suite 2
L’empereur allemand Frédéric II de Hohenstaufen,
touché par le souffle vivifiant de l’esprit arabe, attira auprès de lui les
érudits musulmans et ce, au mépris des interdictions et des attaques de
l’Eglise catholique romaine. Mais la position de l’Empereur est demeurée
inébranlable affirmant que « le Germain comme l’Arabe possédaient cette
qualité unique : la vision claire et pénétrante de la nature
réelle des choses….Eux seuls, sans préjugé aucun, savent observer,
examiner et explorer la réalité sensible ».
D’ailleurs, c’est ce même empereur qui est le
véritable fondateur d’une nouvelle vision du monde en Europe : Pour lui, le
monde chrétien n’accordait guère d’importance à la nature concrête qu’en
fonction de Dieu et de l’âme, ajoutant que l’intelligentsia européenne, formée
par la théologie chrétienne, est absorbée uniquement par la contemplation de
l’Au-delà. Quant au monde des faits, elle ne s’y interessait guère.
Frédéric II s’érigeait contre de telles
fantaisies affirmant entre autres "Que notre intention est de rendre
perceptibles les choses qui sont, et telles qu’elles sont réellement".
Ces paroles marquent le tournant de la vision du
monde occidental :
Il fut en effet le pionnier de la science
européenne. Il inaugure toute un lignée de penseurs qui conduit vers la
renaissance avec Albert le Grand, Roger Bacon, Léonard de Vinci, Copernic,
Galilée et autres qui ont à des degrés divers, subi l’influence arabo-islamique
à travers la Physique expérimentale d’Ibn El Heitem, le botaniste Ibn EL
Beitar, les astronomes Al-Kindi et Al-Bitouqui, les connaissances arabes relatives
au magnétisme, à la boussole, aux matières explosives, à la pharmacologie, à la
médecine.....
Au contraire du christianisme, l’Islam a
encouragé des sciences qui lui étaient nécessaires pour fixer les heures de
prière, pour mesurer les mouvements des astres, soigner les malades, prévenir
les épidémies dans les grandes cités......
Et Mahomet avait imposé la recherche du savoir
comme un devoir religieux :« Qui aspire au savoir, adore Dieu ». Pour
lui, les sciences servent la gloire de Dieu : Pour l’amour d’Allah
« reçois le savoir, même de la bouche d’un infidèle ».
Toutefois l’environnement mondial, bouleversé
depuis la chute de Bysance, relégua cette quête transcendante du savoir dans
les confins de l’oubli, et le monde musulman dans les ténèbres d’un isolement
total : L’heure de la décadence avait sonné pour l’Islam.
En 1482, les rois catholiques, Ferdinand II
d’Aragon et Isabelle de Castille, décidèrent d’éliminer définitivement
l’Islam de l’Espagne. Une nouvelle croisade contre les musulmans
arabo-bérbères fut lancée.
La reddition de Grenade, dans la nuit du 1er au 2
janvier 1492, fut célébrée comme un fait extraordinaire dans toute la
chrétienté. On y voyait la revanche du monde chrétien sur le monde musulman
après la prise de Constantinople.
Aussi, les chrétiens espagnols, préconisaient-ils
l’occupation des terres de l’Islam situées sur le littoral nord-africain dés le
parachèvement de la reconquête et du refoulement définitif des maures de
l’Espagne ; idée par ailleurs appuyée par le pape Alexandre VI, qui parla en
1493 du possible partage du monde à coloniser afin que " la foi catholique
et la religion soient exaltées et répandues.....et que les nations barbares
soient subjuguées et réduites à la foi".
Une telle idée n’avait jamais effleuré la pensée
des conquérants ottomans et arabo-bérbères qui, en enlevant une grande partie
de l’Europe,
n’avaient guère cherché à convertir les populations
colonisées, mais d’être plutôt les maitres des territoires conquis et d’en
tirer les revenus, notamment fiscaux.
Dés lors, l’Europe chrétienne allait s’étendre,
conquérir, dominer et coloniser :
En 1415 déjà, Don Joaô 1er, roi du Portugal,
s’empara de Ceuta avec une flotte de plus de 200 navires transportant une armée
de 50 000 hommes ; elle devint ainsi la première conquête des portugais
dans le nord du Maroc. Après la mort de Don Sébastien de Portugal à
la bataille de l’Oued el Makhazine à Ksar El Kebir en 1579, Ceuta
passa à l’Espagne en 1580.
Mellila, port marocain de la méditerranée fut
enlevée à son tour en 1497 par Pierre Estopinan, officier attaché à la
maison du Duc de Medina-Sidonia qui la céda en 1506 à la couronne d’Espagne.
Et à l’instar du Portugal et de l’Espagne,
les autres puissances européennes souhaitèrent se lancer à leur
tour dans les guerres de colonisation. Mais suite à la défaite de Sébastien
1er, elles abandonnèrent toute velléité d’occupation forcée du Maghreb et ce,
pendant plusieurs siècles.
à suivre