Désir de connaître et amour du savoir, ou philosophie, c'est bien une même chose (Platon, La République, II, 376b). Merci aux commentateurs qui ont compris que je m'inscrivais dans cette ligne de conduite. Quand j'ai entrepris de restaurer le château de Taisey, tout en menant un travail de recherche et d'écriture, je n'avais pas prévu l'hostilité que j'allais rencontrer. Je n'avais pas pensé qu'on allait me refuser la possibilité de m'exprimer dans les médias (sauf Agoravox que je remercie). J'attends toujours qu'un philosophe se décide enfin à s'intéresser aux questions que je soulève, afin que justice me soit rendue... pas plus, mais justice quand même.
Combien de temps faudra-t-il attendre pour que la puissance publique et la communauté scientifique reconnaissent à l'église Saint-Pierre de Moisac son intérêt historique très particulier comme je l'ai expliqué dans mon dernier article ? Le merveilleux chapiteau de Jonas nous révèle qu'à cette époque, le souvenir de Gergovie, au Crest, ne s'était pas encore perdu, bien au contraire. On y découvre indiscutablement l'évocation d'une troupe/population juive débarquant en Auvergne http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-la-responsabilite-des-128052. Mais alors, le tympan, quelle est sa signification ?
http://www.romanes.com/Mozac/Saint_Pierre_de_Mozac_0006.html
Première constatation : ce tympan ne s'inscrit pas dans l'iconographie habituelle, telle qu'on la voit à Notre-Dame du Port. Pas de rois mages avec leurs présents. Le visage de la Vierge est noir. Sachant que l'iconographie traditionnelle s'inspire du Protévangile de Jacques écrit à la mort d'Hérode, c'est-à-dire en l'an -4, j'en déduis que si le tympan de Moisac ne suit pas cette iconographie, c'est parce qu'il est antérieur.
Deuxième constatation : il existe un lien avec le chapiteau de Jonas qui, comme je l'ai dit, évoque l'arrivée d'une colonie juive en Auvergne. A la gauche de la Vierge, Moïse tient le livre de la Torah ; à sa droite, le prophète Elie tient les clefs de la prophétie. Dans la partie droite, ce ne sont pas des bergers qu'il faut voir, mais ces nouveaux colons qui, dans un nouvel exode, viennent demander l'hospitalité. Ils marchent en s'appuyant sur le bâton de Moïse (Mozac -> Mosiacus -> Moïse). Le dernier personnage porte une petite croix pour indiquer qu'ils fuient une nouvelle persécution. A gauche, c'est un clergé en place qui les accueille : un grand prêtre au riche vêtement sacerdotal, un clerc et un homme du peuple qui s'agenouille devant eux en signe de bienvenu. A l'exception du petit peuple qui ne sait pas lire, tous tiennent fermement contre eux le livre de la Torah ; ils sont la communauté juive installée en Auvergne. Au centre, est-ce Jésus ? La réponse est non. Le nom de Jésus, Christ, n'apparaît que plus tard dans le Protévangile et l'épître de Jacques, en l'an - 4. Il ne peut donc s'agir que d'une espérance de sauveur, un sauveur qui naîtra d'une communauté sainte. Quelle communauté ? Quelle diaspora ? Dans quel pays ? Je ne vois, à cette époque, que la communauté juive d'Alexandrie qui soit en mesure d'enfanter le sauveur capable de délivrer Jérusalem des Juifs impies (question de point de vue). Mais avant de débattre sur ce point, posons-nous la question : quelle est la persécution qui a pu inciter ces Juifs à un nouvel exode, avant l'an - 4 ?

Huit cents Esséniens crucifiés (Les Esséniens ne se sont jamais désignés ainsi. Ils s'inscrivaient dans la longue histoire du peuple juif revenu de l'exil de Babylone. Ils se considéraient comme des Juifs pieux, et même, saints, le niveau "parfait" étant le niveau idéal à atteindre. Le terme de "saints de Dieu" que j'ai choisi pour mon titre me semble bien approprié).
Au temps où Alexandre Jannée était roi des Juifs, ceux d'Israël, qui avaient beaucoup à se plaindre de lui, firent appel de nouveau au roi grec d'Antioche Démétrius. Les deux troupes opérèrent leur jonction à Sichem, en Samarie. Ce point de regroupement indique, d'une façon presque certaine, que les troupes juives venaient, soit de Galilée, soit plutôt de cette région de Galaad, arrière-pays de Damas et de la Galilée où je situe une forte implantation d'Assidéens/Esséniens, descendants des exilés de Babylone.
Alexandre ayant remporté la bataille, ses adversaires juifs, parmi les principaux, se réfugièrent à Béthon, ville que je considère comme essénienne et que j'identifie à Bethsaïde, au bord de la mer de Galilée, près de Gamala, leur forteresse. Alexandre enleva, par la suite, cette forteresse sur laquelle Démétrius exerçait son autorité (cf. Flavius Josèphe pour le texte en italiques ; pour les explications, voyez mes ouvrages. Identifier les crucifiés à des Pharisiens est un malentendu. Je ne vois pas où Flavius Josèphe l'aurait spécifié. Ces crucifiés ne peuvent être que des Esséniens).
Alexandre Jannée, le roi honni de ses sujets, ramena de Béthon/Bethsaïde huit cents prisonniers. En pleine ville de Jérusalem, écrit l'auteur de La Guerre des Juifs, sur un lieu élevé bien en vue, corrige l'auteur des Antiquités judaïques, Alexandre Jannée fit dresser huit cents croix. Face à ces huit cents croix, on avait préparé la table du festin pour fêter la victoire du roi. Alexandre Jannée était allongé parmi ses concubines... buvant. On éleva les huit cents Esséniens sur le bois et on les crucifia. On égorgea sous leurs yeux leurs femmes et leurs enfants qui se traînaient à leurs pieds. Tel est le témoignage de Flavius Josèphe !
Après cela, 8000 Juifs s'exilèrent, et d'autres ont probablement suivi. Cela s'est passé vers l'an - 88, avant la mort de Jannée, dix ans plus tard.
Je déduis de ce texte, premièrement, que ces Juifs n'avaient aucune raison d'émigrer avant leur défaite de vers l'an - 88, puisqu'ils pouvaient encore espérer remporter la victoire et reprendre, peut-être, la Jérusalem qui avait appartenu à leurs pères, avant l'exil. J'en déduis, deuxièmement, qu'ils avaient toutes les raisons de continuer à émigrer après la perte de leur forteresse de Gamala qui assurait leur autorité et leur sécurité dans la région. J'en déduis, troisièmement, qu'ils avaient tout intérêt à rejoindre l'ancienne diaspora qui avait émigré, avant eux, au temps des grandes tribulations. J'en déduis, quatrièmement, que la logique veut qu'ils aient fourni, par la suite, le gros de la troupe gauloise qui a accompagné Hérode le Grand dans sa reconquête de la Palestine. Enfin, je remarque que ces crucifiés étaient "parmi les principaux", ce qui donne à l'affaire une importance beaucoup plus grande que s'il ne s'était agi que d'hommes du peuple. Et puis, pour enchaîner sur l'histoire étonnante de cette communauté et de celle de Gourdon, en pays éduen, voyez le tympan de Sainte-Foy de Conques et celui d'Autun. C'est absolument prodigieux. La montée en puissance de ces deux communautés juives, installées primitivement à proximité de Bibracte et de Gergovie, est un phénomène très étonnant.
Cette interprétation rejoint mon interprétation des fresques de Gourdon et la complète.
Dans la fresque de la nativité, les noms de Joseph et de Marie (1) y sont écrits mais pas celui de l'enfant qui doit naître. A noter plusieurs points importants : la présence de l'âne et du boeuf que Jacques ne mentionne pas, le messie guerrier en armure descendant du ciel entre l'ange Gabriel et Marie (2), la fresque présentant un Christ/Cléopas faisant l'offrande d'un prépuce et d'un clitoris (3).
Le messie guerrier (2) est à rapprocher d'une médaille de Dumnorix qui le représente comme un messie qui descend du ciel (4). Sachant que les Esséniens des manuscrits de la mer Morte étaient dans l'attente d'un messie sacerdotal et d'un messie d'Israël guerrier, les frères Divitiac le druide et Dumnorix, le chef de la cavalerie, ont-ils correspondu à cette attente ? La sculpture de Saint-Sernin réalisée au temps de Jules César évoque-t-elle cette double attente (le lion et le bélier) ?(5).
Comment interpréter les évangiles qui ont suivi ? Est-ce l'histoire d'un Jésus qui serait descendu du ciel pour vivre anonymement le supplice de la croix dans les membres d'une communauté ? Est-ce l'histoire du conseil de Dieu des Esséniens qui aurait porté la bonne parole jusqu'à monter sur la croix ? Ou celle d'un homme comme tout un chacun, mais un homme sage - un peu semblale à un Bouddha ? Si j'en crois ce que la télévision en dit, il paraîtrait que cela soit la thèse la plus couramment admise. Quant à moi, j'ai fait le choix des deux premières hypothèses.
http://bibracte.com/ma_lecture_de_la_bible/l_epitre_aux_hebreux_est_un_texte_essenien.html.
Je m'élève donc avec force contre l'hypothèse "Jésus homme comme tout un chacun". Prétendre que les évangiles qui nous sont parvenus n'auraient été écrits que bien après les événements qu'ils relatent tout en les arrangeant, c'est refuser aux Juifs de cette époque la qualité d'une écriture, et tout simplement, l'intelligence et le niveau de leur culture. Si nous sommes incapables de comprendre le sens de ces textes, il ne faut nous en prendre qu'à nous-mêmes. Pour bien montrer l'absurdité de cette thèse, et pour ne pas reprendre tout ce que j'ai développé dans mes ouvrages, je propose au lecteur de relire la fameuse déclaration de foi de l'évangile de Jean. Avouez qu'en la mettant dans la bouche d'un Jésus/homme, cela fait un peu "surréaliste" ; mais si vous mettez le texte au pluriel, cela devient une proclamation, discutable peut-être, mais plutôt émouvante et surtout, parfaitement réaliste. Ces saints de Dieu plaidaient pour la lumière, pour l'esprit, pour la vie et pour toutes les vertus, petites et grandes ; honni soit qui mal y pense ! (renvoi 1).
Et Jésus s'écrie ... j'interprète :
et les "saints de Dieu" s'écrient :
« Qui croit en nous, ce n'est pas en nous qu'il croit,
mais en Celui qui nous a envoyés.
Lumière nous sommes, venus dans le monde
pour que quiconque croit en nous ne reste pas dans les ténèbres.
L'homme qui entend notre Parole et qui ne la garde pas,
ce n'est pas nous qui le jugeons ;
car nous ne sommes pas venus pour juger le monde,
mais pour le sauver.
Qui nous rejette et ne prend pas notre Parole a déjà son juge ;
au dernier jour, la Parole que nous avons enseignée,
c'est elle qui le jugera.
Car nous, nous ne parlons pas de nous-mêmes,
mais c'est Celui qui nous a envoyés,
le Père,
qui nous a transmis ce que nous avions à dire.
Nous savons que dans son commandement est la vie éternelle.
Aussi, ce qu'il nous a dit de dire,
nous le proclamons ! » (évangile de Jean, 12, 44 - 50)
Que celui qui a des oreilles entende !
Renvoi 1. Discutable, bien sûr, surtout en ce qui concerne l'excision que préconisent les fresques de Gourdon.
Renvoi 2. Mes deux "Histoire du Christ" ont fait l'objet d'un dépôt légal en 1996. Elles ont été reléguées dans le réduit des ouvrages ésotériques. Si vous les cherchez sur internet en tapant le titre, vous tomberez sur une traduction récente d'un livre italien.