@Shaw
Il semblerait que besoin de mettre des mots sur
les choses, soit proportionnel au pressentiment d’un danger qui menace notre
intégrité. C’est l’explication que l’on formule au caractère éveillé des
ante-socratiques. Aux millénaires paléolithiques infinis dont ils sont pétris,
ils vont traverser une époque tragique, la révolution néolithique :
« Tous les peuples se couvrent de honte
lorsque l’on se réfère à une société de philosophes si merveilleusement
exemplaires : celle des premiers maîtres en Grèce, Thalès, Anaximandre, Héraclite,
Parménide, Anaxagore, Empédocle, Démocrite, et Socrate. Tous ces hommes sont
taillés tout d’une pièce et dans le même roc. Une stricte nécessité régit le
lien qui unit leur pensée et leur caractère. Toute convention leur est
étrangère, car la classe des philosophes et des savants n’existait pas à
l’époque. Ils sont tous, dans leur grandiose solitude, les seuls qui, en ce
temps-là, aient vécu pour la seule connaissance. Tous possèdent cette
vigoureuse énergie des anciens par quoi ils surpassent toute leur postérité,
l’énergie de trouver leur forme propre, et d’en poursuivre, grâce à la
métamorphose, l’achèvement dans son plus infime détail et dans son ampleur la
plus grande. » Frédérick
Nietzsche - La philosophie à l’époque tragique des Grecs