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Accueil du site > Tribune Libre > Hommage à Ettore Scola : Il nous aura fait aimer le cinéma italien

Hommage à Ettore Scola : Il nous aura fait aimer le cinéma italien

« Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés ! ».

Exclamation de Nicola dans le film d’Ettore Scola « Nous nous sommes tant aimés »

Le réalisateur italien Ettore Scola est décédé, mardi 19 janvier à Rome. Il avait 84 ans et était considéré comme l'un des grands maîtres du cinéma italien. « Selon sa famille, son coeur s'est arrêté de battre par fatigue. » Il laisse derrière lui une importante filmographie, dont Nous nous sommes tant aimés. C'est justement un extrait de ce dernier, sorti en 1974, que nous vous proposons de revoir. On y entend « Io Ero Sandokan », une chanson populaire, inspirée de la résistance antifaciste en Italie , qui évoque la lutte pour la liberté, et l'espoir d'un monde plus juste. Ses paroles, pleines de vie, parlent du maquis et des rêves de justice sociale qui unirent les antifascistes.

Cinéaste et scénariste majeur de la comédie italienne, Ettore Scola a été l'auteur de films qui font pleinement partie du panthéon du cinéma italien. Affreux, sales et méchants (1976), Une journée particulière (1977) et La Terrasse (1980) ont permis au réalisateur d'accéder à une reconnaissance critique et publique internationale. Dans Nous nous sommes tant aimés, Ettore Scola aborde la fin de la Seconde Guerre mondiale en Italie, la Résistance contre le fascisme, la perte de repères et la vie bouleversée des Italiens dans le contexte immédiat d'après-guerre. 

L'Italie après 1945

Pour connaître justement le contexte de l'Italie post-Seconde Guerre mondiale, Charles Beaud déclare à propos de l'oeuvre d'Ettore Scola : « L'Histoire contemporaine de son pays (du fascisme au miracle économique), mais aussi l'évolution artistique du cinéma italien, constituent des thèmes majeurs de son cinéma. Une cinématographie qui se caractérise par une grande variété formelle, une profonde fantaisie et une représentation très cohérente de l'histoire et de la société italiennes »(1).

Les forces politiques en présence en Italie au lendemain de la guerre ont en commun leur opposition au fascisme. Les communistes, apparaissent comme la force politique la mieux organisée mais sans moyens pour reconstruire rapidement le pays. De l'autre côté avec Alcide De Gasperi, la Démocratie chrétienne (DC) rassemble les anciens dirigeants « populaires » et les représentants de la nouvelle génération issue de l'Action catholique. La Démocratie chrétienne emportera la mise en s'affirmant comme la principale force de gouvernement en Italie aidée de l'extérieur à la fois par l'Eglise et par le Monde dit libre. En effet durement touchée pendant la guerre, l'Italie doit se tourner vers l'étranger pour se lancer dans une politique de reconstruction. De Gasperi se consacre au relèvement économique de l'Italie avec l'aide des crédits américains fournis par le plan Marshall. C'est justement le plan Marshall qui a fait basculer définitivement, comme montré par Ettore Scola, dans le néolibéralisme à visage chrétien balayant du même coup les utopies qu'avaient mises en avant les socialistes et les communistes à l'instar d'une icône : Enrico Berlinguer.

Justement, Enrico Berlinguer, cet homme frêle et timide au langage poétique dont le cortège funèbre fut accompagné par un million de personnes. Secrétaire du Parti communiste italien (PCI) de 1972 à 1984, cet ardent démocrate voulait rénover le communisme et tenta de s'allier avec son ennemi de toujours, la Démocratie chrétienne d'Aldo Moro, en vue d'une gouvernance commune. L'ancien président de la République italienne, Giorgio Napolitano - qui, les larmes aux yeux, rend hommage à son ancien camarade : « Si vous voulez avoir une idée de ce qu'a été et de ce que devrait être la politique, pensez à celle que Berlinguer a pratiquée. » « Travaillez tous, de maison en maison, d'usine en usine, de rue en rue en dialoguant avec les citoyens (...)Il est possible de conquérir de nouveaux et plus vastes soutiens pour nos listes, pour notre cause, qui est la cause de la paix, de la liberté, du travail, du progrès de notre civilisation. » Ce sont les dernières paroles publiques prononcées le 7 juin 1984 par Enrico Berlinguer, leader du PCI.

Ce que raconte le film : Nous nous sommes tant aimés

Nous sommes en Italie, en 1944. Gianni, Nicola et Antonio se lient d'amitié alors qu'ils ont pris le maquis pour combattre les Allemands. Lorsque sonne l'heure de la libération, un monde nouveau s'offre à eux. Militants fervents, pleins de rêves et d'illusions, les voici prêts à faire la révolution. Alors que tous trois, à des périodes différentes, vont avoir une aventure avec Luciana, aspirante actrice, la vie les sépare après la chute du régime fasciste et l'avènement de la République. Gianni, avocat en quête de clients, épouse Elide, la fille d'un grossier parvenu, puis se retrouve veuf. Nicola, qui se vouait à être critique de cinéma, devient enseignant en province où il abandonne sa famille pour Rome. Antonio restera brancardier dans un hôpital romain, mais lui finira par épouser Luciana. Par hasard, tous trois se rencontrent, mais la communication entre eux est devenue bien différente de celle de leur jeunesse : « Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés ! », déclare l'un des protagonistes » (Encyclopédie Wikipédia...)

« Le futur est passé, et on ne s'en est même pas rendu compte »

Dans ce qui suit nous allons donner la parole à quelques critiques qui, chacun à sa façon, apprécie l'oeuvre d'Ettore Scola. Tous parlent de désillusion. Pour Sergent Pepper « A travers leur destinée se joue celle de l'Italie, ses complexes face aux plaies d'une histoire marquante, sa fébrilité face à une libération qui laisse perplexe les individus, sans repères face aux nouveaux choix idéologiques et aux flottements de la libéralisation des 30 glorieuses. La satire de Scola sur la bourgeoisie obèse est féroce : lors des banquets, on transporte par des grues les porcs rôtis avant de s'en servir pour se déplacer soi-même dans une fin de vie répugnante, anticipation sans fard de ceux qui se compromettent avec l'argent et le pouvoir au détriment de l'amitié. (...) Dès lors, la vie intime, l'histoire de la nation et celle du cinéma se confondent (...) Scola donne avec panache sa leçon de cinéma. » (2)

« C'est l'histoire de trois hommes et une femme, Nicola, l'intello idéaliste voulant devenir critique de cinéma, Gianni, le brun ténébreux avide et impétueux et Antonio, le communiste voulant renverser l'ordre établi. Résistants à l'Italie de Mussolini, à la chute de celle-ci ils sont pleins de rêves, d'espoirs pour un monde futur où tout est à reconstruire. Ils rencontrent alors la belle Luciana, actrice en mal de reconnaissance et, entre eux quatre s'ensuit une idylle de jeunesse dans un pays où tout est à faire. Mais la vie ne leur donne pas ce qu'ils en avaient espéré et, 30 ans plus tard leurs illusions de jeunesses se sont transformées en désillusions... »(3)

« Ce film est un film global, à voir absolument, c'est un panorama de l'Italie de l'après-Guerre, de la nouvelle classe moyenne-supérieure émergente, vénale et avide (incarnée par l'avocat Gianni), de la classe populaire laborieuse (incarnée par l'infirmier Antonio) et des intellectuels, les « autres », ces bohémiens idéalistes et cultivés (incarnés par le critique de cinéma Nicola). Ce film, c'est l'histoire de la désillusion d'une jeunesse qui a grandi à la fin de la Guerre, pleine d'espoirs et de rêves d'égalité et qui se retrouve 30 ans plus tard dans un monde de classes, inégal, sur lequel leurs rêves se sont brisés. Mais c'est aussi une histoire d'amour, la belle Luciana que tous les trois amis aiment tour à tour, cette femme qui fait exploser leur amitié, mais qui leur procure leurs plus belles années, cette femme qu'Antonio aime, que Gianni lui ravit, mais qui devant le caractère imprévisible de ce dernier retourne vers Antonio après une idylle avec Nicola laissant seul le malheureux Gianni qui épouse par dépit l'idiote fille d'un riche avocat Romain. »(3)

« Ce film est un film sur la désillusion, sur l'espoir disparu, sur les rêves brisés, sur les aspirations contrariées. C'est la désillusion économique, sociale, amoureuse, d'un Gianni qui se retrouve riche, mais toujours amoureux d'une femme (Luciana) qu'il ne reverra plus, d'un Nicola, qui à force de poursuivre son rêve de devenir critique publié, ruine sa vie familiale, d'un Antonio qui bien que marié à la femme de sa vie (Luciana) fait face à la désillusion politique en voyant que rien n'a changé depuis la fin de la Guerre... Alors, Nicola s'exclame : « Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés ! ». » Et le film se clôture sur ce mot : « bof » ». (3)

« D'autant qu'à cette aventure des sentiments se mêle la vision politique corrosive et tendre sur toute une époque, celle des désillusions post-soixante-huitardes, la triste pirouette que certains protagonistes peuvent quelquefois accomplir pour de basses raisons pécuniaires. En effet, Vittorio Gassman, jeune avocat, plein de fougue et de principes, se laisse avec l'âge et l'opportunité gagner par l'ambition et manger par le grand capital s'oubliant lui-même, perdant amis et amours. Le regard sévère et blessé de cet acteur est comme souvent bouleversant de vérité. Il est tout bêtement génial. (...) « La vie est une comédie italienne. Buena sera, signore, signori. La vie est une comédie italienne. Tu ris, tu pleures, tu pleures, tu ris, tu vis, tu meurs, tu meurs, tu vis. Comediante. Tragediante. C'est ça, c'est ça, la vie » (Guy Bedos). » (4)

« Nous nous sommes tant aimés » c'est un peu l'histoire de l'Italie. L'Italie de l'immédiate après-guerre. De la libération. Des factions communistes. D'une jeunesse prête à tout pour s'émanciper et jeter 20 années de fascisme et de terreur dans les oubliettes de l'histoire. L'Italie de la reconstruction. Des programmes immobiliers nationaux et de ce capitalisme bétonneur. Une reconstruction sociale culturelle et morale aussi. Un nouvel âge pour l'Italie renaissante. Un âge où la camaraderie, la fraternité et les idéaux révolutionnaires vont peu à peu et tristement laisser place à la dure réalité du nouveau monde, l'ambition professionnelle dévorante et le « chacun pour soi » cher à ce bon vieux libéralisme ».(5)

 « Nous nous sommes tant aimés » c'est aussi l'histoire de trois amis. Trois amis qui se rencontrent dans le maquis et qui œuvrent pour le même but : La liberté, et cette solidarité de personnes aux idéaux communs. Mais c'est justement cette libération qui va séparer nos trois amis. Les jetant dans la vie d'après-guerre, laissant ces fervents militants communistes se débrouiller dans ce nouveau monde où leurs rêves et leurs illusions vont être mis à rude épreuve. C'est l'histoire de Gianni, Nicola et Antonio. Gianni est avocat... Et de gauche ! Gianni cherche des clients, mais les temps sont durs pour les jeunes avoués. Alors oui ! Il épousera Elide, fille d'un odieux fasciste parvenu. Elide, qu'il n'aimera jamais vraiment et dont l'accident de voiture mortel ne le touchera pas ». (5)

Il y a Nicola, intellectuel et cinéphile averti. Intransigeant dans ses choix et excessif dans ses emportements. Ce sera finalement, ironie du sort, cet amour exclusif et totalitaire pour le réalisateur du « voleur de bicyclette » qui le perdra. Et puis il y a Antonio. Brancardier depuis toujours, continuant à l'inverse de ses amis à lutter pour ses droits et à s'impliquer dans cette gauche prolétarienne. Demeurant, au final le moins ambitieux, le plus pur, le plus fidèle à son combat...Et certainement, le plus heureux. « Nous nous sommes tant aimés » c'est avant tout 30 années. 30 ans de vie. 30 ans d'illusions et de désillusions. 30 ans d'espérance et de désespérance. d'amour et de désamour. C'est le film du temps qui passe. Des rides qui apparaissent. De la dure réalité fermant doucement la porte aux rêves de jeunesse. C'est cette tristesse tellement drôle et cet humour si dur. C'est le film de la quarantaine. Le film du bilan. « Nous nous sommes tant aimés » C'est le film de la vie. Le film de notre vie. Le film de ta vie. « Nous nous sommes tant aimés » c'est toi ! »(5)

Le révolutionnaire Nicola toujours en guerre même en ratant sa vie pour ses idéaux

Nicola est le révolutionnaire qui s'exprime à travers la cinéphilie. il s'emporte à n'en plus finir, mais parle dans le vide, car trop : on ne l'écoute pas ; et pourtant, il a raison. A travers ce personnage cinéphile, Ettore Scola trouve peut-être une brèche pour s'exprimer, et notons que, comme lui, Nicola aime le grand cinéaste Vittorio De Sica (auquel le film est dédicacé). Nicola (Stefano Satta Flores) participe à un jeu télévisé dont les questions portent sur le cinéma. Il échoue à la dernière étape. Comme l'enfant du « voleur de bicyclette ». La fiche du présentateur de TV ne dit pas comment l'enfant a pleuré. Bien plus tard Vittorio de Sica qui a tourné le film lui a donné raison, mais le présentateur ne lisait que ce qu'il y avait sur sa fiche alors que Nicola lui expliquait les conditions dans lesquelles se déroulait la scène.

Ameziane Ferhani du journal El Watan écrit à ce propos avec une nostalgie que je partage volontiers, ayant vibré dans cette Algérie des années 1970 où il était encore possible d'aller au cinéma et voir de beaux films. « Rien d'étonnant écrit Ameziane Ferhani pour un homme qui, inlassablement, a cherché à exprimer la condition humaine, mêlant jusqu'à la confusion pleurs et rires. Il avait en quelque sorte donné à la Commedia dell'arte une dimension shakespearienne. (...) Pour toute une génération d'Algériens qui a passé sa jeunesse dans les années 60' et 70', la découverte du cinéma italien de cette époque fut une belle et immense surprise. Ils avaient la chance de voir ces films dans des salles de cinéma bien vivantes, et cela peu de temps après leur sortie ». (7)

A des degrés divers, la désillusion des trois acteurs du film dépeint la situation postrévolution en 1962. Il est vrai qu' au sortir d'une guerre atroce, les Algériens pensaient que l'espoir en une Algérie juste sociale où chacun est apprécié à sa juste mesure, était chevillé en nous. Nous étions dans ces années-là tout feu tout flamme et rien n'était impossible. La désillusion fut amère et comme en Italie la révolution fut récupérée.

Ce fut le cas en Algérie et les mots de Larbi Ben M'hidi raisonnent encore dans nos têtes : « Lorsque nous serons libres, il se passera des choses terribles ; on n'oubliera pas toutes les souffrances de notre peuple pour se disputer les places. Ce sera une lutte pour le pouvoir. Nous sommes en pleine guerre et certains y pensent déjà. Oui, j'aimerais mieux mourir au combat avant la fin. » (8)

Ettore Scola en décrivant la réalité post-guerre mondiale décrit de fait, le cheminement normal des révolutions confisquées à ceux qui les ont conçues et à ceux qui les ont faites. Reposez en paix chère pionnier du cinéma universel et comme disait Euripide il y a plus de 2000 ans : « Sit tibi terra levis » : « Que la terre vous soit légère ».

Je propose aux lectrices et aux lecteurs de voir et d'écouter ce passage du film où est interprétée la célèbre chanson de la resistance italienne contre le facisme : "Io Ero Sandokan". On y voit aussi le petit peuple romain en train d'attendre toute la nuit une hypothètique inscription de leurs enfants à l'Ecole. Antonia, sa femme Luciana et son fils sont là. Il y a aussi Giani. Antonio et Nicola ré-entendant "leur chant" se sont joints au groupe qui le chantait. Ce chant qui était leur cri de ralliement mais aussi d'espérance en un monde meilleur après la guerre, trente ans plus tôt.

« Non sapevo qual'era il tuo nome neanche il mio potevo dir il tuo nome di battaglia era Pinin ed io ero Sandokan. Eravam tutti pronti a morire ma della morte noi mai parlavam parlavamo del futuro se il destino ci allontana il ricordo di quei giorni sempre uniti ci terrà Mi ricordo che poi venne l'alba e poi qualche cosa di colpo cambiò il domani era venuto e la notte era passata c'era il sole su nel cielo sorto nella libertà … ».

« Je ne savais pas quel était ton nom. Je ne pouvais pas dire quel était mon nom
Ton nom de bataille était Pinin. Et le mien était Sandokan. Nous étions tous prêts pour la mort. Mais nous ne parlions jamais de la mort. Nous disions du futur si le destin nous sépare le souvenir de ces jours nous réunira. Je me souviens qu'ensuite vint l'aube et puis d'un coup quelque chose changea. Le lendemain était venu et la nuit était passée. La-haut dans le ciel, le soleil se levait dans la liberté…."

 

1. L'Histoire de l'Italie à travers l'oeuvre d'Ettore Scola : Mémoire Master 2 cinéma université Aix-Marseille

2.Sergent Pepper · http://www.senscritique.com/film/Nous_nous_sommes_tant_ aimes/critique/27954899
3. http://www.senscritique.com/film/Nous_nous_sommes_tant_aimes/critique/ 38116935
4. http://www.senscritique.com/film/Nous_nous_sommes_tant_aimes/critique/ 22769827
5. http://www.senscritique.com/film/Nous_nous_sommes_tant_aimes/critique/ 21750492
6. http://www.senscritique.com/film/Nous_nous_sommes_tant_aimes/critique/

1010545
7.Ameziane Farhani http://www.elwatan.com/hebdo/arts-et-lettres/nous-l-avons-tant-aime-23-01-2016-312615_159.php
8. http://www.mondialisation.ca/alg-rie-1962-2012-cinquante-ans-apr-s-la-guerre-des-m-moires/29851

 

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/233976-il-nous-aura-fait-aimer-le-cinema-italien.html

 

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu .dz


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10 réactions à cet article    


  • Simple citoyenne Simple citoyenne 28 janvier 2016 19:26

    Bonjour à vous auteur, ne pas oublier, ce que tout le monde sembla avoir oublié, Le film ou plutôt, les Nouveaux Monstres, Les Nouveaux Monstres (I Nuovi mostri) est un film italien composé de 12 sketchs (14 dans la version originale) réalisés par Mario Monicelli, Dino Risi et Ettore Scola, sorti le 15 décembre 1977.C’est une suite des Monstres, réalisé en 1963 par Dino Risi.

    Les nouveaux Monstres auquel Ettore Scola a participé. Ce sont 12 sketches, je cite la jaquette,« mettant en scène la monstruosité humaine, les mesquineries et les bassesses de l’homme moyen. Tout le monde en prend pour son grade : La religion, le macho italien, la famille... »

    Dont l’excellent sketch avec Vittorio Gassman, dans le rôle du Cardinal. À revoir.


    • Simple citoyenne Simple citoyenne 28 janvier 2016 19:45

      Et j’ajoute, désolée de casser l’ambiance, que le cinéma Italien, a été détruit par l’industrie du cinéma américain, car le cinéma américain n’est qu’une industrie rien de plus et sans valeur : mais qui n’accorde que le prix de ce que son industrie lui rapportera. Cinéma Italien que Roberto Benigni essaye de faire revenir dans les salles. Bravo à lui.


      • bakerstreet bakerstreet 29 janvier 2016 17:42

        @Simple citoyenne
        Un peu léger d’analyse : Ne pas confondre la force de l’industrie cinématographique US, et son lobbying, laminant c’est vrai la concurrence, avec la qualité qu’elle peut avoir. Les américains maîtrisent très bien ce langage, c’est pas un scoop, les grands auteurs sont aussi légions. 

        Ce qui est regrettable c’est que l’Italie n’est pas su protéger ses créateurs et son cinéma, comme ça c’est fait en France, la preuve par là d’ailleurs que le protectionnisme n’est pas ringard, mais tout à fait adapté à protéger les poules des renards, si on veut bien admettre qu’un grillage n’est peut être pas « moderne », mais tout à fait adapté...
        La liquidation du cinéma Italien a été une des premières preuves de la perversion du soi disant « libéralisme ». Si on avait appliqué le même soin à défendre notre textile et notre acier, qu’on l’a fait pour notre cinoche, on n’en serait pas là où on est. 


      • francesca2 francesca2 29 janvier 2016 17:45

        @bakerstreet


        Et oui, il y a le bon protectionnisme et le mauvais protectionnisme...

      • Captain Marlo Fifi Brind_acier 28 janvier 2016 21:13

        J’ai adoré ce film « Nous nous sommes tant aimés » ! Merci de cet hommage.

        Ce que ne dit pas Etorre Scola dans son film, sans doute parce qu’à l’époque, on ne le savait pas encore, c’est que l’arrivée de la Gauche italienne au pouvoir, et surtout du PC italien a été torpillée par toute une série d’attentats sanglants organisés par les armées secrètes de l’ OTAN - Gladio- Réseaux Stay Behind", Attentats attribués à la Gauche pour la déconsidérer.


        @ Simple citoyenne, je pensais qu’en Italie, c’était Berlusconi qui avait détruit le cinéma italien, mais sans doute aussi les films américains, contrepartie du Plan Marshall ?

        • Simple citoyenne Simple citoyenne 29 janvier 2016 09:36

          Bonjour Fifi Brind_acier ; je l’avais oublié, quelle tristesse cet homme !


        • bakerstreet bakerstreet 29 janvier 2016 17:53

          @Fifi Brind_acier
          Dans « Nous sommes tant aimé », moi c’est ce plan suspendu, du plongeur au dessus de sa piscine, remarquant ses anciens copains au dessus du mur que je trouve sublime...Je crois me souvenir que c’est la dernière image du film d’ailleurs ! Une seconde d’éternité, tellement signifiante. 

          Pas d’effets spéciaux, mais tout le talent du réalisateur est là. Une scène qui me rappelle une autre, du film « Wadjda », de Haifaa Al Mansour ; très belle et courageuse réalisation, avec cette gamine d’Arabie saoudite qui rêve à un vélo, et qui en aperçoit un, placé à l’envers, sur la galerie d’une voiture, qui passe elle aussi de l’autre coté du mur de la propriété.....
          Sinon, le plan Marshall n’a pas été ce qui a été fait de plus honteux.Issu de la pensée de Keynes et de Roosevelt, qui passeraient maintenant pour des socialistes, mais je n’aime plus trop ce mot galvaudé, et traîné dans la boue de l’Élisée. ...D’ailleurs le cinéma italien prend son essor avec Rosselini et de Sicca, qui sont en phase avec la guerre, et font maintenant valeurs de documents historiques. Il faut voir « Rome ville ouverte », et « Le voleur de bicyclette », pour voir les premières vagues de ce néo réalisme, avec des films somptueux, comme « Riz amer », ou « Stromboli », pour piger que les metteurs en scène travaillent tous dans une dimension sociale, qu ne s’allie avec aucun propagandiste, mais se veut simplement témoin de son temps, et de l’affairisme. Berlusconi arrive quand le cinéma italien est déjà moribond, et alimentera les strates d’une télé dégénéré, du cerveau qui va avec, et qui a fait des petits un peu partout

        • Captain Marlo Fifi Brind_acier 29 janvier 2016 20:30

          @bakerstreet

          « Le plan Marshall pas honteux ? » Regardez les programmes des cinémas et des télés, la moitié au moins sont américains. Il existe des films dans le monde entier, vous ne les verrez jamais !

          « Quand la CIA infiltrait la culture »


        • bakerstreet bakerstreet 29 janvier 2016 21:51

          @Fifi Brind_acier
          Je ne suis pas une oie blanche, je vous dirais même que ce sont les states qui ont ramené Lucky Luciano en italie et relancé la mafia, contre un deal, l’aide au débarquement en Sicile, avec toutes les arrières pensées évidemment derrière. 

          Maintenant, le procès du plan Marshall c’est une autre histoire, mais c’est pas globalement le pire de cette époque. Les européens n’ont pas eu besoin de américains pour se saborder, avec les différentes formes de fascistes, et l’adhésion des foules à la connerie des leaders y est pour quelque chose. 
          Force en tout cas de constater que le cinéma italien à survécu au plan Marshall, connu son apogée de 45 à 75, en tirant un peu. 
          Scola, c’est déjà un peu le crépuscule. il existe à la fois une dimension économique, culturelle, et politique à toute cette décadence, qui s’illustre à la fois par des motifs exogènes et endogènes ! Il est évident qu’un état faible comme il l’était dans les années 70 en Italie, gangrené à sa base, a fait le lit de toutes les combinaisons, et de toutes les capitulations, et de toutes les capitalisations. 

        • bakerstreet bakerstreet 29 janvier 2016 16:54

          Votre article est intéressant, mais le titre est mal choisi. Scola, que j’admire beaucoup, lui même en serait gène. Car il est le fils , ou le frère des grands qui l’ont précédés, ou qui l’ont accompagné..Pas mal d’autres très grands nous ont vraiment fait admiré le cinéma Italien. Rosselini, De Sicca, Fillini, Risi, Visconti, Antonioni, pour ne citer que les plus importants. Il y eut entre, disons le début de l’après guerre, et le milieu des années 70 tellement de films importants en Italie, qu’on s’épuiserait à en faire le compte. Avec sans doute une attention particulière, le haut de la vague, qui culmina autour du début des années 60. Impossible de distinguer quel est le film le plus important d’un autre, tant ils sont tous alors lumineux, aboutis, transcendantaux. Il me reste en mémoire quelques noms, mais c’est fait injure aux autres de les oublier. Je m’en abstiendrait donc. Mais on n’épuise jamais le sens à les regarder. 


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