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Fake News 12

La fabrique du consentement

Jaloux ou Inspiré par le coup médiatique réalisé par le dictionnaire Le Robert en acceptant « iel » dans sa nouvelle édition - un pronom très contesté, - le Larousse envisage de promouvoir « celzéceux  », une forme courte de l'expression « celles et ceux », devenue un automatisme un rien pénible chez nos politiciens et nos journalistes.

Par exemple, cela donnerait : « Iels seront nombreux, parmi celzéceux qui aiment la langue française, à se woker pour la déconstruire ! » 
(Traduction : « Ils seront nombreux, parmi ceux qui aiment la langue française, à s'éveiller pour la moderniser ! »)
Ne vous wokez pas ! Euh... je veux dire, ne vous moquez pas, moi non plus je ne maîtrise pas encore le sujet.
Quant au pronom neutre, nous l'avons déjà, on l'a déjà. Il suffit d'étendre son usage : on sont allés au cinéma !

« Ô tempora, ô mores ! » Après les femmes « libérées » - qui déjà intimidaient nombre de mecs virils, - voilà qu'arrivent les femmes « éveillées », des êtres étranges venus d'ailleurs (essentiellement des USA) qui annoncent vouloir nous déconstruire ! Y a quand même de quoi être terrifié : comment draguer un être – charmant au demeurant – sachant que certains membres du genre veulent vous faire on ne sait trop quoi ? Comment concilier le romantisme qui sommeille en tout homme avec l'image de la déconstruction des vieilles barres HLM des années Pompidou ? Ou celle de votre petit-neveu déconstruisant son Lego avec une jouissance un brin sadique ? Passé un certain âge, il est difficile de s'adapter. Et voilà que les méthodes d'approche (la parade nuptiale en termes savants, bien que les ambitions des prétendants soient souvent plus modestes que le mariage...), ces méthodes parfois un peu lourdes des beaufs ne sont plus acceptées par la société. Un grand nombre d'hommes ne savent plus s'y prendre avec la gent féminine et s'interrogent, ils demandent à leur pote - qui en règle générale n'en sait pas plus que eux.

- C'est vrai que la main aux fesses conduit en taule ?

- Je crois que oui.

- Et les nichons ?

- Les deux ? Oui, j'crois bien qu'oui, mais un seul, chais pas.

- Mmm. Et ouvrir la porte, jeter des fleurs, passer derrière pour mater son cul, tu sais - la galanterie, tout ça...

- Non, là ça va.

Je me permets donc d'aider ces déclassés à faire leur mise à jour, s'ils espèrent un jour aller au reboot de leur rêve... par exemple sur le coup de la panne ! Un classique, certes, peut-être trop connu mais surtout en passe d'être considéré comme une agression sexuelle... Donc attention, technique à manier avec subtilité. Par exemple, préparez une vraie panne (avec un coupe-circuit) et assumez les conséquences en cas de ratage : appel à un taxi, dont vous réglerez galamment les frais (oui, quand même, ne soyez pas radins dans l'échec), appel à votre assurance, marche éventuelle, si de surcroit vous avez simulé une panne de portable ! Car en cas de plainte, prétendre avoir réparé facilement votre voiture sera suspect. Mais les risques sont à la mesure du résultat : quelle religion offre le paradis sans efforts ?
Une fois en panne, attention, le plus dur reste à faire (non, je parle pas de ça), si d'habitude vous (pas vous, hein, le beauf lourdingue) enchaînez par un baiser rapidement plaqué et une main baladeuse tout aussi empressée : danger ! Déconstruisez le truc. Les yeux dans les yeux, penchez-vous trèèèès lentement vers la belle, ça lui laisse le temps de vous flanquer une baffe, signifiant ainsi que vous devrez payer un taxi, deux taxis même parce qu'elle ne voudra pas que vous montiez dans le sien...

Bon, le physique c'est une chose, mais la langue, c'est tout aussi important – je parle du langage, hein, pas de votre habileté linguale ! Si votre standard, c'est « Tu la sens ? », danger ! Ça passera très mal devant le juge et dans les médias... Par solidarité machiste, je vous donne un truc : en cas de pépin, soutenez mordicus (pas mordicul, hein ? À ce stade, c'est un délit) que vous avez dit « Tu consens ? » et que la demoiselle a mal compris ! Je conseille d'ailleurs d'avoir dans la boîte à gant un formulaire de consentement ; ainsi, lorsque vous embrassiez trop virilement la dame, votre main gauche s'apprêtait en fait à saisir le formulaire et lui en faire la surprise.
Dans le feu du moment tant attendu, peut-être êtes-vous allé jusqu'à lâcher : « Tu la sens, ma grosse queue ? » Mon conseil entre beaufs : soutenez obstinément que vous avez dit « Tu consens, ma grosse ? Que je t'embrasse ? » mal prononcé sous l'effet d'une violente émotion - d'où le malentendu...  Attitude certes peu galante, mais c'est ça ou la prison.
Dernière possibilité, dans l'air du temps, si vous en avez les moyens : envoyez votre avocat porter à l'élue de votre cœur un bouquet de fleurs, auquel vous aurez agrafé une invitation au restaurant, avec soirée selon affinité, à contre-signer en double exemplaire. C'est beaucoup de tracas, je le concède, mais en ayant l'esprit tranquille, votre côté lourdingue sera moins perceptible durant cette soirée romantique, et vous n'aurez peut-être nul besoin du coup de la panne, malgré son charme désuet. Pour ceux qui manquent de finesse, judiciariser la drague, c'est la seule solution ! Vous serez même en avance sur votre temps et sur les Américains !

Les féministes auront peut-être été choquées par nos conseils, libre à "ielles" de prodiguer leurs propres recommandations – non genrées de préférence ! De mon temps, certaines femmes avaient osé le faire : « Déshabillez-moi, oui mais pas tout de suite, pas trop vite... »
« Je t'emmènerais en voyage (…) je t'offirais de beaux bijoux »
Mais bon, c'est pas donné à tout le monde, faut avoir les moyens ! C'est comme une maîtresse à poil sous un manteau de fourrure : faut d'abord offrir le manteau... En location, ça gâche le fantasme ! Eh oui, la lutte des classes, toujours...

Revenons un peu à la politique, même si nous en sommes gavés en ce moment, avec deux scoops.

Les candidats à la présidence, respectueux des valeurs de l'UE et de la France, solidaires des lanceurs d'alerte qu'un récent décret prétend protéger, vont inclure dans leur programme électoral une offre d'asile politique à Julian Assange. (À moins qu'ils n'en aient rien à fiche de nos valeurs...)

Politique encore : la France va demander à l'UE de nouvelles sanctions contre la Russie, en raison des troubles qui agitent la Guadeloupe et la Martinique – la présence de Russes en short et chemises hawaïennes a été confirmée par l'Otan, la Pologne et les pays baltes.

Et pour finir, une vraie info : l'Ukraine est devenue officiellement le pays le plus pauvre d'Europe. Encore un succès pour les USA et l'UE...


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9 réactions à cet article    


  • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 29 novembre 2021 14:47

    Tu consens, ma grosse ?

    Tssss. Grossophobie caractérisée. Attention Krokodilo, l’algorithme de retrait de points de crédit social ne maîtrise pas toutes les nuances du second degré.


    • Clark Kent Schrek 29 novembre 2021 15:07

      @Opposition contrôlée

      il parait que les nouveaux détecteurs de conspis ne retiennent plus l’humour xénophobe comme une infraction, mais qu’ils sanctionnent les blagues misogynes d’un retrait immédiat et définitif de deux points, quel que soit le degré pratiqué par l’impétrant.
      Rappelons que la récupération des points pour reconstituer le capital initial de dix est facilitée par un virement rapide de 150 € sur mon compte, mais que pour la récupération des points irrécupérables, va falloir discuter sérieusement. 


    • Clark Kent Schrek 29 novembre 2021 14:48

      Vous racontez n’importe quoi !

      Vous pensez bien que si on était manipulées, ils l’auraient annoncé au JT tout de suite.


      • Bertrand Loubard 29 novembre 2021 20:26

        Merci pour votre article. Vous dites : « .... leurs propres recommandations – non genrées de préférence »
        Jean-Luc Godard posait déjà la question du masculin de « muse » ..... Mais comment nommera-t-on l’épouse de l’homme-grenouille ? ... La femme-crapaud ?... Et de l’homme-sandwich ... la femme-tartine ? ... Le Vatican, en avance, a déjà tranché : pour les femmes le pèlerinage c’est à Compostelle et pour les hommes à Compostil ... Et comment dire pour la Mère-Patrie ???? Bien à vous.


        • Krokodilo Krokodilo 30 novembre 2021 09:35

          @Bertrand Loubard ... !! Je ne connaissais pas ce mot de Godard.


        • Bertrand Loubard 30 novembre 2021 20:25

          @Krokodilo
          Merci pour la réaction à propos de mon mot (un peu hors propos ?). Mais, aussi, Jean-Luc Godard aurait lui-même prétendu que sa compagne lui aurait promis de mettre sur sa tombe la simple épitaphe : « Au contraire » (Fabuleux !). Quand on se rappelle que Zamiatine dans « NOUS » faisait dire à son « héro » : « Je le sais d’expérience : la pire des tortures – c’est d’insinuer en quelqu’un le doute sur sa réalité – sa réalité à trois dimensions, pas une autre. » Quand on pense que les deux derniers films de Godard auraient été tournés « en 3D » !!!! Bien à vous et à bientôt de vois relire.


        • zygzornifle zygzornifle 30 novembre 2021 09:29
          Fake News 12

          Macron a déjà remporté l’élection de 2022, il n’ y a que lui et quelques proches qui le savent ....

          Hé bien non, ce n’est pas une fake new mais la triste réalité ....


          • I.A. 30 novembre 2021 19:17

            « Quant au pronom neutre, nous l’avons déjà, on l’a déjà. Il suffit d’étendre son usage : on sont allés au cinéma ! »


            Tout à fait d’accord avec vous, le pronom indéfini « on » existe déjà, et il est d’ailleurs inutile de commettre une faute : « on est allé au cinéma », point.

            « Wokisme », « déconstructions » ou « inclusivités », j’observe qu’ils veulent absolument mettre un sexe aux mots, aux pronoms, aux professions — ou au contraire ne pas lui en mettre un, ce qui relève de la même obsession éminemment sexuelle... Excusez-moi, mais ça n’est que de l’exhibitionnisme vulgaire, du langage infantilement libidinal.

            Les mots n’ont pas de sexe, ils sont « genrés » pour plus de précision, mais ils ont tout de même la possibilité d’être imprécis, indéfinis, impersonnels et pas spécifiquement « genrés ». On peut écrire « les gens » ou « la foule » plutôt que « ils », ou « cette personne » plutôt que « ce garçon »... Vouloir « dégenrer », c’est finalement avouer qu’on ne maîtrise pas la langue française.

            Autant « celzéceux » me paraît enrichir notre argot, autant je n’en ai rien à faire de leur « iel ». Je continuerai donc à écrire classiquement, y compris officiellement, et je m’en fiche que ça fasse réac, ringard ou obsolète.


            • Krokodilo Krokodilo 1er décembre 2021 17:59

              @I.A. Il paraît que le genre des mots déconcerte les élèves à l’étranger (les apprenants en jargon) car il n’a ni règle ni logique. L’exemple que je trouve le plus frappant et le plus amusant (il a été remarqué par d’autres), c’est « la » sentinelle : un garde impressionnant, fusil à l’épaule, qui contraste avec un article féminin. A chaque langue ses difficultés, mais toutes n’ont pas celle-ci. La foule, c’est pas mal aussi, je retiens !

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