fallait nous
entourer de spécialistes : avocats, banquiers d’affaires.
C’est
à ce moment là qu’Emmanuel Macron, jeune banquier chez
Rothschild, fait savoir à une journaliste, qu’il est prêt à nous
aider « pro bono ».
Emmanuel Macron se présente à nous comme
un banquier d’affaires qui fait de l’argent, mais n’y trouve
pas du sens, membre de la Fondation Jean Jaurès, voulant défendre
la liberté de la presse, ancien assistant de Paul Ricoeur… Et donc
prêt à nous aider bénévolement.
Et Emmanuel, puisque c’est
comme ça qu’on l’appelait à l’époque, devient vite un
conseiller important pour nous. On allait le voir le soir chez
Rothschild, quand tous ses collègues étaient sortis ou dans des
cafés pour se tenir au courant discrètement. On le trouvait
formidable, super brillant…
Le 2 septembre 2010 après-midi, on se retrouve une nouvelle fois dans le bureau d’Emmanuel Macron. On lui rend compte de l’état de nos négociations. On s’apprête à conclure avec l’offre Bergé-Niel-Pigasse, qui n’était pas la direction vers laquelle il nous avait conseillé d’aller. Mais l’entretien reste très cordial.
Le 3 septembre au matin, nous avions une réunion avec les conseillers de Pierre Bergé [un des futurs repreneurs du Monde], 10 avenue George V. La coïncidence, c’est qu’à la même adresse, il y a les bureaux… d’Alain Minc. Or Minc, ancien président du Conseil de Surveillance du Monde, conseille à l’époque le groupe Prisa qui est un des autres candidats au rachat de notre journal.
Après notre
rendez-vous, nous discutons quelques minutes entre nous avec Gilles
Van Kote, président de la Société des rédacteurs du Monde, notre
avocat et sa collaboratrice, en bas de l’immeuble. Je vois la porte
de l’immeuble s’ouvrir. Un petit groupe sort autour d’Alain
Minc, pour aller déjeuner ; le dernier à sortir est Emmanuel
Macron. Je croise son regard, il me semble qu’il me voit également
; il échange quelques mots avec Minc tout en restant sur le pas de
la porte, puis Macron disparaît derrière la porte cochère et ne
sort pas.
Là je dis à mes collègues : « vous n’allez
pas me croire, mais avec Minc, il y avait Macron ». Mes amis me
disent que je suis peut-être un peu fatigué, mais que ça n’est
pas possible.
Je décide d’aller voir si Macron est toujours
derrière la porte. Je ne vois personne dans l’entrée, personne
derrière la porte, personne dans la cour.
Je reviens sans l’avoir
trouvé. Mais avant que nous séparions, je décide de faire une
autre tentative, et je demande aux autres de m’attendre.
Je
monte à l’étage et je sonne au bureau de Minc, mais tout le monde
est parti manger. Et je me dis, tiens, si j’allais monter voir aux
autres étages.
J’avais une sorte de pressentiment. J’avais vu
que Macron se cachait, or quelqu’un qui se cache doit continuer à
se cacher. Je monte les marches. Mon téléphone sonne en appel
masqué. Je n’ai pas su qui c’était, j’ai raccroché.
Et puis j’arrive au dernier étage de l’immeuble. Je vois que la porte de l’ascenseur est bloquée – et effectivement quand j’avais essayé de prendre l’ascenseur, il n’était pas dispo. Et tout au bout de l’étage, sur le palier, il y avait Emmanuel Macron qui s’était bien « replié » au moment où il m’avait vu !
Il avait bloqué la porte de l’ascenseur, et je ne sais pas si c’est lui qui m’avait appelé en masqué pour savoir si c’était moi qui montait les marches. On s’appelait beaucoup à l’époque, mais pas en appel caché ! Ceci dit, c’est peut-être juste un hasard.
Surtout, étrangement, quand
j’arrive sur le palier du dernier étage, Macron regarde ses pieds
et a son portable à l’oreille et fait comme s’il ne me voyait
pas. Et précisément au moment où j’arrive sur le seuil du
dernier étage, j’entends « Oui allô c’est Emmanuel… » :
Il se met à démarrer une conversation au téléphone. Pile au
moment où j’arrive. Je ne sais pas s’il y avait vraiment
quelqu’un à l’autre bout du téléphone…
Et moi je vois ce
type juste devant moi, qui fait comme si je n’étais pas là. Je
suis totalement sidéré. Je pourrais être en colère de la
trahison, car on voit bien qu’il a essayé de nous cacher quelque
chose, mais je suis assez content de l’avoir trouvé !
Je me
rapproche à quelques centimètres de lui, mais toujours rien… il
continue à « parler » au téléphone.
Je lui tends la main et lui dis : «
Bonjour Emmanuel. Tu ne nous dis plus bonjour ? Mes autres collègues
t’attendent en bas ». J’ai senti à ce moment l’angoisse en
lui. Il avait du mal à respirer. Son cœur battait à 200 à
l’heure.
Je lui demande ce qu’il fait là. Il me répond :
«
– J’attends des clients »
« – Tu attends des clients,
comme ça, sur le pas de la porte ? Pourquoi tu ne rentres pas ? »
«
– Bah, parce qu’en fait on nous prête des locaux ici, mais j’ai
pas encore la clé… »
« – En tout cas mes collègues
t’attendent en bas, ça serait bien que tu descendes leur dire
bonjour »
« – Non je ne peux pas, j’attends des clients…
»
Finalement, je lui force la main pour qu’il descende dire
bonjour à mes collègues. Macron retrouve petit à petit son aplomb,
pendant qu’on redescend au rez-de-chaussée.
Je repasse la porte d’entrée de l’immeuble, cette fois avec Macron. Là, mes amis, goguenards, s’attendaient à me voir revenir bredouille. Ils passent de l’état goguenard à celui de la sidération. Parce qu’effectivement Macron était bien là !
Macron discute quelques instants
avec notre petit groupe. Parmi mes collègues, notre avocat
d’affaires, qui est assez rompu aux négociations d’affaires,
sait que dans ce domaine tout est permis, mais était sidéré. Et
Gilles Van Kote [à l’époque président de la société des
rédacteurs du Monde, puis directeur du journal de 2014 à 2015], qui
était aussi présent ce jour-là, m’avait dit un jour :
«
On a été trahis par tellement de gens que si même Emmanuel nous
trahit, c’est à désespérer de l’humanité. »
Quelques
minutes plus tard après être parti, Gilles Van Kote m’envoie ce
texto :
« Tant pis pour l’humanité. »
Je pense que
Macron a été se cacher parce qu’il a été surpris. Le fait qu’il
soit surpris avec Alain Minc est une sorte d’aveux qu’il a des
relations qui ne sont pas connues de nous avec lui. Or Macron est
notre conseiller. Il a le droit de rencontrer Minc, soit pour des
dossiers qui ne nous concernent pas et où il ne parle pas de nous.
Mais s’il parle de notre dossier, il doit nous en rendre
compte.
Cela signifie que, pendant la négociation, Macron avait
déjà eu des relations avec Minc, sans nous le dire. Or Minc était
le soutien d’une offre qui nous paraissait particulièrement
dangereuse, celle de Prisa !
Plus tard, d’autres éléments ont conforté ces très forts
soupçons. Dans le livre de Marc Endeweld, « L’Ambigu
Monsieur Macron », j’ai appris qu’un courrier que nous
avions nous-mêmes [la Société des rédacteurs du Monde] adressé à
Xavier Niel, Pierre Bergé et Mathieu Pigasse pour demander un délai
de 15 jours supplémentaires de négociations avec les différents
repreneurs potentiels, avait en fait été rédigé à l’origine
par Alain Minc Conseil, la société de Minc. Or, c’est Emmanuel
Macron qui nous avait transmis la trame de ce courrier !
Et
d’ailleurs, quand Macron propose de repousser le délai de remise
des offres de 15 jours supplémentaires, cela permettait à Prisa de
rester encore dans le jeu !
https://www.streetpress.com/sujet/1486723160-macron-le-monde
13/05 20:05 - robert
11/05 20:42 - famigori
@pierrot C’est vrai, un imbécile, mais qui a la conscience tranquille et qui survivra (...)
11/05 18:05 - adeline
@pierrot Bonjour, je pense que le commentaire de LE421 ne s’adressait pas à vous mais à (...)
11/05 11:28 - Le421
@Etbendidon Normal qu’il aille à Marseille... Vous savez bien qu’il a horreur des (...)
11/05 11:13 - pierrot
11/05 11:12 - pierrot
@GHEDIA Aziz Bonjour,Aziz, merci de votre information. Donc la discussion est clos sauf pour (...)
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