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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 1er octobre 2007 17:22

« Tout homme est par droit naturel et imprescriptible le maître de ses propres pensées. »

Vous interprétez cette proposition de Spinoza à contre sens. Elle ne concerne pas l’homme tel qu’il est : en effet pour cet auteur chacun est toujours déterminé spontanément pas ses passions -et cela est naturel-, mais tel qu’il doit devenir selon sa nature raisonnable, en tant qu’il est capable par la connaissance de ce qui détermine ses passions, c’est à dire par sa raison, de reconnaitre ce qui lui est vraiment utile afin d’accroître sa puissance d’agir et donc son être propre.

Ceci implique, pou ect auteur, que toute société de liberté (la fin de tout véritable état est, selon Spinoza, la liberté des individus) doit être capable de développer chez les enfants ce pouvoir de la raison afin que chacun puisse transformer les passions premières (toujours au bout du compte, violentes, tristes et aliénantes ou affaiblissantes) en désirs actifs, en puissance positive dans ses rapports au monde et aux autres.

C’est dire que tout véritable rationalisme doit non pas refuser la sensibilité mais faire que celle-ci devienne raisonnable ; Or c’est à l’état, dont c’est la plus grande mission civilisatrice, de mettre par l’éducation tout en œuvre pour rendre cela possible. Cette éducation de la liberté, de l’autonomie (maître de ses pensée et donc de ses actes)ne doit surtout pas confondre l’universalité et l’identité collective, sauf à devenir particularisante et liberticide, au nom même de la liberté universelle. Ce qui fait tomber dans le paradoxe que vous dénoncez très justement.

La raison est donc au service du désir chez Spinoza et non pas de la passion dans sa forme spontanée inconsciente (ce qui nous rend passif par l’inconscience de ce qui la détermine et de ce qui nous est vraiment utile), au service de notre véritable désir en vue d’accroître effectivement notre pouvoir d’agir pour mieux vivre (conatus).

Votre texte à mon avis participe de ce processus de prise de conscience de la passion particularisante et exclusive de l’alterité (et donc de l’autonomie des individus), y compris dans sa forme faussement universelle, qui n’est qu’identitaire et en cela donne plutôt raison à Spinoza.

Vous montrez en effet par la pratique ce que vous croyez refuser en théorie ; à savoir que la justice libérale exige un effort de la raison pour rendre nos affections plus autonomes,c’est à dire plus efficaces, plus raisonnables et plus tolérantes.

L’éthique de Spinoza

Spinoza et la liberté


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