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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « La Zone d’intérêt », un film d’intérêt public (...)

« La Zone d’intérêt », un film d’intérêt public majeur

Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de se construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin jouxtant le camp. Dix années après Under the Skin, le Britannique Jonathan Glazer, né en 1965 au sein d’une famille juive de Londres, revient au cinéma avec La Zone d’intérêt (©photos V. D.), son quatrième long-métrage, Grand Prix du festival de Cannes 2023 et nommé pour cinq Oscars : en adaptant librement le roman éponyme sombrement picaresque de Martin Amis (1949-2023), livre publié en 2014 qui ne nomme pas les bourreaux, ce drame historique vise, précise son réalisateur pointilleux, à « créer une arène. L’idée était d’observer des gens dans leur vie quotidienne. Je voulais capturer le contraste entre quelqu’un qui se verse une tasse de café dans sa cuisine et quelqu’un en train d’être assassiné de l’autre côté du mur, la coexistence de ces deux extrêmes. »

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Cette semaine (du 31 janvier au 4 février, source : Ecran total), le film de Jonathan Glazer arrive en tête du box-office français, devant le film d’espionnage d’Yvan Attal, Un coup de dés, totalisant 198 926 entrées pour 260 écrans. Il démarre donc fort, car son sujet n’est pas facile, c’est le moins qu’on puisse dire.

Big Brother chez les nazis

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Un nazi en terrasse de sa propriété à... Auschwitz, dans « La Zone d’inérêt » (2023) de Jonathan Glazer

L’on sort du long The Zone of Interest – je n’ai vu personne quitter la salle UGC Danton, Paris, où je l’ai regardé, on était tous scotchés - fort troublé. Film glaçant. Avec Auschwitz en ligne de mire. Écoutez, c’est la Palme d'or 2023… s’il n’y avait pas eu, sur son chemin, une certaine Anatomie d’une chute. Point commun : l’actrice allemande Sandra Hüller, décidément grande comédienne, sans oublier l’excellent Christian Friedel campant le commandant historique pragmatique du camp d’AuschwitzBirkenau de 1940 à 1944 et inventeur de l’usage du gaz Zyklon B, son mari, de qui elle a cinq enfants, ayant fait de l’extermination des Juifs son métier, presque comme un autre (même si à la fin, pris de remords ?, on le voit vomir, victime de terribles maux de ventre). Tout est en creux et hors champ, avec juste des éléments sonores édifiants (cris, bruits étouffés, ordres gutturaux de Boches, coups de feu, aboiements de chiens…) et des restes (vêtements, photos d’archives d’identité et souliers accumulés à la Christian Boltanski). Entendu dans le film, de la part de la femme discutant, amusée, avec des épouses voisines, de la roublardise des Juifs – « Sont malins. Ils cachent même des diamants dans leur tube de dentifrice.  » Le ton est donné, tel un uppercut. 1h45 : la durée exacte pour ce film tranchant et radical : aucun gras, aucune fioriture.

Film-installation - il a été tourné sur le site même - par un cinéaste-plasticien fort habile visant le film clinique, via une musique d’outre-tombe conçue par la compositrice Mica Levi, un écran noir ou au rouge déstabilisant pendant quelques minutes, des images en négatif comme pour mieux révéler l’envers du décor et une myriade de plans fixes, froids et vertigineux : ce long-métrage, façon système de téléréalité ou de vidéosurveillance, a été tourné, pour capter au plus près la topographie de la terreur, avec un dispositif idoine de petites caméras fixes avec des objectifs grand-angle découpant, au scalpel, l’espace, sans recourir à la moindre lumière artificielle, comme pour mieux rendre compte du « génocide ambiant » en faisant en sorte que la caméra soit comme un œil, Jonathan Glazer ajoutant – « J’ai régulièrement utilisé l’expression Big Brother chez les nazis.  » 

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Jeu d’enfants dans « La Zone d’intérêt »

« Le charmant séjour passé à la maison Höss, dixit des enfants conditionnés, dignes du formatage, sur fond d’eugénisme fantasmé, de la jeunesse hitlérienne, fera toujours partie de nos plus beaux souvenirs de vacances. Notre avenir se trouve à l’Est. Merci pour l’accueil national-socialiste. Heil Hitler.  » La zone d’intérêt concerne la zone d’habitation, peuplée par les braves petites familles allemandes blondinettes des officiers SS, juste avant les camps d’extermination nazis (plus précisément, la « zone d’intérêt » désigne en 1940 les quarante kilomètres carrés réquisitionnés pour construire Auschwitz), seul un mur surmonté de barbelés, cheminées et mirador à proximité, les sépare : les enfants en culottes courtes et bretelles y jouent comme si de rien n’était et les femmes, laiteuses à souhait et chignons bien entretenus, au look bavarois, y cultivent fleurs et potager à sa base. La villa bourgeoise avec jolie rangée de pétunias et piscine est accolée au camp pendant que la fumée noire des fours crématoires apparaît dans le lointain : d’un côté du mur, la vie de famille, avec couple mondain et enfants bien élevés, l’un d’entre eux jouant même plus tard, au lit, avec un chapelet de dents humaines ; de l’autre, l’usine de mort hitlérienne. C’est renversant.

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Hedwig Höss/Sandra Hüller, avec son nouveau-né, dans le paradis vert de « La Zone d’intérêt »

« Film d’horreur » d’auteur, « jouant » entre autres, sur la dialectique soumission/domination, maître/esclave, avec des serviteurs domestiques corvéables à merci, bonnes à tout faire menacées de mort si elles ne servent pas correctement, ainsi que sur ce qu’on appelle l’uncanny, cette troublante étrangeté faisant de la jolie demeure des Höss un appartement-témoin, voire une sorte de bulle perverse confinant au décor paradisiaque. C’est tellement propret, et artificiel, que cela en devient suspect. Se jouant d’ailleurs d’une pirouette vertigineuse, soudain, vers la fin, Glazer nous fait basculer dans le contemporain en montrant des employées du… camp-musée, devenu décorum ou aquarium, lustrant des vitrines dans lesquelles sont exposées chaussures et vêtements des déportés, avant l’arrivée des visiteurs, comme pour mieux dénoncer l’industrie du tourisme autour du camp de la mort – « Elle est cruciale, remarque-t-il (in Télérama #3864, p. 30), bien sûr, mais c’est choquant de voir des autocars, des gens qui mangent des pizzas, des toilettes publiques… Il m’est apparu clairement que je devais filmer le musée d’Auschwitz lorsque, un matin, j’ai vu des femmes de ménage au travail. J’ai eu le sentiment qu’elles entretenaient les tombes de milliers de morts, il y avait quelque chose de très délicat dans leurs gestes. Comment accomplit-on cette tâche chaque jour ? Comment balaye-t-on une chambre à gaz ? J’ai beaucoup insisté pour avoir le droit de filmer, ça me semblait primordial, je ne saurais pas vous dire pourquoi. Je travaille avec mes émotions, je tente de les analyser après, mais je n’y parviens pas toujours. »

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Essayer une fourrure volée à une déportée, Sandra Hüller dans « The Zone of Interest »

Avec le côté real life, donc, à plusieurs niveaux, dans The Zone of Interest, et la banalité du mal comme constat : la mort est son métier, au nazillon de service à la coupe bien dégagée derrière les oreilles : ça y turbine sec, jour et nuit (on y voit le rougeoiement nocturne des fours au loin), question mise à mort, en la déréalisant au maximum afin de la rendre acceptable, passe-partout. Soulignant la véracité de la démonstration de ce film focussant sur les mécaniques industrielles à l’œuvre dans le système nazi, l’historien spécialiste du nazisme, Johann Chapoutot (cité par Margaux Baralon), note ceci dans le magazine gratuit mk2 Trois Couleurs n°204 de février 2024, p. 49, « Le parti pris de Glazer est très pertinent d’un point de vie historique, même si, quand on voit les trains qui passent derrière le jardin des Höss, c’est totalement inventé, car la ligne ferroviaire ne passait pas par là. Les premières tueries de masse commises par les nazis, ce sont les Waffen-SS [la branche militaire de la SS] qui ratissaient les villages derrière le front de l’Est, faisaient monter les gens dans un camion, allaient à deux kilomètres et abattaient tout le monde. Cela se poursuivra jusqu’à la fin de la guerre, mais il y a un risque d’ensauvagement et de traumatisme pour ces soldats. Pour les épargner, en Europe occidentale, on décide de mettre en place des procédés industriels. On morcelle les tâches : un type ouvre le clapet sur le toit de la chambre à gaz, un autre verse les granulés de Zyklon B, un dernier referme le clapet. C’est la dilution de la responsabilité, personne n’a la sensation de tuer dans cette histoire et tout le monde se sent bien. » 

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Le jour et la nuit : trois femmes bourgeoises à la fenêtre (« La Zone d’intérêt »), à proximité d’un camp de la mort

Le premier plan fixe de La Zone d’intérêt est en ce sens hallucinant de puissance, j’ai presque envie de dire qu’il se suffirait à lui-même tant l’on gamberge devant en le regardant. Un cadre bucolique (on se croirait chez Renoir, dans un déjeuner sur l’herbe), beau ciel bleu, soleil éclatant, rivière placide impressionniste, oiseaux chanteurs guillerets, bambins mignons à croquer, femmes maternelles et baigneurs virilistes : des Allemands en famille, s’y prélassent, se dorant la pilule alors qu’à deux pas, en longeant un peu les hautes herbes du paradis vert, c’est l’horreur absolue, tirée au cordeau : l’extermination implacable des Juifs d’Europe calculée et millimétrée, rationalisée à l'extrême et, si possible, en faisant des économies, de la récup’ pouvant rapportant gros (par la spoliation éhontée, édifiante est la scène de la mère de famille essayant des fourrures spoliées aux déportées) et des bénéfices pour le Troisième Reich. Puissance du cinéma à dire l’innommable sans rien montrer. Attention, ceci est une œuvre d'art. Seulement des indices, des traces, des sons révélateurs, une musique dissonante angoissante (générique final, comme un gouffre insondable ou bouche d’ombre abyssale qui vous aspire) et un - vrai - cinéaste à la manœuvre. Un film d'intérêt public majeur. Pour la mémoire. Surtout par les temps qui courent (avec notamment la recrudescence de l’extrême droite en Allemagne), sachant que l'Histoire se répète souvent...

De Kubrick à Glazer et vice versa 

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Dans « La Zone d’intérêt » de Jonathan Glazer, hors de sa zone de confort

Étrangement (alors que dans sa forme, le film est plus tarkovskien, notamment avec cette histoire de zone délimitée (cf. Stalker) dans son filmage au ras du sol de la terre nourricière avec la part poétique qui va avec, même si kubrickien également dans sa mise au noir pendant quelques minutes en guise de prologue au début, comme pour nous laver du trop-plein d’images de la vie de tous les jours puis, en bis repetita, à la fin, façon le tout début de 2001. L’Odyssée de l’espace), j'ai pensé, à la toute fin, à Stanley Kubrick (1928-1999), cinéaste juif américain (né d’une mère juive), plus précisément newyorkais (une sensibilité toute européenne), qui a longtemps projeté de faire un film sur la Shoah et ce dès les années 1970, dont un projet lancé plus tard intitulé The Aryan Papers (qui aurait dû sortir en 1994), mais a fini par renoncer. « Pendant des décennies, Stanley, note son producteur exécutif et beau-frère Jan Harlan (in D’une Éducation polonaise au "Aryan Papers", in Les Archives de Stanley Kubrick (éd. Taschen, 2005, pp. 122-123), a cherché un texte qui lui permettrait de réaliser un film sur l’Holocauste. » Le cinéaste est à la recherche du bon récit, en parallèle, il se met à rassembler de nombreux documents, telles images d’archives et photos, concernant cette période historique de la Shoah. En 1976, Kubrick demande à Jan Harlan de s’adresser à l’écrivain Isaac Bashevis Singer (Yentl, Ennemies), qui a vécu dans la Grosse Pomme entouré de réfugiés du régime nazi, afin qu’il lui écrive une histoire originale, mais Singer répond à Harlan qu’il « ne connaît strictement rien sur le sujet ».

Plusieurs années plus tard, en 1991, Stanley Kubrick découvre le roman de Louis Begley (un bouquin, mêlant des éléments autobiographiques, signé par un écrivain d’origine polonaise installé aux États-Unis), réintitulé Aryan Papers, en référence aux documents nécessaires pour éviter la déportation. Le réalisateur écrit alors une base scénaristique qu’il propose à son studio de production attitré. La Warner, en avril 1993, annonce un nouveau projet estampillé Kubrick, fleuron de son catalogue Prestige, d’après ce Wartime Lies (Une éducation polonaise). À l’époque, Jan Harlan déclare, dans la foulée, au journal The Independant : « Ce n’est pas une histoire à grand spectacle pleine d’action, c’est un film très silencieux, très sérieux. »

Dans son Kubrick de référence (2001, éd. Calmann-Lévy, p. 256), feu Michel Ciment (1938-2023) constate : « (…) le scénario, comme le livre, évoque la destinée d’un enfant juif d’une famille riche devenu orphelin qui, après avoir vu la destruction du ghetto de Varsovie, se retrouve avec sa tante dans un train pour Auschwitz dont ils s’enfuient avant de trouver refuge dans une ferme où ils se font passer pour catholiques. L’histoire racontée par Begley était vue par les yeux de l’enfant qui en était le narrateur, un procédé qui ne pouvait que séduire Kubrick, amateur de voix off distanciatrices. Le jeune héros, Maciek, devait être interprété par Joseph Mazzello, l’un des enfants prisonniers d’un dinosaure dans Jurassic Park, et sa tante par Julia Roberts ou Uma Thurman. Après la guerre de 14 des Sentiers de la gloire et le conflit vietnamien de Full Metal Jacket, sans oublier la guerre nucléaire de Dr Folamour, Kubrick s’apprêtait donc à évoquer les horreurs du génocide et de la Seconde Guerre mondiale. Le tournage prévu au Danemark, dans les environs d’Aarhus, en février 1994, sera finalement abandonné alors que sa préparation avait déjà commencé.  »

Avec le temps, pourtant, la pré-production ne cessait de s’affiner, l’actrice néerlandaise Johanna ter Steege est finalement choisie pour interpréter Tania et le petit Joseph Mazzello incarnera toujours son neveu. Mais, patatras, le projet tombe soudain à l’eau. Certains disent, à raison, parce que son ami Spielberg est venu, dans ces eaux-là, avec un projet concurrent trop proche, La Liste de Schindler (1993), avec la fortune critique et la controverse que l’on connaît, soulevée par Godard, Claude Lanzmann – ce dernier accusant le réalisateur des Dents de la mer de « trivialiser l’Holocauste », rappelant au passage un interdit de la représentation de la Shoah par la fiction (même les nazis ont fait des images des camps de concentration mais, les chambres à gaz, nous n’avons rien) - et tant d’autres : peut-on moralement et décemment filmer frontalement l’horreur des chambres à gaz ? Mais, en fait, le copycat filmique de Spielberg, sur fond de rivalité mimétique avec le maître retiré dans son manoir en banlieue de Londres ?, ce n’est pas la seule raison du désistement de Kubrick, il en existe assurément deux autres.

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Stanley Kubrick sur le tournage d’« Eyes Wide Shut » (1999), ©photographie : Manuel Harlan

Certes, Stanley Kubrick, produit par la Warner (il voulait que ses films marchent pour en faire d'autres et préserver sa liberté d'action en gardant le précieux, et très rare final cut, à Hollywood), se méfiait tout de même, tout en ne craignait artistiquement personne, des projets concurrents pouvant atténuer la portée de ses films. Or, La Liste de Schindler de Spielberg, servi par un solide casting (Liam Neeson, Ben Kingsley, Ralph Fiennes) et porté par la musique inoubliable de John Williams (à mes yeux, son meilleur score), traitant donc d’un sujet similaire, sort durant cette période (novembre 1993) et connaît, comme on le sait, un grand succès commercial et critique, en outre Kubrick pensait que le public n’aura pas le courage de voir deux films sur l’Holocauste à si peu de temps d’intervalle. Il faut savoir que le précédent opus de Kubrick, Full Metal Jacket, avait largement pâti du succès de Platoon d’Oliver Stone, sorti un an auparavant – toujours Jan Harlan : « Il avait déjà connu la situation avec Full Metal Jacket sorti un an après Platoon et ça nous avait gêné c’est certain. » Afin de ne pas reproduire la même erreur ; Kubrick et le codirecteur de la Warner, Terry Semer, décident de concert de mettre de côté le projet Aryan Papers, Stanley se retirant de la course pour laisser le champ libre à son pote redoutable en termes d’entrées ; Kubrick n’y reviendra plus par la suite - il fut un temps question, en août 2009, qu’Ang Lee s’y attelle, avec l’aval de Jan Harlan en gardien du temps mais, jusqu’à ce jour, cet Aryan Papers est resté dans les cartons. Définitivement ? Quant à l’actrice Johanna der Steege, fortement pressentie pour le rôle-titre, qui rêvait de voir ainsi sa carrière décoller en travaillant avec l’un des plus grands metteurs en scène de l’histoire du cinéma, elle prendra très mal cet avortement de projet, se contentant par la suite d’une carrière européenne, assez confidentielle, dans quelques films. En 2009, elle déclarera, quelque peu amère mais cherchant à positiver (elle a vécu un véritable « entretien d’embauche » avec Kubrick en Angleterre, via de longues séances d’essais en costumes filmées) : « Ça a été une expérience formidable. La fin a été douloureuse. L’avenir qui s’ouvrait était grandiose… puis ça a été comme un énorme ballon qui éclate tout à coup. Voilà, il faut faire avec. Ce n’est pas la première fois que mon bonheur personnel n’a rien à voir avec le succès.  »

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Rudolf Höss/Christian Friedel dans « La Zone d’intérêt »

Pour autant, à côté de l’impasse concurrentielle (Spielberg est un gros client au box-office !), voilà les deux autres motifs avérés du projet kubrickien hélas inachevé, ayant désormais rejoint pour l’éternité la cohorte des films fantômes fantasmés (dont son fameux Napoléon rêvé) : d’une part, Kubrick a jugé que le médium cinématographique était inadéquat pour capturer l’horreur et rendre compte de l’ampleur de l’Holocauste - parviendrait-il à rendre justice au sujet ? Quid de l’irreprésentable ? Que peut-on montrer sans trahir la mémoire des victimes ? Comment ne pas tomber dans l’obscénité ? Assurément, Jonathan Glazer s’est également posé toutes ses questions : « Le danger, précise-t-il dans un Télérama récent (n°3864), c’est de faire un film d’horreur, de réduire, de déréaliser. Je ne vais pas énumérer les œuvres que je déteste, je ne vois pas l’intérêt. Hannah Arendt disait que le mal provient d’une absence de pensée. Ça s’applique également à la production cinématographique. Les derniers survivants sont en train de s’éteindre. Par ailleurs, il est peu probable que mes enfants s’asseyent devant les neuf heures de Shoah. Je n’ai pas fait ce film par sens du devoir, mais je pense que chaque génération doit s’interroger sur la façon de reformuler cette tragédie. Je me suis efforcé de trouver un nouveau paradigme pour un nouveau public. »

Et, d’autre part, Kubrick s'est tellement minutieusement documenté dessus, partant à la recherche, pour ce récit de survie des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, de l’histoire tentaculaire de l’Europe occupée par les nazis : c'était sa façon encyclopédique de procéder, en autodidacte, effectuer, pour tout savoir, un long processus de préparation au cours duquel il observait et étudiait tout ce qui lui tombait sous la main ici concernant l’Holocauste, agissant tel un archiviste méthodique compulsif, multipliant les fiches sur un sujet pour en extraire la substantifique moelle, atteindre l'os, ce faisant il a tellement découvert que l'humaine nature pouvait se vautrer dans la cruauté la plus infâme pour faire mal à son semblable, cela l'a plongé dans une tristesse, voire une mélancolie, tellement infinie, une telle affliction cumulant les idées noires, pendant des jours et des lunes, qu'il a in fine renoncé à ce projet, trouvant ce film trop déprimant à réaliser tout en ne se sentant pas la force mentale suffisante, au vu de son engagement à 200% sur les films, de porter pendant des années un « film-dossier » qui traiterait du Mal absolu. Comme on le comprend, parfois il y des tiroirs qu’il vaut mieux laisser fermer, au risque d’y laisser trop de plumes. Et, pour la petite histoire, il faut savoir que Kubrick, avec un brin de jalousie ?, s’avéra au final déçu par La Liste de Schindler, confiant même : « Vous trouvez que ça parle de l’Holocauste ? Ça parle de succès oui ! L’Holocauste, c’est l’histoire de six millions de personnes que l’on tue. La Liste de Schindler parle de 600 personnes que l’on ne tue pas. » Bien vu.

« Le vrai film là-dedans, dixit Glazer, c’est le film invisible »

Quoi qu’il en soit, face à cette Zone d’Intérêt sur bien des points sidérante (du 5 sur 5 pour moi), le génie de Jonathn Glazer est de se dire que le vrai film est celui qu’il ne montre pas, long-métrage invisible que le spectateur se fait dans sa tête au fil de la projection, cette geste répondant tout à fait à la proposition de cinéma par Abbas Kiarostami : « Il faut envisager un cinéma inachevé et incomplet pour que le spectateur puisse intervenir et combler les vides ». Jonathan Glazer ne dit pas autre chose en page 75, à Pierre Charpilloz et Antoine Desrues, du So Film n°101, janv-fév. 2024, au cours d’une discussion fleuve sur un film-monstre : « Je voulais donner l’impression qu’il n’y a pas d’auteur, ou que le spectateur soit lui aussi l’auteur. Ils complètent l’œuvre et elle les complète. C’est un dialogue mystérieux. C’est ce que j’ai essayé de réaliser avec ce film.  » Et, face à une pareille ambition (en gros, avoir confiance en l’intelligence du spectateur pour combler les vides), l’on ne peut que saluer le courage de Jonathan Glazer, cinéaste peu prolixe à la Kubrick (seulement quatre films en une vingtaine d’années ! Sexy Beast, 2000, Birth, 2004, Under the Skin, 2013, La Zone d’intérêt, 2023), d'avoir l’audace, tout en misant a contrario sur le principe de précaution – s’interdire de verser dans la spectacularisation des événements connus de tous en montrant les attendus du genre comme autant d’images interdites, tels le supplice sans fin des déportés et les scènes de sélection, de torture ou d’assassinats -, de se coltiner à un tel sujet, hyper casse-gueule, voie grande ouverte pour se vautrer dangereusement dans le voyeurisme ou le pathos malaisant, et de rejoindre ainsi assurément, avec sa puissance terrible, une poignée de films rares ayant réussi à aborder, par le non-dit, l’allusion, parfois à l’inverse la monstration implacable confinant à l’effroi, et par une sensibilité toute personnelle tenant à distance une trop grande sensiblerie donnant la main à la plate illustration, la banalité du mal et l’horreur indicible des camps de la mort, tels Le Dictateur (1940, Chaplin), Nuit et Brouillard (1956, Resnais), Le Vieux Fusil (1975, Enrico), Au nom de tous les miens (1983, Enrico), Shoah (1985, Claude Lanzmann), Au revoir les enfants (1987, Malle), La vie est belle (1997, Benigni), Le Pianiste (2002, Polanski), Le Garçon au pyjama rayé (2008, Herman) et autres Fils de Saul (2015, Nemes).

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Rudolf Höss dans le « grand œuvre » de Jonathan Glazer, « La Zone d’intérêt »

Glazer vient, avec sa Zone d’intérêt, de signer un classique qui restera, de toute évidence. Et, perso, je veux bien attendre encore dix ans, laps de temps qu’il y a entre son précédent (Under the Skin, avec Scarlett Johansson y interprétant une tueuse extraterrestre jouant de ses charmes sur la gent masculine) et son tout dernier, sans oublier juste avant son étrange Birth (2004) qui filmait, d’après un scénario de Jean-Claude Carrière, la rencontre fantastique entre une veuve (Nicole Kidman) et un enfant disant être la réincarnation de son mari, pour voir son prochain long tant il parvient à agencer des films restant longtemps en tête après leur visionnage de par leur empreinte sur notre rétine et la réflexion ô combien troublante, dans le sillon de l’art et la vie confondus, qu’ils suscitent en nous.

Car ces monstres ordinaires décrits, criminels nazis gérant façon VRP la « solution finale » - ici, la déshumanisation alors en cours des 1,1 millions de morts d’Auschwitz - à coups de tableaux Excel avant l’heure histoire de rentabiliser à tout prix le matériau humain en faisant le maximum de profit capitaliste sur fond de logique industrielle implacable (rendement des cadences, productivité, amélioration des chiffres), ne sont pas si éloignés, avouons-le, de certains êtres froids et robotiques, banalement cruels, croisés parfois dans notre quotidien. « Cette famille à la fois ordinaire et hideuse, qui vit à un mur du camp, avec ses ambitions médiocres, ses désirs, elle est humaine, c’est ça l’horreur, note Jonathan Glazer (in Télérama #3864, janv. 2024, p. 30, cité par Marie Sauvion). Les films qui montrent les nazis comme des monstres ne nous apprennent rien. Et même, ils nous rassurent, on se dit "oh ça va alors, moi je ne suis pas un monstre, je suis incapable de ça." On ne devrait pas en être si certain. L’apathie est une action. On le constate dans le monde entier, on lit les récits d’autres crimes, d’autres génocides… Il y a une violence en nous, qui vient de nous, de notre espèce. C’est à ça qu’on a affaire. »

La Zone d’intérêt (The Zone of Interest), 2023 – 1h45. Etats-Unis, Royaume-Uni, Pologne. Drame historique de Jonathan Glazer. Musique : Mica Levi. Avec Sandra Hüller, Christian Friedel, Johann Karthaus, Luis Noah Witte, Nele Ahrensmeier, Lilli Falk. En salle depuis le 31 janvier 2024.


Moyenne des avis sur cet article :  3.68/5   (22 votes)




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49 réactions à cet article    


  • robert 8 février 10:52

    Merci, je ne vais pas le louper ce document.


    • Fergus Fergus 8 février 12:05

      Bonjour, Vincent

      Mon épouse et moi avons vu ce film mardi. Et nous en sommes sortis  de même que des amis présents dans la salle  surpris par les critiques dithyrambiques qui ont été écrites par certains critiques. 

      Non que le film soit inintéressant. Il a l’immense mérite de montrer de quelle manière certaines personnes peuvent vivre à côté de la monstruosité sans le moindre problème de conscience. Sandra Hüller est à cet égard remarquable, une fois de plus.

      Le problème est que ce film est froid et ne dégage, à notre avis, pas une once d’émotion contrairement à d’autres films qui ont traité de manière beaucoup plus forte la déportation et l’extermination des Juifs.

      Le parti pris de ne pas montrer d’images explicites et de s’en remettre à une bande son qui donne parfois l’impression de voir sur l’écran une maison de Lorraine jouxtant une usine sidérurgique n’atteint pas, à notre avis, son but. Nous rejoignons en cela certains critiques qui l’ont ressenti d’une manière semblable.

      Il ne faut toutefois pas hésiter à aller voir La zone d’intérêt pour se forger sa propre opinion. 


      • Vincent Delaury Vincent Delaury 8 février 17:58

        @Fergus
        Merci pour ce retour, Fergus. C’est toujours agréable de vous lire. 
        On est au moins d’accord sur un point : Sandra Hüller y est encore, après « Anatomie d’une chute » (vite, cocorico, des Oscars !), exceptionnelle. Sans jamais en faire de trop, épatante. smiley 


      • cétacose2 8 février 18:39

        @Fergus
         « Il ne faut toutefois pas hésiter à aller voir La zone d’intérêt pour se forger sa propre opinion ».....et pour que ce ne soit pas une fiction mais une triste réalité , aller à Sharm El Sheikh pendant qu’à Gaza  ?


      • ETTORE ETTORE 8 février 12:32
        ETTORE 8 février 12:26

        On constate avec effarement, qu’un peuple qui a subit les pires affres il y a à peine 80 ans,, peut faire naître en son sein ( et lui obéir), un même criminel de guerre, que celui qu’il accusaient de leur extermination prog(r)ammée !


        • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 8 février 12:35

          @ETTORE
           
          ’’On constate avec effarement, qu’un peuple qui a subit les pires affres il y a à peine 80 ans,, peut faire naître en son sein ( et lui obéir), un même criminel de guerre, que celui qu’il accusaient de leur extermination prog(r)ammée ! ’’
          >
          Quand c’est flou c’est qu’il y a un loup.
           
          Que ceux qui ont encore leur liberté de penser comprennent.


        • ZenZoe ZenZoe 8 février 14:58

          Intéressant.

          Un film peut être différentes choses. Divertissement (sa vocation première), oeuvre d’art, réflexion philosophique sur la condition humaine, convoyeur de message politique voire propagande appuyée et manipulation des esprits ? Les Etats-Unis notamment ont bâti leur puissance en grande partie grâce au cinéma, à travers toutes les salades qu’ils nous racontaient sur l’histoire de leur pays. Personnellement j’ai une sorte de méfiance envers ce type de cinéma ’’à message’’. ’’Film d’intérêt public majeur ’’ ? La politique est déjà partout, tout le temps, ça devient indigeste, et quand je vais au ciné, quitte à payer, je préfère m’évader, et il existe des films excellents qui ne font pas de politique..

          Ceci dit, je veux bien entendre que le film est aussi un chef-d’oeuvre du strict point de vue cinématographique et qu’il faut aller le voir pour cette raison, et pas une autre.


          • Fergus Fergus 8 février 15:30

            Bonjour, ZenZoe

            Ce film ne fait pas de « politique » : son propos n’est pas de porter un jugement sur les motivations de la Shoah et sa mise en oeuvre, aussi atroce qu’elle ait pu être à nos yeux.

            Ce que le réalisateur a voulu faire, à mon avis, c’est porter un regard sociologique  je dirais presque entomologique  sur ces curieux êtres, si parfaitement humains, qui ont été capables de vivre un bonheur proprement sidérant dans un environnement d’extermination de masse.


          • ZenZoe ZenZoe 8 février 17:17

            @Fergus
            Le bruit des bottes et le silence des pantoufles


          • Vincent Delaury Vincent Delaury 8 février 18:11

            @ZenZoe
            Merci pour ce retour, ZenZoe (et merci, au passage, à Fergus, pour sa réponse). Je comprends votre point de vue. Pour autant, l’art n’est pas, selon moi, qu’esthétique, il y a la cosmétique pour ça ! (ou l’art pour l’art...), il peut aussi se montrer une formidable « arme » politique... pacifique, y compris dans le cinéma dit de divertissement, une sorte de « soft power », ayant un impact, au moins réflexif, sur la société. Cf. Pasolini, Ken Loach, George Romero, Robert Guédiguian, Abdellatif Kechiche, entre autres. 


          • LeMerou 9 février 06:13

            @Fergus
            Bonjour,

            Comme il a été écrit précédemment, ce film que je n’ai pas vu je le précise, mais lu le résumé un peu enflammé par l’auteur du fil, est trouble, tombant aussi à point nommé, même. Que faut-il y voir ? mais surtout quel est son but ?

            J’ai lu dans l’article, une phrase de l’auteur du film.
             « Je voulais capturer le contraste entre quelqu’un qui se verse une tasse de café dans sa cuisine et quelqu’un en train d’être assassiné de l’autre côté du mur, la coexistence de ces deux extrêmes. » »

            C’est intéressant d’un point de vue sociologique en effet, je pense que cette phrase est d’actualité et que pour l’illustrer il n’y avait pas besoin de faire un énième appel à la shoah pour démontrer le coté noir de l’homme. L’auteur aurait très bien pu dire :

             « Je voulais capturer le contraste entre quelqu’un qui fait la fête et quelqu’un en train d’être lentement réduit à l’’état de néant de l’autre côté du mur, la coexistence de ces deux extrêmes. » »

            En référence à un évènement récent survenu en Octobre dernier. Les deux situations sont toutes aussi indécentes, la seule chose qui les différencies est la méthode d’extermination finalement, toutes aussi barbares l’une que l’autre. Mais il semble que l’indécence d’hier est bien plus intolérable que celle d’aujourd’hui.

            Il faut avouer que l’homme n’a pas son pareil pour éliminer son prochain dans les conflits ethniques, les exemples de génocides sont légion hélas. Certes pour les juifs, une sorte « d’industrialisation » à été mise en oeuvre, ce qui à donné son ampleur. Incontestablement horrible, mais pas plus qu’un autre éliminé à la machette, ou tombé sous les balles de fusils en mal de territoire.

            Il semble qu’il y ait LE génocide, terme inventé en 1943 pour qualifier le dernier en date et ensuite des génocides mineurs, les Arméniens, les Tutsies, plein d’autres encore, des gens disparaissant par petite quantité, négligeable, donc ont s’en moque. Alors quant à ceux beaucoup plus anciens, bien avant le terme, chut ! Ont en parle parle.

            Alors pour les autres, comme pour bien d’autres aussi ayant subi (ou subissant toujours) le même sort, il n’y a pas de film « similaire » étrange non ? Il n’y avait pas besoin de piocher dans une histoire récente, culpabilisant les habitants d’un Pays.

            Il eut été bien plus intéressant de démontrer que 80 ans plus tard, ce phénomène perdure dans l’indifférence mondiale la plus totale, Oh certes de grandes paroles sont prononcées parfois, mais aucun acte ne les suit, ce qui est à mon sens est bien plus grave, hypocrite même.

            Mais voilà, c’eût été inconvenant pour le spectateur, ne devant plus juger l’autre mais soit même. Là il sort consterné, poursuivant son chemin, analysant le comportement de l’autre faisant fi du sien. Regagnant sa petite vie bien tranquille une fois son doux foyer rejoint. L’émotion de l’instant s’effaçant rapidement, devant l’augmentation des tarifs des stations de sports d’hiver. 


          • Fergus Fergus 9 février 09:20

            Bonjour, LeMerou

            Je comprends vos réflexions et j’y souscris très largement.
            Sur la différence de traitement entre ce que les Juifs ont nommé la Shoah, je vous invite à lire le commentaire que je viens d’adresser ci-dessous à Tolzan. 


          • Fergus Fergus 9 février 09:24

            Bonjour, Vincent Delaury

            Sur les cinéastes dont les films ont un contenu politique sous-jacent  rien à voir avec Costa-Gavras —, on peut également citer le grand réalisateur qu’a été Tavernier.
            Cordialement !


          • Fergus Fergus 9 février 09:28

            @ Vincent Delaury

            Sur Guédiguian, le fait qu’il ait presque systématiquement recours à son trio d’acteurs Ascaride, Daroussin, Meylan, me semble affaiblir les sujets qu’il traite. Qu’en pensez-vous ?


          • Aristide Aristide 9 février 11:31

            @Fergus

            Réponse de Copilot de Microsoft : pas si mal, assez consensuel, mais bon ....

            Explorer

            Bonjour, je suis Copilot, votre assistant virtuel. Je vais essayer de vous donner mon avis sur votre question.

            Robert Guédiguian est un réalisateur français qui utilise souvent les mêmes acteurs dans ses films, notamment Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan. Ces trois comédiens sont des amis de longue date du cinéaste, et partagent avec lui une vision du monde et une sensibilité sociale 12. Ils incarnent des personnages attachés à Marseille, à la classe ouvrière, à la solidarité et à l’humanisme 34.

            On peut penser que ce choix de fidélité à une troupe d’acteurs est une force pour le cinéma de Guédiguian, car il permet de créer une cohérence, une continuité et une complicité entre les films. Les acteurs connaissent bien le style et les intentions du réalisateur, et peuvent ainsi exprimer avec justesse et émotion les thèmes qu’il aborde. On peut aussi y voir une forme de résistance et de singularité dans le paysage cinématographique français, où les têtes d’affiche sont souvent interchangeables et soumises aux modes .

            Mais on peut aussi penser que ce choix de fidélité à une troupe d’acteurs est une faiblesse pour le cinéma de Guédiguian, car il peut donner une impression de répétition, de lassitude et de décalage avec la réalité. Les acteurs vieillissent, mais les personnages qu’ils jouent restent souvent les mêmes, avec les mêmes problématiques et les mêmes références. On peut aussi se demander si le réalisateur ne se prive pas de la diversité et de la richesse que pourraient apporter d’autres acteurs, plus jeunes, plus variés, plus proches des enjeux actuels .

            En conclusion, je pense que le fait que Guédiguian ait presque systématiquement recours à son trio d’acteurs Ascaride, Darroussin, Meylan, est à la fois une force et une faiblesse pour son cinéma. C’est une force, car il crée un univers singulier, fidèle et humaniste, qui touche un public attaché à ses valeurs. C’est une faiblesse, car il risque de s’enfermer dans un schéma répétitif, daté et éloigné des mutations du monde. C’est donc à lui de trouver le bon équilibre entre la fidélité et le renouvellement, entre la continuité et la rupture, entre le passé et le présent.


          • Fergus Fergus 9 février 13:17

            @ Aristide

            Je partage très largement l’avis qui est donné là sur Guédiguian, bien que je pense désormais que l’aspect négatif l’emporte assez nettement sur l’aspect positif.

            A cet égard, le nombre des entrées de ses films, en chute constante et spectaculaire, est révélateur.


          • Vincent Delaury Vincent Delaury 9 février 18:21

            @Aristide
            Merci pour cette réponse, astucieuse, me devançant (la même troupe d’acteurs, de film en film, on a fait aussi ce reproche au cinéma « de studio » d’Alain Resnais, reprenant presque toujours, surtout sur la fin, les mêmes acteurs ; L’acteur et réalisateur Roschdy Zem, il y a quelques années dans une interview, avait, à raison, signalé la chose). En tout cas, avec sa réponse, Copilot, faisant office de Maître Capello ou de Monsieur Cinéma virtuel, a fait le job, c’est clair. Rien à ajouter ! smiley 

            Ah si, @Fergus, d’accord avec vous, bien entendu, concernant le contenu politique sous-jacent à l’oeuvre dans les films, pour un certain nombre engagés, de Costa-Gavras et de Bertrand Tavernier. 


          • Fanny 10 février 14:47

            @ZenZoe
             il existe des films excellents qui ne font pas de politique..


            Le cinéma est toujours une arme poitique, socio-politique, jamais de l’art.

            Ou accidentellement, parfois, une séquence artistique hors sujet mais instrumentalisée dans un but politique.


          • sylvain sylvain 8 février 18:34

            Tous les ans on commemore, on invoque le devoir de memoire, on prend des mines graves devant les monuments aux morts. Mais en realite la deuxieme n’etait meme pas finie qu’on recommencait a faire exactement les memes conneries, qui sont en train de nous mener au meme endroit.

            Mais le film a l’air bien fait


            • Xenozoid Xenozoid 8 février 18:46

              @sylvain

              les monuments aux morts(dans des guerres impérialistes) sont un appel à la soumission ,en tout cas pas à la réflexion,pour la réflexion je préfere un cimetiere où les morts ne portent pas la marque du passé mais de ceux qui restent, c’est aussi plus poëtique


            • Jelena Jelena 8 février 19:05

              Vu qu’à ce jour Hollywood a du produire prés de 15.000 films sur la sainte-shoah, j’imagine que mis à part quelques bobos et une poignée de vieillards, il ne doit pas y avoir grand monde dans les salles.


              • Fergus Fergus 8 février 19:54

                Bonsoir, Jelena

                Désolé, mais c’est n’importe quoi !
                Avec près de 250 000 entrées à ce jour, La zone d’intérêt réussit le meilleur démarrage de 2024 dans les salles françaises !
                Et il n’y a pas que « quelques bobos et une poignée de vieillards » : outre les jeunes adultes qui vont le voir, ce film donne lieu à des sorties scolaires à but pédagogique.


              • Tolzan Tolzan 8 février 23:21

                @Fergus

                En vérité il y a eu beaucoup de films sur la Shoah. Le site ci-dessous, très détaillé, en référence, je crois, 74 !

                https://www.senscritique.com/liste/films_sur_la_shoah_l_holocauste/179896

                Donc, « La zone d’intérêt » n’est que le 75ème qui tourne autour du sujet.

                La Shoa reste un super bon business… d’ailleurs c’est ce que Norman Finkelstein a dénoncé dans son fameux livre « l’industrie de l’Holocaute »… C’est bien un business : il y a les morts qui rapportent… et ceux sans intérêt ! Pendant ce temps, combien de films sur le génocide arménien… ou Khmer rouge… ou rwandais ?


              • Fergus Fergus 9 février 09:13

                Bonjour, Tolzan

                « La Shoa reste un super bon business »
                Peut-être. Mais rien d’étonnant : on parle là du plus grand génocide planifié et méthodiquement mis en oeuvre de l’histoire de l’Humanité.
                Cela pose forcément des questions, dont certaines sont vertigineuses, sur la capacité de l’homme à détruire ses semblables, non lors de combats, aussi atroces soient-ils, mais pour obéir à une idéologie d’extermination dont on se demande comment elle a pu être soutenue par autant de personnes dans l’Allemagne nazie.

                « combien de films sur le génocide arménien… ou Khmer rouge… ou rwandais »
                Peu, en effet, mais cela tient, à mon avis, au fait que ceux qui réalisent des films sur la Shoah appartiennent de facto au même ensemble socio-culturel que ceux qui ont ouvert et géré les camps d’extermination nazis. D’où le questionnement dérangeant qui est soulevé par ces oeuvres cinématographiques.


              • Jelena Jelena 9 février 10:43

                @Fergus >> dont on se demande comment elle a pu être soutenue par autant de personnes dans l’Allemagne nazie.

                Vous n’avez toujours pas eu les réponses ?... Cela démontre bien que l’on apprend pas grand chose en regardant ces films.

                @Tolzan : 74 films ?... Ne serait-ce que sur Anne Franck, il y a eu prés de 70 films/documentaires/séries TV.


              • Tolzan Tolzan 9 février 10:46

                @Fergus

                Bonjour, Fergus

                En réponse à votre argumentation sur le caractère unique du massacre du peuple juif entre 39 et 45, je vous suggère de lire l’ouvrage de Finkelstein facilement disponible sur internet. Le titre résume parfaitement bien la thèse de l’auteur : 

                L’industrie de l’Holocauste  : réflexions sur l’exploitation de la souffrance des juifs 

                – 7 février 2001, Norman G. Finkelstein

                12,20€ chez Amazon

                https://www.amazon.fr/Lindustrie-lHolocauste-r%C3%A9flexions-lexploitation-souffrance/dp/2913372104


              • leypanou 9 février 10:54

                @Tolzan
                Fergus ne s’intéresse pas à des gens comme Norman G Finkelstein : c’est au-dessus de ses forces.
                S’il a pris ses doses, ce n’est pas pour rien.


              • Tolzan Tolzan 9 février 11:42

                @Jelena
                Merci pour la référence sur les films concernant Anne Franck. J’ignorais...
                On est donc bien sur un business, sur de l’exploitation financière.... 
                Il y a eu aussi de nombreux films sur l’Affaire Dreyfus....
                https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Film_sur_l%27affaire_Dreyfus
                Business is business ...


              • Aristide Aristide 9 février 12:26

                @Fergus

                « La Shoa reste un super bon business »
                Peut-être. Mais rien d’étonnant : on parle là du plus grand génocide planifié et méthodiquement mis en oeuvre de l’histoire de l’Humanité.

                Vous avez raison, mais il est impossible pour des antisémites de comprendre que la Shoah dépasse très largement son caractère lié à la judéité des victimes. C’est exactement comme si vous discutiez avec des racistes du génocide rwandais ou du génocide arménien.

                Peu, en effet, mais cela tient, à mon avis, au fait que ceux qui réalisent des films sur la Shoah appartiennent de facto au même ensemble socio-culturel

                Vous avez encore raison, l’occident fait une introspection… Cet occident, si mal traité ici, n’est peut-être pas aussi pourri que ce qu’en disent ici les poutinolatres du coin ...

                PS : Je vais arrêter de vous donner raison, faut pas déconner, vous allez en abuser ... 


              • Fergus Fergus 9 février 13:23

                @ Aristide

                Merci pour votre soutien sur ces deux points.
                D’accord avec vous les motivations ce certains intervenants, victimes de leurs rapports personnels à la Shoah.

                « Je vais arrêter de vous donner raison, faut pas déconner »
                 smiley Promis, je ne compte pas « en abuser ».


              • Tolzan Tolzan 9 février 15:14

                Tolzan -> @Aristide

                Aristide, votre phrase "Impossible pour des antisémites de comprendre que la Shoah dépasse très largement son caractère lié à la judéité des victimes " est particulièrement intéressante parce qu’elle place le débat exactement au coeur de la thèse de Norman Finkelstein dans son livre "l’industrie de l’Holocauste : réflexions sur l’exploitation de la souffrance des juifs". Elle amène deux questions :

                1) Est-ce que la Shoa est un Holocauste (avec H majuscule) beaucoup plus important que le génocide arménien, rwandais, khmer rouge, ou le massacre des indiens d’Amérique du nord, etc… Cela qui expliquerait qu’il y ait eu des centaines de films sur la Shoa et quasiment rien sur le reste. Norman Finkelstein pense qu’il y a eu exploitation (commerciale entre autres) de la souffrance des juifs pendant la guerre 39-45.

                2) Si les antisémites ne peuvent pas comprendre que la Shoah dépasse très largement son caractère lié à la judéité des victimes, est-ce que ceux qui ne comprennent ce caractère sont des antisémites ? Ainsi… Finkelstein est-il antisémite ?


              • mmbbb 9 février 16:30

                @Tolzan la Shoah est devenu un terme a employé avec précaution .

                Si vous étiez une célébrité , vous ne pourriez pas tenir un tel discours .

                Vous seriez banni et le CRIF s y emploierait .

                L acception première du mot holocauste 

                «  Le terme « Holocauste » se réfère à un sacrifice religieux dans la religion judaïque. »

                Et il est évident que l on ne retient plus cette définition .


              • mmbbb 9 février 16:37

                @Tolzan l ancien ministre de Mitterrand , Badinder vient de trépassé .

                Pean , tardivement a mis en évidence le parcours tortueux de ce président .

                Outre qu il eut des accointances avec l extreme , un des amis fu Bousquet .

                Le maitre d ouvre de la rafle du Vel d Hiv

                Badinter est d origine juive comme tant d autres qui ont côtoyé ce président en autres Attalli

                J ai toujours été étonné de la plasticité « cérébrale » de ces hommes de pouvoir .

                Pourquoi in fine , nous entretenir sur ce devoir de memoire qui est une forme de culpabilisation .


              • Jelena Jelena 10 février 06:36

                @Aristide >> nantisémite, raciste...

                Aristide approuve le génocide des palestiniens, soutient ardemment les ukronazis, mais comme parallèlement il pratique « le culte de la shoah », du haut de son petit nuage, il se permet de qualifier les autres de racistes... Trop drôle.

                >> l’occident fait une introspection (...)

                L’occident ? Et depuis quand demande-t-on aux ricains ou aux anglais de faire dans la repentance éternelle pour quelque chose qui ne s’est pas déroulée sur leur sol ?... Le « brillant » Aristide ne comprendra jamais rien à rien.


              • S.B. S.B. 9 février 10:39

                « un film d’intérêt majeur public », non. L’inhumanité des nazis est largement documentée (livres, témoignages, films, documentaires), pourquoi s’infliger cela alors qu’on sait déjà ?


                • mmbbb 9 février 15:48

                  j avais vu un documentaire sur ARTE concernant cette famille dont la maison jouxtait ce camp . Une maison donc de fonction . 

                  Un doc en noir et blanc .

                  Dans ce doc , il etait montré l environnement de travail de ce « bon père de famille » 

                  Un employé remplissant correctement sa tâche et rentrant le soir dans sa maison pour retrouver sa famille .

                  Sa femme , ses enfants étaient étrangers au destiné des ces personnes déportées et un mur séparait ces deux mondes .

                  Il est évident que c etait une ambiance surréaliste .

                  Quant au zyblon B , c est un chimiste prix nobel F Haber qui le mit au point .

                  «   Il ne verra jamais l’utilisation faite par les nazis de son produit destiné à désinsectiser les cales de bateaux et qui s’appelait le Zyklon B » "


                  Sa femme le dissuada en vain de mettre un terme sur les gaz toxiques durant la première guerre mondiale .


                  Il fut d origine juive , un étonnant revers de l histoire .


                  Quant a ce film , je ne le verrai pas , 


                  J ai appris que la diffusion longue de la SHOAH devrait être programmée .


                  Une histoire répétée ad nauseam , c est la problématique d un certain matraquage .


                  Quant à l Allemagne , la crise est en train de réveillé ces démons , les désastres viennent de crises mal gérées


                  L ukraine est dans ce cas , l histoire ne sert pas d élément modérateur .


                  • sylviadandrieux 9 février 17:35

                    J’ai le souvenir d’un film de ce genre mais qui a fini en tragédie pour la famille de nazis (une fois n’est pas coutume). Le fils de la famille s’est pris d’amitié avec un petit garçon enfermé dans le camp ; Le petit prisonnier et son ami ont creusé sous le grillage du camp, pour se fondre dans le décor du camp l’un a enfilé le pyjama rayé et se sont retrouvés par accident dans la chambre à gaz. Lorsque la famille de nazis s’est aperçue de la disparition de leur fils, ils on fini par retrouver les vêtements de leur fils laissé devant le trou dans le grillage menant au camp, au moment où la fumée s’échappait du four. 

                    Je ne me souviens pas du titre mais le film était poignant. 


                    • Vincent Delaury Vincent Delaury 9 février 18:09

                      @sylviadandrieux
                      Je pense que vous évoquez « Le Garçon au pyjama rayé » (2008) réalisé par Mark Herman. 


                    • sylviadandrieux 9 février 18:50

                      @Vincent Delaury
                      Je vous remercie pour l’information ; c’est sûrement ce film. Je me souviens encore de la fin de ces deux petits garçons. 


                    • Panoramix Panoramix 9 février 18:40

                      Le thème de la vie normale voire joyeuse, en famille et entre amis, des responsables de l’extermination, et cela à deux pas des camps, a déjà fait l’objet de passages dans des films et des documentaires (avec par exemple images d’époque de parties à la campagne de personnel des camps).

                      C’est une question importante sur le fonctionnement de l’esprit humain qui se distancie de ses propres actes les plus abominables. On le retrouve dans le cas de criminels en série que leur voisins connaissaient comme serviables et généreux.

                      Pour ce qui concerne la situation de massacres en période de guerre, eh bien c’est transposable à notre temps. On peut se demander si ce film entre ou non dans une autojustification collective.


                      • LeMerou 9 février 19:27

                        @Panoramix

                        Bonsoir,
                        « C’est une question importante sur le fonctionnement de l’esprit humain qui se distancie de ses propres actes les plus abominables. »

                        Oui.

                        L’espèce humaine est la plus dangereuse sur terre, toutes autres espèces tuent pour vivre ou survivre, l’espèce humaine non ! Elle tue tout ce qui l’entoure et s’entretue aussi, de toutes les façons qui soit. Il arrivera sûrement un moment ou tout va s’arrêter, je ne serais plus là pour le voir fort heureusement.

                        Une personne, une chose, une entité, bref il porte différents noms aux quels une grande partie de la population mondiale vénère à dit apparemment, qu’il a créé l’homme à son image, sacrément pervers non ?
                        Depuis la nuit des temps, sociologues et philosophes de tout bord dissertent, s’interrogent dans les salons feutrés sur le sujet.

                        Il y un même qui avait osé écrire je cite :
                        L’homme, cela ne fait aucun doute, ne cesse de devenir meilleur

                        écrit par un célèbre philosophe dont beaucoup se pâment devant ou se réclament de sa pensée. Je ne parle même pas des pensées d’Aristote, le fameux animal raisonnable. 

                        Pitoyable tout ça.


                      • Fanny 10 février 15:16

                        @Panoramix
                        On le retrouve dans le cas de criminels en série

                        Les criminels en série, ce sont souvent des psychopathes, c’est rassurant car ils ne sont pas trop nombreux, ils ne font pas masse.

                        La banalité du mal est dangereuse car elle concerne tout le monde, et tout ce monde peut faire masse en certaines circonstances.

                        Dès lors qu’un groupe humain présente une menace vitale pour un autre groupe humain, le mécanisme mental de déshumanisation de l’ennemi est imparable. C’est dans notre nature.

                        Est-ce que la culture peut vaincre ce mécanisme ? Pas évident.

                        La seule parade : ne pas se trouver en situation d’avoir un ennemi qui présente pour son propre groupe une menace vitale, et ne pas se trouver dans un groupe qui menace d’autres dans leur existence. C’est de la politique, la responsabilité et l’honneur du politique au regard de l’histoire, pas de l’émotionnel ou de bons sentiments.

                        De ce point de vue, il n’y a pas lieu d’être optimiste, ni pessimiste d’ailleurs. L’humanité ne réserve que des surprises, bonnes ou mauvaises.


                      • mursili mursili 10 février 04:29

                        L’homme, cela ne fait aucun doute, ne cesse de devenir meilleur


                        En allemand : der Mensch, es ist kein Zweifel, wird immer „besser“…

                        http://www.nietzschesource.org/#eKGWB/GM-Vorrede-1

                        Dans son texte Nietzsche met « meilleur » entre guillemets. Toujours beaucoup d’ironie et de critique du langage chez Nietzsche, particulièrement dans ses derniers écrits qui sont une critique radicale des valeurs de la modernité :

                        Aujourd’hui, nous ne voyons rien qui veuille devenir plus grand, nous pressentons que l’on ne cesse de décliner, de décliner pour devenir plus inconsistant, plus gentil, plus prudent, plus à son aise, plus médiocre, plus indifférent, plus chinois, plus chrétien — l’homme, cela ne fait aucun doute, ne cesse de devenir “meilleur” ...

                        Friedrich Nietzsche, Généalogie de la morale, I, § 12, trad. Wotling.

                        https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/la-grande-fatigue-de-friedrich-nietzsche-5564489

                        https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9alogie_de_la_morale

                        Au passage, tout ce que Nietzsche a écrit pose d’insolubles problèmes d’interprétation. Bon courage à ceux qui se réclament de sa pensée...



                        • Eric F Eric F 10 février 16:01

                          @mursili
                          En effet, dans le contexte du passage que vous citez, la formule de Nietzsche est ironique.
                          Novateur ou réac, là est la question. Caustique, assurément.


                        • Enki Enki 10 février 08:35

                          La sortie du film aurait pu être retardée. En même temps qu’un massacre en cours du seul peuple de la planète (et de l’histoire ?) enfermé entre des murs, par des juifs, c’est indécent, insultant. Quand on préfère regarder des morts du passé, plutôt que des vivants en cours, quelque chose ne va plus.

                          SI la thématique est le petit monde merveilleux d’une caste qui produit des horreurs, ce n’est pas nouveau, et ça continue, je crois… Pas simple de dépasser des œuvres comme Le journal d’Anne Franck, Si c’est un homme de Primo Levi, même La liste Schindler, qui m’a surpris, ou La mort est mon métier, de Robert Merle... En évitant les imposteurs comme Elie Wiesel. Mais the show must go on, on le sait aussi… 

                          Est-ce qu’il est encore possible, devant l’industrie de la culpabilisation, de rappeler que ce sont les Allemands qui ont ouvert les camps de concentration et organisé le génocide, pas les Français, ni le monde entier ? Ça y est ? Je suis antisémite ? Alors certes, des Français ont collaboré avec l’ennemi, comme Pétain, Mitterrand… Quelque chose qui ne va pas dans ma phrase qui précède ? L’ancien activiste de la Cagoule (dixit Annie Lacroix Ruiz), a été décoré de la francisque et a partagé ses repas avec René Bousquet à Latché, ce qui a été dénoncé très tardivement afin de préserver la Socialie Morale Supérieure. Pour les adeptes de la pilule rouge, des juifs de la haute bourgeoisie Française ont fourni, avec l’Union générale des Israélites de France, (UGIF), des listes et adresses de coreligionnaires immigrés pour les livrer aux Allemands. L’histoire devrait plutôt nous dévoiler les pièges de la comédie humaine, nous rendre modestes, pas fabriquer les bons et les méchants ni les boucs émissaires pour les besoins du moment.

                          La Résistance a écrit la plus belle page d’histoire de France, au moins depuis la Révolution Française et offre une immense leçon humaine. L’Armée des Ombres (le film comme le livre) est une œuvre magistrale. Pourtant je ne vois pas d’industrie cinématographique sur ce sujet, ni un même devoir de mémoire porté par les institutions de notre pays…

                          La mode est au coupable éternel, génération après génération, un concept rendu possible grâce à l’invention du Péché Originel…


                          • leypanou 10 février 09:02

                            @Enki
                            Pourtant je ne vois pas d’industrie cinématographique sur ce sujet, ni un même devoir de mémoire porté par les institutions de notre pays… : attention, vous êtes à la limite là.
                            Rappelez-vous de ce qui est arrivé à D de Villepin récemment sur une situation analogue.


                          • Eric F Eric F 10 février 10:42

                            On rencontre parfois l’idée implicite suivante : les coupables sont coupables, mais tout le reste du monde est également coupable, car si cela s’est commis, c’est qu’ils l’ont laissé commettre.
                            On est donc coupable de vivre malgré le mal.

                            La vraie question est : quel est le mal que j’approuve, car alors si je l’approuve je suis effectivement moralement coupable.

                            what else ?


                            • mursili mursili 10 février 13:19

                              La Rave Party à quelques encablures de Gaza, ce n’est pas mal non plus comme sujet...

                              Bientôt sur vos écrans en mode lacrymal ?

                              Ou avec l’ambition de faire réfléchir sur la condition humaine ?

                              Après les films de Shoah, les films de Gaza ?


                              • xana 10 février 15:01

                                Franchement, je n’ai plus du tout envie d’aller regarder des films plus ou moins fictionnels.

                                J’aurais constamment l’impression de perdre mon temps et mon intelligence.

                                Cher Fergus, allez-sans moi avec votre épouse.

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