Quelle aurait été l’attitude de l’auteur de l’article « Défendons l’anglais » s’il avait discuté avec ses deux comparses de littérature en français dans un café de Deauville ou en allemand à Munich ? Aurait-il défendu l’une de ces deux langues avec autant d’émerveillement et de fougue qu’il en a mis en faveur de l’anglais ? - Quelle niaiserie d’étiqueter l’anglais de langue mondiale ! N’y a-t-il pas confusion entre universalité, « mondialité » et le fait qu’il soit plus répandu que d’autres langues ? Dernièrement, j’ai entendu une jeune personne motiver son désir d’apprendre l’anglais par ce que « it is the universal language. » Quelle stupidité ! Quelle ineptie ! On n’apprend pas une langue pour ce motif et uniquement pour ce motif. On pourrait à la rigueur l’admettre parce que effectivement un usage fort répondu en fait une langue incontournable (pour utiliser un vocable à la mode). On finit par l’apprendre et l’utiliser pearce qu’on ne peut pas faire autrement. C’est un peu le thème traité par la pièce « Rhinocéros » de Ionesco : c’est l’histoire d’un type qui est gêné parce qu’il est différent des autrese, mais finit par avoir la même carapace que les autres. On devient finalement moutron de Panurge pour bêler de la même façon que, pardon de passer d’un animal à l’autre, mais c’est l’expression qui le veut, l’âne qu’on entend braire dans un coin : tout compte fait, asinus asinum fricat, disait-on dans la langue dominante d’une certaine époque lointaine dans les oubliettes de laquelle l’anglais pourrait très bien tomber.