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René Job 12 août 2008 15:18

En complément de mon long commentaire, j’ajoute que tout cela repose sur un état d’esprit précis : la peur.
Les décisions d’embauches française sont irrationnelles car leur fond commun concret n’est pas le besoin de l’entreprise mais la peur de la différence. Dès lors on comprends mieux les contre performances globales de nos économies sur les marchés à l’export. Comment aller vers les autres avec efficacité quand on ne maitrise pas sa propre diversité sociale ? Comment comprendre les désirs et besoins des autres quand on nie ceux d’une bonne partie de la population ? Dans un monde "ouvert", où tout ce sait rapidement, comment justifier auprès des acheteurs potentiels de tels comportements collectifs ?
Le manque d’empathie engendre l’inefficacité économique. Empêche le frottement des différences intra et inter entreprises ; frottement générateur de nouvelles idées, de nouvelles richesses. J’ai souvent vu des gens repliés sur eux mêmes et/ou infatués d’eux mêmes. Nos conflits sociaux témoignent de nos rigidités, des crispations engendrés par la peur. Au lieu de voir le chômage comme une chance de renouvellement, nous le vivons comme une croix. Et ces mesures ne sont rien d ’autres qu’irrationnelles au sens où elles tentent de culpabiliser encore plus ceux qui sont déjà victime des peurs et rigidités des décideurs français.
Notre patronat n’est pas vraiment libéral, il est tout simplement conservateur. Le raisonnement facile est son pain quotidien. Le chômage est le produit de cette ambiance. Le chômeur rien d’autre que le laisser pour compte du système.

Non, ni les Danois ni les Anglais ne peuvent fournir de solutions car eux mêmes n’ont pas de tels obstacles à vaincre au préalable.

En écrivant ces lignes, je pense à la guerre de 100ans. Nombreuses furent les défaites françaises durant ce long conflit. Pourtant, le Royaume de France disposait de nombreux atouts, un peuple nombreux, une économie capable de soutenir le conflit, des nobles très bien équipés. Mais nous essuyâmes défaites retentissantes sur défaites retentissantes. Nos élites étaient incapables de s’organiser, de vaincre tactiquement. Car toujours dans le mépris de l’autre (ici, l’anglais). Le mépris engendra la défaite et elle même la peur. C’est ce mépris qui doit être vaincu d’abord pour ensuite vaincre économiquement aujourd’hui.
Les gens doivent être vu comme des potentiels même à l’orée de la retraite.

La France s’en sortirait mieux en renonçant à une culture du paraître au profit d’une culture de l’être. Ne plus juger d’après des états sociaux mais d’après une dynamique sociale laquelle permettant à chacun de trouver en lui des trésors de ressources à réaliser.

Une évalution rationnelle, je dirais tout simplement raisonnable, consisterait à se dire "qu’importe à quoi ressemble notre futur collaborateur, ce qui compte c’est ce qu’il pourrait développer au sein de notre équipe." Cela va du simple collaborateur au cadre. Ces derniers n’ont pas l’exclusive de la valeur ajoutée. Pensons à ces autodidactes finalement meilleurs que bien des titrés.

Dans les années 70, je me souviens que les gens avaient beaucoup plus confiance qu’aujourd’hui. Ils étaient moins crispés et finalement plus audacieux.

Ce que je dis ne relève pas d’une idéologie de droite ou de gauche, mais seulement du constat que nous autres français, nous sommes champions pour échouer collectivement. Nous culpabilisons les faibles tout en leur administrant quelques pansements pour nous donner bonne conscience. Tout cela est désuet. Il faut sortir de ce christianisme persistant et improductif. De cette culture chétienne mal digérée qui nous aliène. Soyons clair, je ne suis pas anti-chrétien, au contraire, mais ce que j’en vois à l’oeuvre nous ferme le monde. Nous fait rejeter insconsciemment ce qui est différent. C’est notre culture mais la conscientiser nous ferait du bien. On ne verrait plus un gérant de Brasserie avouait qu’il ne sait pas pourquoi il a dit non à un noir motivé alors qu’il y a du travail. L’insconscient culturel, c’est çà. On dit "non" alors que raisonnablement il faudrait dire "oui". L’irrationalité économique en France est là.

Il me semble d’ailleurs que c’est un signe distinctif, un trait caractéristique du petit enfant que de dire "non". Une étape difficile mais qui doit être passée.

Je me prends parfois en regardant des cartes actuelles à ce que serait la France si elle avait su donner la pleine citoyenneté aux indochinois et aux algériens. Si "Liberté-Egalité-Fraternité" avait été respecté, voyant le trait de génie contenu dans ces idées. Nous serions puissants. Nous disposerions de ressources humaines et naturelles importantes. On nous écouterait où que nous allions. Et nous ne chercherions pas à culpabiliser les pauvres, les faibles en leur collant tous les maux de la société sur leurs personnes.

Non seulement, nous avons perdu territoires et populations. Mais aujourd’hui nous perdons des millions de français sur le territoire national lui-même. Bref la relégation est la spécialité locale. Et comble du malheur, c’est une perte énergétique considérable puisque ces gens relegués sont à la fois : dans l’alourdissement des charges sociales, dans l’improductivité en terme de travail non accompli et dans une culture de démotivation. Je ne parle même pas de ceux qui auraient pu dans des conditions sociales meilleures développer des compétences qui leurs auraient permis d’innover. Le pari social n’est pas fait.

Dans ces conditions, je trouve qu’on attend beaucoup des conseillers anpe.

Je fais long et il y a longtemps que je ne participais plus d’Agoravox, mais je trouve qu’en ce moment s’exprimer un peu est nécessaire. Pour sensibiliser. Sortir de la société de la peur, de la crainte, du gaspillage humain érigé en culture d’Etat.

En dernier lieu, je pose qu’il est clair qu’un raisonnement micro-économique appliqué et démultiplié par duplication analogique par les agents peut être destructeur collectivement à terme si la dimension sociale (au sens d’environnementale) n’y a pas été intégrée dès le départ comme donnée de calcul basique.
Dans mon calcul, je dois intégrer sans concertation (décider, c’est prévoir et risquer) ce que prévisiblement mon comportement ainsi déterminé produira globalement si répété par mes concurrents et mes pairs dans chaque secteur. Je dois donc envisager l’effet global sur la société (qui est aussi mon support de vie) de ma décision en apparence minime. Le calcul égoïste est le plus court chemin vers des lendemains difficiles. Ainsi, je pense que nombre de quinquagéneraires sur la touche doivent aujourd’hui regretter leurs décisions d’hier. Sans le savoir, ils préparaient leur propre exclusion du système. Combien d’entre eux ont du dire "non" quand il fallait dire "oui" ? C’est aujourd’hui dans leur impuissance qu’ils doivent comprendre, enfin, leur bêtise de jeunesse.


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