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Commentaire de vraitravailleur

sur 5e pouvoir : lobbying citoyen ou contre-lobbying ?


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vraitravailleur (---.---.103.60) 22 mars 2007 15:15

L’article pose la vraie question : quels sont les vrais ennemis de l’information libre sur internet ?

Si les gouvernements ont toujours cherché à contrôler l’information, les vrais ennemis de la liberté sur internet sont désormais à rechercher du côté des médias institutionnels, qui la considèrent, à juste titre, comme un ennemi mortel qu’il faut museler à tout prix.

*Une attitude normale de tout gouvernement

Depuis la création des almanachs au seizième siècle, dans tous les États modernes, les gouvernements ont cherché à contrôler au maximum l’information pour éviter les révélations susceptibles de remettre en cause leur légitimité. Richelieu a ainsi subventionné Théophraste Renaudot pour mieux contrôler sa gazette. Actuellement en France, qui osera nier que les journaux papiers et télévisés ne s’autocensurent pas ?

*Une menace mortelle pour les médias institutionnels

Toutefois, ce sont les « faiseurs d’opinion » traditionnels qui se révèlent être les ennemis naturels de l’information véritablement libre et incontrôlée. Il s’agit en effet d’une lutte où les journaux nationaux sont menacés dans leur pouvoir et leur existence même. Si le net reste libre, seuls les journaux régionaux pourront continuer à diffuser une information qui intéresse un public non connecté au net et géographiquement très réduite : la fête du village, la centenaire du canton, le mariage du cariste et de l’aide soignante etc. Devant le flux incontrôlé et de plus en plus important d’informations, comment les directeurs et surtout les principaux actionnaires des médias institutionnels, pourront-ils continuer à décider arbitrairement que tel événement doit être considéré comme plus intéressant que tel autre qui doit au contraire être occulté ? A une époque où ils n’étaient pas encore aiguillonnés par internet, les médias français ont fait de gros titres avec les aventures de Bill Clinton et de Monica Lewinsky. En revanche, ils s’étaient abstenus de faire état de la contamination du sang transfusé alors que, dès 1982, à la suite d’articles parus dans la presse italienne, les laboratoires de la Péninsule prenaient des précautions pour protéger les transfusions sanguines. Pour l’amiante, considéré comme toxique par le docteur Auribault dès 1906, on notera que ces mêmes médias ne se sont guère mobilisés contre son utilisation, et que son interdiction définitive n’intervient qu’en 1997, après deux ans d’atermoiements, précisément au moment où internet passe à quatre vingt millions d’utilisateurs.

*Les « trieurs » de l’information

Les responsables des médias institutionnels n’en revendiquent pas moins le rôle de trieurs de l’information pour justifier leur existence : ce n’est pas au public de savoir quelle information doit l’intéresser mais au journaliste labélisé, alors que, précisément, chaque lecteur d’un journal papier n’est véritablement intéressé que par deux ou trois articles. Dans « TGV magazine » n° 91 de février 2007, page 96, les interviews Jean-Marie Colombani, directeur du journal « le Monde » et Patrick Le Hyaric, directeur du journal « l’Humanité », font la synthèse des arguments des ennemis de la liberté sur internet . Jean-Marie Colombani reconnaît que la concurrence de l’information libre en ligne contraint ses journalistes à « davantage de rigueur », notamment dans la « vérification de l’information » et « pense que les développements numériques ne peuvent se faire qu’à partir et autour des supports papiers ». Son collègue communiste, en revanche, se montre catégorique : « si l’on veut préserver une presse écrite d’information générale et politique de qualité, il importe enfin, de trouver une nouvelle clé de répartition des recettes publicitaires qui se concentrent, aujourd’hui, de plus en plus sur les nouveaux médias, des gratuits à internet ou aux podcasts. Cela passe par un léger prélèvement de ces recettes afin de les répartir équitablement pour venir en aide aux journaux en difficulté. Il faut préserver la circulation de l’information, le pluralisme et le débat d’idée qui sont essentiels à la vie d’une démocratie. »

Jean-Marie Colombani pense que le support papier, comme au temps de Théophraste Renaudot, doit continuer à être le véhicule central de l’information. Il est néanmoins tout à son honneur de définir une politique d’amélioration de la véracité des informations diffusées pour conserver ses lecteurs sans réclamer une intervention législative visant à fausser la concurrence.

En revanche, Patrick Le Hyaric,avec une langue de bois bien rodée, défend le monopole de l’information subventionnée. Mais pourquoi faudrait-il que les médias qui ont du succès viennent en aide aux « journaux en difficulté », c’est-à-dire ceux qui n’intéressent qu’un nombre extrêmement réduit de personnes, même si M. Le Hyaric les juge « de qualité ». Si la publicité en ligne apporte plus de clientèle que les annonces dans l’« Humanité », pourquoi les entreprises dépenseraient-elles des fonds en finançant ce journal sans en tirer profit ?

Quant au mot « démocratie », son sens est tout à fait particulier quand il est prononcé par un communiste français.

*Une menace aussi pour les revenus annexes des journalistes

On a vu plus haut que des informations considérées comme trop confidentielles par les médias institutionnels sont désormais souvent diffusées sur internet. Ces informations non publiées constituaient jusqu’ici des renseignements que les journalistes avaient la possibilité de monnayer à des officines ou à des services intéressés, nationaux mais aussi étrangers. S’il trouvait plusieurs « clients », le journaliste pouvait ainsi augmenter considérablement son salaire officiel. Internet, avec la croissance exponentielle du nombre de ses utilisateurs, multiplié par dix en dix ans, raréfie considérablement les renseignements considérés comme confidentiels et, par là-même, rend plus ardue encore la tâche de celui qui les collecte. De même, il existe toute une série d’avantages en nature et en argent pour les journalistes qui font la promotion d’une entreprise ou d’un produit dans leurs articles. Dans ce domaine là aussi, de la bouche aux journalistes, internet « retire le morceau de pain » : il supprime un pourcentage important de leur rôle d’intermédiaire dans la collecte du renseignement pour les services évoqués plus haut. Mais aussi les artistes, les producteurs de biens et de services peuvent se faire une publicité directe sur internet, sans plus recourir aux journalistes. Souvent, les journaux papiers ou télévisés reprennent les articles parus sur internet pour les diffuser. Certains journaux en sont même réduits à diffuser directement une partie de leurs articles en ligne pour attirer le client.

*Une campagne de dénigrement à ses débuts

Au fur et à mesure que les utilisateurs d’internet vont se multiplier, il faut s’attendre à ce que s’intensifie et se déchaîne une campagne pleine de mauvaise foi de tous les médias institutionnels (et notamment la télévision publique) contre la liberté sur le net sous prétexte qu’il véhicule des images qui risquent de corrompre des mineurs, d’insulter les membres de telle ou telle communauté, de diffuser des informations sur la vie privée des politiciens. Un tel discours ne peut que trouver l’approbation de tous ceux qui ne savent pas utiliser un ordinateur et qui sont encore majoritaires pour l’instant.

C’est le même discours simplificateur qu’ont toujours utilisé les démagogues et les fanatiques pour inciter les foules analphabètes à brûler des monticules de livres écrits par des hérétiques, des Juifs ou des libres-penseurs. C’est pourquoi, quelles que soient leurs opinions politiques, il est permis d’espérer que tous les participants à Agoravox partagent tous le désir de défendre cette précieuse liberté d’expression sans laquelle nous ne pourrions échanger librement.

*La réunion de Saint-Denis La réunion de Saint-Denis, les premières rencontres du 5e pouvoir, du samedi 24 mars, à « L’Usine », constitue donc une excellente initiative pour démontrer le poids des rédacteurs d’articles et de commentaires sur Agoravox. Et, même si certains ne peuvent pas participer à cette réunion, allons tous assiéger les candidats aux élections lors de leurs réunions publiques pour qu’ils s’engagent à ne pas ajouter de nouvelles lois et règlements concernant la liberté d’expression sur internet, et enregistrons leurs déclarations pour les diffuser sur Agoravox.

vraitravailleur

*(P.S. : la rédaction d’Agoravox a refusé de diffuser ce commentaire en tant qu’article)


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