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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Les folies écologiques d’un architecte

Les folies écologiques d’un architecte

Vincent Callebaut, un architecte franco-belge, a de la suite dans les idées et ne manque pas d’imagination. Diplômé de l’Institut supérieur d’Architecture de Bruxelles, ce militant en faveur d’une architecture écologique et citoyenne cherche à créer une symbiose entre urbain, humain, et nature dans des projets aussi fous que futuristes.

Il a mis au point une ville flottante, insubmersible et écologique, avec un design digne de fantasmes SF, d’un diamètre de 500 mètre, qui aurait vocation à accueillir les réfugiés climatiques. Bienvenue sur Lilypad.

Réfugiés climatiques

Les réfugiés climatiques devraient en effet être de plus en plus nombreux. Selon le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution et le Climat), le 21e siècle verra le niveau des océans augmenter de 20 à 90 cm, à cause de la fonte des glaces, faisant ainsi disparaître de la carte des pans entiers de territoire, du Viêt-Nam à Washington, en passant par la côte sud-américaine et une partie de l’Australie. « Près de 250 millions de personnes pourraient être concernées », explique l’architecte, qui ajoute que les défis architecturaux se jouent maintenant.

Les Lilypad sont des cités flottantes, des « villes amphibies », mi-aquatiques, mi-terrestre, écologiquement et énergétiquement auto-suffisantes. Elles sont en effet dotées de technologies telles que des éoliennes et des panneaux solaires et peuvent exploiter l’énergie de la biomasse ou de la marée.

68E9726875BA2867B49F2141A105DLa vie sur Ecopolis

Inspirées des grands nénuphars de la Reine Victoria d’Amazonie, les Lilypad peuvent accueillir chacune jusqu’à 50 000 personnes et voyager autour du monde, choisissant de s’ancrer près d’une côte ou se laissant guider par les courants marins. La zone lagunaire du centre permet de lester la structure, et les montages alentours sont dédiées au travail, aux commerces et aux loisirs. Depuis la faune et la flore jusqu’à la récupération de l’eau de pluie, Vincent Callebaut a tout prévu. Ce projet aux airs irréalistes a attiré les intérêts d’investisseurs chinois et arabes qui lui ont demandé de dessiner une version cinq fois plus petite que le projet initial.

Une ferme au centre de New York

En 2009, l’inventeur fou remet ça. Dragonfly est une ferme bio verticale en plein cœur de New York, entre Manhattan et le Queens. Toujours dans la même veine que Lilypad, Dragonfly a pour objectif d’assurer l’autosuffisance écologique et surtout alimentaire des grandes villes, en tenant compte de leur densité démographique. Le projet original prévoit d’héberger 50 000 personnes et d’en nourrir le triple. La ville de New York pourrait être intéressée par ce projet et doit rencontrer prochainement Vincent Callebaut.

dragonflyRepenser la production alimentaire

Le nom, Dragonfly, qui signifie « libellule », renvoi à la forme de la structure imaginée par le rêveur écologique. Il veut « contribuer à la durabilité de la ville et repenser la production alimentaire. » Pour cela, chaque appartement disposera de son potager dans la cuisine et sur le balcon. Le bâtiment comprendra également des bureaux et des espaces consacrés à l’agriculture et l’élevage. L’édifice, 700 mètres aux antennes, comprendra aussi des cultures aquatiques. Les surplus alimentaires générés seront réorienté vers l’extérieur grâce à un marché flottant.

Naturellement, le tout est “eco-friendly”. Les eaux de pluie sont filtrées, les déchets organiques réutilisés en compost, les eaux usées recyclées. Panneaux solaires et éoliennes côtoient l’énergie des vagues et de la biomasse. La chaleur est accumulée pour l’hiver, et la fraicheur est assurée l’été par l’évaporation de l’eau des plantes. Un rêve biologique qui réduirait l’empreinte écologique des habitants des grandes métropoles, une avancée qui semble indispensable si l’on écoute les experts les plus alarmistes sur le futur de la planète.

Les défis alimentaires

La nourriture est l’un des défis principaux de la planète, non seulement pour les pays du tiers-monde, mais aussi pour les pays industrialisés dont la consommation augmente sans cesse. Il faut réinventer les rapports traditionnels entre la ville, qui ne peut pas subvenir à ses besoins alimentaires et énergétiques, et la campagne, qui se vide de sa population sous l’effet de l’exode urbain, mais qui 9DF0B92A3879F660D64749B3A37BBreste aussi le fournisseur incontournable des denrées alimentaires.

Le projet Dragonfly vise à assurer cette autosuffisance alimentaire et s’offre même le luxe de produire des surplus. Sur le plan sanitaire, il a également un potentiel intéressant pour « la décontamination des sols et des sous-sols pollués aussi bien que pour la purification de l’atmosphère polluée par le CO2. »

Lilypad et Dragonfly semblent tout droit sortis d’un film de science-fiction, tant par leur design que par leur fonctionnement. Actuellement, de tels projets paraissent irréalistes et irréalisables. Ils répondent pourtant aux défis du futur tel que la viabilité écologique, énergétique et alimentaire. Même s’ils ne verront pas le jour de si tôt, on peut rêver qu’un jour, ils existeront. Après tout, nos ancêtres ne croyaient pas non plus à l’existence de technologies qui font aujourd’hui partie de notre quotidien !

Texte original.

 

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12 réactions à cet article    


  • sobriquet 16 janvier 2010 15:05

    Ce genre de projet a quelque chose de féérique. Je suis parfois tenté d’y croire.

    Pourtant, je vois mal comment ce serait réalisable : pour nourrir 50 000 personnes, en micro-agriculture biointensive, il faudrait compter 500 m² par personnes, soit au total 25 millions de m². Cela, pour une alimentation strictement végétalienne. Y ajouter un élevage de poules ou de lapins augmenterait considérablement cette surface. Exploiter les océans alentours pourrait permettre de réduire cette surface, au prix d’une empreinte écologique bien plus importante.

    Admettons alors que l’on puisse réduire cette surface à 10 millions de m², grâce à la pêche. Ce projet ayant une emprise au « sol » de 200 000 m², une division suggère que les cultures se répartiraient sur une cinquantaine d’étages. Les 700 m de haut ne seront donc pas de trop. Le soleil pourrait apporter l’énergie nécessaire aux cultures du premier étage. Pour les 49 étages restants, il faudra sans doute compter sur l’énergie des vents ou des courants marins. Comme on est dans un petit cycle fermé, l’énergie de la biomasse sera sans doute un mauvais calcul. Espérons que ces sources suffisent, surtout qu’il faudra en plus compter là dessus pour déplacer la ville, chauffer les habitant, alimenter en électricité les équipements.

    Comment les étages de cultures pourront être entretenus sans trop d’efforts ? Sans apport extérieur d’engrais ni de pesticides, il faudra compter sur nos excréments et sur les équilibres entre niches écologiques. Dans une agriculture étagée, cela reste à inventer. De plus, avec une production si intensive, l’intervention de l’homme devra être régulière, et une majorité de la population devra y passer le plus clair de son temps.

    Je me pose également des questions sur les coûts de maintenance d’une telle installation. Plus elle aura besoin de services et d’outils technologiques, plus elle devra dégager de production et de richesses pour les financer, alors qu’elle part déjà avec un handicap. Il faudra que le bénéfice dégagé par la production alimentaire recouvre le coût des prestations tertiaires extérieures , et alors, on se demande quel sera le bénéfice pour le prestataire. Mais on ne sera peut-être plus dans une société libérale ?

    Et le recyclage, et le renouvèlement des matériaux ? Etc. J’ai encore plein d’interrogations de cet ordre, mais beaucoup sont spéculatives. J’ai du mal à concevoir qu’un tel projet ne conduise pas à une mini-dictature exploitant ses habitants, ou à un mini-empire exploitant les ressources des voisins.


    • ZEN ZEN 16 janvier 2010 17:14

      Une utopie pour demain, pourquoi pas ?...
      Mais il faut se méfier des rêves à la Dubaï
      Le Corbusier avait aussi quelques idées géniales, mais aussi des folies, en matière de construction, comme son projet pour la reconstruction de la ville de St Dié en Vosges , après la guerre


      • Charles Martel Charles Martel 16 janvier 2010 17:58

        ouais bon quand on voit comment les architectes sont à peine capables de pondre une tour de bureaux sans 36000 problèmes techniques et financiers on a de gros doutes sur ces projets qui sont surtout là pour se faire mousser.

        Quant au réfugiés climatiques, inventés pour faire peur au blanc de l’immigration massive, on attend toujours les 90cm de plus pour 2100 (on est déjà en 2010, aucune élévation du niveau des mers...).

        ça ce sont des fadaises qui tiendront pas 10 ans ; si elles sont construites un jour (avec un maximum de sans papiers et de malfaçon).

        je crois qu’il n’y a pas de milieu plus pourri que le BTP....


        • Grandcorpsmalade 17 janvier 2010 14:48

          Vous n’êtes pas à un paradoxe près : les écolos n’ont rien à voir avec le GIEC ou le New Age, vous confondez réels penseurs (il faut une prise de conscience pour comprendre que l’homme fait partie de l’environnement, et pas le contraire) avec profiteurs et gogos.

          Le procédé est facile et a l’air de fonctionner sur les esprits simples, mais il se fonde sur une grossière erreur d’appréciation.

          Quant au GIEC, il a du mal à faire ressortir un consensus, mais la science est-elle exempte de croyances et d’églises ? Certainement pas.


        • tylhdar tylhdar 17 janvier 2010 16:52

          Combien d’habitants sur terre il y aura lorsque la transition démographique sera achever ?
          Les villes flottantes, et villes verticales ne seront pas inutile.
          Certains parlent de tours de 4Km de haut.


          • sobriquet 17 janvier 2010 21:29

            Pourquoi chercher à empiler les gens ? Ce qui prend de la place, ce ne sont pas leurs logements, leurs parcs, leurs routes : ce sont les cultures et pâtures destinées à les nourrir.


          • tylhdar tylhdar 17 janvier 2010 23:16

            Le dragonfly me semble vouloir empiler les cultures.


          • thomthom 18 janvier 2010 11:05

            science fiction ou recherche ? il me semble qu’on est plus proche du premier que du second.
            Cela dit, ce genre d’exercice est très intéressant... pour nous faire rêver, nous donner des perspectives de développement à long terme.

            Ca ne solutionnnera pas tous nos problèmes, mais un point retient mon attention : je suis convaincu qu’une part significative de notre avenir, de notre développement, se fera là ou il reste une place immense, largement inexploitée (ou mal exploitée car juste « pillée » à grande échelle) : les Océans.

            A ce sujet, je rappelle que la France dispose de la deuxième plus vaste « zone d’exploitation (maritime) exclusive » au monde, juste derrière les USA. C’est une richesse immense encore largement inexploitée. Il serait temps de se demander sérieusement comment enfin exploiter cette richesse, à grande échelle, mais bien sûr de manière durable (ce qui rend les choses encore bien plus compliquées)


            • tylhdar tylhdar 18 janvier 2010 18:11

              Photo de l’intérieur du dragonfly

              Avec un article bien plus complet que celui-ci, mais malheureusement en anglais.

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