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jean-jacques rousseau 26 septembre 2012 11:05
PARIS/HAMBOURG
(Compte rendu de la rédaction) - "Une fois de plus, la fondation hambourgeoise au lourd passé nazi "Alfred Toepfer Stiftung F.V.S." cherche à prendre pied en France, et bénéficie à cet effet du soutien d’institutions gouvernementales de la République fédérale d’Allemagne. La fondation de Hambourg veut se manifester demain, mercredi, par l’organisation d’un vernissage à la Maison Heinrich Heine (Cité Internationale Universitaire de Paris). En France, de vives protestations s’élèvent contre sa tentative de faire oublier par le mécénat culturel le passé peu glorieux de celui dont elle porte le nom. Les critiques rappellent les activités nazies du négociant hambourgeois qui a créé la Fondation, Alfred Toepfer, et les liens étroits qu’il entretenait avec la SS et avec des nazis éminents. Durant la Seconde Guerre mondiale, Toepfer a entre autres travaillé pour les services d’occupation allemands à Paris ("Sabotage et subversion dans les Etats ennemis« ). Ses activités anti-françaises ont expressément servi une  »réorganisation" ethno-raciale (völkisch) de l’Europe sous hégémonie allemande. Dans la capitale française, des chercheurs qui critiquent Toepfer constatent avec indignation que le vernissage de demain érige en mot d’ordre une notion pour laquelle se battait le créateur de la Fondation : l’« Europe ».
Les activités nazies d’Alfred Toepfer, qui sont au centre de ces protestations, sont assez bien connues depuis des années (german-foreign-policy.com en a rendu compte de façon détaillée [1]). Toepfer entretenait des relations avec des nazis éminents, et avait comme raison sociale d’être un « membre bienfaiteur de la SS » (Förderer der SS). Lors de la Deuxième Guerre mondiale, dans Paris occupé, il a été promu « officier des services de Renseignement allemands » (Abwehr) ; il a d’abord été responsable du service « Sabotage et subversion », puis fut chargé de l’« approvisionnement secret en marchandises » du Reich allemand - une périphrase pour désigner le pillage délibéré de la zone d’occupation. Ses firmes ont pu poursuivre leur activité et ont continué à l’enrichir durant la Seconde Guerre mondiale. L’une des firmes de Toepfer a fourni à l’administration du ghetto de Lodz (« Litzmannstadt ») de la chaux vive destinée à recouvrir les cadavres. Après la guerre, les entreprises de Toepfer ont employé plusieurs criminels de guerre nazis, dont Edmund Veesenmeyer, un collaborateur d’Adolf Eichmann dans la déportation en masse d’environ 400 000 Hongrois d’origine juive vers les camps d’extermination allemands, ainsi que Hans-Joachim Riecke, coresponsable de la mort de plusieurs centaines de milliers de prisonniers de guerre soviétiques. Jusqu’au début des années 1970, Toepfer a financé un néo-nazi allemand notoire, Thies Christophersen , auteur par la suite du pamphlet négationniste « Le Mensonge d’Auschwitz ».
Certificat de blanchiment (Persilschein)
La « Alfred Toepfer Stiftung F.V.S. » [2], qui a pu fêter au début de cette année son 75ème anniversaire, et qui est considérée comme la fondation privée la plus importante en Allemagne, est exposée depuis le milieu des années 1990 à de sévères critiques - principalement en France - en raison des activités nazies de son fondateur. Dernier exemple en date : il y a deux ans, le metteur en scène français Ariane Mnouchkine a refusé de recevoir un « Prix Goethe », d’un montant élevé, décerné par l’organisation allemande. Depuis quelques années, la Fondation s’efforce de neutraliser ceux qui la critiquent ; à la fin des années 1990, elle a créé dans ce but une commission d’historiens chargés de faire des recherches sur la biographie de Toepfer. Malgré les activités nazies évidentes et incontestées du négociant hambourgeois, les experts payés par la Fondation sont arrivés à la conclusion que "c’est en tout cas une erreur d’établir un lien direct ou indirect entre lui et des actions criminelles du régime nazi".[3] L’historien Michael Fahlbusch a écrit que la commission a ainsi "fourni à la Fondation un certificat de blanchiment qui ne convainc guère".[4]
Europe
L’argumentation de la Fondation a pour point central l’orientation « européenne » d’Alfred Toepfer. Hans Mommsen, qui a dirigé la commission des historiens, explique ainsi que dès avant 1945, Toepfer s’était « déclaré partisan d’une solution européenne », et qu’il aurait ainsi pris clairement ses distances par rapport à "la ligne générale du national-socialisme".[5] En réalité, une des lignes générales de la propagande nazie à l’échelle du continent a été de présenter l’hégémonie allemande sous un masque « européen ». L’« Europe » est aujourd’hui encore au centre des activités de la Fondation. Comme il est inscrit dans ses statuts, elle s’engage à "faire avancer l’unification européenne dans la préservation de la diversité culturelle« .[6] » [...]
Informations sur la politique extérieure de l’Allemagne. Valeurs européennes 06/11/2007

"La fondation Alfred-Toepfer (Hambourg), impliquée dans de nombreux scandales veut décerner un « Prix européen de la culture » et créer un "réseau de mécénat". La plus grande fondation privée tient son nom d’Alfred Toepfer, ancien agent du réseau d’espionnage étranger nazi et financier de nombreuses « cinquièmes colonnes » de la politique étrangère allemande. Le « Prix européen de la culture » verra le jour lors du 75ème anniversaire de l’existence de la fondation et est doté de 75.000 euros. La fondation, un véritable empire qui vaut plusieurs millions d’euros, coopère avec des universités et des administrations de l’état. L’université de Strasbourg a cessé sa coopération avec la fondation à cause des anciennes activités nazies du fondateur qui faisait partie des forces d’occupations allemandes en France et voulait germaniser la région frontalière. La metteuse en scène parisienne, Ariane Minouchkine, a récemment refusé d’accepter le prix Toepfer et a rappelé le "passé douteux" du fondateur. Si Toepfer avait autrefois voulu réorganiser l’Europe « ethniquement » sous la direction de l’Allemagne, ses successeurs s’efforcent de soutenir les « peuples » de « toute l’Europe » avec l’Allemagne « en son centre ». Les critiques au sein et en-dehors de la fondation Toepfer mettent en garde contre une dissimulation d’une politique hégémonique allemande sous couvert d’une politique de la culture." [...]

Informations sur la politique extérieure de l’Allemagne. Perspective pour toute l’Europe 2006


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