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sisyphe sisyphe 26 mai 2012 13:22

.. et puisque l’auteur aime les fables de la Fontaine, profitons en : 


 LES ANIMAUX MALADES DE LA CRISE

  Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur (1)Inventa pour punir les crimes de la terre,La crise (puisqu’il faut l’appeler par son nom),Capable d’enrichir en un jour la finance, (2) Faisait aux animaux la guerre.Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n’en voyait point d’occupésA chercher le soutien d’une mourante vie ; (3) Nul mets ne pouvait combler leur envie ; Ni Loups ni Renards n’épiaient La douce et l’innocente proie. Les Tourterelles se fuyaient ; Plus d’amour, partant (4) plus de joie.Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus coupable de nousSe sacrifie aux traits du céleste courroux ;Peut-être il obtiendra la guérison commune.L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents (5) On fait de pareils dévouements : (6)Ne nous flattons (7) donc point ; voyons sans indulgence L’état de nos finances.Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons  J’ai ruiné force moutons ; Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense (8) :Même il m’est arrivé quelquefois de ruiner Le Berger.Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je penseQu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi Car on doit souhaiter selon toute justice Que le plus coupable périsse.Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;Et bien, ruiner moutons, canaille, sotte espèce.Est-ce un péché ? Non non. Vous leur fîtes, Seigneur,  En les ruinant beaucoup d’honneur ; Et quant au Berger, l’on peut dire Qu’il était digne de tous maux,Etant de ces gens-là qui sur les animaux Se font un chimérique empire.Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir. On n’osa trop approfondirDu Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances Les moins pardonnables offenses.Tous les gens spéculateurs, jusqu’aux simples Mâtins (9),Au dire de chacun, étaient de petits saints.L’Âne vint à son tour, et dit : J’ai souvenance Qu’en un pré de Moines passant,La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense Quelque diable aussi me poussant,Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.A ces mots on cria haro (10) sur le Baudet.Un Loup quelque peu clerc (11) prouva par sa harangueQu’il fallait dévouer ce maudit Animal,Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.Sa peccadille fut jugée un cas pendable.Se nourrir à sa faim ! quel crime abominable ! Rien que la mort n’était capableD’expier son forfait : on le lui fit bien voir.Selon que vous serez puissant ou misérable,Les jugements de Cour (12) vous rendront blanc ou noir.
 smiley 

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