Dans son encyclique "La foi et la raison", Jean-Paul II avait lancé un appel en direction des philosophes, afin de définir une philosophie commune qui serait un appui efficace pour l'éthique véritable et en même temps planétaire dont a besoin l'humanité (art. 104) ; et il précisait : « L'exigence primordiale et urgente qui s'impose est une analyse attentive des textes : en premier lieu, des textes scripturaires...(art 93). »
Depuis, j'ai suivi avec intérêt le dialogue que M. Luc Ferry a engagé dans la recherche d'un humanisme commun, mais force est de constater aujourd'hui que le magistère de l'Église a durci sa position dans ses dogmes et dans son interprétation littérale des textes. Bien que cette position puisse s'expliquer par la crainte qu'un message trop intellectuel ne soit pas compris, notamment dans le contexte africain et sud-américain, il s'agit là d'un choix discutable qui n'a pas été discuté. Faisant partie des historiens non médiatisés, je ne peux compter que sur la compréhension et le soutien des philosophes en recherche de vérité. Le sujet ne mérite-t-il pas mieux que les digressions sur les crèches de Noël de C dans l'air du 25/12, que la prophétie des Mayas des grandes questions du 21/12, ou que le rappel d'histoire sainte de l'ombre d'un doute du 26/12 ?
Je reprends donc mon discours, mais en l'abordant, cette fois, sous un autre angle, à partir du texte que Platon a écrit sur l'Atlantide.
Le constat est simple : le texte n'est logique et compréhensible dans sa rédaction qu'à condition d'identifier l'île Atlantide à une Gaule d'avant la Gaule. Il y a, en effet, ce qui est de l'autre côté du détroit de Gibraltar, dans l'océan : c'est par là qu'on aborde les côtes de l'île ; et il y a ce qui est en deçà du détroit : les côtes méditerranéennes avec la rade et le port de Marseille au "goulet resserré". Tout cela, je l'ai expliqué en détails dans mes précédents articles.
Par ailleurs, j'ai veillé à bien mettre en évidence le support géographique et historique à partir duquel Platon a développé son mythe, à savoir une Gaule déjà riche d'histoire avec deux capitales fortifiées qu'on ne peut situer qu'au Crest (Gergovie) et qu'à Mont-Saint-Vincent (Bibracte), et certainement pas à Corent ou au mont Beuvray.
Et c'est ainsi que, dans ce présent article, je propose à M. Bernard Sergent, historien, auteur d'un ouvrage sur l'Atlantide, d'enrichir son ouvrage en recherchant en Gaule ce que, jusqu'à maintenant, par la faute d'une archéologie erronée, il n'a pu situer que dans un Occident lointain et mal défini.
Que M. Sergent complète donc son interprétation du jardin des Hespérides en le localisant en Auvergne, même si l'Espagne semble avoir voulu également le revendiquer. Ainsi que la transposition de la Grèce jusqu'en Gaule, des titans, des géants, des champs élyséens, du monde des bienheureux, des morts, et autres mythes. Voyez les sculptures de l'autel de Pergame qui évoquent les combats entre les dieux grecs de l'Olympe et les géants/Galates/Gaulois nés de la terre : combattants de Gergovie aux jambes d'anguipède évoquant le plateau allongé de la Serre, guerriers de Bibracte au bras de lion évoquant le lion couché du horst éduen. Plus qu'un indice, c'est une preuve de plus. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bibracte-gergovie-pergame-le-39957
Qu'il redonne au pays hyperboréen sa capitale de Bibracte, la relation privilégiée qu'elle entretenait avec Delos, son dieu Apollon et son temple à l'abside ronde. Mais aussi ses banquets attestés, comme à Gergovie, par l'archéologie et les textes.
Qu'il redonne à Gergovie la gloire atlante et son rayonnement que Strabon a, lui aussi, évoqué, sa relation privilégiée avec Delphes, sa source miraculeuse et son temple delphique que protége, comme à Delphes, le dragon de la montagne de la Serre.
Qu'il s'interroge sur les deux villes de Théopompe, la Belliqueuse qui ressemble tant à Gergovie et la pieuse qui, par contraste - ou préférence politique - pourrait ressembler à Bibracte... une Bibracte que les Grecs ont peut-être soutenue et encouragée à reprendre la prééminence en Gaule aux dépens des Arvernes.
Comme l'expliquent les auteurs cités en référence, l'Atlantide (de Gergovie) est le type de société dont Platon ne veut pas. Dès lors que les dieux - ou les fondateurs - ont donné l'exemple en installant, jadis, dans la Grèce primitive, une société équilibrée, dès lors que la subsistance de chacun était assurée, il aurait fallu et suffi de la maintenir telle quelle. Vouloir plus et plus loin, c'est la porte ouverte à la compétition et à la rivalité entre cités. C'est ainsi que l'Atlantide et la Grèce sont entrées en conflit. C'est ainsi que l'Atlantide a été condamnée par le conseil des dieux tandis que la Grèce impérialiste d'avant Platon y a perdu son armée. L'enseignement est clair : cette course à la consommation du superflu et à la concurrence conduit le monde au désastre.
Ceci étant dit et puisqu'il faut bien admettre le fait de l'évolution, mais aussi le caractère spécifique des croyances gauloises telles qu'on peut les déchiffrer sur nos anciens chapiteaux, je me tourne, de nouveau, vers le philosophe et lui demande d'essayer de comprendre.
La pensée religieuse de l’Occident est-elle née à Gergovie ? http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-pensee-religieuse-de-l-occident-127146
Je suis un enfant d'une Bresse dont les biefs tranquilles serpentent dans les champs. Assis au bord de l'eau, que faire en attendant le rare frémissement du bouchon, sinon réfléchir. Une bulle d'air qui vient mourir à la surface de l'eau ? une feuille de nénuphar qui bouge sans raison ? Esprit mystérieux du monde souterrain ?
Quelques feuilles qu'un vent léger vient déposer à la surface de l'eau ? Esprit mystérieux du monde des airs ?
J'ai retrouvé tout cela, en Auvergne, dans les chapiteaux du Crest où je situe Gergovie : les tiges de nénuphars qui s'entrecroisent dans la profondeur du lac disparu, les grandes feuilles qui en émergent et d'où sortent, comme par miracle, la fleur à nulle autre pareille. Et puis, le vent qui se lève, les feuilles qui tourbillonnent, les vagues qui mettent en mouvement la surface des eaux tout en faisant ployer la flore sous-marine.
Il n'y a aucun doute sur le fait que les Arvernes ont divinisé leur capitale de Gergovie en la situant à la rencontre des forces du ciel et de celles de la terre. Ils en ont fait une cité mythique, à la fois patriotique et religieuse.
Rencontre de ce qui vient des airs, Jupiter, et de ce qui vient d'en bas, Poséidon ? Je ne sais pas ; mais je suis bien obligé de constater que ces personnifications de Jupiter et de Poséidon, je les trouve dans la littérature et les croyances grecques et pas dans les chapiteaux des temples gaulois. Que cela soit à Gergovie comme à Bibracte, la présence de Dieu n'est, à l'origine, que suggérée, dans la magnifique éclosion de la nature végétale (la fleur de nénuphar) et dans la vitalité du monde animal sur lequel règne le lion.
Il faudrait donc faire la distinction entre ce que Bibracte et Gergovie pensaient, à l'origine, dans leur culture phénicienne/cananéenne et la pensée des Grecs. Comment faire le tri dans le fouillis des statuettes aux diverses et multiples significations ? Quand certains chapiteaux ou objets décorés évoquent Atlas, les Gorgones, les Atlantes, quand les Gaulois élèvent des colonnes à Jupiter ou des statues à Mercure et à Apollon, nous sommes dans les mêmes mythes, mais quand nous décryptons d'autres chapiteaux, nous découvrons un courant religieux différent : cananéen, druidique, judaïque, essénien, messianique, s'inscrivant dans une croyance judaïque en un Christ du ciel, puis dans le Christ des évangiles. Voyez mes récents articles et mes ouvrages.
Mais attention ! Je n'ai jamais dit que les évangiles avaient été écrits en Gaule. Il est bien entendu que ces "passions" ont eu comme cadre historique et théâtre la Palestine mais c'est néanmoins dans l'histoire de la Gaule qu'ils peuvent le mieux s'expliquer, notamment dans leur prodigieux rayonnement.
Inquiets que nous sommes aujourd'hui pour l'avenir de notre monde, nous nous tournons vers notre histoire passée pour essayer de mieux la comprendre dans ses croyances, voire dans ses mythes. Pouvons-nous faire l'économie de la vérité et poursuivre, plus ou moins bien, dans le mythe s'il y a mythe, je ne le pense pas. Ce n'est pas seulement une question de croyance personnelle ; il s'agit d'une ligne politique sans ambiguité et de l'enseignement d'une histoire vraie. Je ne dénigre rien, je ne cherche pas la polémique, je demande seulement aux philosophes d'ouvrir les yeux et de prendre leurs responsabilités.
Qu'ils reconnaissent publiquement mon interprétation de l'Atlantide. Cela devrait normalement me permettre d'être entendu pour le reste.
Références : Bernard Sergent est l'auteur de "L'Atlantide et la mythologie grecque".
Luc Brisson est l'auteur d'une nouvelle traduction des "Oeuvres complètes de Platon"
Note : le tympan et les chapiteaux de Saint André de Mozac permettent de mieux comprendre la pensée religieuse arverne judéo-druidique d'avant le christianisme.

S'inscrivant dans le prolongement et l'héritage iconographique des chapiteaux du Crest/Gergovie - ci-dessus, à gauche - ceux de Mozac rappellent la croyance phénicienne/cananéenne dans le soleil et la lune, un soleil aux allures de Jupiter. Le "faune" ici représenté n'est évidemment pas un satyre. C'est une représentation de Gergovie dans la forme de son terrain si caractéristique. Il confirme mon interprétation du pithos de mon article
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-epopee-des-atlantes-capitale-125152. Le chapiteau où le héros est "confié" (?) à l'océan/léviathan est en rapport avec le mythe de Jonas et de Ninive. Chargé par Dieu de convertir la ville pécheresse, jeté à la mer par ses compagnons, Jonas avait été recraché par la baleine après trois jours et trois nuits.
Dieu dépêcha une plante qui grandit au-dessus de Jonas de sorte qu'il y avait de l'ombre sur sa tête. Mais cela peut être aussi, en plus, l'évocation d'une aventure coloniale. Chassés du pays natal, engloutis par l'océan du fait d'une longue traversée, les colons sont

recrachés sur la terre promise, au pied de la forteresse du Crest (un pays à convertir ?). On identifie très bien la porte dans le dessin du héraut d'armes Guilaume Revel. Le haut bâtiment que le sculpteur a placé à côté ne peut être que la Tourmagne aux ouvertures en vis-à-vis et que Sidoïne Apollinaire a décrit comme un établissement de bains froids. Enfin, une Vierge-mère présente l'enfant sauveur espéré. (Interprétations sous toutes réserves. Le monument a beaucoup souffert ; il a subi des remaniements et les chapiteaux récents se mélangent aux chapiteaux anciens).
GERGOVIE !