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Commentaire de Christian Labrune

sur Pourquoi nous devrions écouter les services secrets israélien en ce qui concerne la gestion du terrorisme


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Christian Labrune Christian Labrune 18 juin 2017 10:01

@Joseph
Vous avez peut-être cru bien faire en écrivant cet article et j’ai peut-être été un peu féroce dans ma critique, mais c’est que je ne supporte plus du tout l’antisémitisme qui sévit en France, non seulement sur ce site, mais même à la tête de l’état, dans la politique absolument infâme du Quai d’Orsay. Vous vous emparez d’un documentaire d’Arte qui sélectionne ses sources et partant de là, vous nous produisez une image de la politique d’Israël qui tout à fait orientée, et dans le sens, précisément, que vous le vouliez ou non, d’un antisionisme qui est bien pire encore que l’antisémitisme : il ajoute en effet à la détestation des Juifs quelque chose de plus : une dimension génocidaire puisqu’il implique, si on le pousse jusqu’au terme de sa logique, un soutien à toutes les idéologies qui prétendent interdire aux Juifs, après les avoir chassés d’Europe et de tous les pays musulmans, de disposer d’un état enfin reconnu. C’est d’autant plus absurde que les états du Gofle, le Qatar mis à part, sont en train de travailler à normaliser enfin leurs relations avec Israël
Imaginez un peu qu’à l’étranger on veuille analyser la situation de la France confrontée au terrorisme et qu’au lieu de tenir compte des débats pour le moins contradictoires qui s’y déroulent, on se borne à analyser le discours de l’extrême gauche, celui du parti de Mélenchon ou celui du NPA. Il apparaîtrait que le seul problème en France n’est pas du tout celui du terrorisme, mais celui de l’islamophobie. La cause des attentats à Charlie Hebdo, au Bataclan et à Nice, c’est l’islamophobie. La cause de la mort d’une fillette assassinée à Toulouse d’une balle dans la tête, ce n’est pas l’antisémitisme viscéral de toute une partie de la communauté musulmane, c’est la politique de « colonisation » en Israël, etc. Si on était plus gentil avec les islamistes, si on s’abstenait de critiquer l’islam, de caricaturer son prophète, si on approuvait le burkini et la burqa, si on consentait aux musulmans des banlieues le droit de persécuter en toute impunité les « céfrans », ces « faces de craie », de massacrer quelque peu les Chinois, comme à Aubervilliers, et d’organiser des pogroms contre les Juifs comme cela fut très bien esquissé à Sarcelles en 2014, tout irait mieux. Vous voyez bien que tout cela est parfaitement idiot.
Or Il n’y a pas qu’en France que des intellectuels ou des responsables politiques se livrent tous les jours, et fort complaisamment à la trahison de leur propre pays. Vous trouverez exactement la même chose en Israël et je vous recommande de lire par exemple le bouquin très éclairant de Pierre Lurçat : « La trahison des clercs d’Israël » qui rappelle le bouquin de Benda en 1927 : « La trahison des clercs ». Je ne me priverai pas d’être extrêmement critique vis-à-vis de tout un courant de l’idéologie israélienne qui trahit complaisamment sa propre nation et qui n’est pas pour rien dans la réapparition, en France et ailleurs, d’un antisémitisme atroce. Bien des romanciers et bien des cinéastes israéliens sont très proches de l’extrême gauche, du Meretz en particulier (le parti de Herzog, qui serait l’équivalent du PS français étant, lui, est en pleine déconfiture). C’est du reste un problème tout à fait actuel qui embarrasse beaucoup le Likoud. J’en veux pour preuve les efforts faits par Miri Regev, l’actuelle ministre de la culture et des sports, pour couper les subventions à des associations israéliennes qui travaillent à l’étranger, à ruiner l’image d’Israël par une propagande mensongère qui ressemble à celle du Hamas. Le débat de cette semaine en Israël portait sur une loi qui exigerait des professeurs dans les universités, qu’ils cessent d’y assurer la propagande de l’extrême gauche. La loi ne sera probablement jamais votée par la Knesset, mais il était pour le moins nécessaire de porter le débat sur la place publique. Il y a donc un fossé entre les exigences du peuple israélien qui, depuis des années, soutient la politique attentiste de Netanyahou parce qu’elle est la plus prudente, et ces « intellectuels » qui vivent sur un nuage, et prônent le pacifisme intégral dans un pays qui est encore environné d’ennemis qui se proposent de le détruire. Les habitants des Kibboutzim du sud, ces derniers jours, sont dans une crainte, qui n’a rien d’irrationnel, de voir à la suite de la crise de l’électricité créee par l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, un nouveau conflit comme celui de 2014. Ceux-là qui savent très bien que des tunnels peuvent s’ouvrir dans le fond de leur jardin, ne se font pas les mêmes illusions que beaucoup d’intellectuels qui pensent aussi, comme ceux qui soutiennent en France le parti de la France Soumise, qu’il suffirait d’être « plus gentil » avec les Palestiniens. Sharon avait organisé en 2005 le retrait de Gaza d’une manière tout à fait unilatérale, sans rien exiger de l’autre partie. C’était généreux, très conforme à ce que pouvaient rêver partout les partisans d’une paix tout de suite et sans conditions. Le résultat n’aura pas été à la hauteur de ses espérances, et c’est le moins qu’on puisse dire.
Vous me direz que les gens des services secrets sur lesquels vous vous appuyez ne sont pas des intellectuels, qu’ils ne sont pas nécessairement d’extrême gauche, mais vous négligez le fait qu’en Israël comme partout, on se tire volontiers dans les pattes à la moindre occasion, surtout quand les rivalités professionnelles ont pu faire grossir des ressentiments. On l’aura bien vu ces derniers mois après que Moshe Ya’Alon eut été mis sur la touche : il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère dans la critique de ses anciens alliés politiques. De ces dissensions qu’on trouve partout, mais qui sont peut-être plus accentuées en Israël parce que les dangers extérieurs sont plus nombreux, quand on est très loin de ce petit pays, on peut tirer toutes les interprétations qu’on voudra. On pourra raconter n’importe quoi, étant à peu près sûr que personne n’ira prendre le soin d’examiner les choses dans leur complexité.
Au reste, ce que vous écrivez de la situation en France, un pays que nous connaissons mieux, vous faites fi de la complexité et vous reprenez la doxa lénifiante mise au point par le gouvernement socialiste : au fond, il n’y aurait pas de terrorisme en France, et nous ne ferions que pâtir de nos propres erreurs et d’un refus, au nom de la laïcité, du communautarisme. Vous voyez bien cependant, après les attentats qui viennent d’avoir lieu en Angleterre que si on y admet beaucoup mieux le communautarisme, ça ne change rien du tout à la question du terrorisme. Il est même bien possible que dans les prochains mois ce soit pire en Angleterre et en Allemagne.
 


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