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Commentaire de knail

sur Coup de gueule de Russie


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knail knail 25 mars 2018 18:30

Puis-je vous demander d’en dire un peu plus sur cette formule de Vladimir Poutine que vous transmettez : « Je vois un monde avec la Russie, ou le monde n’existera pas ! »

Faut il l’entendre dans le sens que les Russes se verraient bien comme les seuls habitants de la planètes dans les temps à venir… ?  Cela ne plaiderait pas en leur faveur. Ou peut-être faut il le comprendre comme une volonté de vivre en ignorant les autres... ? Ce qui serait fort dommage et aussi fort dommageable... Même si cela est possible pour eux sur leur quasi continent.

Ceci posé, je suis également très agacé, hormis quelques exceptions (cf deux bons reportages sur Vladimir Poutine, sur A2 et Arte), par l’attitude générale des médias conventionnels vis à vis de la Russie. Des médias, et par voie de conséquence de la majorité, mais pas de tous, mes contemporains. J’en suis agacé, peiné, fâché, inquiet...

Ceci dit, quel que soit mon intérêt pour la Russie, l’estime que je peux avoir souvent pour sa diplomatie et sa politique étrangère, sa résilience, sa volonté d’indépendance, sa résistance à des puissances coalisées contre elle, mais aussi pour la capacité de Vladimir Poutine d’incarner les attentes de tout un peuple et de ne pas se payer de mots mais de se montrer d’une grande cohérence, je reste prudent lorsqu’il s’agit de faire l’apologie de la Russie, d’en faire un modèle exemplaire de société.

J’ai sans aucun doute de l’estime, de l’intérêt et de la sympathie pour la Russie et le peuple Russe, sa culture, sa musique, etc. mais justement pour cela, parce que j’en lis presque chaque jour la presse, publiée en Français, en écoute les émissions qu’elle émet en France et en Belgique, je reste stupéfait de l’absence quasi totale dans ses communications de la culture (sorti du cadre des danses folkloriques, de ses palais baroques et des église orthodoxes), de la société civile, de la création artistique et scientifique etc. Nul doute que tout cela existe en Russie. J’ai rencontré à Bruxelles dans un cinéma art et essais des Russes de Moscou qui animaient un cinéma de ce type là, mais ce n’est pas ce que la Russie communique principalement d’elle même. Elle préfère souvent rouler des mécaniques, se vanter de ses armements plus performants que ceux de l’Ouest (et je m’en réjouis personnellement et l’en félicite si tel est le cas), critiquer la décadence des autres (mais ne pas pouvoir se critiquer soi même c’est déjà une forme de décadence selon moi) , promouvoir les mouvements politiques les plus réactionnaires sans beaucoup de discernement, s’amuser à jeter de l’huile sur le feux (et effectivement cela me fait souvent rire, mais ça ne mène pas très loin), relayer des informations très raz des pâquerettes etc. Je trouve la pensée qui anime ces médias, en général d’une grande pauvreté, et donc très attendue et avec le temps, sans réelle surprise. Cela m’attriste parce que j’ai de l’estime pour ce pays, qui se met de cette façon bien mal en valeur. La seule exception est pour une partie de Radio Sputnik, principalement grâce aux émissions de Jacques Sapir, mais dans lesquelles il est question souvent plus de la France que de la Russie.

Tout ce que je dénonce là ne me dérange pas personnellement. De toute façon je continuerai à suivre ces médias parce qu’ils me donnent le point de vue d’en face, et en plus d’un pays qui spontanément m’est plutôt attachant. Ce n’est donc pas ce caractère extrêmement frustre de ces médias qui me fera mépriser ce pays et encore moins sa population. Ca m’intéresse même, mais disons, que cela est très loin de me convaincre.

Les musées, les théâtres, les galeries d’art, les salles de concert, cela pullule à l’Ouest, même au fond de certaines campagnes. La production littéraire, musicale, cinématographique de qualité sont tout simplement impossibles à suivre, même sur un petit territoire donné. La qualité, la grande qualité même des créations se trouve partout. C’est vrai pour les arts mais c’est vrai aussi pour les développements scientifiques, techniques et industriels. Le dynamisme de nos villes et aussi des campagnes est souvent stupéfiant. Or je sais que la Russie souffre de ce manque de dynamisme. Un dynamisme existe en Russie, bien entendu, mais, proportionnellement en bien moins grande quantité, hormis autour de pôle exceptionnels… Je lisais un article de Christophe TRONTIN déns le Gand Soir (ici : https://www.legrandsoir.info/ce-que-les-candidats-nous-revelent-de-la-societe-russe.html ) qui semble nous dire par l’intermédiaire d’une opposante que la concentration en musées, expositions, théatres etc. est dix fois supérieur en Europe de l’Ouest. J’ai lu aussi d’autres articles sur cette difficulté à la créativité en tous les domaines, économiques, scientifiques etc. sur l’ensemble du territoire Russe. La population en général ne serait pas prête à cela, mais plutôt attirée par un repli frileux autour d’un état fort et protecteur. Je ne sais si ce chiffre de « dix fois » inférieur, est exact, crédible ou non, et en fait cela ne veut pas forcément dire quelque chose de très précis au niveau de la culture que les gens vivent. Une culture populaire peut subsister et être très forte. Ceci dit lorsque je capte les chaînes Russes à la télévision, qu’est ce que j’y vois principalement sinon des shows rutilants et clinquants à l’américaine, qui nous paraissent à nous, dégénérés de l’Ouest, d’une vulgarité inouïe. La culture américaine, ses valeurs, ses clichés semblent animer l’imaginaire russe. Et cela me désole. Nous sommes nous à l’ouest, vaccinés face à ces chimères, du moins une certaine classe moyenne qui s’en moque, mais apparemment les Russes pas encore. Quand aux (riches) Russes de Bruxelles, c’est souvent une population très mal éduquée et arrogante qui ne rêve que luxe en touts genres (Grosses limousines blanches, silhouettes longilignes peroxydées ou noir de jais, complets vestons brillants aux jambes et épaules écartée etc.)  méprisants souvent avec les commerçants et les locaux. Ce comportement est peut être plus l’apanage général de l’excès de richesse que de la mentalité russe, mais disons que celle ci n’y déroge pas. Une fois encore, dommage.

J’ai aussi rencontré un couple de simples jeunes russes de Moscou, absolument délicieux.

Enfin, tout cela pour dire que l’image que la Russie donne d’elle même à l’étranger au travers de ses propres médias en fait, à tort ou à raison, un pays rude, mal dégrossi, plutôt arriéré et mal éduqué, au goût prononcé pour ce que le capitalisme produit de pire : les paillettes et le luxe, les armes et la forces brute. Ce que je trouve surprenant c’est qu’elle est la première à en être responsable puisque c’est comme cela qu’elle se présente principalement. Tous ces épithètes peu flatteurs que je donne ci dessus, peuvent s’appliquer autant aux USA, à la Belgique ou à la France pour certains de leurs aspects et de leurs populations, sauf que ces pays communiquent d’eux même aussi toutes sortes d’autres valeurs beaucoup plus favorables et enrichissantes. Ce qui ne m’empêche pas d’être lucide sur les monstruosités que l’Occident commet hors de ses frontières.

Ce que j’attends donc des médias Russes, c’est qu’ils apprennent à nous communiquer du meilleur d’eux même. Probablement que mes contemporains auront alors plus de facilité à les respecter et se laisseront-ils moins influencer par les mantras des médias dominants .


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