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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Je suis Fassbinder » Stanislas Nordey se dédouble à La Colline

« Je suis Fassbinder » Stanislas Nordey se dédouble à La Colline

A la Colline en ce mois de mai, nous sommes tous, de fait, « Fassbinder » mais nous pourrions tout aussi bien être « Pasolini » ou « Godard » selon que l’auteur, en l’occurrence Falk Richter, pratiquant l’autofiction, se projeta en un échange existentiel avec l’une des figures tutélaires des seventies rejaillissant métaphoriquement sur la contemporanéité.

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photo 1 © Jean-Louis Fernandez

Celui-ci est donc auteur mais également co-metteur en scène avec Stanislas Nordey qui, lui, de surcroît, est acteur de ce spectacle sans cesse en réécriture puisque porté en permanence par les évènements du monde environnant.

Davantage en lien dialectique mettant à profit la réflexion à apporter à la chose politique telle qu’elle se pratique concrètement plutôt que sur une simple chronique témoignant chronologiquement du réel, le texte tente d’interroger les enjeux de société à la manière de Werner Rainer Fassbinder qui, d’une créativité prolixe, pouvait alors faire feu de tout bois, pourvu qu’il y ait combustion signifiante !

Dans cette perspective, Falk Richter a choisi d’axer sa démarche théâtrale en la fondant sur l’interview filmé que Fassbinder fit de sa propre mère lorsque l’Allemagne était en état d’urgence face aux actes de terrorisme perpétrés par la bande Baader-Meinhof.

Ainsi, en menant une enquête similaire concernant ceux ayant secoué la France récemment, le parallélisme sera poursuivi au sujet des méthodes défensives et de l’arsenal juridique à adopter afin que l’ordre républicain puisse être sauvegardé autant à l’échelle de la Nation que du Citoyen.

Sur toile de fond contextuelle, la scénographie et l’interprétation s’associent en une mascarade transgressive voire subversive telle que les années soixante-dix avaient eu l’opportunité de susciter en inventant la révolution des mœurs intégrant la Pop-culture.

Il faut dire que les cinq comédiens s’en donnent à cœur joie sur le plateau de la Colline organisé tel un kaléidoscope de l’expression audio-visuelle se référant au différentiel de cette quarantaine d’années tout au long de laquelle le son et l’image seraient peu à peu devenus prévalents sur l’écrit.

Ainsi, Laurent Sauvage incarnant avec tempérament la mère de Fassbinder est le plus souvent en prise idéologique avec son rejeton de 30 ans investi par Stanislas Nordey toujours aussi superbement démonstratif et distancié : A eux deux c’est sûr, le verbe fait mouche à satiété !

Au sein de ce jeux de rôles interchangeables, Judith Henry et Eloïse Mignon se partagent malignement la voix du féminisme bafoué par les "hordes de barbares" aux portes de l’Europe ; du moins le duo mâle précédent leur accorde-t-il cette fonction éminemment morale, actualisée en boucle par une médiatisation exacerbée.

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photo 2 © Jean-Louis Fernandez

En fou du roi (et pareillement compagnon) ou en trublion génial, Thomas Gonzalez assure à lui seul la performance de brouiller, à plaisir, les cartes de l’entendement et de sexualiser à outrance le débat au point de rendre notre époque actuelle presque aussi psychédélique que celle de mémoire post-soixante-huitarde.

Voilà donc un happening essentiel ne ressemblant à rien de déjà connu, à la fois en prise de risque scénique total et en même temps parfaitement structuré… à l’instar d’un ovni du spectacle vivant en pleine démonstration spéculative… fort réussie.

photos 1 & 2 © Jean-Louis Fernandez

photo 3 © Theothea.com

JE SUIS FASSBINDER - **** Theothea.com - de Falk Richter - mise en scène Stanislas Nordey & Falk Richter - avec Thomas Gonzalez, Judith Henry, Éloise Mignon, Stanislas Nordey & Laurent Sauvage - Théâtre de La Colline

 

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photo 3 © Theothea.com

 


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2 réactions à cet article    


  • Phoébée 30 mai 2016 17:58

    <<Je suis Fassbinder >>

    Mais c’est quand même moins grave que d’être Volker Schlöndorff .

    Lui, ne profanait pas les cimetières .

    Maintenant cette veine de réalisateurs gauchisants sont devenus les tenants du Politiquement correct.

    Fassbinder au cinéma, après sa mort, c’était encore le créateur de ’ Gouttes d’eau sur pierres brûlantes ’ .... Film d’Ozon . Maintenant on ’Ose’ tout. Le LGBT doit beaucoup à ce réalisateur allemand mais savait-il que cela déboucherait sur la GPA ?

    Dépassés par leurs idées, ils finissent tous dans la benne de l’Histoire !


    • Laurenne (---.---.24.225) 7 juillet 2016 14:06

      Acteurs brillants, mais propos démagogiques et manichéens (la hiérarchisation entre bourreaux et victimes). Les victimes sont les arabes, puis les femmes, le bourreau millénaire étant le bourgeois blanc : les responsables des agressions sexuelles de Cologne sont les hommes blancs qui n’ont pas su défendre leurs femmes avec leur poings (sic !) et non les agresseurs, eux-mêmes victimes de la provocation des femmes européennes venues là à dessein. L’homme blanc, éternel bourreau qui opprime les femmes. L’auteur n’a jamais entendu parler des politiques menées par les responsables RH parmi lesquelles les femmes sont très présentes, ni des des officiers généraux femmes à l’origine des méthodes utilisées à Abu Ghraib …. Gay et féministes, réunis autour d’un même combat contre la phallocratie. On serait en droit d’attendre autre chose que ce salmigondis de poncifs à peine rafraîchis, servi par des outrances inutiles qui transforment bien malgré lui le spectateur (le client) en voyeur.

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