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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 12 juillet 2007 15:27

Il me semble que la question que vous posez ouvre une perspective autrement inquiétante que celle d’une censure et/ou d’une dyssimétrie entretenue pas ceux qui en profitent que beaucoup de commentateurs de votre position relèvent. Elle met en jeu le désir de ne pas être informé sur ce qu’il importe de savoir pour pouvoir agir rationnellement de ceux qui en sont victimes. Et cette propension spontanée à ne pas savoir ou à ne pas désirer savoir me semble relever de ce que La Boétie appelait « la servitude volontaire ».

Ne pourrait-on pas alors s’interroger sur l’origine ambiguë de ce désir de ne pas savoir pour ne pas avoir à y réfléchir afin d’agir plus efficacement ou tout le moins de sortir de l’état d’impuissance qui et que génère ce désir de non savoir par cercle vicieux bien connu ?

Une hypothèse possible est que l’impuissance de ceux qui ne savent pas est imaginairement compensée par l’illusion d’un pseudo-savoir magique ou moral qui permet de se réfugier dans la croyance

- soit que les grands savent pour nous et pour notre bien (hommes politiques, médecins experts etc..) et qu’ils peuvent ainsi agir sans que nous avons à faire d’effort particulier, sinon pour leur obéir en nous identifiant à leur savoir/pouvoir (ce que l’on appelle l’autorité ou la compétence politique).

- soit que les « grands », quoi qu’ils sachent et fassent, veulent nous tromper et que tout savoir qui ne répondrait pas instantanément à nos désirs spontanés est un pur et simple mensonge. Restaurant pas là au sein même de cette asymétrie désirée, l’illusion purement verbale et dénonciatrice de la toute puissance contre ceux qui savent et peuvent.

Cette dernière attitude symétrique de la première me paraît aujourdhui dominante du fait même de ce que Tocqueville appelait la passion démocratique ou égalitaire". Elle permet au citoyen essentiellement passif de compenser son impuissance réelle par l’impression de toute puissance de celui qui croit savoir ce qu’on voudrait lui cacher. Ne serait-ce pas là le ressort du succès de la presse dite people ? Celle-ci n’exige aucune distance critique , ni réflexion et permet de se donner l’illusion à très bas prix qu’il suffirait simplement de savoir ce qu’on lui montre de scandaleux et d’hypocrite dans les faits et gestes de ceux qui détiennent du pouvoir (citoyens actifs) pour ne plus en être victime et se sentir leurs égaux, voire moralement supérieurs.

Qu’en est-il de la servitude désirée et comment est-elle instrumentalisée par ceux qui s’en servent pour préserver leur pouvoir ? Voilà me semble-t-il l’excellente question que soulève votre article.


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