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Neos 7 août 2007 14:30

Bonjour,

depuis quelques temps sur AGV, des élans pan-souverainistes résurgissent ça et là, plus vigoureux que jamais.

Je respecte ces idées même si elles ne sont pas miennes et souhaite revenir sur certains arguments avancés par l’auteur.

Les discussions sur le contenu du projet de traité ’modificatif’, sur lequel planche actuellement la Conférence intergouvernementale, ont fait l’objet de plusieurs articles, je ne reviendrais donc pas dessus.

En revanche, le fond du sujet est intéressant et je savoure à l’idée d’en aborder quelques aspects.

Le souverainisme d’abord a ce naturel de ne jamais rappeler les fondements essentiels qui justifient encore aujourd’hui l’existence même de l’Union européenne en Europe. On peut être contre la méthode de gouvernance européenne, on peut être contre la voie économique (certains emploieront le terme « libéral ») qui a été préférée pour en organiser son intégration. Je peux comprendre et je respecte ces positions. Mais il est un autre argument qui, il me semble, ne connaît qu’une opposition mineure dans l’opinion publique : c’est le rôle pacificateur joué par le processus de construction européenne. Au-delà des arguments économiques qui nous amèneraient à débattre sur l’utilité du marché intérieur, l’UE vise ainsi avant tout à dépasser les différences nationales qui ont fait tant de mal aux peuples européens aux XIXe et XXe siècles, et proposer une alternative de développement de civilisation à la logique des concurrences nationales en misant sur la solidarité, la coopération, le travail en commun autour d’un projet unique : vivre notre avenir en commun.

Ce projet en commun n’est pas le projet allemand. Ma lecture de l’article est peut-être erronée, j’ai eu le sentiment que la plume de l’auteur semblait reprocher à la Présidence allemande du Conseil de l’UE d’avoir voulu s’approprier la Charte des Droits fondamentaux en présentant certains aspects du texte comme d’inspiration germanique. La Charte est un texte élaboré en commun, à 15, il y a environ 7 ans. Le principe du respect des minorités nationales sur lequel je me propose de dire quelques mots, dépasse largement la conception que se ferait un Etat de l’UE et repose sur des valeurs reconnues par les Etats membres dans leur ensemble.

Alors me direz-vous, que vient faire ici la question des minorités nationales ? Ou autrement dit, pourquoi les thèses souverainistes françaises (c’est un thème particulièrement sensible en France puisqu’il remet en cause un principe constitutionnel que l’auteur n’a pas manqué de rappeler) expriment un certain malaise lorsque l’idée de « minorité nationale » est évoquée sur la place publique ? Ce que l’auteur n’a pas souhaité souligner en gras (préférant attirer le regard sur le principe d’égalité, plus confortable), c’est la mention « république une et indivisible ». En effet, s’est-on jamais étonné de savoir pourquoi la France ne reconnaît-elle aucune « minorité nationale » sur son territoire, alors qu’elle exige, par exemple, que les minorités soit scrupuleusement respectées par les nouveaux Etats membres qui désirent adhérer à la famille européenne (le respect des minorités nationales, un des critères de Copenhague, est une condition d’adhésion à l’UE) ? Pourquoi ne ferait-on pas nôtre les causes corse, alsacienne, bretonne, basque (...) qui revendiquent généreusement un droit à la reconnaissance de leur culture, de leur langue, de leur diversité régionale ? Le souverainisme défend inlassablement l’unité nationale, il refuse en France l’ouverture aux minorités et souhaite limiter tant que possible l’accès à la diversité à l’intérieur de nos frontières nationales. La République doit demeurer « une et indivisible », elle ne doit pas risquer de se voir remise en cause par une diversité trop revendicative. En d’autres termes, le souverainisme craint la conciliation possible entre reconnaissance de la diversité intérieure et maintien de l’unité nationale.

Car nous touchons ici, chers lecteurs, au cœur de la sensibilité souverainiste : est-il concevable que les valeurs objectives (langue, culture, traditions, usages...) de la nation puissent être conciliables avec les valeurs régionales ou transnationales ?

Cette question devra probablement trouver une réponse satisfaisante sur notre continent au cours du siècle qui s’ouvre à nous. Au risque sinon de retomber dans les travers nationalistes du siècle passé.

Je pense pour ma part que ceci n’est pas infaisable. Avec des efforts de tolérance, de solidarité et de compréhension vis-à-vis de nos amis européens, nous pouvons réussir à concilier l’intérêt national avec les intérêts européens.


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