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Commentaire de Slashbin

sur La Flandre bascule à l'extrême droite


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Slashbin (---.---.209.126) 27 juin 2006 12:38

Merci de donner une opinion flamande modérée. Le succès du Vlaams Belang est en parti lié à sa médiatisation. De nombreux politiciens ont bien compris que ce qui importe n’est pas tant le contenu du message journalistique que simplement le fait qu’on bénéficie des feux médiatiques. En Belgique, on a fait très fort de ce point de vue.

Quant aux causes du problème de séparatisme, l’analyse faite ci-dessus est très fragmentaire, et surtout très réductrice par rapport à ce problème très complexe, très différente de celui du FN, car elle est est enracinée dans l’histoire, depuis la révolution belge, largement francophone (le premier roi des Belges a failli être francais), avec une Belgique largement tournée vers la France, plutôt que les Pays-Bas, pour diverses raisons, l’une d’elles étant la tradition catholique, à opposer au protestantisme néerlandais. Economiquement, la Belgique a toujours été toujours plus à l’est et au sud, notamment avec les périodes autrichiennes et espagnoles. Ceci étant, croire que les Wallons veulent le rattachement à la France est complètement erroné ; si un sondage était réalisé en Wallonie, je prédis que 90% des Wallons préfèreraient une Wallonie indépendante à un rattachement à la France, qui jouit d’une piètre image au pays de la frite (et pas le plat pays : c’est la Flandre, pas la Belgique ca !). Et parler de Bruxelles ville flamande francisée, alors que c’est de là qu’est parti la révolution belge, c’est difficile à admettre. Bruxelles est certes géographiquement en Flandres, mais est de tradition radicalement à part, et résume à elle seule le particularisme belge. Bruxelles ne peut se définir que comme elle-même, et non comme wallonne et flamande. Néanmoins, la position géographique de Bruxelles ruine les véillités indépendantistes de la classe politique flamande : impossible de construire un pays qui enclaverait en son sein le centre européen, mais qui ne ferait pas partie de ce pays. Dès lors, prendre Anvers comme capitale n’est qu’un ersatz de solution qui ne peut vraiment être envisagé que depuis Paris...

La Wallonie a longtemps été économiquement dominante, et le francais était la langue de la culture et de l’administration, bien qu’en pratique, pendant longtemps, tant les Flamands que les Wallons parlaient des dialectiques (des patois), de sorte que préjugé de la dominance wallonne sur le francais me parfait passablement surfait. Le Francais a ete impose aux Wallons dans l’education, mais n’etait le langage que de l’intellingencia, et non du peuple, qui soit baigné par l’Escaut ou par la Meuse. Mais il est clair qu’un ressentiment flamand a pu lentement se construire à partir du l’utilisation d’un vocable d’origine latine et non germanique. Dans le registre financier, l’histoire montre que l’économie belge n’est qu’un balancier entre les régions wallonnes et flamandes, et ne peut dès lors justifier en quoi que ce soit les volontés séparatistes actuelles.

Mais cette volonté séparatiste existe, et contrairement à vous, j’ai croisé de nombreux flamingands, et j’ai développé à leur contact un fort ressentimment à l’égard des partisans du Vlaams Belang. Mais d’où vient alors ce sentiment séparatiste et le succès du Vlaams Belang ? Si ce parti tient des thèses anti-immigrationnistes, pointer l’immigration comme source du problème relève de la démogagie habituelle des discours de comptoir, mais n’est qu’une manière d’élargir l’électorat du VB et non son fond de commerce premier et sa raison d’être. Le problème est bien belgo-belge, et mon opinion est qu’il s’agit en fait surtout une conséquence de la deuxième guerre mondiale, qui prend de l’ampleur maintenant suite à la banqueroute économique de la Wallonie à la sortie de l’époque minière, qui est aussi l’origine de la ruine du nord de la France d’ailleurs. Ce n’est pas seulement le fait de la politique wallonne actuelle !

La politique allemande lors de l’occupation belge a été à deux vitesses : les Flamands étaient considérés comme des Ariens au contraire des Wallons. Les prisonniers de guerre n’ont pas été traités de la même manière, et les photographies d’époque en témoigne : sur celles que j’ai vues, on ne se réclamaient plus belge, mais wallon. De même, l’admistration occupante ne s’est pas déroulé de facon similaire dans les deux parties du pays, ce qui a eu d’ailleurs comme conséquence une collaboration accrue au nord, tandis que les combats les plus meurtriers se sont déroulés sur le sol wallon, principalement en province du Luxembourg, dont l’hymne populaire contient d’ailleurs à présent une strophe anti-flamande. La rupture, déjà présente par les différences linguistiques, s’est fait pesante, et a éclaté au lendemain du conflit avec la question royale, qui déjà vira au débat communautaire. Les classes dirigeantes flamandes n’ont jamais vraiment fait table rase du passé et de ce sentimenté de supériorité développé lors de la période 1940-1945, tandis que les Wallons ont déjà à l’époque développé un ressentiment vis-à-vis des Flamands. L’évolution économique a décidé de la communauté qui aurait les rennes du jeu politique, et la dominance démographique ayant basculé de la Wallonie vers la Flandre, tous les éléments sont à présent réunis pour expliquer le succès du VB. Mais soyons lucide, si les rôles étaient inversés, il y aurait fort à parier que l’extrême-droite wallonne serait tout aussi puissante que le VB. D’ailleurs, à l’aube de 1940, le rexisme a connu un fort succès populaire en Wallonie. Qui a dit qu’il était le plus noble ?


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