Plutôt que de compassion à géométrie variable, je préfère parler de victimes plus ou moins méritantes, un concept largement développé à l’époque victorienne et entouré d’hypocrisie. Un autre exemple, la différence de traitement entre les sans-abris qui acceptent l’aumone d’une nuit dans un refuge chaque soir différent et ceux qui refusent de se faire institutionnaliser. L’anathème jeté sur le chômeur qui ne recherche pas « activement » un travail. L’absence de compassion pour ces sans-papiers que l’on vient de disperser à Calais, pourtant originaires d’Irak, d’Afghanistan, ou encore d’Iran.
Les prostituées elles payent pour avoir refusé de jouer le jeu en prétendant que la prostitution était une exploitation. En revendiquant leur droit à se prostituer et en refusant le rôle de victimes, elles ont poussé la société et celles qui auraient dû être leurs alliées naturelles, les féministes, à s’en désolidariser et à les condamner à la marginalité avec tous les dangers que cela comporte.