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Accueil du site > Tribune Libre > De l’origine de la ville de Chalon

De l’origine de la ville de Chalon

Monsieur le Député Maire, Président du grand Chalon,

Aux temps anciens, notre ville se dressait sur la colline de Taisey. Pierre de Saint-Julien qui fut un de nos premiers grands historiens en a gardé le souvenir. "Il évoque cette fameuse Orbandale tant prisée par l'ancienne poésie que les premières histoires des Français ont élevée au plus haut degré de la gloire... Les trois cercles de briques dorées desquels les murailles étaient bandées se montraient encore dans les murs que le vulgaire appelle sarrazins... Les murailles de la ville étaient de briques rouges enceintes par le milieu de trois rangs de briques dorées qui, ainsi, la ceinturait de trois cercles d'or, ce qui est la raison pour laquelle lui fut donné le nom d'Orbandale." d'après le père Bertaud (1).

Question : où sont passées les pierres et les nombreuses briques rouges de notre illustre Orbandale ? Je propose la réponse suivante : dans le château construit quelques mètres plus loin, à la fin du règne de Louis XIV.

Sic transit gloria mundi !

I. La brique cuite est un marqueur archéologique précieux.

Bien que nécessitant une importante quantité de bois, sa fabrication remonte à des temps très lointains. Elle est toujours pratiquée dans certaines régions d'Afrique en utilisant les méthodes primitives. Sa présence est attestée à Carthage. Voici, à gauche, un aperçu d'un mur de Pompéi édifié au VI ème siècle avant J.C.(2). Voici, à droite, une brique incluse dans la maçonnerie extérieure de la tour de Taisey. On en retrouve d'autres semblables dans la maçonnerie intérieure. Ci-contre, à gauche, les mêmes briques retrouvées dans la maçonnerie du château. Elles ont été utilisées en grande quantité pour monter les cloisons. Les rouges y sont en majorité par rapport aux blondes. Cela confirme l'information donnée par Saint-Julien. A droite, le mur sarrazin de Clermont montre comment les bandeaux pouvaient être disposés. Ce style décoratif se retrouve très fréquemment dans les villes d'époque gauloise avec des variantes décoratives mais, en général, il n'y a que les bandeaux qui sont en briques, en briques rouges. Chalon serait un cas particulier. Le mur extérieur aurait été entièrement construit en briques rouges et bandé de trois cercles de briques blondes. Je suppose que le parement intérieur de la muraille était en pierres et qu'entre les deux parements, l'espace libre était bourré de tout-venant suivant la technique évoquée par César et Vitruve.

II. La tour de Taisey est le seul vestige restant de l'antique Cabillodunum d'avant J.C..

C'est vers l'an mille avant J.C, peut-être avant, peut-être plus tard, qu'une colonie venue du Proche-Orient s'installe en région chalonnaise sur le plateau qui surplombe la vallée de la Saône (3). Les colons y installent un oppidum entouré d'un rempart, très précisément sur la colline de Taisey. A partir de là, ils vont développer une agriculture prospère tout en se livrant aux activités de la pêche et du commerce. Dans ses Commentaires, César s'est manifestement inspiré de la vie de notre cité pour dresser le portrait de la Gaule et des Gaulois. Il évoque, en particulier, la curieuse aventure d'un officier romain nommé Aristius qui y fit étape et qui dût quitter précipitamment les lieux en compagnie de quelques marchands de sa nation qui y faisaient du commerce. A cette occasion, le général romain nous donne un coup de projecteur assez extraordinaire sur le conseil public et ses hésitations quand, débordé par la pression populaire, il hésite et lui cède (4). Pour César, il y a le conseil public de Chalon et il y a le sénat de la cité éduenne qui, lui, siège normalement à Bibracte quang il se réunit.

L'Orbandale était-elle une ville ? Pierre de Saint-Julien le dit mais César ne le précise pas alors qu'il le spécifie pour Gergovie et pour Alésia. Seules, des fouilles archéologiques pourront nous dire ce qu'il en est. Il faut attendre le III ème siècle après J.C. pour que l'empereur gaulois Posthumus, qui avait ramené de nombreux prisonniers de ses campagnes, fonde la ville de Chalon des bords de Saône en l'entourant de remparts. Il y éleva le premier temple monumental de la Gaule, l'actuelle cathédrale, et jeta sur le fleuve un premier grand pont. Le conseil de Chalon quitta alors la tour de Taisey et vint siéger dans la ville nouvelle, mais le castrum continuera, sous le nom de castel ou de châtelet, à héberger le pouvoir politique : le roi burgonde Gontran, les comtes de Chalon, puis des chevaliers au nom des ducs de Bourgogne. (5)

Après avoir écrit dans ses Commentaires que le pays éduen avait la prééminence en Gaule, César met en exergue Cabillo en y faisant stationner une légion (sur le plateau des Alouettes). Strabon y voit une cité alors qu'il ne désigne Bibracte que par le mot "arx", ce qui se traduit par forteresse (6). Les termes sont importants ; il faut donc les interpréter correctement. Une forteresse, c'est une position très forte, siège du pouvoir central, dans une région parfois montagneuse car plus favorable à une défense en profondeur ; c'est le cas de l'ancien site fortifié de Mont-Saint-Vincent. La cité, c'est la communauté de citoyens qui travaillent principalement aux champs. Une capitale gauloise ne peut exister et survivre qu'à ces deux conditions. Litavic était seigneur de la cité de Chalon. Lors de l'affaire de Gergovie, on comprend qu'il ait pu entraîner derrière lui une troupe de dix mille fantassins (7). Cela suppose une organisation sociale et un plan de mobilisation. A la différence de Litavic, Eporédorix était issu de la famille régnante sur le très haut lieu - Bibracte - et il n'était accompagné à Gergovie que d'une troupe de cavaliers (8). 

Voici une première maquette de reconstitution de la forteresse disparue. Le seul bâtiment qui subsiste est la haute tour connue sous le nom de "tour de Taisey". Il faut se l'imaginer sur une motte (9) au milieu de son enceinte d'eau qu'un grand pont dormant enjambait (10) . Là aussi, il faut bien s'entendre sur le sens des mots. Vous avez d'abord un porche d'entrée monumental et crénelé. Ensuite une ou deux maisons pour le personnel de garde. Puis un grand pont qui mène jusqu'à la tour. Cette tour est le castrum, bien que le terme s'étende parfois à l'ensemble de la forteresse. Puis un petit pont, non visible, mène jusqu'à l'oppidum entouré de son rempart flanqué de quatre petites tours (quatre ou deux, je ne sais pas). Un autre petit pont, au fond à gauche, dessert l'arrière de l'oppidum. Le seigneur habite dans le castrum. On y voit encore la cheminée d'époque. L'oppidum est un endroit sécurisé, éventuel refuge pour la population et entrepôt pour les réserves de blé. Les voyageurs et les marchands itinérants peuvent y  être hébergés (cf l'affaire Aristius précitée ex oppido Cabillono educunt, on les fait sortir de l'oppidum). A gauche, se trouve une petite place pour le marché. C'est la basse-cour du Moyen-âge, l'oppidum correspondant à la haute-cour. Il faut s'imaginer l'oppidum et le castrum entourés de fossés d'eau. En effet, la forteresse a été placée à un point un peu plus bas que l'ancien lac qui recueillait l'eau du plateau. Un dessin de M. Roy-Chevrier, ci-dessus, montre que l'eau stagnait encore en 1924 à l'emplacement de l'ancien fossé. Un chapiteau de la cathédrale d'Autun révèle qu'au IVème siècle, ce même fossé a pu se trouver à sec (www.romanes.com). A l'entrée de la tour, le seigneur se désole. A droite, le lion de Bibracte constate. En bas, à gauche, le démon ricane. En haut, à gauche, l'ange intervient dans les consciences et la population pieuse apporte sa contribution.

II. Les étonnants sceaux de Guillaume des Barres (11) et le cadastre de 1830.

Sur ce sceau de 1246, vous voyez d'abord une enceinte basse qui entoure la forteresse. Elle n'est pas crénelée et n'est peut-être que symbolique. Je ne l'ai pas représentée sur ma maquette. Le porche d'entrée, monumental, est crénelé. Sa haute ouverture est apparemment encadrée de deux colonnes sculptées en relief. Le grand pont, non visible, conduit à une tour de Taisey également crénelée où l'on s'est contenté de représenter la haute fenêtre. Depuis la tour, un petit pont, non visible, nous conduit à la haute muraille de l'oppidum que flanquent deux petites tours crénelées. Contrairement à ce que j'ai montré dans ma maquette, elles sont derrière la muraille. Cela voudrait-il dire qu'il n'y avait que deux petites tours mais à l'arrière de l'oppidum ? Seules des fouilles archéologiques peuvent le dire.

Tout cela se retrouve sur le vieux cadastre de 1830. Venant de Chalon (coin haut, à droite), vous constatez que le chemin se dirige droit sur la tour alors qu'aujourd'hui, il a été détourné pour la longer. Vous franchissez le porche monumental que borde une grande maison, celle que je pense être une maison des gardes (disparue). Le grand pont a lui aussi disparu ; je ne sais pas s'il était sur arcades. Un mur va de la maison à la tour de Taisey. M. Roy-Chevrier l'a représenté sur son dessin. Il s'agit, à mon avis, d'une digue qui retenait les eaux de pluie de façon à ce qu'elles restent dans les fossés du plateau. Le petit pont qui va de la tour à la haute enceinte a, lui aussi, disparu. En  revanche, on retrouve l'oppidum, alias haute-cour, dans la parcelle rectangulaire. Dans son angle ébréché se devine l'entrée d'un autre pont ce qui nous incite à corriger le tracé du chemin pour l'amener à cet endroit. Nous avons donc bien là les trois ponts, le grand et les petits dont parle la charte de 1503 (10). Entre la tour de Taisey et la parcelle, nous voyons un grand bâtiment, toujours existant, plutôt incongru et qui dénature l'ensemble. Il ne peut pas être d'époque gauloise. En revanche, il est possible que le bâtiment qui suit soit une des petites tours représentées sur le sceau bien que je trouve sa surface au sol un peu trop grande. Au milieu de la basse-cour, le bâtiment indiqué n'existe plus. Dans le souvenir des habitants, c'était la vieille ferme. Enfin, je me demande si le petit édicule carré ne serait pas la base de la fameuse colonne du Jupiter tout en verre qu'évoque les Actes de saint Marcel au III ème siècle après J.C.(12) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-jugement-de-salomon-au-temps-89757

Il n' y a aucune difficulté à retrouver sur le terrain le tracé de la muraille dans sa partie faisant face à la tour de Taisey comme l'indique le tracé cadastral de la parcelle. Le sol qui soutenait le rempart fait toujours une bosse. Quant au fossé, bien que comblé, il est légèrement en creux. On y trouve, en vrac, des pierres de l'ancien rempart, ainsi que, parfois, des déblais plus récents. Plus en avant, côté tour, j'ai retrouvé, un peu par hasard, ce qui me semble être des résidus de fonderie. Cela n'aurait rien d'étonnant sachant que la notitia dignitatum situe en pays éduen une fabrique d'armement à Argentomagus (Argentomagus = Taisey = Thesaurus = trésor, marché de l'argent)(13). La face, côté basse-cour, où se trouvaient probablement des petites maisons, est remplie de déblais les plus divers, notamment tuiles et pierraille. Il a d'ailleurs servi de décharge à un ancien locataire, collectionneur d'épaves et de vieilles voitures, d'où les boulons qu'on y trouve. A ceux qui me proposent de venir faire des sondages avec un détecteur à métaux, je leur dis que le site a déjà été fouillé avant que nous achetions la propriété et qu'il ne faut pas trop croire aux légendes de trésors qui y seraient enfouis.

III. Une étonnante sculpture sur marbre du III ème siècle après J.C. (extrait).

Emergeant des nuages, la tête de l'ange exterminateur, non visible, soufle la tempête sur les trois tours de Cabillodunum. L'ange de gauche brandit une lance ; celui de droite, non visible, manie une sorte de trombone qui crache le feu. La petite tour de droite - pour celui qui occupe les lieux - est intacte. Mieux, elle s'est avancée. En revanche, la petite tour de gauche est assaillie par les flammes, de sa base au sommet qui s'effondre. De l'entrée de la haute tour s'écoule un flot bouillonnant de lave qui va se mêler aux flots de la Thalie, de l'Orbize et de la Saône qui s'enflamment de feux follets. Languissante dans le courant, la déesse de la rivière laisse s'écouler de sa cruche renversée, non visible, le flot impétueux. La muraille de l'oppidum, crénelée, va du bas de la tour en feu et remonte. 

Vision apocalyptique, le message d'avertissement adressé à Cabillodunum par l'adversaire - probablement de l'Est - est clair. Si la cité s'entête à soutenir l'empereur gaulois Posthumus, elle sera détruite dans sa partie mauvaise. Quant à sa partie bonne, elle sera magnifiée. Les bonnes tours gagneront en hauteur. Des bandeaux viendront les décorer ainsi que des ouvertures plus esthétiques.

Quel est ce curieux bâtiment en contrebas, à côté duquel brûle un feu sacré ? Je l'identifie à la grange du Maupas, à quelques kilomètres plus au nord, là où un cimetière dit mérovingien a été mis au jour. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-empereur-gaulois-que-ses-89674

 IV. La première prison de Chalon.

Le bâtiment qui apparaît derrière la haute tour correspond, de toute évidence, à la grande maison carrée indiquée sur le cadastre dont j'ai dit que, déparant l'ensemble, elle ne pouvait pas être gauloise d'origine. Ma certitude est qu'elle a été construite par les Romains pour en faire une prison. Le mur en façade m'a longtemps induit en erreur car il est dans le style du XIX ème. En fait, il a été plaqué contre l'ancien mur. Voyez ci-contre, l'entrée romaine de la prison actuellement murée et sa lucarne barreaudée. (14)

V. Une étonnante plaque de cheminée du IIIème siècle (extrait). 

Achetée en salle des ventes de Chalon, cette plaque de cheminée devait probablement se trouver dans une très ancienne maison de la ville. On y reconnait très bien la tour. L'appareillage en pierres de taille, l'allure générale de l'édifice concordent. La haute fenêtre et l'entrée ont été agrandies pour les mettre en évidence. En revanche, la répétition de la fenêtre sur les autres faces n'a existé que dans l'imagination de l'auteur. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-jugement-de-salomon-au-temps-89757

VI. Les étonnantes fresques de Gourdon.

L'église de Gourdon se trouve non loin de ce Mont-Saint-Vincent que j'identifie au site de Bibracte. Je date ses fresques du Ier siècle avant J.C.http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cleopas-le-christ-oublie-des-31893. Nous avons ici, dans la même image, l'évocation des deux pièces habitables de la tour de Taisey. La riche tenture à motifs me fait penser que la tour avait plusieurs fonctions : militaire, salle de conseil, mais aussi édifice religieux, peut-être avant l'arrivée dans la région des temples, des églises et des clochers. Il devait certainement y trôner une virgo paritura. La fenêtre à meneau se retrouve dans la fenêtre du haut de la tour à condition de la diminuer dans sa partie basse (l'illusion de la pierre y est donnée par un enduit). La haute fenêtre de droite de la fresque correspond à la fenêtre au centre de la tour à condition de la prolonger vers le haut, c'est-à dire en supprimant la maçonnerie de remplissage. Cette maçonnerie a été manifestement rapportée. En ce qui concerne la fenêtre de gauche de la fresque, je ne sais pas. Je ne sais pas non plus que penser des saignées du pont-levis. Les corbeaux sur lesquels ce pont-levis pivotait semblent rapportés. Les deux saignées sont évoquées sur le sceau du Guillaume des Barres de 1177, mais évidemment pas sur les représentations antérieures. La petite photo que j'ai prise de l'encadrement de la haute fénêtre, depuis la pièce, révèle une trace du faux appareil qui simule des pierres de taille, tel que la fresque le représente. Est-ce la couleur poupre des Phéniciens/Cananéens ? Mystère ? Que signifie les deux collines qu'on aperçoit dans la fenêtre à meneau ? Compte tenu de la direction, je fais l'hypothèse qu'il s'agit des deux collines de Jérusalem. 

Jérusalem, la cité sainte.

Renvois

1. Extraits de "L'illustre Orbandale ou l'histoire ancienne et moderne de la Ville et Cité de Chalon-sur-Saône" par le père Berthaut, 1662. Érudit bourguignon, Pierre de Saint-Julien est mort en 1593. Son propos prouve qu'il a vu ce qui restait de l'ancienne forteresse. En revanche, il apparaît que Bertaud l'a mal interprété en pensant que cela concernait la ville des bords de Saône, d'où le malententendu qui perdure encore de nos jours. A noter, par ailleurs, les très nombreuses erreurs d'interprétation que cet auteur a faites des textes antiques, lesquelles erreurs sont reprises systématiquement par les auteurs plus récents.
2. H. Dessales, ENS/CNRS, UMR 8546 http://www.archeologiesenchantier.ens.fr/spip.php?article19.
3. Voyez mon article précédent http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/les-origines-troyennes-de-notre-131906. Dans ma logique intellectuelle, la fondation de Cabillodunum devrait précéder celle de Bibracte mais il m'arrive parfois d'hésiter. Les fouilles archéologiques trancheront.
4. DBG VII, 42-43.
5. J'ai écrit de nombreux articles sur ce sujet dont http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-empereur-gaulois-qui-faisait-89568 et http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-jugement-de-salomon-au-temps-89757
6. Depuis longtemps, les Eduens bénéficiaient en Gaule de la prédominance et leurs peuples vassaux étaient nombreux (DBG VI,12). Quartier d'hiver à Cabillo pour une légion à cause du ravitaillement en blé "rei frumentariae causa" (DBG VII, 90).
Entre le "Dubis" (la Dheune) et l’Arar (la Saône) ce sont les Eduens qui habitent : la cité de Cabyllinum sur l’Arar et la place forte - arx - de Bibracte leur appartiennent (Strabon, géographie IV, 3, 2).
7. DBG VII, 37. Litavicus decem illis milibus
8. DBG VII, 39. summo loco natus adulescens et summae domi potentiae.
9. En 1276, le recueil de Peincedé (achives dales de la Côte d'Or) signale, pour la première fois, une maison forte de Taisé sise à St-Rémy tenue en fief par Gaudin de Taisey, chevalier. On suit ensuite assez bien toute la lignée des écuyers/seigneurs qui se sont succédés dans ce “chatel et maison forte” construit sur une “motte”, jusqu'à Philippe Bataille, capitaine major de la ville et citadelle de Chalon, puis conseiller du roi au baillage. C'est sa petite-fille, dernier représentant d'une noblesse d'épée probablement ruinée qui vendra le domaine en 1682, à Guillaume Magnien, fils d'un avocat, maire de Chalon, lequel y construisit un nouveau château à la mode de Versailles et restaura la tour comme nous l'avons expliqué.
10. En 1503 : charte relatant un procès intenté par le seigneur de Taisey aux habitants du dit lieu concernant les travaux et services à faire ou à rendre au chastel, notamment au grand pont dormant. Archives de Saône-et-Loire, E 1400.
11. Les trois sceaux de Guillaume des Barres. Archives nationales D 1294, 1295,1297. Voir également [PDF] Famille des Barres - Racines & Histoire - Free
12. Acta sanctorum, september, tome II, page 187 à 200.
13. Notitia dignitatum, Oxford, Badleian Library.
14. Archives départementales de Dijon, fonds d’archives concernant le chastelet de Chalon : chastelet sur une motte, prisons, chambres de passage, plan d’eau en retrait, etc… 
 
Voyez également les évocations de la tour dans le tympan et les chapiteaux d'Autun ainsi qu'à Vézelay etc. En quelque sorte, c'était un peu comme un drapeau, ou plutôt, l'ange du Seigneur qui protégeait la cité des Eduens.
 
Je vous prie, Monsieur le Député Maire, de bien vouloir agréer l'expression de mes sentiments citoyens loyaux et sincères.
 
Emile Mourey, château de Taisey, le 19 mars 2013 
 
N.B. Merci d'avoir retiré de votre site de Chalon l'évocation d'une destruction de la ville par les Hongres. Merci de bien vouloir retirer également l'évocation de sa destruction par les Allamans.
 

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9 réactions à cet article    


  • Antenor Antenor 20 mars 2013 20:14

    Taisey était sans nul doute le chef-lieu militaire du vicus de Chalon à l’image de Polignac et du Puy-en-Velay. Cependant, cela n’empêche pas que le coeur de l’agglomération artisanale et commerciale ait pu se situer sur les bords de la Saône.


    • Emile Mourey Emile Mourey 20 mars 2013 21:13

      @ Antenor

      César ne parle pas de ville (urbs) pour Chalon, mais il parle d’un conseil qui ne peut être que celui de la cité de Chalon, tel que Strabon a qualifié Chalon. Cela signifie que nous avons affaire à un habitat dispersé, mais toutefois suffisamment important pour que cela soit une cité capable de mettre sous les armes 10000 fantassins. Il n’y a donc pas de coeur d’agglomération même si l’on peut raisonnablement penser que les bords de la Saône soient plus peuplés. Le seigneur Litavic habite dans la tour de Taisey et c’est là qu’il y réunit son conseil dans la pièce que j’ai indiquée. La famille régnante Eporédorix, avec son entourage et sa clientèle en partie, habite Mont-Saint-Vincent/Bibracte. Le Vergobret est élu par les prêtres qui ne peuvent être que ceux des temples de Mont-Saint-Vincent et de Gourdon. Quand César poursuit les Helvètes, il tient conseil à Gourdon. Sont présents Divitiac -famille régnante- et Liscos, le Vergobret. Le Vergobret étant élu peut évidemment venir d’un autre lieu. Quand Convictolitavis se rend auprès de Litavic pour soulever la cité, il n"est pas envoyé par la famille régnante de Mt-St-Vincent qui est toujours fidèle à César. C’est donc bien la cité de Chalon qui est au coeur du pays éduen et qui détermine le jeu politique, je dirais même à l’échelon de la Gaule, en partenariat avec Vercingétorix (où, là aussi, une partie de la cité se dresse contre l’occupant romain). Je ne vois pas dans le texte de César que Chalon ait été désigné par le mot vicus. 

      • Antenor Antenor 20 mars 2013 23:01

        « Je ne vois pas dans le texte de César que Chalon ait été désigné par le mot vicus. »

        Peut-être que le mot vicus apparait tout simplement dans le nom de Litavic.

        Mon hypothèse est que les vicus étaient des subdvisions des pagus et qu’ils se sont plus ou moins perpétués à travers les vigueries médiévales. Leurs dimensions étaient sans doute voisines de celles de nos actuels cantons (10 à 15 km de diamètre)

         


      • Emile Mourey Emile Mourey 20 mars 2013 23:50

        Rectificatif à « Le Vergobret est élu par les prêtres ». Non ! Il s’agit là d’une mauvaise traduction. Le Vergobret est choisi par les magistrats suivant le processus démocratique que César explique par ailleurs, mais il est « créé » Vergobret (creatus) par les prêtres suivant la coutume de la cité (more civitatis) alors que son concurrent n’avait pas été proclamé comme il aurait fallu, ni quant au lieu ni quant au temps (?).


      • Emile Mourey Emile Mourey 21 mars 2013 00:21

        @ Antenor

        Litavicus, le vicus de lita..., oui, c’est très possible, voire probable, comme Divitiacus, le viacus de Dieu (Bibracte).

      • Aldous Aldous 21 mars 2013 13:23

        Jerusalem de Bibracte... mais c’est bien sûr !


        Joyeux nonanniversaire, mon cher, mon cher smiley


        • Emile Mourey Emile Mourey 21 mars 2013 18:12

           Quatre petites tours ou seulement deux ? Les fouilles archéologiques devraient le dire.

          S’il n’y en avait que deux, il faudrait les imaginer au bout de l’oppidum, notamment en protection du petit pont, les fondateurs estimant que l’avant de l’oppidum était suffisamment protégé par la haute tour. Dans cette hypothèse, les trois cercles du blason de Chalon évoqueraient les trois tours, et pourtant, ces trois cercles étant dorés évoquent les trois cercles de briques dorés, ou plutôt blondes, qui encerclaient la ville, mais le contour de la ville ne faisait pas un cercle mais un rectangle. Le fond du blason original était de gueules, donc, c’était bien pour rappeler la couleur rouge des briques de la muraille.

          Mâcon devait avoir aussi un oppidum semblable construit en briques rouge, probablement avec des bandeaux semblables, mais qui ont été vus, non pas dorés mais d’argent.

          Enfin, il y a les trois gigantesques tours d’Avaricum de Bourges, dont je pense qu’elle est une colonie de Chalon, ce qui irait dans le sens d’une interprétation symbolique du chiffre trois comme une signature.

          http://195.220.134.232/numerisation/tires-a-part-intranet/0000005190607.pdf

          • Antenor Antenor 21 mars 2013 18:49

            Dans le Bouclier Eduen sur la carte page 206, vous représentez un triple oppidum (Chatenoy-le-Royal, Vessey, Taisey) défendant Chalon. Ces trois cerlces évoquent peut-être ce triangle défensif vu du ciel. Dans une perspective cosmologique platonicienne, on peut voir ces trois forteresses comme le pendant terrestre des trois étoiles polaires. Si Taisey symbolise l’étoile du Nord, il faut chercher le quadrilatère de la Petite Ourse à l’autre extrêmité du côté de Chalon ou Champforgeuil.


          • Emile Mourey Emile Mourey 21 mars 2013 19:11

            @Antenor

            Oui, parce que dans mon raisonnement militaire, il m’a semblé que tout ce plateau était naturellement voué à la culture et qu’il devait être protégé. C’est ce qui faisait de Cabillo le grenier à blé qu’il faut déduire du texte de César. Mais j’étais alors encore influencé par l’idée que les archéologues se faisaient des oppidum, des surfaces de grande étendue. Ma distinction d’alors entre oppidum-fort et oppidum-enclos n’est pas fausse car elle correspond au fait que César utilise le mot oppidum dans les deux sens. A Gergovie, c’est à la fois le contour plus ou moins ovale de la haute muraille, mais c’est aussi le plateau et son « autre bout ». Quant aux projections du petit charriot et du grand charriot, la volonté des fondateurs de Cabillo est de les avoir mis dans le castrum et l’oppidum. Le plateau ne se prête pas à une telle projection et je n’en vois guère l’intérêt.

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