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Accueil du site > Tribune Libre > Cachez-moi ce Gaulois que je ne saurais voir !

Cachez-moi ce Gaulois que je ne saurais voir !

Le ministre de la culture et de la communication a pour mission de rendre accessibles au plus grand nombre les oeuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, d’assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, de favoriser la création des oeuvres de l’art et de l’esprit et de développer les pratiques artistiques (décret n° 97-713 du 11 juin 1997).


C’est très exactement dans cet esprit qu’en tant que modeste citoyen, je cherche à ouvrir un débat sur ce que les Gaulois nous ont laissé en héritage, un héritage à mon sens bien mal compris. Auteur de sept ouvrages publiés et de 91 articles sur Agoravox, il m’a fallu commencer par dénoncer, arguments et preuves à l’appui, l’incroyable erreur de la localisation de Bibracte au mont Beuvray dont je dis qu’il n’est que le site de Gorgobina, ville boïenne dont parle César. En effet, si l’on traduit correctement les Commentaires sur la guerre des Gaules, la localisation de Bibracte s’impose à Mont-Saint-Vincent, au centre de la Bourgogne du sud. Cela fait des années que je le dis et que je le proclame sans que jamais personne ne vienne contredire, ni ma traduction, ni mon interprétation du texte de César.
 
Question : Que Bibracte ait été au mont Beuvray ou à Mont-Saint-Vincent, cela modifie-t-il notre vision de la Gaule antique ?
Réponse : Cela change tout car c’est la référence par excellence. En effet, il faut choisir : ou bien une Gaule plus ou moins chevelue, avec quelques rares agglomérations ressemblant à la localité relativement récente et toute spartiate de Gorgobina/mont Beuvray, ou bien une Gaule pré-médiévale, riche de cités rayonnantes, parsemée de petites villes fortifiées comme le Mont-Saint-Vincent.

Entre le mont Beuvray et le Mont-Saint-Vincent, les archéologues français ont fait le mauvais choix, en totale contradiction avec les textes antiques. Et même aujourd’hui jusqu’à l’absurde, car ils se trouvent contraints d’imaginer, en dépit du bon sens et sans aucune justification, le surgissement soudain et irréaliste dans notre pays de grandes villes dites romaines dès le siècle d’Auguste alors que tout indique une évolution lente et continue du paysage urbain gaulois.
Conséquence : il serait intéressant de montrer aux touristes étrangers nos vieilles forteresses gauloises, les quelques vieux temples qui se cachent dans des églises, nos antiques villages perchés sur leur hauteur… Non ! On y a systématiquement planté le drapeau gallo-romain ou celui de la féodalité franque.
 
I. Mais qui commande donc à l’archéologie française ?
 
Eh bien, contrairement à ce qu’on pense, ce n’est pas la Directrice de la Sous-direction de l’Archéologie auprès du ministre de la Culture mais le représentant du Collège de France, titulaire de la chaire des Antiquités Nationales. Quant un problème se pose, c’est à lui que (la) ministre s’adresse (JO du 2/07/2001, page 3835). De même, les archéologues des Directions régionales des affaires culturelles. Cette autorité a le privilège royal et publicitaire sur les autres auteurs d’écrire et d’enseigner au bon peuple de France la recherche en train de se faire ainsi que l’avantage de ne pas avoir à répondre aux questions des représentants de la nation. Le collège de France est en effet une survivance de la royauté qui n’a de compte à rendre qu’à lui-même.
 
II. Voyons d’un peu plus près comment fonctionne cette technostructure archéologique ?
 
Affaire Lutèce. Ça part comme une fusée dans un article du Monde. Les archéologues auraient retrouvé la ville de Lutèce à Nanterre. Matthieu Poux est pour, Jean-Louis Brunaux contre. Où diable se trouve la « Lutèce gauloise » ? « Sincèrement, je n’en sais rien », répond Christian Goudineau, professeur au collège de France, titulaire de la chaire des Antiquités Nationales.
Que dit le militaire (un peu latiniste, auteur du présent article) ? L’oppidum (refuge) de Lutèce ne peut être que l’île de la cité. La ville de Lutèce ne peut être qu’à l’emplacement où l’on situe la ville dite gallo-romaine, de l’autre côté du fleuve, sur la rive gauche. César confirme si on le traduit correctement.
Que dit l’archéologue ? Négatif ! On n’a trouvé aucune trace archéologique gauloise à l’emplacement où s’est installée la ville romaine (les Gaulois ne construisaient qu’en bois).
Que répond le militaire ? la ville dite gallo-romaine est la ville gauloise avec un plus (les Gaulois construisaient en pierre).
 
 Affaire Alésia. C’est dans le projet du futur muséoparc : visite et explication de ce qui reste de la ville dite gallo-romaine située sur le mont Auxois.
Que dit l’archéologue ? Pas de traces gauloises significatives à cet emplacement.
Que répond le militaire ? Ces ruines sont celles du village gaulois des Mandubiens (les Gaulois construisaient en dur). Le témoignage de César est formel.
 
Affaire bataille de cavalerie avant celle d’Alésia.
Que dit l’archéologue ? Qu’elle a eu lieu à Fains-les-Moutiers (Christian Goudineau)
Que dit le militaire ? Qu’elle a eu lieu à Noyers.
 
Affaire Gergovie.
Que dit l’archéologue ? Le plateau de Merdogne est l’oppidum de Gergovie dont parle César mais il n’est pas le seul oppidum (Vincent Guichard). Gergovie est à Corent ; il n’y a rien de gaulois à Merdogne (Matthieu Poux).
Que dit le militaire ? La ville de Gergovie sur une hauteur que décrit César est la ville du Crest sur l’éperon de la montagne de la Serre.
Que répond l’archéologue ? Non ! Les vestiges de la forteresse datent du Moyen-âge.
 
Affaire Uxellodunum.
Que dit l’archéologue ? Uxellodunum est à Puy d’Issolud (Christian Goudineau).
Que dit le militaire ? Uxellodunum est à Luzech.
 
Affaire Bibracte.
pour mémoire etc.
 
Que dit le ministre de la Culture ?
 
Il y a heureusement des archéologues dont les actions sont positives comme la mise au jour, sur le mont Lassois, d’une petite ville du premier âge du fer (820 à 450 ans avant J.C.) ce qui remet en question la thèse d’une Gaule qui n’aurait connu un début d’urbanisation qu’aux Ier/IIe siècle avant notre ère. Voyez mon article http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=28189 et ma conclusion en forme d’espoir pour les jeunes archéologues :
 
"La recherche archéologique a encore de beaux jours devant elle".
 
 

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32 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 31 juillet 2009 10:54

    @ Inspecteur Mourey

    Je ne suis pas spécialiste, mais je constate que vous avez gagné en légéreté, en concision et en humour...
    Il n’y a pas mort d’homme, en effet...
    Le Collège de France a peut- être bien des défauts, mais il est un lieu où la recherche peut s’exercer souverainement . Il a produit quelques beaux esprits.

    « La recherche archéologique a encore de beaux jours devant elle »

    Mais l’Etat a réduit la voilure..
    Plus d’embauche ou si peu...


    • Paul Cosquer 31 juillet 2009 10:59

      Oui un peu d’humour ne nuit pas. D’ailleurs le titre pudibond destiné à cacher un détail de l’anatomie du Gaulois rappelle une parole célèbre de César « Ah que c’est bon d’avoir la gaule ! »


    • Emile Mourey Emile Mourey 31 juillet 2009 11:19

      @ Zen

      Merci. C’est en devenant vieux que le vin s’améliore.


    • Emile Mourey Emile Mourey 31 juillet 2009 11:22

      @ Paul Cosquer

      César a soumis les Gaules, Nicomède a soumis César :Vous voyez aujourd’hui triompher César qui a soumis les Gaules,Mais non point Nicomède qui a soumis César.
      (chanson populaire ancienne, Suétone, Vie des douze Césars, César, 49)

    • Paul Cosquer 31 juillet 2009 12:39

      Nico m’aide ? Ah bon ? Sarkoziste !


    • Paul Cosquer 31 juillet 2009 12:44

      Mais Manuel Atreide aussi : c’est mieux.


    • Massaliote 31 juillet 2009 13:25

      Il n’y a pas mort d’homme, simplement une atteinte à la mémoire, à l’histoire et à nos racines. En déboulonnant le mythe fondateur de nos ancêtres les Gaulois, on déstructure encore un peu le « bon peuple », celui qui n’est bon qu’à payer ses impôts et à fermer sa gueule. Surtout ne soyons pas fiers d’être les héritiers d’un grand peuple et encore moins d’un peuple capable de se rebeller contre une invasion.


    • Manuel Atreide Manuel Atreide 31 juillet 2009 11:59

      @ l’auteur ...

      continuez ainsi, cher M. Mourey, et vous finirez par me convaincre !

      Je vous sais gré, en tout cas, de cette persévérance sur notre passé lointain dont on sait si peu, en fin de compte. Mais comment passer cette barrière de l’archéologie officielle que vous dénoncez avec talent ? Comment aller au delà de ce que vous faites déjà ? là est la question, non ?

      Amicalement

      Manuel


      • Pie 3,14 31 juillet 2009 12:23

        Il n’existe pas une « archéologie officielle » pas plus qu’il n’y a d’histoire officielle. Il y a des archéologues qui travaillent dans des centres et des universités et partagent leurs découvertes, leurs doutes et leurs hypothèses dans des publications et des colloques.


      • Emile Mourey Emile Mourey 31 juillet 2009 12:38

        @ Manuel Atreide

        Bonjour et merci pour votre commentaire.

        Mais comment passer cette barrière de l’archéologie disons « officialisée » ? Il suffit de peu de choses, d’un changement de position, d’une acceptation du débat... Je ne peux pas croire qu’on reste sur le projet prévu par le futur muséoparc d’Alésia.

        Cela dépend des archéologues, d’Isabelle Balsamo de la Sous-direction de l’Archéologie, du ministre de la Culture, de ses directeurs régionaux des Affaires Culturelles de Bourgogne et d’Auvergne. Il suffit d’un mot qui pousse à interrogation ou au débat. Il suffit d’un journaliste... mais je ne suis ni devin, ni prophète.

        Cordialement.


      • Emile Mourey Emile Mourey 31 juillet 2009 12:59

        @ Pie 3, 14

        Sience officielle ??? Lisez la dernière phrase de la lettre ci-dessous.

        République Française
        Ministère de la Culture et de la Communication
        Secrétariat d’Etat au Patrimoine et à la Décentralisation Culturelle

        Le Secrétaire d’Etat à Monsieur André GERIN, Député du Rhône…
        27 Novembre 2 000. Nos réf. : SCL/CP/2095 ?3

        Monsieur le Député, vous avez appelé mon attention sur la polémique menée par Monsieur Mourey <<historien, latiniste, ancien officier de carrière>>, ainsi qu’il se qualifie lui-même, demeurant .... Monsieur Mourey conteste la localisation du site de Bibracte au Mont-Beuvray et pense que Bibracte se trouve en fait à Mont-Saint-Vincent (Saône-et-Loire).
        Depuis près de dix ans, à travers de nombreux écrits, Monsieur Mourey a mis en doute la pertinence de la localisation susmentionnée, avec des arguments et des moyens certainement sujets à critique (grossissement de l’importance de Bibracte qui, de capitale des Eduens devient métropole des Gaules, recours non critique à la mythologie, formulation aussi péremptoire que ce qu’il reproche aux autres, etc…), mais c’est son droit d’homme libre et de citoyen en démocratie.

        Il n’a pas semblé convenable aux autorités du ministère chargé de la culture d’arbitrer entre les thèses soutenues par Monsieur Mourey et celles adoptées par un professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’Antiquités nationales ainsi que d’autres personnalités scientifiques de compétence également reconnue.

        C’est pourquoi il ne paraît pas utile que le ministère de la culture et de la communication entretienne une polémique avec une personne, qui comme beaucoup de passionnés de son espèce, se place dans la posture de l’homme seul face au poids de la <<science officielle>>.

        Je vous prie d’agréer, Monsieur le Député, l’expression de mes sentiments les meilleurs..

        Signé : Duffour


      • Pie 3,14 31 juillet 2009 15:02

        Monsieur Mourey,

        Avez-vous remarqué les guillemets à l’expression « science officielle » ?
        Cela signifie que l’auteur ne reprend pas l’expression à son compte mais cite de manière ironique ceux qui y croient.
        Par ailleurs, le ministère ne tranche pas dans le débat de localisation qui vous obsède, ce n’est pas son rôle,il dit simplement qu’il s’en remet à l’expertise des scientifiques spécialistes.
        Vous avez le droit de ne pas être d’accord avec eux, en revanche adopter la posture de la victime de la « science officielle » est tout à fait exagéré.


      • Emile Mourey Emile Mourey 31 juillet 2009 15:27

        @ Pie 3,14

        Moi qui croyais que mettre entre guillemets avait pour but de renforcer l’expression ! Bizarre, bizarre !

        Tout est une question de stratégie. Je ne me sens pas victime du tout. Il faudrait être bien égocentrique pour penser cela quand on voit les difficultés que rencontrent nos concitoyens. Mon souhait de simple citoyen serait de contribuer, si possible, à lutter contre le chômage qui les touche, que le ministre de la Culture comprenne, comme l’a dit un jour un autre secrétaire d’Etat à la Culture (Ph. de Villiers) qu’il existe dans notre pays des gisements d’emploi encore inexplorés. Voyez l’Egypte, comment elle sait mettre en valeur ses pyramides.


      • Fergus fergus 31 juillet 2009 12:53

        Toutes mes félicitations, M. Mourey, pour cet intéressant article et surtout pour votre opiniâtreté.

        Un détail en passant : les « boïens » sont un peuple celte, mais savez-vous (je présume que oui, eu égard à votre immense gauloise) qu’ils sont avec leurs compagnes « boïennes » les habitants de Biganos, une petite ville de Gironde située à l’embouchure de la Leyre sur le Bassin d’Arcachon ? Une ville qui, à l’époque gallo-romaine, se nommait... Boïos.
        (Je n’ai guère de mérite à savoir cela, mon épouse est originaire de la région !) 

        Bonne journée.


        • Emile Mourey Emile Mourey 31 juillet 2009 13:15

          @ fergus

          Non ! Je ne savais pas, mais c’est très intéressant de voir que des Boïens sont venus jusque là.

          Les Boïens sont un des plus illustres peuples d’Europe. Ils ont donné leur nom à la Bohême. En pays éduen, plusieurs localités portant ce nom indiquent des implantations de colonies boïennes appelées probablement en renfort par le peuple éduen, le plus gros contingent étant les 20 000 qui ont accompagné les Helvètes et que César a installés au ... mont Beuvray.

          Merci et bonne journée de même.


        • Fergus fergus 31 juillet 2009 14:32

          En réalité, Boïos n’était pas située sur l’actuel emplacement du bourg de Biganos, mais à deux kilomètres de là, au bord de la rivière, au lieudit Lamothe où des fouilles archéologiques sont régulièrement organisées.

          Et pour cause : Boïos a été une localité florissante et même le siège d’un évêché détruit au 3e siècle par les Vandales. Boïos était en outre le terme d’une voie romaine venant de Burdigala.

          C’est du moins ce qui m’est resté en mémoire des lectures (anciennes) que j’ai faites d’ouvrages d’un érudit local dénommé Jacques Ragot... 


        • samedi 1er août 2009 06:35

          Pourtant un « érudit » tel que vous, M. Mourey, devrait savoir que les boïens se sont séparés en plusieurs établissements sur le sol de la Gaule ? Mais il y a tellement de choses que vous ignorez encore.
          A ce propos, l’île de la cité pourrait avoir été un oppidum mais les archéologues n’y ont trouvé aucun vestige témoignant de la présence gauloise sur l’île. Du reste, dans mon enfance, on étudiait la géologie du bassin parisien et nos instits le disaient déjà, Paris n’avait jamais abrité un tel oppidum.
          En revanche, Nanterre et Bobigny ont été très habitées, Bobigny possède même un large cimetière pré-romain. Et en amont de la Seine au confluent de la Marne, les hommes se sont installés plus de 1000 ans avant notre ère.
          Ce sont les nordiques qui fortifiaient les îles, les scandinaves, pas les gaulois, ces celtes qui arrivaient de Bavière et d’Autriche.
          Néanmoins, pour une fois, votre article dénonce les abus de la recherche et de l’archéologie couverts par une institution au nom ronflant autant que décadent. Continuez et je vous critiquerai avec moins de véhémence.


        • Emile Mourey Emile Mourey 1er août 2009 08:24

          @ samedi

          Les 20 000 Boïens qui ont émigré avec les Helvètes ont été installés à Gorgobina, ville boïenne. C’est ce que dit le texte de César et il ne dit pas qu’ils se sont fractionnés en plusieurs établissements. En revanche, si on place Gorgobina au mont Beuvray comme je le propose, on comprend qu’ils se sont étendus sur tout le Morvan.

          Ne pas trouver de vestiges n’est pas preuve, surtout quand le texte ne prête pas lieu à litige, d’autant plus que si vous avez lu mon article, César ne dit pas que les Gaulois aient habité l’oppidum mais la ville, à l’extérieur.

          Que des cimetières se soient trouvés en dehors de la ville n’est en rien surprenant. La chose est connue. Que des agglomérations plus ou moins sauvages se soient développées non loin de la ville citoyenne, de même.

          Ce sont les Boïens qui sont venus de Bohême, pas les Celtes. C’est une vieille thèse.Lisez mon article http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=59381.


        • Paul Cosquer 31 juillet 2009 16:30

          Aujourd’hui, c’est la saint Tignasse, un bon jour pour parler de la Gaule chevelue.


          • octavien octavien 31 juillet 2009 23:43

            M Mourey

            Vous vou plaignez des arguments d’autorité de Ch Goudineau et de la « science officielle », mais quesl arguments nous proposez-vous :

            - je suis militaire donc je sais

            Désolé mais si l’on devait se mettre à compter (rien qu’en France) le nombre de fois ou un militaire nous a sortis une vérité incontestable fondée sur son expérience et les conséquences catastrophiques de ces soi-disant vérités militaires, on y serait encore l’an prochain.

            - personne n’a bien traduit césar, je suis le seul qui le comprenne

            là juste une question : qu’est ce que ça fait d’être le plus grands des latinistes depuis Cicéron


            • Emile Mourey Emile Mourey 1er août 2009 01:50

              @ Octavien

              91 articles publiés sur Agoravox et vous dites que je ne propose pas d’arguments ? Je rêve !
              Je ne comprends pas le sens de votre commentaire ? Vous voulez dire quoi ? Qu’un ancien militaire n’a pas le droit d’intervenir dans un débat ayant trait à l’histoire militaire de son pays ? Qu’il est inapte à traduire un texte latin ? Curieuse conception de la démocratie et du débat public.
              Où avez-vous vu que je me plaignais ? C’est en effet l’accusation qu’en général on porte contre moi, ce qui est une façon d’esquiver les questions que je pose. C’est un procédé indigne et méprisable. Je demande seulement aux responsables politiques de nous informer du résultat des fouilles archéologiques menées sur le mont Beuvray depuis plus de dix ans, comme c’était promis. Mais peut-être n’êtes-vous pas contribuable ?


            • octavien octavien 1er août 2009 12:26

              M Mourey
              je dis juste que
              1) le fait d’être militaire aujourd’hui ne donne aucune information ni aucune autorité pour dire ce qui était possible ou pas militairement durant la guerre des gaules

              2) oui vous n’arrêtez pas de vous plaindre en disant que personne ne vous répond dans les sphères officielles et en dénonçant un sois disant complot de la « science officielle »

              3) oui je suis contribuable et dans le pays Eduens en plus !


            • Emile Mourey Emile Mourey 1er août 2009 12:50

              @ Octavien

              Le fait d’être archéologue donne-t-il autorité plus qu’à quelqu’un d’autre pour expliquer une bataille ?
              Un auteur doit-il s’écraser devant une technostructure quand on lui refuse manifestement le débat qu’il demande ?
              Est-il acceptable de stigmatiser un auteur en essayant de le faire passer pour un militaire pleurnichard, stratégie indigne et hypocrite qui permet de ne pas répondre aux questions qu’il pose ?
              De même est-il digne de stigmatiser ses travaux en le critiquant, en termes voilés, sans le nommer et sans le regarder en face.

              J’ai une autre conception du débat.


            • octavien octavien 1er août 2009 13:07

              M mourey,

              1) Un archéologue cherche a de découvrir les événements ou les situations d’une époque donnée d’après des données qu’il trouve dans la terre et dans les textes. Ce n’est pas un don innée c’est du travail de récolte, d’interprétation et de critiques de ces données archéologique ET literraires.

              vous avez donné la meilleure preuve de cela lorsque vous avez évoqué le débat sur lutéce  : des données sont découvertes qui aménent à des conclusions certains archéologues adhérent à une interprétation et d’autres en font une autre, ils y en a même qui avouent qu’ils ne savent pas au lieu de dire n’importe quoi (Ch Goudineau qui est d’après vous si péremptoire).

              2) je ne vous fait pas grief d’être militaire, mais la science militaire d’aujourd’hui ne donne aucune certitude sur les chix militaire des gaulois des romains ou des grecs. elle ne peut pas nous dire si les gaulois auraient choisi tel site défensif de préférence à tel autre.
              C’est tout ce que je veux dire


            • Emile Mourey Emile Mourey 1er août 2009 13:50

              @ Octavien

              Bon, je préfère ce commentaire. Et puisque vous habitez en pays éduen et que vous êtes probablement en contact avec les archéologues du mont Beuvray, invitez-les donc à venir faire un article pour y exposer à nos camarades les arguments qui leur permettent de dire que Bibracte est au mont Beuvray.


            • Arunah Arunah 1er août 2009 09:11

              @ Emile Mourey

              Bonjour !

              Les souvenirs de la guerre des Gaules me donnent froid dans le dos... je ne m’y replongerai pas... ( pas la guerre elle-même bien sûr, le texte latin... )

              Mais pour ce qui est de Lutèce, vos hypothèses sont condamnées à rester en l’état car des fouilles ne sauraient être entreprises que lors de la construction d’une nouvelle ligne de métro... Il est évident que pour trouver des vestiges gaulois il conviendrait de creuser plus profond que la strate gallo-romaine, ce qui à Lutèce poserait quelques problèmes...
              L’archéologie n’est pas une discipline libre, en ce sens qu’elle doit composer avec de nombreuses contraintes, budgétaires d’abord, construction d’infrastructures, intérêts commerciaux divers ensuite...
              Souvenez-vous d’un palais wisigothique découvert à Toulouse que l’on devait recouvrir d’un parking... L’autorisation de fouilles avait été accordée, il ne manquait plus que la signature du Ministre de la Culture ( Jack Lang à l’époque ) qui devait être apposée le jour J. Au jour dit, le parapheur était sur le bureau du ministre à neuf heures du matin. Mais à 0HO2, les bulldozers de l’entrepreneur étaient entrés en action... Il ne restait plus rien...
              Ce scandale n’a ému que les milieux concernés. Les Toulousains, eux voulaient leur parking... et rapidement !
              Pour en revenir à votre site gaulois, aucune administration ne débloquera des crédits pour initier une autre campagne de fouilles car la première finira bien par donner quelques résultats... qu’on jugera probants, tellement les preuves sont sujettes à interprétation... 
              Une amie ayant étudié l’akkadien à Cambridge prétendait que si on lançait une équipe d’archéologues sur un site en leur indiquant que les habitants de cette culture-là construisaient des habitations carrées et une autre équipe à qui l’on affirmait que l’on trouverait des maisons circulaires, les deux équipes publiaient des conclusions confirmant chacune l’hypothèse de départ...
              Comme j’ai mauvais esprit, j’ajouterai avoir visité au Moyen-Orient un village datant de 7500 ans avant notre ère ( près de Petra ) où l’on voyait clairement les deux types d’habitations... On trouve toujours ce que l’on cherche, ne serait-ce que pour obtenir de nouveaux crédits... 
              Les seules campagnes de fouilles disposant de tous les crédits nécessaires sont celles dont les découvertes permettront de construire/consolider l’identité nationale et servir ainsi le pouvoir en place...
              Mais votre démarche reste intéressante ! 

               


              • Emile Mourey Emile Mourey 1er août 2009 10:18

                @ Arunah

                Bonjour. Je ne suis pas contre l’archéologie comme certains l’insinuent mais contre un système de pensée qui ne veut pas se remettre en question. Quelques exemples de postulats : les Gaulois ne connaissaient pas l’usage de la chaux et donc pas le mortier de chaux et donc que tout ce qui est maçonné ne peut être que Gallo-romain ou romain. Et c’est ainsi que Constans, en 1924, a traduit César en disant que les pierres des murus gallicus étaient « encastrées » alors que le mot latin « saxis coagmentis » ne peut se traduire que par l’adjectif « agglomérées » donc cimentées. Autre postulat : après la conquête de César, la Gaule celtique aurait changé complètement de visage, arrivée massive de Romains, fondations de colonies romaines donnant naissance aux premières villes. Les textes disent tout le contraire, à savoir que les cités gauloises ont perduré à la seule différence qu’elles ont dû payer un impôt. Autun fondé par Auguste ? C’est archi-faux. Autre postulat : le mouvement celte depuis les sites du Hallstatt et de la Tène vers la Saône à partir des vestiges mis au jour (épées damassées par exemple) alors que cela peut être le mouvement inverse, ce que je pense. Autre postulat : que sans vestiges archéologiques, une thèse est fausse. Et pourtant sur le lieu de la bataille de l’Aisne sur lequel tout le monde s’accorde, combien d’épées ou vestiges similaires retrouvés ? Aucun !

                Les archéologues, ou tout au moins, leurs dirigeants, ont réussi à mettre dans la tête des Français que c’est l’archéologue le juge de paix alors que la parole de l’archéologue n’est qu’une interprétation et que pour être honnête, il faudrait qu’il explique comment il en est venu à telle ou telle interprétation.

                En fait, le problème de l’archéologie est d’avoir changé la donne du raisonnement, alors que les trois piliers du raisonnement sont à mon sens et dans l’ordre des priorités : 1. le texte, à condition de bien le traduire et bien l’interpréter, 2. la logique, notamment militaire et 3. éventuellement la confirmation par les vestiges archéologiques.

                Les archéologues, ou tout au moins leurs dirigeants, ont voulu faire cavaliers seuls. On en voit les conséquences.


                • Arunah Arunah 1er août 2009 11:42

                  @ Emile Mourey

                  Cher Monsieur,

                  Nous sommes bien d’accord sur l’essentiel ! L’archéologie est une affaire d’interprétation qui peut être influencée par l’idéologie du moment ou par l’ego ou l’ambition du directeur de fouilles... Votre thèse aurait sûrement suscité plus d’intérêt au XIXème siècle, époque où les Gaulois étaient utiles à l’élaboration de l’identité nationale...
                  L"histoire étant écrite par les vainqueurs, toujours soucieux de justifier leurs conquêtes et de faire passer leurs ennemis pour des primitifs, si César décrit des villes gauloises, elles existaient certainement, à moins qu’il n’ait voulu embellir son triomphe en vainquant un ennemi développé... De plus, il semble que les Celtes étaient bien moins rustiques qu’il n’est généralement admis... J’ai souvenir d’un disque en bronze permettant de se livrer à des calculs astronomiques fort complexes... ( lu dans Science et Vie ou Science et Avenir ). Le point faible des Celtes est qu’ils ne pratiquaient pas l’écriture, nous n’aurons donc jamais leur point de vue... certes, leurs druides connaissaient le grec, mais ont-ils laissé des écrits ? 
                   
                  Je voudrais revenir sur le Proche-Orient antique. Lors d’un article précédent, vous aviez mentionné la domestication du chameau à une date assez ancienne. D’après mes sources, elle remonte au premier millénaire avant notre ère en Arabie Saoudite - je parle des chameaux de bât et de trait - mais vous mentionniez la présence de chameaux domestiqués en Mésopotamie à une date beaucoup plus ancienne. Peut-être s’agissait-il de chameaux élevés pour le lait, la laine, le cuir, éventuellement la viande ? Encore qu’il soit possible que le chameau fasse partie des tabous alimentaires ( pieds fendus ) ou qu’il soit d’un prix trop élevé pour servir de viande de boucherie ? 

                  Quant à la logique, notamment militaire, je ne peux que vous rappeler que l’homme est irrationnel et ne vous ferai pas l’injure d’évoquer Dien Bien Phu... En pleine guerre du Viet-Nam, un ami américain m’avait suavement fait remarquer que l’armée française avait été la seule dans l’histoire militaire mondiale à défendre une vallée comme position stratégique... 

                  N’oublions jamais en archéologie que toutes nos connaissances peuvent être remises en question par un simple coup de pioche, en particulier en ce qui concerne les datations qui ont tendance à toujours remonter dans le temps... 


                  • Emile Mourey Emile Mourey 1er août 2009 12:34

                    @ Arunah

                    Je me suis intéressé à la question du druidisme et l’ai traitée dans plusieurs articles. Quant aux écrits des duides, on dit qu’il n’y en pas mais si on cherchait bien, on s’apercevrait sans doute qu’il existe des textes postérieurs peu connus dont les auteurs ont repris l’essentiel de leur doctrine. J’avais une piste dont je ne me rappelle plus ; et puis, je suis parti sur un autre sujet.

                    Au sujet du Proche-Orient, la Bible parle pour la première fois de chameaux lorsqu’Abraham envoie ses chameaux pour aller chercher au Liban une épouse à Isaac (Rebecca). D’après ma datation, cela remonterait à 2005. Israël Finkelstein se base sur ce texte pour le réfuter, disant que le chameau n’était pas encore domestiqué à cette époque. Dans mon article que vous évoquez, j’ai apporté un témoignage qui confirme le texte biblique. Je n’en sais pas plus. Il faudrait vérifier la traduction du texte originel, le sens symbolique du nom, etc.

                    Quant à Dien Bien Phu, je connais bien la question, puisque nous étions volontaires - j’étais alors à Coetquidan - pour nous y faire parachuter, ce qui aurait été absurde. Il y a beaucoup de similitudes avec la bataille d’Alésia ; il n’est pas sûr que Dien Bien Phu aurait eu lieu si les grands chefs qui l’ont décidée avait étudié la bataille de César. Une cuvette comme à Alésia, mais à Alésia, il y avait, au centre, la bonne position défensive du mont Auxois, ce qui n’était pas le cas à DBH. A Alésia, Vercingétorix a pu compter sur l’armée de secours pour prendre à revers les Romains. A Dien Bien Phu, on pouvait espérer l’intervention de l’aviation américaine mais dans un certain délai. Le problème est que ces délais « incompressibles » n’ont pas permis d’intervenir assez tôt, l’affaire s’étant déroulée plus vite que prévue. D’où l’intérêt d’avoir une culture militaire de l’histoire.


                  • Arunah Arunah 1er août 2009 13:48

                    @ Emile Mourey

                    Revenons à nos chameaux !

                    L’AncienTestament date du premier millénaire avant notre ère, même s’il relate des événements qui sont censés avoir eu lieu à une époque antérieure. Donc, s’il s’agit là de la seule référence à la domestication du chameau, elle est très suspecte ! 
                    Pour le chameau, j’en resterai donc au premier millénaire avant J.-C... appuyée de plus par Israel Finkelstein... Si le chameau avait été domestiqué plus anciennement, cela aurait laissé des traces dans l’iconographie égyptienne ou mésopotamienne...

                    Dans l"édition en ligne de l’Express d’aujourd’hui, il y a un article sur le Directeur des Antiquités Egyptiennes qui n’est pas piqué des scarabées sacrés... L’homme a un ego à la mesure des Pyramides...


                    • Emile Mourey Emile Mourey 1er août 2009 14:07

                      @ Arunah

                      Je ne puis affirmer qu’Abraham ait eu des convois de chameaux car, dans mon étude de ces textes anciens, j’ai constaté que Jacob donnait des noms d’animaux (domestiques) à ses différentes unités de combat. Dans cette hypothèse, le mot « chameau » pourrait désigner la troupe d’élite ou de confiance.

                      Pour ce qui est des thèses d’ Israël Finkelstein, vous savez qu’elles ne font pas l’unanimité des spécialistes. Je pense pour ma part qu’il se trompe du tout au tout. Je me suis expliqué, non pas dans mes ouvrages parce que son livre n’était pas encore paru, mais dans mon article « Bible voilée ou Bible dévoilée » http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=18008


                    • Antenor Antenor 3 août 2009 01:01

                      Dans un documentaire diffusé il y a quelques jours, il était dit que l’armure de Goliath était également anachronique. Le fait que des texte comme les légendes grecques ou la Bible n’aient été mis tout ou partie sous la forme que nous connaissons qu’au 1er millénaire avant J.C. n’implique pas forcément qu’il soient faux.

                      Si on étudiait ces textes avec un peu plus d’attention, on se rendrait compte que les Philistins n’ont pas débarqué sur la côte cananéenne depuis la Crête vers -1200 comme le pensent certains historiens qui interprètent de travers la propagande égyptienne. La Bible indique que l’Egypte a colonisé la Philistie et la Crête dans la deuxième moitié du 3ème millénaire.

                      Genèse 10.13 : « Mitsraïm engendra les (...) les Casluhim, d’où sont sortis les Philistins, et les Caphtorim. »

                      Les textes grecs par le biais de la belle histoire de Persée et Andromède, nous apprennent que la cité d’Argos s’est implantée à Jaffa dès le début du 2ème millénnaire. Les Philistins avaient donc bien des liens avec l’Egée mais cela remonte à bien avant « les Peuples de la Mer ».




                      Après le déménagement de Lutèce, celui d’Avaricum ?

                      http://encyclopedie.bourges.net/avaricumlieu.htm

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