@microf
Suite 6 á @Zoe
Le projet de Constitution ne doit pas s’enfermer dans la logique du
régime colonial qui a fait juridiquement de nous des citoyens français,
et de nos Territoires, une partie intégrante de la République Française
Une et Indivisible. Nous sommes Africains et nos Territoires ne
sauraient être une partie de la France.
Nous serons citoyens de
nos Etats africains, membres de la Communauté Franco-Africaine. En
effet, la République Française, dans l’Association Franco-Africaine,
sera un élément tout comme les Etats Africains seront également des
éléments constitutifs de cette grande Communauté Multinationale composée
d’ Etats Libres et Egaux.
Dans cette Association avec la France,
nous viendrons en peuples libres et fiers de leur Personnalité et de
leur Originalité, en peuples conscients de leur apport au patrimoine
commun, enfin en Peuples Souverains participant par conséquent à la
discussion et à la détermination de tout ce qui, directement ou
indirectement, doit conditionner leur existence.
La qualité ou
plutôt la nouvelle nature des rapports entre la France et ses anciennes
colonies devra être déterminée sans paternalisme et sans duperie.
En
disant NON de manière catégorique à tout aménagement du régime coloniaI
et à tout esprit paternaliste, nous entendons ainsi sauver dans le
temps et dans l’espace les engagements qui seront conclus par la
nouvelle Communauté Franco-Africaine.
En dehors de tout sentiment
de révolte, nous sommes des participants résolus et conscients à une
évolution politique en Afrique Noire, condition essentielle à la
reconversion de tout l’acquis colonial vers et pour les populations
africaines. Le nom de notre Association nous importe peu, ce qui importe
sera le contenu de notre Association, la somme des possibilités
nouvelles d’évolution qu’elle offrira aux Territoires Africains
actuellement engagés dans le grand mouvement d’émancipation qui exige la
disparition totale du phénomène colonial et l’établissement d’une ère
de liberté vraie, d’égalité et de fraternité agissante.
Monsieur le Président, nous savons que vous vous êtes donné pour mission de sauver l’Unité de la Nation Française.
Cette
noble ambition, l’effort qu’elle suppose seront à la mesure de votre
pouvoir si elle comprend et sait respecter également les points de
sensibilisation de l’action des peuples associés à la Nation Française.
En
effet, les Territoires actuels d’AOF et d’AEF ne doivent pas être des
entités définitives. L’immense majorité des populations intéressées veut
substituer aux actuelles entités AOF-Togo et AEF deux Etats puissants
fraternellement unis à la France.
Des considérations humaines et
sociales autant qu’économiques et politiques plaident en faveur de la
constitution de ces Etats qui seront dotés de Parlements et de
Gouvernements démocratiques.
Ces grandes perspectives qui vont
pouvoir accélérer l’histoire de nos pays, en leur permettant de
transcender les particularismes et les égoïsmes ou plutôt leurs
contradictions internes, demeurent pour notre génération la voie la plus
s&ucir;re, la plus directe qui aboutit à la Paix et au Bonheur.
Ces
mêmes perspectives, positives pour les Territoires d’Outre-Mer et pour
la Grandeur de la France dans le monde, exigeront de nous, Africains,
Malgaches et Français, des efforts pIus grands, à la fois plus nobles et
plus exaltants que ne l’aurait exigé la solution destructive d’une
séparation.