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Accueil du site > Tribune Libre > Sans les guerres et la mort tout court, le sort de l’humanité serait (...)

Sans les guerres et la mort tout court, le sort de l’humanité serait plié pour l’éternité. Le dernier exemple, l’Ukraine

 Dans « La mort et son mystère » (1), livre d’une grande humanité, Camille Flammarion pose le problème de la signifiance de la mort sur l’existence humaine. La mort est l’événement suprême de la vie. On doit comprendre plus que la naissance. Ne pas vouloir l’étudier est une puérilité enfantine. Pour avoir une meilleure vision de sa pensée, écoutons-le. « Atome pensant, emporté sur un atome matériel à travers les immensités de la Voie lactée, l’homme peut se demander s’il est par l’esprit aussi insignifiant que par son corps, si la loi du Progrès ne doit pas l’élever dans une ascension indéfinie, et s’il y a un système du monde moral harmonieusement associé au système du monde physique ». (1)

Il est évident que si ces mots furent énoncés par le très respecté savant, à cette époque – ce livre, rappelons-le a été édité en 1920 – c’est qu’ils étaient ressentis, au plus profond de son être. Et il le dit : « L’Esprit n’est-il pas supérieur à la matière ? Quelle est notre véritable nature ? Quelle est notre destinée future ? Ne sommes-nous que des flammes éphémères un instant pour s’éteindre à jamais ? Ne reverrons-nous plus ceux que nous avons aimés et qui nous ont précédés dans l’Au-delà ? Les séparations sont-elles éternelles ? Tout meurt en nous ? S’il reste quelque chose, que devient cet élément impondérable, invisible, insaisissable, mais conscient, qui constituerait notre personnalité durable ? Survivra-t-il longtemps ? Survivra-t-il toujours ? 

 Être ou n’être pas ? Telles est la grande, l’éternelle question posée par les philosophes, les penseurs, les chercheurs de tous les temps et de toutes les croyances. La mort est-elle une fin ou une transformation ? [...] Ne sommes-nous pas devant les arcanes du monde invisible différent de celui qui tombe sous nos sens et impénétrable à nos moyens d’investigation positive ? Ne peut-on essayer, chercher, si certains faits, correctement et scrupuleusement observés, sont susceptibles d’être analysés scientifiquement et acceptés comme réels par la critique la plus sévère ? Nous ne voulons plus de phrases, plus de métaphysique. Des faits ! Des faits ! Il s’agit de notre sort, de notre destinée, de notre avenir personnel, de notre existence. Ce n’est pas seulement la froide raison qui questionne ; ce n’est pas seulement l’esprit ; c’est aussi le sentiment ; c’est aussi le cœur. » (1)

Ce flot de questions posées par l’auteur a-t-il une réponse ? Que va-t-elle répondre la raison froide qui questionne et raisonne ? La raison que l’on sait en nous et dont nous ne savons rien de son essence. Comme du reste l’esprit en nous dont on ne sait rien. Et seul le sentiment d’être nous l’indique et nous fait sentir les problèmes du monde et de notre être, parfois allant jusqu’à nous faire sentir l’absurdité de notre existence. Dans le sens que nous existons pour qu’ensuite nous disparaissons comme si nous n’avons jamais existé.

 Au sens de l’humain, ces questions n’ont pas de véritables réponses qui peuvent nous dire : « Oui, nous sommes nous ! Et nous précisent sur quel support nous reposons ! Quel est l’essence qui fait notre existence ? ». Tout au plus l’humain que nous sommes les appréhende par l’esprit en nous, selon la conscience que l’on a de lui, selon du sens qu’il nous donne de la vie, selon la compréhension que l’on se fait du progrès du monde. C’est précisément cette conscience, ce sentiment que l’humanité est en perpétuelle ascension, que le progrès qui se manifeste en elle la pousse toujours à aller plus loin dans ses investigations les plus vastes, les plus profondes, quel que soit le domaine considéré qui a trait à la vie ; commandées par cet esprit en elle, ces facultés intuitives et abstraites en nous qui viennent presque du néant, dans le sens que notre vide intérieur dûment rempli est ainsi constitué et fait que ce qui relève de nous avance toujours sans même comprendre comment nous eussions fait pour que ce processus de progrès s’opère ; et il s’opère en nous, pour nous et malgré nous.

Cependant, si le progrès du monde est infini, l’homme dans cette humanité reste toujours l’homme dans cet étant du monde ; qu’il se dise « être ou n’être pas », il est à la fois cet être-là qui vit et cet être qui ne vit pas, parce que l’homme ne vit pas par ses propres moyens ; il est créé, vit par cet Être extérieur à lui, c’est-à-dire l’Esprit du Monde, le Créateur du monde. Dès lors se pose la question du sens de la vie ? Du sens de la mort ? Et l’homme savant dans Camille Flammarion a entièrement raison de poser ces questions qui interpellent l’humanité entière.

L’homme naît, vit, mène une vie constituée de mille événements que le plus souvent il subit à son corps défendant. Il se dit « pourquoi je suis cet être-là ? Qui je suis ? ». Et, sans réponse, ce flash de questions disparaît, et pris dans les vicissitudes de l’existence, l’homme continue sa route. Et peu importe sa situation, qu’il réussisse ou non sa vie ; il existe, il est simplement jusqu’au crépuscule de sa vie ; là, il disparaît comme il est venu, ou plutôt comme s’il n’est jamais venu. Ne témoignerons de lui que ceux qui l’ont connu, qui, à leur tour, disparaîtront comme s’ils n’étaient eux aussi jamais venus ; la vie deviendrait alors vide, une illusion d’avoir existé.

Dès lors, l’existence est-elle absurdité ? En apparence, oui ! Puisque nous rencontrons inéluctablement la mort. Nous existons pour ensuite ne pas exister. La question qui se pose : « L’absurdité signifie-t-elle inintelligence ? ». On peut répondre d’emblée : « Impossible ! L’absurdité ne peut être inintelligence. » L’absurdité en tant que sentiment que nous témoignons est une partie intrinsèque de notre vision humaine de notre être et du monde, donc fait partie de l’existence. Une Terre qui tourne par on ne sait quelle force peut paraître absurde et sans sens. Même s’il demeure que c’est une Force Infinie qui la fait tourner. Comme nous aussi nous existons et que nous avons été créés. Et l’absurdité qui nous vient tire sa logique de notre impossibilité de nous représenter l’Essence du monde. Donc tout nous apparaît absurde parce que nous ne comprenons pas notre finalité et la finalité du monde.

De même, lorsque, par exemple, par les beaux matins ensoleillés, on regarde heureux la nature paisible, l’harmonie qui se dégage d’un beau paysage, la verdure, un ciel et un horizon majestueusement éclairés, ou que l’on soit au bord de la mer, au lever du soleil, ou au coucher du soleil, ou dans une ville qui commence doucement à se réveiller..., et partout où nous rencontrions cette félicité de l’existence, pourrait-on dire que ces beaux paysages sont absurdes ? La beauté, l’harmonie du monde, par essence, ne sont pas absurde. Ils ont un sens. De là, on déduit que l’absurde et le sensé sont en nous. C’est précisément cette opposition de deux sentiments en nous qui donnent le sens de notre existence. De même, il en va de la vie et de la mort, elles sont en nous.

Donc absurdité de l’existence et son opposé, l’existence sensée et raisonnable, sont à relativiser. Il demeure qu’il y a un principe intelligent qui régit le monde. Comme la vie pour l’homme pensant est une partie intrinsèque de son existence, la mort configurée comme opposée à la vie est aussi une partie intrinsèque de son existence.

 Pour simplifier le raisonnement, et rendre compréhensible cette approche du sens de la vie et la mort, on peut citer l’expérience de Kastenbaum. « Dans une enquête écrite, en deux parties, il a demandé à 214 étudiants inscrits à un cours traitant de questions liées à la mort d’exprimer de manière concise leurs sentiments au sujet de la vie dans un monde sans vieillissement ni mort. Le travail fut donné avant toute lecture sur le thème du cours. Dans cette première phase, 88% des réponses furent clairement positives. Les commentaires écrits furent de ce type : « Et comment ! Est-ce que ça commence maintenant ? ». Ou « J’aime beaucoup cette idée ! Vous me rendez heureux ! » On donna alors aux étudiants un travail contenant des instructions précises où ils devaient énumérer a) les « effets qu’un monde sans mort pourrait avoir sur les autres et sur la société en général », et b) « les effets d’un monde sans mort sur la manière dont vous-mêmes vous vivez et faites l’expérience de votre propre vie. »

A la suite de ce travail, la question initiale fut de nouveau posée aux étudiants. Les résultats furent significativement inverses avec 82% de réponses négatives et 18% de positives. » (2)

Il est évident que les premières préoccupations qui ont exprimées par les étudiants à propos des effets de l’absence de mort sur la société portaient d’abord sur le problème de surpeuplement. La Terre ne serait pas aujourd’hui à 7,3 milliards d’êtres humains auraient été peut-être le quadruple si la mort a toujours été absente. Et 100 milliards d’êtres humains dans 100 ans. Où irait le monde quand on sait que déjà la Terre est exigüe pour l’humanité. On tente partout d’ériger des frontières infranchissables contre les migrants qui pourtant les franchissent. Partout en Europe, entre les États-Unis et le Mexique, en Asie, entre la Russie et la Chine, et entre l’Asie et l’Europe. En Afrique du Nord, avec la poussée migratoire des pays du Sahel. Et les flux migratoires ne vont pas cesser tant qu’il y a des pays riches et des pays pauvres.

On comprend dès lors la prise de conscience des étudiants que cette situation de non-mort dans l’humanité perturberait gravement la vie sur terre. Les milliards d’hommes et femmes âgés et de bébés qui naîtront non seulement mettront en faillite le système économique mondial mais créerons un décalage entre le nombre élevé d’êtres humains âgés qui s’accumulent et ne vieillissent pas et ne meurent pas. Une situation démographique et économique de l’humanité devenant complexe et à terme la Terre ne suffirait pas pour subvenir à leurs besoins.

Sur un plan purement existentialiste, que serait la vie sans la mort ? Il n’y aura plus cette crainte de mourir, l’être humain aura une existence perpétuelle ; il n’y aura plus ce doute sur la vie. Peu importe que l’homme vivra dans l’exiguïté. Or l’homme sans le doute ne sera plus cet être humain créateur, plus cet homme curieux de la nature, puisque assuré de vivre dans l’éternité ; il ne sera plus l’homme à se protéger de l’autre, de l’envahissement de l’autre ; il est assuré d’exister, et donc d’être pris en charge, quel que soit le moyen pour exister. Dès lors, la vie deviendrait monotonie, l’existence perpétuelle tuerait tout sentiment d’existence, toute joie de vivre dès lors que ses joies auraient été prisées au début de l’existence puis progressivement tombant dans la routine de l’existence, elle deviendrait sans sens.

D’autre part, des dictateurs vont prendre le pouvoir dans tous les pays du monde. Sans la mort, la démocratie perdra son sens. Des dictateurs entourés de gardes prétoriennes vont gouverner les peuples dans l’éternité. Sans contre-pouvoir, tout au plus des luttes entre dictateurs pour le pouvoir qui ne mourront pas, les plus faibles devenant la plèbe des vainqueurs. Au final, nous aurons trois classes ; le haut sommet constitué de dictateurs et de leurs subalternes directes, la classe prétorienne chargée de maintenir le système, la classe plébéienne constitué d’artisans, de ruraux et d’invalides. Mais qui va subir la charge du système, c’est la plèbe devenant un peuple-esclave. Et cela par le seul fait qu’il n’y a pas la mort ; il n’y a pas la crainte que la plèbe se soulève, et change le système ; tout soulèvement est réprimé dans le sang mais sans mort. Les blessés vont augmenter la cohorte d’invalides qui ne meurt pas ; les dictateurs n’auront pas besoin d’armements nucléaires, ceux-ci ne pouvant tuer même s’ils venaient à exister. Il y aura beaucoup de Néron sur terre, les dictateurs, pour tromper l’ennui, incendieront leurs villes.

Que deviendra donc l’existence de l’homme sans la mort ? L’humanité sans la mort ? La perpétuité, l’éternité de son existence serait en fait inexistence. L’homme serait à l’image de cette Terre qui tourne, sans savoir pourquoi il tourne. Il existe simplement. Le sens de l’humain perdrait son sens. D’humanité, l’humanité deviendrait une humanité stérile, une inhumanité. L’homme aurait-il besoin d’une croyance ? D’un Dieu ? D’une pensée d’un Paradis plus doux que cette existence monotone sur terre ? Il est clair qu’il n’aura plus d’espoir parce qu’il n’y aura plus d’Au-delà, pour espérer d’échapper à son destin d’homme-néant existant à l’infini.

En revenant à l’expérience de Kastenbaum, les réponses de ses étudiants que rapporte l’auteur sont significatives de cette prise de conscience du danger qui se présenterait à l’homme s’il devait ne plus mourir : « Impossible de penser que je pourrais vivre sans fin et que les choses pourraient ne pas finir. Il faudrait que je me demande à quoi sert la vie, et je ne suis pas sûr de pouvoir répondre. » « Je ne peux tout simplement pas m’imaginer à quoi ressemblerait vivre une vie dans un tel contexte. Pour être honnête, je ne sais pas quel sens aurait la vie pour moi si je savais qu’elle continuerait encore et toujours... » (2)

Ces réponses des étudiants confortent la crainte de perdre la mort. L’humain que nous sommes et qui concerne le plus grand nombre des humains, qui ne sont pas aux premières loges de la hiérarchie et doivent lutter pour leur existence, que vivre sans fin leur ferait peur ce qu’ils seront, si déjà le peu de l’existence qu’il vive leur est déjà difficile, ne sachant rien de leur devenir. Que sera leurs existences s’ils vivront sans fin. Un paradis ? Un enfer ?

 Dès lors se pose-t-on la question sur la vie et la mort. A un ami, j’avais écrit ans une lettre de bonne année : « Chaque année qui passe alourdit notre âge, comme tu le dis, et 2017 le fera autant que 2016. Une loi de la nature qui nous a créé, mais que l’on doit accepter parce qu’elle est naturelle. Elle n’est pas de l’homme mais de Dieu, et tous les hommes quel que soit leur rang, leur richesse dans la société, leur lieu d’origine sur cette terre, y passent. J’ai l’impression, Mohammed, que la vie n’est qu’un prêt que Dieu nous a accordé. Et nous ne faisons que le rembourser en existant. Si on le rembourse bien, on aurait atteint ce pourquoi il nous a créé. Si on le rembourse mal, il acceptera ce mal puisque nous provenons de Lui. Évidemment, il y aura la sanction à tout bien ou à tout mal. Par conséquent, accepter d’être et sa vieillesse, et tout ce qui peut arriver et en priant Dieu qu’il nous préserve, ou même si on est frappé par la maladie, qu’il nous la rend supportable, qu’il ne nous enlève pas la sérénité. C’est cette clémence que l’on cherche dans notre intérieur, et je crois c’est le plus important. Comme tu le fais d’ailleurs en espérant que nous passerons l’année avec de bonnes surprises. Moi aussi, je joins mon vœu à ton vœu, et inconsciemment en l’adressant à nous, on l’adresse aussi à Dieu. Voilà, mon ami, mes meilleurs vœux. »

Dans cet écrit, il y a cette quête de Dieu dans ce miracle de la vie et de la mort pour l’homme. L’Une ne va pas sans l’autre, et l’autre ne va pas sans l’une. Il y a aussi cette impression, cette sensation puisque la vie nous est donnée, puis elle doit nous être enlevée, et « enlevée pour qu’elle donne sens à la vie », parce que, sans la mort, il n’y a pas de vie, de véritable vie. Dès lors, dire que la vie est un prêt du Créateur est dans un sens une vérité. Le Créateur reprend ce qu’Il nous a donné pour que l’on se sente libre d’exister dans l’existence qu’il nous a donné, d’espérer ici-bas ou dans l’Au-delà. Que l’on croit on non, l’essentiel est d’exister et d’espérer.

Dans l’entre-vie-et-mort, le Créateur aura aussi à nous juger pour ce que nous aurons fait. Mais le Créateur en nous jugeant, juge sa Création. Et sans Lui, nous n’aurons pas existé. Dès lors, le prêt qu’il nous octroyé pour venir à la vie doit avoir un sens, et donc une Finalité qu’Il a inscrite dans nos existences, dans l’existence de toute l’humanité, dont nous ne savons rien.

Pour comprendre cette Finalité que Dieu a mise dans sa création, reprenons la lecture du livre du savant Camille Flammarion : « Pendant l’infâme guerre allemande, qui a supprimé dans la fleur de l’âge quinze millions de jeunes hommes ayant droit à la vie, élevés par leurs pères, par leurs mères, souvent au prix d’énormes sacrifices ce sont des centaines de lettres qui me sont arrivées, accusant l’injustice et la barbarie des institutions humaines, regrettant que la haine de la Guerre qu’un groupe d’amis de l’humanité prêche depuis longtemps n’ait pas été comprise des gouvernants, se révoltant contre Dieu qui permet ces épouvantables destructions, et déclarant leurs existences brisées pour toujours en des deuils irréparables.

Plus que jamais, l’atroce problème des destinées se dresse devant nous.

Hélas ! Les religions, qui ont, toutes, pour origine ce besoin de nos cœurs, ce désir de connaître, la douleur de voir devant soi le cadavre muet d’un être aimé, n’ont pas apporté les preuves qu’elles promettaient. Les plus belles dissertations théologiques ne prouvent rien. Ce ne sont pas des phrases que nous voulons, ce sont des faits démonstratifs. La mort est le plus grand sujet qui ait jamais occupé la pensée des hommes, le suprême problème de tous les temps et de tous les peuples. Elle est le terme inévitable auquel nous tendons tous ; elle fait partie de la loi de nos existences, au même titre que la naissance. L’une et l’autre sont deux transitions naturelles dans l’évolution générale, et cependant la mort, qui est aussi naturelle que la naissance, nous paraît contre-nature. »

Le savant n’a pas si bien dit que « la mort qui fait partie de la loi de nos existences » entre dans un processus naturel de transition. Dès lors doit-on admettre que l’infâme guerre allemande, qui a supprimé quinze millions de jeunes hommes ayant droit à la vie, entre dans un processus naturel de l’existence. En d’autres termes, la première guerre mondiale relevait d’un ordre nécessaire faisant partie de la loi de nos existences. Et que cette guerre entre aussi dans un processus de transition – une naissance de la guerre et une fin de la guerre –, se termine néanmoins avec une transformation de l’ordre du monde.

Dès lors, la Deuxième Guerre mondiale qui a suivi la Première entre aussi dans un processus de transition. Une Deuxième Guerre mondiale que Camille Flammarion n’a pas vécue et qui a fauché plus de quatre fois le nombre de jeunes hommes ayant droit à la vie, élevés par leur et leur mère... se révoltant contre Dieu qui permet ces épouvantables destructions.

La question que pose Flammarion prend-t-elle en compte la Raison du monde, en tant que Finalité suprême de la réalisation du monde ? Parce qu’il faut le souligner que l’humanité se réalise via toutes les œuvres des hommes bonnes ou mauvaises ; en se réalisant les œuvres des hommes, le plan de l’Intelligence universelle se réalise en même temps. Aussi peut-on dire « n’existe que ce qui est nécessaire pour exister, et ce, au-delà des œuvres des hommes qui sont comprise dans la Nécessité de l’existant. »

Le sens des guerres de ces Deux épouvantables Guerres mondiales qui se sont succédé pratiquement à 20 ans d’intervalle, peut être appréhendé par ce qu’elles ont apporté au monde. Et qu’ont-elles apporté ? Des centaines de millions de colonisés ont recouvré leur liberté, leur indépendance. D’abord la destruction de quatre empires européens (russe, allemand, austro-hongrois et ottoman) qui a permis l’indépendance des peuples des Balkans sous tutelles impériales, et par conséquent, la création de plusieurs États (Pologne, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Finlande, Croatie-Slovénie, Lituanie, Lettonie...), à la fin du Premier Conflit mondial. La Deuxième Guerre mondiale termina le reste. Deux continents (Afrique et Asie) se sont libérés de l’impérialisme occidental. Le sacrifice de millions d’êtres humains, au regard de l’histoire et de la libération de centaines de millions d’êtres humains, n’aura pas été vain.

Sans ces deux guerres mondiales, sans ce sacrifice de millions d’êtres humains, le monde serait resté ce qu’il était au début des années 1900, c’est-à-dire un monde constitué de métropoles et de colonies, un monde qui n’aurait pas avancé.

Et que se passe-t-il aujourd’hui en Ukraine ? L’histoire se répète. L’Occident cherche encore à dominer le monde sauf qu’il investit l’Ukraine par procuration ; l’arsenal nucléaire de la Russie à parité avec la superpuissance mondiale, les États-Unis, interdit une Troisième mondiale qui serait une mort généralisée pour toutes les puissances qui dominent le monde. Une Troisième Guerre mondiale éclate même celles qui sont restées neutres seront forcément bombardées et donc entraînées dans une guerre nucléaire, pour éviter qu’une puissance nucléaire reste indemne, émerge et domine les autres.

Mais cette guerre en Ukraine travaille en fait comme le furent les précédentes au développement du monde, développement qui passe par le sacrifice de dizaines ou de centaines de milliers de vies. Tel est malheureusement la marche du monde. Peut-être, après tout, que ces milliers de vies qui ont été tuées ou qui ont subi le sacrifice de la guerre seront ressuscités, leur sacrifie ne sera pas vain. Qu’après la mort, il y a une autre vie. L’idée de la mort et de résurrection se retrouve dans toutes les religions, et la vie après la vie terrestre est une notion tout à fait logique, l’être humain en est seulement ignorant. Les êtres humains qui ont été poussés à la guerre sont-ils coupables d’avoir fait la guerre ? Force de dire qu’ils n’y sont pour rien, parce que telle est la marche du monde. Et ceux qui n’ont pas été tués les rejoindront de mort naturelle plus tard. En clair, la destinée de l’être humain est de mourir.

 On comprend dès lors qu’au-delà des guerres et de la mort tout court, à la lumière de ce qui s’est passé au XXe siècle, et au-delà de la mort et la crainte qu’elle peut susciter, l’homme sans la mort deviendra une chose pour l’éternité, à la merci de systèmes contre lesquels il n’aura aucun recours, aucun pouvoir. Vivre une destinée sans destinée, son sort serait plié pour l’éternité. Donc, au-delà de l’horreur que la mort, quel que soit le chemin qu’elle a pris, peut susciter, de la disparition d’êtres chers, ou de notre disparition – nous mourons tous un jour – il demeure cependant qu’elle est nécessaire à la vie.

La mort entre dans la finalité de la vie. Sauf que l’être humain ne s’aperçoit pas de ce qu’elle apporte à son existence ; il n’en voit que le néant qu’elle suscite, que sa propre mort qu’il refuse, voulant toujours vivre. Mais, tel est d’ailleurs l’instinct de notre conservation jusqu’au dernier souffle de notre existence ; l’être humain est ainsi créé ; il ne s’est pas choisi. Le seul problème est qu’il doit accepter sa destinée, et s’il ne l’accepte pas, il l’acceptera quand même parce qu’elle est inscrite dans sa destinée. C’est la mort qui donne sens à la vie, sans la mort, la vie n’aurait pas existé. Un être humain est en vie que parce qu’il est le contraire de celui qui est mort. S’il n’y a pas la mort, comment peut-on dire que nous sommes en vie ? Nous ne pouvons dire que nous sommes en vie ; ce serait sans sens.
 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur en économie mondiale,
relations internationales et prospective
 

Notes :

1. « La mort et son mystère – Avant la Mort », par Camille Flammarion. Edition Flammarion. Paris 1920

2. « Sens et valeur de la mort », par Ira Byock, M.D., Professeur de philosophie, Université du Montana. Conférence 18 et 19 novembre 2000
http://irabyock.org/wp-content/uploads/2015/01/Byock-Sens-et-valeur-de-las-mort-MP-2003.pdf

 


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13 réactions à cet article    


  • armand 27 mai 2023 18:48

    idemn ici


    • La tension monte entre Téhéran et Kaboul en raison d’un désaccord sur la rivière Helmand. Au début du mois, le président iranien Ebrahim Raisi a averti les talibans de ne pas violer les droits de l’Iran sur l’eau du fleuve.

      Le 27 mai au matin, le ministre des affaires étrangères par intérim des talibans, Amir Khan Muttaqi, a rencontré un envoyé iranien en Afghanistan pour discuter des droits sur l’eau de la rivière Helmand. L’IRNA a pris acte de la rencontre, déclarant que "les problèmes entre les deux pays seront mieux résolus par le dialogue".

      Les troupes iraniennes ont affronté les talibans à plusieurs reprises depuis que le groupe a pris le contrôle de l’Afghanistan après le retrait des États-Unis il y a environ deux ans.

      Traduction : Veille Stratégique

      Source : https://southfront.org/iranian-troops-clash-with-taliban-fighters-in-border-area-videos/



      • Jean Keim Jean Keim 28 mai 2023 08:07

        Ce que nous appelons la mort n’est que l’endroit du décors, c’est à dire ce que nous pouvons observer ici-bas quand nous nommes confrontés à la manifestation de ce dernier moment, puis vient le questionnement que beaucoup, y compris les athées ne leur en déplaise, se posent : et ensuite il y a quelque chose, il y a quoi ?

        Alors on va par exemple citer les cas d’expériences de mort imminente comme preuve d’un au-delà que je ne refuse pas, mais une EMI n’est pas une mort, quand on est mort on ne revient pas en parler sinon on n’était pas (tout à fait) mort.

        Si nous percevons que tout ce que notre pensée peut exprimer n’est que du savoir mémorisé, alors nous comprenons que s’interroger sur la vie après la mort n’a aucun sens, c’est comme vouloir parler de Dieu, tout ce que nous pouvons en dire sera des informations glanées ça et là, mais finalement rien que du réchauffé.


        • Hamed 28 mai 2023 11:27

          @Jean Keim

          Vous êtes confronté à vous-même, y compris les athées, que vous soyez ici-bas ou lorsque arrive le dernier moment. En réalité, vous croyez que vous êtes confronté à ce ceci ou à ce cela, comme les athées qui ne croit pas en Dieu.

          En réalité, c’est l’envers du décor, parce que le décor de l’humain est bien planté dans la vie et le mort, l’être humain, dans l’absolu, et c’est l’absolu qui compte pour comprendre la destinée humaine. La vie et la mort dont dépend l’humain que nous sommes et dont on fait le constat ne provient pas en fait de nous, et nous n’y sommes pour rien dans la vie et la mort, nous matérialisons la vie et la mort parce que cela nous est donné. On est ainsi conçu, on peut philosopher toute l’éternité nous n’aurons qu’une seule pensée que nous donnera la pensée.

          Et cette pensée fait tout pour tous pour que nous pensions nos existences, et arrivons à exister matériellement et spirituellement. Vous rédigez un commentaire et vous le transmettez, pensez-vous que dans l’absolu c’est vous qui rédigiez ?

          Un autre fait, la guerre en Ukraine, pensez-vous que l’invasion le 24 février a été ordonné par Vladimir Poutine et son état-major ? Bien sûr, pour tout les êtres humains, ces sont les Russes qui ont envahi l’Ukraine.

          En ce qui concerne la pensée elle-même, les décideurs russes ont pensé à envahir l’Ukraine, mais si leurs pensées avaient décidé qu’ils n’envahissent pas, Vladimir Poutine et son état-major ne l’auraient pas fait.

          Voilà, Jean, c’est juste ma pensée qui vous éclaire et bien su^ûr ce qui a derrière en vous qi l’accepte.

          Merci pour le post.


        • Géronimo howakhan Géronimo howakhan 28 mai 2023 08:49

          Good morning campers..

          Naître = mourir.........

          début = fin..

          notre refus absolu de cet absolu, empêche notre psyché de se développer comme elle le pourrait et le devrait, est ce que je perçois.

          Nous restons des petits enfants dans des corps d’adultes devenus dément par ce refus entre autre, incapable de vivre la vie pour ce qu’elle est..seulement occupés par vivre la vie comme je veux qu’elle soit, immortelle etc occupé par survivre à tout prix, du moins avons nous cette illusion, mais même ça c’est faux !

          La source de la démence humaine ?

          Non, il y a autre chose derriere et ça pourrait bien être d’une certaine manière paraissant infini par rapport à notre durée , mais ça c’est juste une perception qui pourrait être fausse...

          autre chose comme le désir de la continuité de ce que j’aime, à jamais, à jamais, à jamais, à jamais, à jamais....et le désir de supprimer ce que je n’aime pas..qui très vite devient : de qui je n’aime pas

          la source du mal enfin ?

          Pas du tout,

          derriere que peut il être perçu ? le désir lui même..c’est quoi ce truc ?

          La source du mal ? non

          derriere il y a le processus de la pensée..

          etc..chemin dont la fin sera la mort du corps..pour « JE »

          sujet d’une vie + 3 jours pour la résurrection..

          L’analyse par la pensée ne trouvera rien sur ces sujets, même avec un QI de 15242...comme c’est tout ce qu’il nous reste.....

          à part bonne chance , je ne vois pas..


          • Hamed 28 mai 2023 11:05

            @Géronimo howakhan

            Tout ce que vous avez pensé sur la vie et la mort a un sens, le sens vous est donné par votre pensée même si elle ne vous le donne pas totalement.

            Précisément, elle ne peut vous le donner totalement. Pourquoi ? Parce que si elle le fait, elle ne serait pas pensée, et vous ne seriez pas en vie, et elle aussi finira d’être pensée.

            Dès lors, la mort n’existera plus, ni les conflits intérieurs en l’homme ni avec son semblable, ni les guerres. L’humanité serait une pierre, une montagne telle qu’elle ne dérangera personne.

            Précisément, c’est parce que vous êtes en vie, vous êtes la vie, et non la mort parce que vous ne serez plus lorsque vous serez mort, que la pensée en vous vous donne la vie et c’est son travail ultime qui nous fait croire que nous sommes en vie et que nous mourons tous un jour. C’est par elle que nous croyons à la vie et à la mort, sans elle nous n’existons pas.

            Donc l’évolution de l’humanité entière comme de chaque être sur terre relève de cette pensée qui nous permet d’exister, d’évoluer ou simplement d’être et faire ce que l’ont fait à chaque instant de notre existence.

            Comme vous, Géronimo, vous philosophez lorsque vous rédigiez votre commentaire. En réalité, ce n’est pas vous qui le faisait mais votre pensée qui vous fait croire que vous existez, « et vous existez réellement avec un point d’interrogation ». Voilà, Géronimo le « métaphysicien » par la pensée dont il est et aussi il n’est pas.

            Merci pour le post


          • Géronimo howakhan Géronimo howakhan 28 mai 2023 11:38

            @Hamed

            salutations,
            je cite ceci : Tout ce que vous avez pensé sur la vie et la mort a un sens, le sens vous est donné par votre pensé .même si elle ne vous le donne pas totalement

            surtout pas..c’est l’origine, tout près de, du drame millénaire humain tel que décrît par Adam et Eve, en mode hermétique donc inaccessible justement par la pensée..qui n’est pas du tout notre seule capacité, certes en général c’est la seule qui reste en marche...d’où le drame sanglant , la violence etc

            la pensée n’est pas le centre de quoique ce soit, elle est juste un outil pratique pour ce qui est pratique..certes elle le croit être le centre, finissant par croire à ses propres illusions imaginaires issus de désirs non perçus etc
            de ceci, de cette erreur fondamentale dérive cette illusion d’un je parfait ....à ses propres yeux ,il y a un au delà la pensée, L’Origine, heureusement car celle ci tourne en rond dans son bocal sans le savoir, ça a croisé ma route, toujours lié à la souffrance vécue et non fuit (suicide) comme elle a croisé la route de certains, assez nombreux en fait,....etc

            cheerio


          • Hamed 28 mai 2023 12:56

            @Géronimo howakhan

            Vous êtes, vous êtes, vous êtes... par votre pensée indéfinissable. Vous touchez l’origine ou presque. Comme vous dîtes "tout près de, du drame millénaire humain décrit par Adam et Eve, e, mode hermétique donc non inaccessible justement par la pensée... qui n’est pas du tout notre seule capacité, certes en général c’est la seule qui reste en marche...d’où le drame sanglant , la violence etc« 

            Non, la pensée nous est accessible et nous dit que Adam et Eve n’y sont pour rien dans leur destinée. S’ils ont touché à l’arbre de la connaissance, c’est qu’il devait le toucher pour qu’ils descendirent sur terre. D’où le drame, créer des humains pour qu’ils s’entretuent pour un objet désiré qui est tout et rien.

            Mais c’est la destinée de l’humain de désirer, d’aimer tout pour lui, la puissance, la domination, la richesse ou simplement briller, accaparer et s’il le faut marcher sur les autres.

            Mais l’être humain dans l’absolu, il n’est pour rien, il est laissé à ses instincts comme tout animal sauf qu’il est un animal pensant, et c’est la raison pour laquelle tout ce qu’il fait est regardé de près par Celui qui lui a donné la vie et la mort, et le paradoxe est que la vie sans la mort n’est pas la vie. Aussi peut-on dire que l’être humain certes il vit, mais dans l’absolu, il ne vit pas il est laissé vivre par la pensée et que par la pensée qui n’est qu’un outil pour le relier à la réalité terrestre jusqu’au moment, où il ne serait plus, la pensée l’aura quitté parce qu’il a assez fait ce pourquoi il a été créé. Et surtout qu’il doit partir parce que doté de la pensée, l’être humain briserait cette harmonie terrestre qui existe sur terre.

            Comme déjà il le montre par ses violences, ses guerres. 

            Et c’est un peu comme vous dîtes »a pensée n’est pas le centre de quoique ce soit, elle est juste un outil pratique pour ce qui est pratique..certes elle le croit être le centre, finissant par croire à ses propres illusions imaginaires issus de désirs non perçus etc

            de ceci, de cette erreur fondamentale dérive cette illusion d’un je parfait ....à ses propres yeux ,il y a un au delà la pensée, L’Origine, heureusement car celle ci tourne en rond dans son bocal sans le savoir, ça a croisé ma route, toujours lié à la souffrance vécue et non fuit (suicide) comme elle a croisé la route de certains, assez nombreux en fait,....etc"

            Oui, etc., etc., etc. Le monde humain est ainsi, il ne s’appartient pas pourtant, il cherche à devenir le centre du monde alors qu’il n’est illusion, il est mortel.


          • Géronimo howakhan Géronimo howakhan 28 mai 2023 16:08

            @Hamed

            Oui, mortels nous sommes et centre nous ne sommes pas, moi j’y vois un glitch énorme dans la psyché...mais ce sujet est si vaste, etc, il n’est pas réellement approprié pour de l’écrit ici,...on peut certes l’ évoquer et c’est déjà pas mal voir bien...de même que de lire un livre de cuisine ne nourrit pas, , mais sert quand même...bonne route..


          • Ecureuil66 29 mai 2023 09:29

            Merci à l’auteur pour cet article que j’ai trouvé très interessant, et très atypique...

             Nous devons changer de lunettes souvent pour voir la vie avec d’autres yeux que les nôtres....en effet il est capital de prendre du recul pour analyser sans être pris dans l’émotion ce qui se passe ou ce qu’on vit ( « se détacher » disent les bouddhistes) et je pense que là vous êtes vraiment dans le détachement suprême !

            J’ai lu des livres qui disent que la vie est un jeu, jeu auquel nous avons demandé de participer et dans lequel nous jouons un rôle , ce qui semble rejoindre un peu votre pensée... merci donc pour cet instant de profonde reflexion


            • Hamed 29 mai 2023 14:59

              @Ecureuil66

              Merci aussi à vous et à votre pensée qui vous a gratifié d’un enrichissement certain de la compréhension de votre soi, soit vous-même et le soi des autres. Puissiez-vous être toujours proche d’elle, vous ne retiriez qu’être plus en votre être.

              Ce n’est pas le cas de tous, mais la Nature a ainsi créé le tout et ses différences. Bonne route comme dit Géronimo


            • beo111 beo111 30 mai 2023 09:07

              Oh ben oui, perso je préfère méditer sur la mort plutôt que de penser à la retraite, car au moins, la mort, on est sûr qu’elle va arriver. Alors que la retraite...

              En tout cas bravo à l’auteur, je ne connaissais pas l’expérience de Kastenbaum, et c’est très intéressant. Ça me fait penser au TCE. En 2004 tout le monde était pour, jusqu’à ce qu’on le reçoive par la poste et qu’on puisse l’étudier.

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