Oui elle a bon dos la
colonisation et il est navrant de constater l’impact funeste des médias pour
qui l’histoire civilisationnelle débute le 11 septembre et lorsque vous ramenez
le peu d’avance qu’aurait pu avoir le maghreb à une influence romaine ou chrétienne
(deux entreprises coloniales des plus dévastatrices) ça donne de de quoi crier
plus à l’ignorance qu’à du révisionnisme
A lire entre les lignes on n’est pas loin de penser que jamais la
chrétienté n’a pardonné à l’Islam l’occupation de l’Espagne des siècles durant. Jamais, elle n’a fait grâce au conquéreur de l’Andalousie, des Pyrénées
et d’une partie de la France, des raids meurtriers sur les régions littorales
du Languedoc, de Provence et d’Italie…
Rappelons que la haine à l’égard de l’islam et des musulmans,
encore si vive aujourd’hui atteignait son paroxysme du VIIème au XVIIIème
siècle :
« Les sarrasins (c’est à dire les arabes), écrit le pape Jean VIII,
se sont abattus sur la terre comme des sauterelles… » et «
ayant attaqué la métropole d’Aix, et l’ayant prise, la dépouille entièrement.
C’est ainsi qu’écrivent à la même époque les moines de Vézelay, ajoutant que les
arabes écorchèrent vifs hommes et femmes pris prisonniers ».
En outre, tout indique que la réalité et la spécificité religieuse
de l’Islam sont demeurées longtemps méconnues par les auteurs chrétiens :
La Chanson de Roland qualifie l’Islam de secte païenne et le considère comme
une déviance par rapport au dogme catholique.
Et cette image négative de l’Islam doit beaucoup à l’Espagne
chrétienne, bastion de la résistance contre l’envahisseur musulman, assimilé
pour les besoins de la cause à des créatures d’apocalypse.
Les chrétiens préparèrent ainsi les esprits à une croisade, à une
reconquête totale et à une mobilisation sans précédent décrétée en 1095 par le
pape Urbain II contre « un peuple barbare, cruel, méprisable, tyrannique,
esclave des démons ». Et Saint Bernard écrira au XIIème siècle, pour
justifier l’action des croisés que sont les Templiers : « Le
chevalier du Christ est le ministre de Dieu pour le châtiment des
méchants…..Quand il tue ‘un musulman’, il n’est pas homicide mais, si je puis
dire, malicide ». L’évêque de Paris, Guillaume d’Auvergne, ajoute avec
répulsion que ces ‘infidèles’ sont des êtres de débauche et de perversion.
Ils sont en outre « fourbes, sadiques voire serpents, vipères,
dragons, démons comme les dépeint encore la Chanson de Roland.
Cette grossière caricature de l’Islam que l’église, pendant
longtemps, s’est employée à diffuser en vue de modeler l’imaginaire de leurs
disciples est d’un simplisme mesquin : « Les païens ont le tort, et
les chrétiens le droit ».
Mais les intellectuels tels qu’Abélard au XIIème,
Roger Bacon au XIIIème qui ont appris à côtoyer et à apprécier les arabes
musulmans préconisèrent de reconnaître l’existence, voire la qualité de
L’Autre.
Le poète Wolfram Von Eschenbach fit écho dans ses œuvres
de critiques à l’égard d’une église intolérante, orgueilleuse et dominatrice.
Et l’illustration la plus spectaculaire d’un esprit
d’ouverture à l’égard de la civilisation musulmane a été donnée par l’empereur
Frédéric II en butte à l’hostilité persévérante, acharnée de la papauté.
Mais ces attitudes d’ouverture restent minoritaires.
Seule l’intolérance demeure l’idéologie dominante : Marco Polo décrit les
musulmans comme « de mauvaises gens, coupe-bourses, voleurs, meurtriers et
traîtres » ajoutant que la « maudite loi que leur a donné leur
prophète leur commande tout le mal qu’ils peuvent faire aux autres gens ».
Cette « maudite loi » qu’est l’Islam
est incarnée, aux XIVème et XVème siècle par une force nouvelle, les
Turcs : Constantinople succombe, et avec elle le millénaire empire
byzantin.
a suivre...