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Accueil du site > Tribune Libre > De la responsabilité des philosophes

De la responsabilité des philosophes

 Dans son encyclique "La foi et la raison", Jean-Paul II avait lancé un appel en direction des philosophes, afin de définir une philosophie commune qui serait un appui efficace pour l'éthique véritable et en même temps planétaire dont a besoin l'humanité (art. 104) ; et il précisait : « L'exigence primordiale et urgente qui s'impose est une analyse attentive des textes : en premier lieu, des textes scripturaires...(art 93). » 

Estimant ce débat absolument nécessaire, et pour moi et pour d'autres, j'ai adressé dès le 1/1/1999, aux philosophes et personnalités que j'ai pu contacter, mon interprétation des textes évangéliques. http://bibracte.com/mon_aide_aux_philosophes/au_sujet_de_la_sagesse_des_modernes.html
 
Depuis, j'ai suivi avec intérêt le dialogue que M. Luc Ferry a engagé dans la recherche d'un humanisme commun, mais force est de constater aujourd'hui que le magistère de l'Église a durci sa position dans ses dogmes et dans son interprétation littérale des textes. Bien que cette position puisse s'expliquer par la crainte qu'un message trop intellectuel ne soit pas compris, notamment dans le contexte africain et sud-américain, il s'agit là d'un choix discutable qui n'a pas été discuté. Faisant partie des historiens non médiatisés, je ne peux compter que sur la compréhension et le soutien des philosophes en recherche de vérité. Le sujet ne mérite-t-il pas mieux que les digressions sur les crèches de Noël de C dans l'air du 25/12, que la prophétie des Mayas des grandes questions du 21/12, ou que le rappel d'histoire sainte de l'ombre d'un doute du 26/12 ?

 

Je reprends donc mon discours, mais en l'abordant, cette fois, sous un autre angle, à partir du texte que Platon a écrit sur l'Atlantide.

Le constat est simple : le texte n'est logique et compréhensible dans sa rédaction qu'à condition d'identifier l'île Atlantide à une Gaule d'avant la Gaule. Il y a, en effet, ce qui est de l'autre côté du détroit de Gibraltar, dans l'océan : c'est par là qu'on aborde les côtes de l'île ; et il y a ce qui est en deçà du détroit : les côtes méditerranéennes avec la rade et le port de Marseille au "goulet resserré". Tout cela, je l'ai expliqué en détails dans mes précédents articles.

Par ailleurs, j'ai veillé à bien mettre en évidence le support géographique et historique à partir duquel Platon a développé son mythe, à savoir une Gaule déjà riche d'histoire avec deux capitales fortifiées qu'on ne peut situer qu'au Crest (Gergovie) et qu'à Mont-Saint-Vincent (Bibracte), et certainement pas à Corent ou au mont Beuvray.

Et c'est ainsi que, dans ce présent article, je propose à M. Bernard Sergent, historien, auteur d'un ouvrage sur l'Atlantide, d'enrichir son ouvrage en recherchant en Gaule ce que, jusqu'à maintenant, par la faute d'une archéologie erronée, il n'a pu situer que dans un Occident lointain et mal défini.

Que M. Sergent complète donc son interprétation du jardin des Hespérides en le localisant en Auvergne, même si l'Espagne semble avoir voulu également le revendiquer. Ainsi que la transposition de la Grèce jusqu'en Gaule, des titans, des géants, des champs élyséens, du monde des bienheureux, des morts, et autres mythes. Voyez les sculptures de l'autel de Pergame qui évoquent les combats entre les dieux grecs de l'Olympe et les géants/Galates/Gaulois nés de la terre : combattants de Gergovie aux jambes d'anguipède évoquant le plateau allongé de la Serre, guerriers de Bibracte au bras de lion évoquant le lion couché du horst éduen. Plus qu'un indice, c'est une preuve de plus. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bibracte-gergovie-pergame-le-39957

Qu'il redonne au pays hyperboréen sa capitale de Bibracte, la relation privilégiée qu'elle entretenait avec Delos, son dieu Apollon et son temple à l'abside ronde. Mais aussi ses banquets attestés, comme à Gergovie, par l'archéologie et les textes.

Qu'il redonne à Gergovie la gloire atlante et son rayonnement que Strabon a, lui aussi, évoqué, sa relation privilégiée avec Delphes, sa source miraculeuse et son temple delphique que protége, comme à Delphes, le dragon de la montagne de la Serre.

Qu'il s'interroge sur les deux villes de Théopompe, la Belliqueuse qui ressemble tant à Gergovie et la pieuse qui, par contraste - ou préférence politique - pourrait ressembler à Bibracte... une Bibracte que les Grecs ont peut-être soutenue et encouragée à reprendre la prééminence en Gaule aux dépens des Arvernes.

Comme l'expliquent les auteurs cités en référence, l'Atlantide (de Gergovie) est le type de société dont Platon ne veut pas. Dès lors que les dieux - ou les fondateurs - ont donné l'exemple en installant, jadis, dans la Grèce primitive, une société équilibrée, dès lors que la subsistance de chacun était assurée, il aurait fallu et suffi de la maintenir telle quelle. Vouloir plus et plus loin, c'est la porte ouverte à la compétition et à la rivalité entre cités. C'est ainsi que l'Atlantide et la Grèce sont entrées en conflit. C'est ainsi que l'Atlantide a été condamnée par le conseil des dieux tandis que la Grèce impérialiste d'avant Platon y a perdu son armée. L'enseignement est clair : cette course à la consommation du superflu et à la concurrence conduit le monde au désastre.

Ceci étant dit et puisqu'il faut bien admettre le fait de l'évolution, mais aussi le caractère spécifique des croyances gauloises telles qu'on peut les déchiffrer sur nos anciens chapiteaux, je me tourne, de nouveau, vers le philosophe et lui demande d'essayer de comprendre.

La pensée religieuse de l’Occident est-elle née à Gergovie ? http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-pensee-religieuse-de-l-occident-127146

Je suis un enfant d'une Bresse dont les biefs tranquilles serpentent dans les champs. Assis au bord de l'eau, que faire en attendant le rare frémissement du bouchon, sinon réfléchir. Une bulle d'air qui vient mourir à la surface de l'eau ? une feuille de nénuphar qui bouge sans raison ? Esprit mystérieux du monde souterrain ?

Quelques feuilles qu'un vent léger vient déposer à la surface de l'eau ? Esprit mystérieux du monde des airs ?

J'ai retrouvé tout cela, en Auvergne, dans les chapiteaux du Crest où je situe Gergovie : les tiges de nénuphars qui s'entrecroisent dans la profondeur du lac disparu, les grandes feuilles qui en émergent et d'où sortent, comme par miracle, la fleur à nulle autre pareille. Et puis, le vent qui se lève, les feuilles qui tourbillonnent, les vagues qui mettent en mouvement la surface des eaux tout en faisant ployer la flore sous-marine.
 
Il n'y a aucun doute sur le fait que les Arvernes ont divinisé leur capitale de Gergovie en la situant à la rencontre des forces du ciel et de celles de la terre. Ils en ont fait une cité mythique, à la fois patriotique et religieuse.
 
Rencontre de ce qui vient des airs, Jupiter, et de ce qui vient d'en bas, Poséidon ? Je ne sais pas ; mais je suis bien obligé de constater que ces personnifications de Jupiter et de Poséidon, je les trouve dans la littérature et les croyances grecques et pas dans les chapiteaux des temples gaulois. Que cela soit à Gergovie comme à Bibracte, la présence de Dieu n'est, à l'origine, que suggérée, dans la magnifique éclosion de la nature végétale (la fleur de nénuphar) et dans la vitalité du monde animal sur lequel règne le lion.
 
Il faudrait donc faire la distinction entre ce que Bibracte et Gergovie pensaient, à l'origine, dans leur culture phénicienne/cananéenne et la pensée des Grecs. Comment faire le tri dans le fouillis des statuettes aux diverses et multiples significations ? Quand certains chapiteaux ou objets décorés évoquent Atlas, les Gorgones, les Atlantes, quand les Gaulois élèvent des colonnes à Jupiter ou des statues à Mercure et à Apollon, nous sommes dans les mêmes mythes, mais quand nous décryptons d'autres chapiteaux, nous découvrons un courant religieux différent : cananéen, druidique, judaïque, essénien, messianique, s'inscrivant dans une croyance judaïque en un Christ du ciel, puis dans le Christ des évangiles. Voyez mes récents articles et mes ouvrages.
 
Mais attention ! Je n'ai jamais dit que les évangiles avaient été écrits en Gaule. Il est bien entendu que ces "passions" ont eu comme cadre historique et théâtre la Palestine mais c'est néanmoins dans l'histoire de la Gaule qu'ils peuvent le mieux s'expliquer, notamment dans leur prodigieux rayonnement.
 
Inquiets que nous sommes aujourd'hui pour l'avenir de notre monde, nous nous tournons vers notre histoire passée pour essayer de mieux la comprendre dans ses croyances, voire dans ses mythes. Pouvons-nous faire l'économie de la vérité et poursuivre, plus ou moins bien, dans le mythe s'il y a mythe, je ne le pense pas. Ce n'est pas seulement une question de croyance personnelle ; il s'agit d'une ligne politique sans ambiguité et de l'enseignement d'une histoire vraie. Je ne dénigre rien, je ne cherche pas la polémique, je demande seulement aux philosophes d'ouvrir les yeux et de prendre leurs responsabilités.
 
Qu'ils reconnaissent publiquement mon interprétation de l'Atlantide. Cela devrait normalement me permettre d'être entendu pour le reste.
 
Références : Bernard Sergent est l'auteur de "L'Atlantide et la mythologie grecque".
Luc Brisson est l'auteur d'une nouvelle traduction des "Oeuvres complètes de Platon"
Photos : http://www.romanes.com
 
Note : le tympan et les chapiteaux de Saint André de Mozac permettent de mieux comprendre la pensée religieuse arverne judéo-druidique d'avant le christianisme.
S'inscrivant dans le prolongement et l'héritage iconographique des chapiteaux du Crest/Gergovie - ci-dessus, à gauche - ceux de Mozac rappellent la croyance phénicienne/cananéenne dans le soleil et la lune, un soleil aux allures de Jupiter. Le "faune" ici représenté n'est évidemment pas un satyre. C'est une représentation de Gergovie dans la forme de son terrain si caractéristique. Il confirme mon interprétation du pithos de mon article http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-epopee-des-atlantes-capitale-125152. Le chapiteau où le héros est "confié" (?) à l'océan/léviathan est en rapport avec le mythe de Jonas et de Ninive. Chargé par Dieu de convertir la ville pécheresse, jeté à la mer par ses compagnons, Jonas avait été recraché par la baleine après trois jours et trois nuits. Dieu dépêcha une plante qui grandit au-dessus de Jonas de sorte qu'il y avait de l'ombre sur sa tête. Mais cela peut être aussi, en plus, l'évocation d'une aventure coloniale. Chassés du pays natal, engloutis par l'océan du fait d'une longue traversée, les colons sont recrachés sur la terre promise, au pied de la forteresse du Crest (un pays à convertir ?). On identifie très bien la porte dans le dessin du héraut d'armes Guilaume Revel. Le haut bâtiment que le sculpteur a placé à côté ne peut être que la Tourmagne aux ouvertures en vis-à-vis et que Sidoïne Apollinaire a décrit comme un établissement de bains froids. Enfin, une Vierge-mère présente l'enfant sauveur espéré. (Interprétations sous toutes réserves. Le monument a beaucoup souffert ; il a subi des remaniements et les chapiteaux récents se mélangent aux chapiteaux anciens).
GERGOVIE !
 

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31 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 29 décembre 2012 08:57

    Mes dernières recherches m’ont amené à situer l’Atlantide plutôt entre Calais et Folkestone
    C’est une piste sérieuse à approfondir, une hypothèse qui a ses partisans
    Platon ne l’exclut pas du tout...
    Je vais en parler à Luc Ferry


    • Antenor Antenor 29 décembre 2012 13:26

      Le personnage qui sort de la baleine est chauve comme Héraklès dans la légende où il passe trois jours dans le ventre d’une baleine.


      • Laconique Laconique 29 décembre 2012 13:35

        Le point commun entre Platon et la Bible, c’est la poursuite de la justice. « La justice mène à la vie » (Proverbes, 11, 19). Et c’est parce que les Atlantes se sont détournés de la justice dans le Critias qu’ils ont été exterminés. Tout se tient !


        • Gollum Gollum 29 décembre 2012 18:14

          Les Atlantes dans l’esprit de Platon étaient prométhéens. Ce que n’étaient absolument pas les celtes. Et c’est en raison de cette hybris que les Atlantes ont été punis par les dieux. Il y a donc là encore quelque chose qui cloche... 


          M’enfin bon.... smiley

        • Laconique Laconique 29 décembre 2012 19:02

          Sur l’Atlantide je pense comme vous Gollum. Les pyramides du plateau de Gizeh sont trop parfaites, je suis sûr qu’il y a quelque chose d’un peu mystérieux là-dessous. Et puis, ça me plaît de prendre Platon au pied de la lettre. Mais bon, c’est juste mon opinion, je ne prétends rien prouver…


        • Gollum Gollum 30 décembre 2012 11:32

          Et puis, ça me plaît de prendre Platon au pied de la lettre.


          Oui je suis d’accord là-dessus. C’est une marque de respect (sous entendu : Mourey ne respecte pas Platon..). 

          De la même façon que j’ai toujours accordé du crédit à ce que disaient les Anciens sur pas mal de choses, et je m’en suis très bien porté.. smiley

          On voit là la différence d’avec l’homme moderne convaincu de sa supériorité intrinsèque.

        • Antenor Antenor 29 décembre 2012 13:35

          En ce qui concerne la religion gauloise, il serait intéressant d’établir qui est à la tête du panthéon : « Mercure » ou « Dis Pater » mentionnés par César ?

          Pour ma part, j’ai l’impression que le « Dis Pater » correspond au Cernunnos des statues :

          http://www.cndp.fr/archive-musagora/gaulois/documents/syncretisme_cernunnos.htm

          Si on se fie à cette sculpture, « Mercure » n’est pas le chef des dieux gaulois. Il semble être un frère ou un fils du dieu principal : Cernunnos ( = Dis Pater ?)

          Cernunnos se trouve également au sommet du Pilier des Nautes ce qui renforce l’hypothèse de sa prééminence.

          http://www.paris.culture.fr/fr/ow_pilier.htm


          • L'enfoiré L’enfoiré 29 décembre 2012 17:13

            Emile bonjour,

             Je dois avouer que je n’ai pas saisi le lien entre les 3 parties de votre article.
             Le titre qui ferait penser qu’il faudrait responsabiliser les philosophes.
             La foi socialisante du Pape 
             Le début qui parle de philosophies comme Ferry dont j’ai lu « Apprendre vivre », il y a longtemps, l’approche philosophique.
             L’Atlantide et Platon et Gergovie.
             
             Il est possible que j’ai raté quelque chose.
             Bonne fin d’année 
             

            • epicure 29 décembre 2012 18:34

              Je pense que c’est juste histoire de faire une accroche pour refourguer son idée que Gergovie (planté dans les montagnes du massif central) est la cité qui a été décrite par platon comme engloutie par la mer.
              Tu te rends compte depuis l’océan atlantique, il y a eu un énorme raz de marée venant du côté de l’Amérique ou du Groenland, qui a généré une vague de plusieurs centaines de mètres de haut, mais qui n’aurait affecté que Gergovie et ses environs sans laisser de trace géologique.
              Moi je dis chapeau le raz de marée.

              C’est digne des bigots qui tiennent encore pour vrai , historique le mythe du déluge dans sa version biblique.


            • soi même 29 décembre 2012 17:24

              Dur dur de se faire une raison de sont ignorance, c’est l’apanage des sots de s’attaquer au grand Platon !


              • Emile Mourey Emile Mourey 29 décembre 2012 18:42

                 @ Antenor et @ l’enfoiré

                Après le commentaire de Zen, qui est pourtant quelqu’un d’instruit, j’avais fermé mon ordinateur avec l’intention de ne plus le rouvrir et d’arrêter les frais.

                En fait, si je remercie des commentateurs comme Antenor pour sa précieuse contribution, je ne vois comme issue à mon problème qu’un soutien extérieur à Agoravox. L’affaire me dépasse et si les philosophes et les historiens qui sont entendus dans l’opinion ne se rendent pas compte de l’importance du sujet, l’affaire, dis-je, en restera là et disparaîtra avec moi. C’est un choix.

                Mon article est, en réalité, adressé à Bernard Sergent auquel je fais référence, à d’autres historiens et à quelques philosophes que j’ai déjà contacté ou essayé de contacter antérieurement.

                En introduction, je rappelle la grande question à laquelle on ne peut échapper. Ensuite, je montre que, quelque chemin qu’on prenne, on est amené à se poser la question des localisations de Bibracte et de Gergovie. Ensuite, dans le prolongement, à remettre en question une grande partie des interprétations des chapiteaux dits romans, mes illustrations étant un résumé présenté sous forme de documents archéologiques incontournables qui prouvent toute une évolution religieuse tout en lui donnant une explication logique et non « révélée ».

                • Emile Mourey Emile Mourey 29 décembre 2012 19:38

                  @Antenor

                  Je ne connaissais pas les deux liens que vous m’indiquez. Ils sont très intéressants.

                  Ma première constatation est qu’ils se rapportent à l’époque impériale des tout premiers siècles après J.C. et que de fait, il s’agit de thèmes où Romains et Gaulois se retrouvent, le Diespater restant pourtant au centre de la triade. Que tient-il dans ses bras... un foetus encore entouré de son enveloppe ? Comme vous le savez, mon interprétation de Cernunos du chaudron de Gundestrup est de ne pas y voir une divinité mais « l’homme sage » qui réfléchit face au choix entre le bien et le mal. Votre lien montre que, plusieurs siècle après, il est devenu une divinité. C’est très intéressant de constater comment une réflexion, disons philosophique, se transforme au fil du temps en religion, en dévotion, voire en superstition.

                  C’est exactement ce que je cherche à montrer dans mon article, mais à une autre époque, celle d’avant la christianisation.

                  Evidement, il faudrait d’abord comprendre que les sculptures de Mozac, Mosiacus, auxquelles je me réfère, ne datent pas du Moyen-âge mais du début de la judaïsation du pays arverne. Jonas est le nouveau Moïse. Je ne sais pas si Moïse était chauve, si on peut faire le lien avec Héraklès, mais il est certain que si notre Jonas est représenté ainsi, c’est qu’il y a une raison. Il y a de fortes chances pour que Mosiacus soit un nom dérivé de Moïse.

                  Le mythe de Jonas, c’est quelques siècles avant J.C. Le tympan avec sa Vierge-mère nous rapproche du début du christianisme. Il est peut-être à l’origine de tous les tympans de ce type qui ont suivi. En effet, il s’inscrit, semble-t-il, dans l’iconographie bien connue, mais avant qu’elle ne soit fixée en suivant le protévangile de Jacques. La Vierge est dans le style d’Isis. A gauche et à droite, j’y vois Moïse portant le Livre et Elie, porteur de la clef de la prophétie, donc quelque chose de bien différent ; quoique la représentation des bergers s’y trouve bien d’un côté. En revanche, de l’autre côté, les personnages n’étant pas couronnés, il ne peut s’agir des rois mages. J’y vois plutôt la représentation de la population à convertir : le grand prêtre, le clerc, le peuple (humble)... judaïsme antérieur ou druidisme ou judéodruidisme ??? Je ne sais pas. 

                  • Emile Mourey Emile Mourey 29 décembre 2012 19:42

                    @ Antenor

                    Je rajoute le lien qui n’est pas passé avec mon commentaire :

                    • Emile Mourey Emile Mourey 29 décembre 2012 20:01

                      Rectificatif : à droite, bergers ou rois mages ?


                    • Emile Mourey Emile Mourey 29 décembre 2012 20:08

                      ou plutôt clergé de la nouvelle religion, avec évêques portant crosses.


                    • Antenor Antenor 29 décembre 2012 22:28

                      Mozac dérivé de Moïse, c’est fort possible. Mais cela ne nous renseigne pas beaucoup sur ceux qui ont baptisé ce lieu ainsi. Il peut s’agir aussi bien de juifs rabinniques que de chrétiens évangélistes.

                      Le chapiteau est sans aucun doute à placer dans une perspective messianique mais sans connaissance précise de la date de son élaboration, il est bien difficile de tirer une conclusion dans un sens ou dans l’autre. Les personnages autour du Christ central reprennent probablement les traits des décideurs de l’époque où ils ont été sculptés.

                      A gauche, un Empereur et son successeur désigné figurent Pierre et Paul et à droite trois importants évêques figurent les bergers ?


                    • Emile Mourey Emile Mourey 29 décembre 2012 22:51

                      @ Antenor

                      La présence du chapiteau de Jonas ne peut s’expliquer que parce qu’il est porteur d’un message, comme je viens de l’expliquer à Volt, une sculpture commandée au sculpteur par des chefs qui vivaient, de près ou de moins près, dans la culture de cette époque. 

                      Vous dites, en ce qui concerne le tympan, qu’il est difficile de le dater. Je pense qui si mais il faut approfondir la question et le contexte. Une fois, je suis tombé sur une charte où le rédacteur avait fait un lapsus en parlant de la déesse au lieu de Marie. Déjà, il faudrait savoir si le visage de la Vierge-mère du tympan est noir ou si ce n’est qu’un barbouillage.

                    • Dwaabala Dwaabala 29 décembre 2012 19:43

                      @ Emile Mourey

                      « j’avais fermé mon ordinateur avec l’intention de ne plus le rouvrir et d’arrêter les frais »
                      « l’affaire, dis-je, en restera là et disparaîtra avec moi. C’est un choix. »

                      Nous nous vous connaissons et nous vous apprécions. Il serait regrettable que vous cédiez au découragement.
                      Votre démarche d’interprétation des chapiteaux romans comme résurgence ou simple manifestation des croyances païennes recyclées par le christianisme est parfaitement fondée et d’une extrême richesse documentaire.

                      S’il vous plaît, n’ajoutez pas le mystère de votre disparition et de votre travail à celui de l’Atlantide !


                      • Emile Mourey Emile Mourey 29 décembre 2012 22:26

                        @ Dwaabala

                        Merci pour votre soutien. Mais je fatigue.

                      • Antenor Antenor 29 décembre 2012 21:05

                        @ Emile,

                        Je pense que le Cernunnos du Chaudron de Gundestrup représente Odin, le chef du panthéon germanique.

                        Sur cette plaque, Odin fabrique le monde (symbolisé par une roue) à partir du corps du géant Ymir. D’une manière générale sur le chaudron, les personnages à l’allure massive sont des géants.

                        http://www.archeurope.com/index.php?page=plate-c-broken-wheel

                        http://ragnarok.fr.pagesperso-orange.fr/Pages/Le%20monde%20Nordique/La%20Creation%20du%20monde.htm

                        Sur cette plaque, Odin prépare la punition du dieu Loki à l’aide de son anneau magique. A l’arrière plan, le dieu Thor est en train de capturer Loki déguisé en poisson. En dessous, les deux fils de Loki changés en loups d’entretuent. Loki sera attaché et un serpent déversera perpétuellement son venin sur lui.

                        http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Gundestrupkarret2.jpg

                        http://fr.wikipedia.org/wiki/Loki#Capture_et_supplice


                        • Antenor Antenor 29 décembre 2012 21:13

                          On sait que les Celtes vénéraient une déesse-vache « Damona. » Il s’agit peut-être de la même vache primordiale mentionnée dans la mythologie germanique.

                          http://fr.wikipedia.org/wiki/Damona

                          Damona est associée au dieu Borvo en Gaule. Chez les Vikings, la vache primordiale est associée au dieu Buri. Les deux noms se ressemblent assez pourqu’on se demande s’ils désignent les mêmes divinités.


                        • Antenor Antenor 29 décembre 2012 21:15

                          Pour bien comprendre l’évolution du judaïsme messianique en Gaule, il est important de connaître le terreau « païen » sur lequel il a fleuri.


                        • volt volt 29 décembre 2012 21:15

                          Bonjour, 


                          bien vu sur la lecture en fonction de Jonas, c’est si précis que ça ne fait aucun doute, tous les éléments y sont.

                          Mais si toute sa République pourrait bien constituer un plaidoyer contre l’Atlantide, on ne saurait passer outre le contexte fortement syracusain en vue duquel tout cela fut rédigé par Platon ; il n’empêche que quels que soient les bémols explicites sur la question, le texte du Critias dont nous disposons s’interrompt (post-sacrifice assez clairement poséïdonien) à un moment-clé, dont on peut soupçonner que politiquement il ne serait pas tellement « critique », puisque ça frise la description d’un « âge d’or »...
                          Certes ce n’est pas Platon qui parle mais l’un des personnages, mais ces lignes sont bien là, et l’on peut même s’interroger sur cette étrange coupure qui tombe... si bien. 
                          On pourrait même avancer qu’elle serait de Platon lui-même... à pousser le vice - il était capable de tout.


                          • Emile Mourey Emile Mourey 29 décembre 2012 22:22

                            @Volt

                            En général, je me méfie beaucoup des interprétations qui ont cours et dont on peut prendre connaissance dans les éditions du Zodiaque. Les auteurs ramènent toute l’iconographie à une vision chrétienne. C’est ainsi que « ma salamandre arverne patriotique » devient un symbole de luxure, que le juif porteur de son âme devient porteur de mouton, que les constructions et reconstructions deviennent les fondations primitives etc... personne ne s’étonne de n’y voir aucune référence à la prédication du jésus des évangiles. C’est un désastre culturel alors qu’en essayant de remettre ces constructions et sculptures dans un ordre chronologique logique, on y retrouve toute notre histoire antique et antérieure.

                            En ce qui concerne le chapiteau de Jonas, les éditions du Zodiaque ne se sont pas trompé mais ils ne se sont pas posé la question : pourquoi Jonas et pourquoi pas saint Austremoine ? Il s’agit bien du Jonas juif car le sculpteur a pris soin de représenter l’arbuste dont il est dit, dans la Bible, que Dieu l’avait fait pousser pour donner de l’ombre au prophète ; et cela, d’autant plus que l’arbre est au centre de sa discussion avec Dieu. Jonas voulait détruire Ninive (dans notre chapiteau : Gergovie). Mais Dieu l’en avait dissuadé. Voici le message : « Arvernes idolâtres, remerciez le Dieu des Juifs de sa bonté mais convertissez-vous ! Et parce que nous sommes tolérants, dans une certaine mesure, nous acceptons de représenter votre cité dans l’image d’un faune, mais dans l’image d’un faune pacifique. »

                            En ce qui concerne la fin du texte de Platon, voilà ce que j’ai écrit dans mon ouvrage paru en 1993 : ... la suite est considérée comme perdue. Cette perte qui donnait peut-être la clef du mystère de l’Atlantide a été fort regrettée. Ces pages perdues, nous les avons retrouvées ; ou plutôt, nous avons compris qu’il n’y avait pas de suite au texte de Platon. C’est volontairement qu’il a ainsi arrêté sa prose.
                            Misérables hommes que nous sommes ! Aurions-nous oublié notre indignité ? Comment avons-nous osé espérer entendre les paroles de Zeus, le Dieu tout-puissant ! Aurions-nous voulu par hasard entrer subrepticement dans le conseil des dieux pour connaître les décisions du Très-Haut... et notre avenir ? Allons donc ! la pensée de Platon est claire : la phrase inachevée, c’est l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des hommes, c’est le châtiment à venir, rendu inéluctable par notre faute, mais indéterminé et indéterminable. C’est un avertissement solennel qu’adresse Platon à ses contemporains et à leurs descendants. C’est le même avertissement que nous pourrions adresser au monde d’aujourd’hui : « Hommes ! Prenez garde, sinon... »


                          • volt volt 29 décembre 2012 23:42

                            doublement incroyable...

                            d’abord le fameux détail de l’arbre (qu’on appelle en hébreu le qayqayoun) qui m’avait échappé, mais malgré cela la convergence des éléments vous donne amplement raison ; seulement avec ce dernier détail, c’est vraiment irréfutable.
                            ensuite le fait que mon intuition sur une possible coupure volontaire de Platon, le vicieux, aura aussi été la vôtre !.. Je sais désormais, grâce à vous, que cette idée n’était donc pas complètement farfelue...
                            Bon courage pour la suite, et si vous décidez que la fatigue doit vous accorder quelque repos, considérez qu’au vu de tout le travail accompli, c’est justice.

                          • Antenor Antenor 29 décembre 2012 22:43

                            Dans un autre registre, il est intéressant de noter que la citadelle de Carlat, la principale de Haute-Auvergne, se trouvait sur une montagne qui ressembe beaucoup à celle de la Serre. On y retrouve le même lieu-dit « La Montat ». Autre point commun, la Reine Margot y a séjourné avant son arrestation.

                            Si le Crest était réellement la principale citadelle de Basse-Auvergne, il est anormal que son histoire médiévale soit si mal connue. Elle doit forcément apparaître sous un autre nom.

                            Je n’interviendrais probablement pas sur Avox dans les prochains jours, bonnes fêtes à tous.

                             


                            • Richard Schneider Richard Schneider 30 décembre 2012 17:35

                              à l’auteur,

                              Vous semblez un peu découragé. Je vous comprends.
                              Quoique historien de formation, je ne peux que difficilement donner mon avis sur les questions que vous soulevez. Mais, personnellement, je regretterais que vous mettiez un terme à votre collaboration à Agora Vox : j’ai le plus souvent apprécié le sérieux de votre travail et vos dialogues avec certains commentateurs (pas tous, évidemment !) ont été très instructifs.
                              Mes meilleurs vœux pour 2013.

                              RS.


                              • COVADONGA722 COVADONGA722 30 décembre 2012 18:51

                                Au rude Arès ! A la belliqueuse Discorde !
                                Aide-moi, je suis vieux, à suspendre au pilier
                                Mes glaives ébréchés et mon lourd bouclier,
                                .........Joins-y cet arc.
                                . Tu crois que j’ai perdu mes traits ?
                                Au champ de Marathon tu les retrouverais,
                                Car ils y sont restés dans la gorge du Perse.
                                JM Héredia !
                                yep mr Mourey mes voeux pour 2013, il vous reste des contradicteurs a enclouer  smiley

                                Asinus : ne varietur


                                • Emile Mourey Emile Mourey 30 décembre 2012 23:16

                                  @COVADONGA722

                                  Merci. A vous aussi, mes meilleurs voeux.

                                • soi même 2 janvier 2013 10:42

                                  Bonne Année Emile, votre image sur le cantore et sa légende , je ne peu pas la cautionner, il est évident que c’est chapiteau son en relation à un avertissement moral et un enseignement iconographique destiné aux profame.

                                  Le cantaure est en liens avec le mythe d’Héraclès.

                                  « Le combat contre Héraclès

                                  Héraclès fut un temps l’hôte de Pholos tandis qu’il traquait le sanglier d’Érymanthe. Il exprima un jour le souhait de boire du vin : Pholos le prévint qu’il n’osait ouvrir la jarre à vin, qui était commune à tous les centaures. Mais sur l’insistance du héros, il s’y résolut : alors les autres centaures, sentant l’odeur du vin, devinrent furieux et se jetèrent sur Héraclès, qui en tua plusieurs et poursuivit les autres. »

                                  « Le culte d’Héraclès est répandu dans toute la Grèce, à l’exception de la Crète50 ; il s’adresse tantôt au dieu, tantôt au héros. Il arrive que les deux cultes coexistent, comme à Thasos51 ou à Sicyone52. Il est plus particulièrement rattaché aux éphèbes et au gymnase53 et se caractérise par de grands banquets de viande — la comédie se fonde sur ce trait particulier pour dépeindre Héraclès comme un glouton. Des fêtes consacrées à Héraclès, les Héracléennes (Hérakleia), sont célébrées dans plusieurs régions de Grèce.

                                  Dans la sphère privée, Héraclès est avant tout Alexikakos, celui qui protège du mal54. Par conséquent, on retrouve son image sur des amulettes. Herakleis, « par Héraclès », est une exclamation courante, comme l’est ensuite mehercle en latin.

                                  Héraclès est également célébré en tant qu’ancêtre des Doriens par le biais du mythe des Héraclides. »

                                  Quand au chapiteau où l’homme est précipité dans la bouche Léviathan, il s’agit « léviathan est également, selon certaines versions, le nom donné à un des démons principaux de l’enfer. Il est représenté au Moyen Âge sous la forme d’une gueule ouverte qui avale les âmes, représenté ainsi comme l’entrée des enfers. » 

                                  Et non pas vos élucubrations myticohistoriques, si vous voulez retrouvé la trace celtes dans iconographie, c’est dans le styles de la sculpture que vous retrouvez le bagage celtes, et non pas dans l’iconographie du sujet qui emprunte, aussi bien dans la mythologie grec que dans les images de l’ancien testament, dans se sens vous avez raison la spiritualité des premiers chrétiens et fortement influencer par l’ancien testament qui n’est nullement rejeter par le nouveau Testament.

                                  quand à l’influence de la Mythologie et de la philosophie Grec, elle s’explique si vous vous souvenez des propos de des pères de l’Église qui considéraient que les sages grec comme étant des chrétiens avant l’heure.

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