L’origine oubliée de notre civilisation : l’Atlantide, Gergovie...
Bibracte, Gergovie, à condition de les replacer sur leurs véritables sites, sont-elles à l'origine de notre civilisation occidentale, l'origine lointaine étant, bien entendu, au Proche et au Moyen-Orient ? Retour aux sources.
I. La pensée de Bibracte dans l'hydrie de Grächwill, vers 580 av. J.C., VIème siècle ?
Exposée au musée de Berne, elle est connue sous le nom de la déesse Artémis, maîtresse des animaux. Je propose une autre interprétation.
Coiffée d’un semblant de tiare phénicienne, la cité de Bibracte regarde dans l’infini de Dieu. Elle étend sur sa population les ailes stylisées du symbole paternel qui trône sur sa tête, le faucon. Sous sa blouse, parce qu'elle est nourricière, pointent ses deux seins. A défaut d’écriture, sa robe est décorée de barres.
De part et d’autre de Bibracte, voici les fondateurs, premiers colons venus du Proche ou du Moyen-Orient. Ce sont eux qui ont dressé la cité sur la hauteur et qui l’y ont maintenue en la soutenant d’un geste sans effort de leur patte levée. Ces hommes étaient des lions, il faut leur rendre hommage, des lions chaldéens du pays de Sumer ou de Sem. Au-dessus, sur le bord du vase, un peu plus petits de taille, les descendants des héros veillent sur la cité dont ils ont hérité, écrasant sous leurs pattes massives le serpent prisonnier dont la langue désormais inoffensive pend lamentablement.
Quant à vous, jeunes guerriers celtes, c’est pour vous que ce vase a été fondu ! Ce livre vivant est votre catéchisme d’instruction civique. Vous voilà, dans les lionceaux, confiant vos frêles pattes dans les mains rassurantes de Bibracte, prêts à vous engager sans peur et avec foi dans l’éternel cycle de la vie qui descend et de la mort qui monte.
Souvenez-vous de vos illustres origines, de ce drapeau que vos ancêtres avaient choisi pour emblème pour signifier qu’un nouveau soleil rayonnant s’était levé sur le monde : le faucon de la cité de Lagash (?). Le faucon pèlerin s’est élevé à la verticale dans les airs de son vol altier. C’est un oiseau guerrier, un oiseau chasseur. Aucun ennemi n’échappe à son regard perçant. Il plane dans les hauteurs. Soudain, il glisse sur les nuages, il pique sur l’adversaire et sa vitesse devient foudroyante. Sans jamais se départir de sa dignité royale, il s’abat sur sa proie .
Le faucon de Lagash (?) est venu se percher sur la forteresse oppidumique de Bibracte, à Mont-Saint-Vincent, au sommet de la Gaule chevelue, et sur cet observatoire à l’histoire de légende, il surveille depuis des millénaires les grands espaces de notre pays, de la Saône à la Loire, et de la Saône au Rhin.
II. La pensée de Bibracte dans l'église de Mont-Saint-Vincent, en Bourgogne... IX ème siècle avant J.C. (?)
Copie ou soeur du temple de Salomon, le temple de Mont-Saint-Vincent, là où je situe Bibracte, n'a pu être construit qu'après, au IX ème siècle avant J.C. peut-être. Il ne s'y trouve dans ses chapiteaux aux lions que du cananéen/sumérien, une glorification/idéalisation du courage militaire/dévouement à la cité jusqu'au sacrifice suprême presque mystique. Point de dieux et de divinités secondaires ayant formes humaines. Seulement "un je ne sais quoi de divin" qui transparaît dans le visage du lion. Dieu est pourtant bien là, mais il ne se devine que dans sa création. Il se devine dans la luxuriance de la végétation, encore mieux dans le règne animal, encore mieux dans le lion royal, le jour, dans l'inquiétant hibou, la nuit.
III. La pensée de Gergovie dans l'église du Crest, en Auvergne... IX ème siècle avant J.C. (?)
Plus fins, moins archaïques, apparemment plus récents, les chapiteaux du Crest, là où je situe Gergovie, ne représentent de même, ni déesses, ni dieux ayant forme humaine. Il ne s'y trouve aux places d'honneur qu'une évocation des deux lampadaires de la Genèse, le soleil et la lune. Là aussi, Dieu est, mais invisible sauf dans sa création qui exprime sa puissance et sa gloire. Il faut être aveugle pour ne pas le voir.
Voilà ! C'est très simple à comprendre. Il y a Dieu inconnu et invisible qui se manifeste toutefois dans la luxuriance de la nature, et il y a la terre-mère qui enfante les hommes et les cités, telle que Gergovie. C'est un constat. La terre-mère au sexe de lotus, coiffée d'un turban solaire, aveugle mais généreuse, nourrit indistinctement la cité de Gergovie dans ce qu'elle a de bon comme dans ce qu'elle a de mauvais, à la fois charnellement et mystiquement. Crachés par le volcan au torque céleste, il y a les bons citoyens, dans le symbole de la salamandre, qui se nourrissent à son sein droit. Crachés par le volcan mauvais, il y a les mauvais citoyens dans le symbole du serpent qui se nourrissent à son sein gauche. Il s'agit là d'un constat. Les citoyens sont-ils prédestinés ? Ont-ils le libre choix ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que les mauvais finiront dans des grands paniers d'osier auxquels les druides mettront le feu (César, DBG VI, 16).
IV. Salamandre, symbole de Gergovie. Pourquoi ?
Parce que, protégée par sa peau, elle peut s'échapper d'un feu sans se brûler ? Parce que son venin est puissant ? Peut-être, mais est-ce suffisant ? Pour des Gaulois qui espéraient aller au ciel, la salamandre n'aurait-elle pas été une image de renaissance par cette étonnante faculté qu'elle a de régénérer un membre coupé ? Et il y a aussi cette curieuse mutation qui la fait passer d'animal terrestre terne et rampant à l'animal aquatique aux curieuses tâches de couleurs évoluant dans des eaux comparables pour l'homme aux eaux célestes espérées. Ajoutons à cela que les salamandres étaient très répandues en Auvergne, notamment près du site sacré de Corent et qu'il en existait plusieurs espèces.
Ainsi s'expliquerait que les salamandres, mais aussi les tritons, leurs cousins, soient représentés dans les chapiteaux archaïques de la région. Mais pourquoi des tritons à deux queues ? Anomalie génétique ou accidentelle ? Dieu présent dans le nature, Dieu créateur toujours agissant, Dieu se faisant remarquer parfois par un phénomène étrange ?
V. A l'intérieur de l'église/temple de Lavaudieu, le soleil et la lune sont toujours honorés mais Adam et Eve font leur apparition, conformément aux croyances cananéennes du texte de la Genèse.
De toute évidence colonie arverne de Gergovie, nous retrouvons à Lavaudieu le symbolisme de la terre-mère aveugle allaitant indistinctement notre Gergovie au sein gauche comme au sein droit ainsi que le soleil rayonnant, quoique avec des traits plus précis, ainsi que le reflet d'une lune entourée de roseaux en forme de lances. Comme ce ne sont que des reflets sur la surface de l'eau, cela signifie que nous sommes toujours dans le symbolisme mais avec toutefois, dans le soleil, une figure d'homme vénérable et dans la lune, celle d'un personnage couronné. Est-ce un retour au dieu Baal/soleil ? Non ! Nous sommes toujours dans le texte cananéen de la Genèse. Femme/population de Lavaudieu, prends garde de ne pas provoquer une nouvelle fois la chute d'Adam (de tes dirigeants). http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-pensee-religieuse-de-l-occident-127146
VI. La pensée de Gergovie dans le cratère de Vix, vers 530 av.J.C., VI ème siècle ?
Debout sur son petit cône volcanique, au fond d'un cratère en forme de cuvette, voici Gergovie ! Son corps est revêtu d'un long péplos et ses cheveux partagés en bandeaux sont couverts modestement d'un voile. Voici l'image douce, fine, intelligente et souriante de la cité de Gergovie !
Conformément au rituel de la libation antique, elle tient dans sa main droite, la phialle pacifique d'offrande. Dans la main gauche, elle offre le vin mystique de son cratère. Décorant les deux anses du vase, voici, là encore, Gergovie, mais cette fois dans son aspect terrifiant et guerrier. Ses bras sont soutenus par des serpents au venin redoutable qu'accompagne, en retrait, le lion symbole du courage militaire. Ses deux jambes terminées en têtes de reptiles puisent leur force invincible dans le liquide sacré et mystique de la lave en fusion, irrésistiblement attirées qu'elles sont par les puissances infernales qui leur ont donné naissance. Gorgones, lions, reptiles, tous ces symboles guerriers sont revêtus de cottes d'écailles.
La Gorgone est née du cratère de même que la Salamandre est née des volcans.
Le cratère de Vix est un étonnant objet de propagande, conçu pour montrer aux “barbares” la puissance civilisatrice de Gergovie, dans sa douceur mais aussi dans sa force. Voici l'armée de Gergovie ! Voyez comme elle défile dans un ordre impeccable, au rythme d'un seul pas. A un escadron de cavalerie succède une unité d'infanterie, puis un autre escadron de cavalerie, puis une autre troupe d'infanterie, et ainsi de suite ; il n'y a ni début, ni fin. L'armée de Gergovie est une armée innombrable et invincible.
Admirez la légèreté et la rapidité du quadrige, la maîtrise du cavalier dans la tenue des rênes, la finesse et l'intelligence du cheval ! Derrière, l'infanterie lourde n'est-elle pas impressionnante de muscles, de force et de virilité ?
Voilà donc ces Gaulois dont on a dit qu'ils combattaient "tout nus". Les cimiers des casques, la forme des chars de combat, l'équipement dans le moindre détail, tout cela n'a rien à envier à l'armement grec. On peut même dire qu'il est identique
VII. Réflexion : pourquoi refuser à la Gaule ce que les historiens accordent pourtant aux autres régions du monde ? Du IX ème siècle au VI ème avant J.C., n'y a-t-il pas là une logique d'évolution ? Sans oublier la logique militaire qui ne peut expliquer les grandes expéditions celtes qui vont suivre que par l'existence d'armées constituées. Reste, il est vrai, le mystère de l'absence de documents écrits qu'ils auraient pu nous laisser.
VIII. 570 ans av. J.C., VI ème siècle, Platon n'avait-il pas raison, dans son Atlantide, de souligner le haut degré d'évolution des Atlantes, de Gergovie ?
Tout est relatif, bien sûr. Comme je l'ai expliqué dans mon précédent article, il lui a fallu reconstituer la géographie du lieu à partir d'informations fragmentaires. C'est ainsi qu'il a bien rappelé les trois murailles de l'enceinte, ce qui est exact, mais qu'il a rajouté les fossés en eau, ne pouvant pas accepter, dans son modèle idéal, qu'elles n'aient pas été prévues. Il indique la bonne distance entre le début de la plaine de la Limagne et la montagne de faible hauteur - montagne de la Serre - sur laquelle se trouve la ville - Le Crest. Il dit bien que la Limagne a une forme allongée de largeur à peu près régulière mais le modèle qu'il en tire est une extrapolation géométrique. Les distances entre chaque district se retrouvent sur le terrain dans les traces que les archéologues ont retrouvées entre les habitations mais celles que Platon a retenues pour la surface totale sont, ou une erreur manifeste ou, là encore, une extrapolation.
Le texte de Platon est, en réalité, une très importante réflexion politique.
Dans un premier temps, notre philosophe imagine une cité athénienne primitive, une cité tout aussi théorique qui n'a jamais existé, et il le savait bien. Certes, il s'appuie, au départ, sur une réalité incontestable selon lui : les premières sociétés civilisées étaient agricoles. Sur cette base, il imagine un type de société idéale qui, une fois organisée pour assurer la subsistance de tous, se serait contentée de cette situation, n'ayant dès lors comme objectif que de la maintenir telle quelle. A cet effet, cette société est articulée en groupes qui ne se mélangent pas. Il y a le groupe des prêtres, le groupe des "créateurs/fabriquants" et le groupe des bergers/chasseurs/paysans. Quant au groupe des guerriers, bien séparés - ces éternels fauteurs de troubles et de guerre - il importe que l'on veille à ce qu'ils soient bien alimentés, mais aussi bien armés pour défendre la cité au cas où. Bien entendu, cela n'exclut pas la pluie des savoirs qui tombe du ciel.
Dans un deuxième temps, en opposition et contraste par rapport à sa société agricole que, manifestement, il préfère, Platon imagine la cité qui évolue du fait du développement du commerce. Est-ce l'image d'un monde phénicien que Platon aurait jugé trop commercial jusqu'à en être envahissant ? L'Atlantide - Gergovie - n'apparaît pourtant pas, au départ, comme mauvaise. Platon ne la condamne pas. Son organisation est mathématiquement bien pensée. Elle a, en plus, un avantage, mais un avantage qui comporte un risque : la richesse de son terroir, et avec elle, la puissance. Et comme les Atlantes sont riches, trop riches, ils construisent jusqu'à l'opulence. Et comme ils construisent des ports, en superflu, ils développent le commerce, ce qui leur permet de faire venir à eux des richesses encore plus grandes... jusqu'au jour où les rois deviennent injustes, jusqu'au jour où, en en désirant toujours plus, ils font la guerre à d'autres ...d'où la contre-guerre "juste" d'Athènes selon Platon, d'où la condamnation divine inéluctable de l'Atlantide... de Gergovie... de nous.
Un peu jaloux, Platon ! Il aurait pu également ajouter : jusqu'au jour où, en en désirant toujours plus, ils épuisent, et la planète et l'humanité ... d'où la condamnation divine inéluctable à venir.
Platon prophète ?
Emile Mourey, 31 décembre 2014, www.bibracte.com, extraits de mes ouvrages. Vase de Vix : photos musée de Chatillon-sur-Seine.
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