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Accueil du site > Tribune Libre > Stratégie du choc et de la tension : résultats positifs !

Stratégie du choc et de la tension : résultats positifs !

Naomi Klein a publié un ouvrage faisant référence : « La stratégie du Choc ou le capitalisme du désastre note ». Celui-ci explique, à l'aide de nombreux exemple la manière dont les « chocs », qu'ils soient naturels ou provoqués, permettent une exploitation des ressources et des populations qui, sans ce choc, n'aurait pas été possible. La stratégie de la tension est un cas particulier de la stratégie du choc consistant à créer un climat de choc par l'usage de méthodes impliquant la force armée note.

Les citoyens de pays membres de l'UE sont aujourd'hui confrontés à l'application de ces techniques. Les résultats, qui sont déjà partiellement visibles, seront une diminution de leurs moyens de subsistancenote, une perte de leurs libertés démocratiques et un renforcement du contrôle et de la surveillance dont ils sont l'objet.

Le « choc » est matérialisé par la crainte de l'effondrement du système financier dont on leur dit qu'ils seront victimes : des chiffres astronomiques sont avancés (on parle de centaines voire de milliers de milliards d'euronote) sans mise en perspective et sans explication claire des tenants et aboutissements. Il est remarquable que les créances ne soient jamais abordées or, s'il y a dette, il y a créance.

La seule possibilité présentée aux populations est de payer les banques en « faisant des économies », c'est à dire en supprimant les ressources et solidarités interpersonnelles de ces populations. Sont visés les salaires, les retraites, les allocations sociales, les services culturels et de santé, et toute dépense des états leur profitant. Sont exemptés de diminution les budgets des forces armées et de contrôle, les sociétés transnationales et, plus généralement, ce qu'il est convenu d'appeler « le grand capital ».

Parallèlement, un « fonds de stabilisation » (FESFnote) très vite remplacé par un organe permanent, le « Mécanisme Européen de Stabilité », (MESnote) est mis en place. Ce fond est présenté comme un soutien aux pays en difficulté et l'on voit donc mal comment l'on pourrait s'y opposer. Des propositions pour une meilleure gestion sont aussi faites : plus jamais l'on ne permettra des déficits qui entrainent, comme c'est le cas actuellement, des régressions sociales graves. Ces fonds et mécanismes sont en réalité des constructions administratives qui dépouillent les états de leur souveraineté et les populations de leur contrôle démocratique. Les budgets des états ne seront plus décidés par les parlements nationaux mais par les superstructures technocratiques constituées de personnels non-élus, les parlements nationaux devenant des « coquilles vides ».

Ce qui n'est pas expliqué aux populations, c'est que différentes actions sont possibles, que différentes options s'offrent à eux. Ce qui n'est pas expliqué aux populations, c'est que les moyens de se sortir de ces situations existent et sont à portée. Ce qui n'est pas expliqué aux populations, c'est les effets des politiques qui se décident aujourd'hui, que ces effets se manifestent à court, moyen ou long terme.

Une autre conséquence de ce « choc » est l'acceptation par les populations et ce qu'elles perçoivent comme les classes dirigeantes d'un nouveau mode de « gouvernance ». L'Union Européenne, organisme déjà fort peu démocratique et au contrôle incertain – est il besoin de rappeler le déni de démocratie que fut l'adoption de sa constitution ?-, était régie par des règles claires et fixées par des traités négociés par tous les états membres. Il était encore possible d'affirmer que le droit, à défaut de la démocratie, prévalait.

A la faveur de la crise les institutions ont été balayées d'un revers de la main et deux pays, l'Allemagne et la France, ont entrepris de prendre des décisions hors cadre légal et d'interférer dans les affaires intérieures d'autres pays de l'unionnote. Une des qualité de cette union qui était le respect de ses traités fondateurs a volé en éclat, signifiant donc la fin de la primauté du droit.

L'application de la stratégie de la tension a été particulièrement visible en Grèce : alors que le pays faisait face à des grèves générales et à une situation politique tendue, des journaux anglo-saxon ont fait part de rumeurs de coup d'état et le premier ministre alors en fonction, Monsieur Papandreou, a limogé l'entièreté de l'état-major de son armée. Ceci n'est pas encore l'usage d'attentats « sous fausse bannière » pratiquée par l'OTAN durant de nombreuses années dans les pays européens dont les politiques ou les idées des populations paraissaient déviantes de la ligne de conduite fixée par l'organisation militaire. Mais pour qui se souvient de la brutalité du « régime des colonels » il ne fait pas de doute que la menace était très sévère.

Le réveil des populations est certainement envisagé par les différents pays de la zone qui ont déjà pris les mesures adéquates pour que la situation ne « dégénère » pas en insurrection générale, comme les situations pré-insurrectionnelles de la Grèce et du Portugal peuvent le laisser penser. Nous ne noterons que la création, voici plusieurs années, de la force de gendarmerie européenne (EUROGENDFOR), la demande de la Grande Bretagne à ses ambassades de préparer l'évacuation de ses ressortissants en cas de troubles et la grande capacité des troupes de maintient de l'ordrenote.

Alors que nous ne sommes pas encore à l'aboutissement de ces politiques, l'on peut en percevoir la matérialisation par la chute de gouvernements de la zone Euro et la composition de leurs successeurs. Il est aisé de comprendre que les principaux acteurs de cette crise sans précédent de la zone euro, dont on disait qu'elle avait pour principal avantage de maintenir la paix, la prospérité et la démocratie, en sont aussi les principaux bénéficiaires. Au rayon des chutes de gouvernement nous pouvons noter les cas du Portugal, de la Grèce, de l'Italie. La composition des nouveaux gouvernements de la Grèce et de l'Italie étant exemplaires.

En Grèce, le nouveau chef de gouvernement, Monsieur Loukás Papadímos, a été gouverneur de la Banque de Grèce entre 1994 et 2002, puis vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) jusqu'en 2010. Il a travaillé pour Goldman Sachs et est membre de la Trilatérale. Il n'a pas hésité à accepter le soutien de l'Alerte populaire orthodoxe, un parti d'extrême droite.

Son premier vice-premier ministre est Monsieur Theódoros Pángalos. Nous ne pourrions lui tenir rigueur du fait que son grand père fut chef du gouvernement durant une période dictatoriale, en 1926 mais noterons qu'il fut président du conseil de l'UE. Wikipedia indique, comme profession « avocat, économiste ». Monsieur Stávros C. Dímas fut Commissaire Européen de 2004 à 2010, mais a aussi travaillé à la Banque Mondiale. C'est un avocat diplômé des universités d'Athène et de New York. Monsieur Giórgos Papakonstantínou a travaillé dix ans pour l'OCDE. Madame Ánna Diamantopoúlou fut Commissaire Européenne de 1999 à 2004 et fut invitée à deux reprises aux réunions du groupe Bilderberg. Monsieur Pávlos Geroulános fit ses études au Williams College puis à Harvard et ensuite au MIT (Massachusetts Institute of Technology). Il a travaillé pour Alpha Bank et Barclays.

En Italie, le premier ministre est Mario Monti. Il a été commissaire européen au Marché intérieur en 1995, puis, en 1999, commissaire européen à la Concurrence. En 2005 il devient consultant pour Goldman Sachs. Il est, lui aussi, membre du Bilderberg et de la Trilatérale. Son gouvernement, constitué de personnages que l'on peut qualifier « de droite » est pudiquement appelé « gouvernement de techniciens ». La quasi-totalité de ses membres sont liés aux milieux financier, à tel point que cela en est caricatural.

Giulio Terzi di Sant'Agata, le ministre des affaires étrangères, fut conseillé politique auprès de la délégation italienne au conseil de l'atlantique nord, ambassadeur en Israël et aux USA. Il fut aussi en poste à la représentation italienne auprès des Nations Unies. L'amiral Giampaolo Di Paola, le nouveau Ministre de la Défense (de la guerre ou de l'attaque eussent été des qualificatifs plus justes) est un ancien président du Comité militaire de l'OTAN. Il n'est pas besoin de rappeler qu'il est extrêmement rare qu'un militaire en exercice soit ministre dans un pays se disant être une démocratie. Corrado Passera, responsable du développement économique, est un ex-administrateur de la plus grande banque italienne, Intensa Sanpaolo et a exercé des mandats dans un nombre considérable d'entreprises, tant publiques que privées. Piero Gnudi est un dirigeant d'entreprise. Il fut président de la société d'énergie électrique Enel, il a fait partie du conseil d'administration de l'Institut de reconstruction industrielle (IRI) avec la charge de la privatisation en 1997. Il est membre du directoire de Confindustria, de la direction d'Assonime et de l'Aspen Institute et est également conseiller d'Unicredit Italie.

Continuons la découverte des membres de ce gouvernement. Monsieur Mario Catania fut directeur de la DG (direction générale) au marché intérieur de l'UE. Madame Elsa Fornero siège, comme vice-présidente, au conseil de surveillance de la banque Intesa Sanpaolo. Monsieur Barca est président d'un comité de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Monsieur Enzo Moavero Milanesi a été juge auprès de la Cour de justice de l'Union européenne et fut directeur général du Bureau of European Policy Advisors. Monsieur Andrea Riccardi a reçu le prix international Charlemagne en 2009, prix qui témoigne de son engagement européen. Madame Paola Severino a participé à la rédaction des lignes directrices de l'Association italienne des banques pour l'adoption de modèles organisationnels sur la responsabilité administrative des banques. Monsieur Mario Catane est un ancien directeur général de la DG (direction générale) de l'Union européenne pour l'intégration communautaire des marchés et politiques internationales. Francesco Profumo a été membre du conseil d'administration de FIDIA S.p.A. et de Unicredit Private Bank, le 12 avril 2011, il est nommé membre du Conseil d'administration de Telecom Italia. Il est en outre conseiller du Sole 24 Ore (presse économique) et de Pirelli.

Toutes les personnalités accédant aux responsabilités à la faveur de cette « crise » sont donc des personnes proches du monde de la finance -et particulièrement de la banque Goldman Sachs, banque qui a aidé la Grèce à trafiquer ses comptes publics et a de lourdes responsabilités dans la crise financière de portée mondiale que connaissent les USA et les pays de l'UE, et dont le gouverneur de la Banque Centrale Européenne (BCE) est aussi un collaborateur. Ces personnalités ont comme point commun d'être favorables au « mondialisme », de soutenir fermement les institutions européennes et l'OTAN et d'être fortement marquées « à droite ».

Peut on raisonnablement penser qu'elles eussent été élues ou désignées dans des conditions « normales » ? Peut on toujours parler de « démocratie » ? Nous vous laissons juge.

 

Notes et références

Note 1 : « Ces quatre dernières années, j’ai mené des recherches sur ce domaine peu exploré de l’histoire économique : la manière dont les crises ont préparé le chemin de la révolution économique droitière tout autour du globe. Une crise frappe, la panique se répand et les idéologues colmatent la brèche en réorganisant rapidement les sociétés dans l’intérêt des entreprises les plus importantes. Je désigne cette manœuvre sous les termes de “capitalisme du désastre” ». Naomie Klein.

Note 2 : L'expression provient des troubles qui eurent lieu en Italie durant les « années de plombs », de 64 à 80 et s'applique à de nombreux cas. Voir l'excellent ouvrage de Daniele Ganser : « Les guerres secrètes de l'OTAN »

Note 3 : Voir les situations sociales en Grèce, Espagne, Italie, France, … Liste non-exhaustive de pays membres de l'UE connaissant des reculs sociaux importants. Le nombre de pays va, de l'avis de tous, augmenter et les restrictions s'aggraver.

Note 4 : Voir le FESF sera renforcé

Note 5 : Voir FESF

Note 6 :   Voir article « MES : un coup d'état dans 17 pays européens »

Note 7 : Voir « L'Europe des Gardes-Chiournes » "Dossier UE"


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13 réactions à cet article    


  • armand 12 décembre 2011 10:58

    Merci Tanguy, c’est effectivement la mise en place finale et définitive de ce qui était longuement mijoté depuis 30 ans, je dis finale jusqu’au vrai réveil des peuples mais évidement cela être un peu chaud.... smiley


    • devphil30 devphil30 12 décembre 2011 11:06

      La stratégie du choc est un très bon livre.


      Merci pour votre article

      Philippe 

      • Hermes Hermes 12 décembre 2011 13:53

        Bonjour,

         peur et culpabilisation sont les ressorts psychologiques indispensables de ce genre de stratégie.

        Chaque être humain a peur et c’est normal. Or nous avons la possibilité de sortir de notre peur, et c’est un constat très important. En effet l’influence de tous les chocs et les messages qui paralysent les populations n’est effective que si pré-existe notre peur existentielle, celle qui provient des racines de notre personnalité..

        C’est pour celà que le travail de la présence, par l’attention, est tellement fondamental : en diminuant les appréhensions, il permet de développer une liberté intérieure suffisante pour ne pas s’identifier à tous les scénarios effrayants qui nous maintiennent dans le cauchemard et pour sortir des interprétations toutes prêtes que l’on nous sert .

        C’est maintenant très précisément que notre vie a lieu. Personne ne vous rendra ce moment de bonheur potentiel si vous ne vous l’accordez pas immédiatement. Et de fait, vous aurez une vision différente d’autrui : dans le présent, il n’y a plus de séparation possible : l’autre est aussi nous-même et son bonheur devient nécessaire. Avec un peu de pratique (volontaire ou fortuite) de la présence, on se rend rapidement compte qu toute considération égoiste nous éjecte de cette tranquillité.

        Maintenant se trouve le fondement de toute démarche solidaire, et là se trouve aussi la force nécessaire.

        Très bonne journée à tous.


        • Ronny Ronny 12 décembre 2011 13:54

          @ auteur

          Excellent livre que je vous remercie de citer. Ceci dit si ma mémoire est bonne, le sous titre est « ou la montée d’un capitalisme du désastre »... Et bon papier !

          Ayant lu ce livre, je me demande si le creusement de la dette n’est pas partie prenante, volontaire, de cette monté d’un capitalisme du désastre au service des plus riches. je m’explique : vous réduisez les rentrées fiscales en faisant des cadeaux énormes à vos copains nomenklaturiste (ou oligarchiques comme vous voulez). Vous être donc obligé de réduire le « train de vie de l’Etat », entendez les services publics (hôpital, école, etc.), ce qui crée une tension supplémentaire et vous permets d’ailleurs de justifier du remplacement de certains services publics par le secteur privé (qui fait tellement mieux pour tellement moins cher, joke bien sur !) en n’oubliant pas vos petits copains qui vous ont prétés qui un yatch, qui une résidence somptueuse pour vos vacances.

          Dans le même temps, vous ne compensez pas le déficit des rentrées (de toutes façons vous ne le pourriez pas), et vous laissez se creuser la dette publique. Qu’importe, ce seront de toutes façons les citoyens qui payeront si les banques doivent se cracher après d’éventuelles pertes liées au achats de dettes putrides.... et cela vous permettra aussi de metre en place des msures toujours plus « libérales » que vous pourrez justifier d’autant plus facilement que la crise s’aggravera.

          En deux mots, pensez qu’un gouvernement ultra -libéral comme celui de Talonnette 1er (qui est bien un ennemi du peuple et pas un adversaire) a un intérêt fort à aggraver les crises, cela rentrant effectivement dans le schéma global décrit par la « stratégie du choc »


          • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 12 décembre 2011 19:48

            @ Ronny

            Votre propos, ainsi que celui de l’auteur, est curieux !

            Vos conclusions sont diamétralement opposées à votre démonstration.

            Vous affirmez (avec raison) qu’il y a connivence entre l’état et certains privilégiés.
            Que l’état prend en charge des dettes privées.
            vous réduisez les rentrées fiscales en faisant des cadeaux énormes à vos copains nomenklaturiste (ou oligarchiques comme vous voulez) Vos termes de nomenklaturistes ou oligarchiques sont tout à fait propre et font référence aux privilégiés des régimes socialistes.

            Vous critiquez le gouvernement actuel qui augmente les impôts, les déficits, et les subvensions à certaines entreprises.

            Toutes situations dénoncées avec force depuis toujours par les libéraux.
            Et votre conclusion, c’est que cela serait dû à un excès de libéralisme ???

            Savez-vous ce que le mot « libéralisme » veut dire ?
            Connaissez-vous la philosophie libérale ?

            Il semble que non. Je ne saurais que trop vous conseiller d’aller lire des texte libéraux : Hayeck, Bastiat ... Ou de naviguer sur des sites libéraux : wikilibéral par exemple.

            Le seul passage où vous critiquez ce qui serait du libéralisme : « diminution de la dépense publique », vient
            * de votre confusion entre services publics, et service de l’état. Par exemple, les opérateurs de téléphonie mobile, ont des missions de service public. Ils n’en sont pas, néanmoins, des entreprises privées. Idem pour les chaines de radio et de télévision, les autoroutes et leurs stations services, les sociétés des eaux ...

            * de votre méconnaissance de réalité économique : Les hôpitaux coutent 40% plus cher pour un même acte qu’une clinique privée, à activité strictement égale.
            Le collège publique coute 2000 euros de plus par an et par élève qu’un collège privé sous contrat, Tout compris !

            Le coût pour la sécurité social, ou de l’éducation nationale n’est pas anodin. Bénéficier d’un même service (soin, éducation) pour un coût moindre (et souvent un service meilleur) est un avantage pour les finances publiques et donc pour les citoyens-contribuables que nous sommes. Il s’agit donc bien d’améliorer un service public.

            Enfin, dernière remarque, quelle est l’orientation politique des pays qui sont le moins touchés par la crise ? En particulier ayant moins de chômage, ce qui est pour moi le plus important.

            C’est pays sont : La Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suède, les Pays-Bas, le Canada, le Danemark (pour ne citer que ceux de culture européenne). Vous avez deviné ?

            Ceux sont les plus libéraux ! (A ne pas confondre avec « conservateur »).

            Quels sont ceux qui ont le plus souffert de la crise ? Grèce, Espagne, Portugal (Socialistes), puis Italie, France, Etats-Unis (conservateurs et sociaux-démocrate).


          • tanguy 12 décembre 2011 20:04

            Merci pour votre contribution.

            Comme vous l’aurez noté, Ronny utilise le mot libéral en utilisant des guillemets, ensuite il parle d’ultra-libéralisme, notion qui, de nos jours est comprise comme le « système oligarchique » que nous connaissons. Il y a actuellement, de fait, une grande difficulté à réfléchir et dialoguer tant les mots et concepts sont « tordus » et parfois utilisés à contresens.

            Je dirais que ce que l’on nomme « l’ultra-libéralisme » est au libéralisme ce que le stalinisme est au socialisme (de Jaurès).

            Par contre, ce que vous affirmez par rapport au coût de certains services est pour le moins sujet à caution.


          • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 13 décembre 2011 00:27

            Il faut donc se méfier du vocabulaire. Ultra-libéralisme est un néologisme dénué de sens et qui est utilisé pour dénigrer le libéralisme.

            C’est donc un moyen de faire prendre des vessies pour des lanternes. A critiquer le parti de la liberté, on promeut celui de la soumission à l’état, à ses hauts fonctionnaires et technocrates.

            Comment critiquer ensuite les décisions des gouvernants élus démocratiquement, si on leur donne les pleins pouvoirs ?

            Tout les étatiste, socialistes ou conservateurs, sont incohérents quand ils critiquent la légitimité des décisions du gouvernement en place.

            Seuls les libéraux (ultra, néo etc) sont constants dans leur refus de confier à l’état plus que nécessaire : Garantir la sécurité intérieur et extérieur des citoyens. Protéger la propriété. Faire respecter la justice pour garanti à chacun des droits égaux, et défendre ainsi les droits du plus faible face au plus fort.

            A vouloir embrasser trop de fonctions, à vouloir tout gérer, l’état abandonne ses fonctions régaliennes.

            Pourquoi, par exemple, considère-t-on que tout les citoyens ont la compétence nécessaire pour choisir leur médecin, leur constructeur automobile (auquel ils vont, dans les deux cas, confier leur vie et celle de leur enfant), leur assureur auto et habitation, leur député et même le président de la République, pourquoi donc, les considère-t-on tout à coup incapables de choisir l’école de leur enfant, leur organisme d’assurance retraite, de santé et de chômage ainsi que leur syndicat et l’âge de départ à la retraite ?

            Entretenir la confusion entre libéralisme (ultra ou non) et l’étatisme affairiste est une imposture dangereuse, qui, en plus, conforte l’oligarchie en place : Plus de 55% des députés sont, soit fonctionnaires, soit salariés d’organisme subventionné.

            La moitié des entreprises du CAC40 sont gouvernées par des énarques.

            Pour finir, les chiffres que je cite sont tout à fait corrects. Vous pouvez les retrouver en compilant des informations de l’OCDE, de l’INSEE, du nouveau site open data du gouvernement. Si vous voulez consulter des études synthétiques, aller sur http://www.ifrap.org/


          • tanguy 12 décembre 2011 14:09

            Bonjour,

            Merci à vous pour l’intérêt que vous avez porté à l’article et pour vos commentaires.

            La « Stratégie du Choc : la montée d’un capitalisme du désastre » est effectivement un livre à conseiller au plus grand nombre. Naomie Klein et de nombreux autres sont convaincus qu’une fois conscientes de ces stratégies, les populations « ne se laissent plus faire » et parviennent à les mettre en échec. C’est bientôt Noël, peut-être une bonne idée de cadeau ...

            Je rejoins les propos exprimés ici par Hermes et Ronny.


            • Richard Schneider Richard Schneider 12 décembre 2011 16:36

              La phrase de Hermes, «  peur et culpabilisation sont les ressorts psychologiques indispensables de ce genre de stratégie », me semble particulièrement pertinente pour qualifier la situation actuelle en Europe.

              L’auteur a raison de prendre le postulat développé par N.Klein pour étayer sa thèse : la journaliste canadienne, en décrivant les conséquences de l’ouragan Katrina, par ex. - qui a ravagé la Nouvelle-Orléans en 2005 - essaie de démontrer comment l’administration Bush a détruit les restes de solidarité commune qui pouvait encore subsister dans cet état ; tanguy montre qu’à travers la Crise qui frappe l’Euroland l’ultra-libéralisme introduit dans les esprits la peur et la culpabilisation. Peur en agitant l’exemple grec ; culpabilisation en assénant à travers les médias toujours la même rengaine : « vous avez vécu au-dessus de vos moyens, maintenant il vous faut payer (c.à.d.expier) ».
              Les moyens utilisés sont toujours les mêmes - voir La Présidentielle de 2012 : une vaste manipulation ?
              Le fait nouveau, bien décrit par l’auteur, c’est que les « valets » (les chefs d’état et ministres) de la mondialisation qui, jusqu’à présent agissaient - en Europe - plutôt dans l’ombre, ont été remplacés par de « vrais » acteurs : Monti, Papadimos, Draghi. Il faut croire que Papandréou ou Berlusconi n’étaient pas assez soumis ...
              Quant à l’avenir, je ne suis pas très optimiste. Je ne pense pas que les peuples européens aient les ressources morales et psychologiques pour tenter une révolte d’envergure. Les dégâts commis par l’ultra-libéralisme, théorisé dès les années 1970, par l’École de Chicago et par l’ennemi juré de N.Klein, Milton Friedman, la chute du Mur, la construction de l’UE etc ... ont trop imprégné l’inconscient collectif des Européens pour qu’ils remettent fondamentalement en cause le système. La contestation en Grèce s’essouffle, les élections espagnoles ont vu la consécration du PP conservateur et européïste. Et en Italie, certes il y a contestation, mais elle restera limitée. Certains espèrent que le mouvement des « Indignés » arrivera à inverser le courant. Je reste sceptique. Après une début flamboyant en Espagne et quelques succès aux USA, il n’a rencontré que très peu d’écho en Allemagne, G.B. et France ... 
              C’est plutôt le fatalisme qui semble de mise.
              PS. Encore un mot : la manipulation mondiale n’est pas un complot - même si à l’intérieur de cette dernière il peut y avoir des complots - : elle est bien plus que cela !

              • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 12 décembre 2011 19:56

                Petite correction : Milton Friedman n’était pas l’ennemi juré de Naomie Klein, c’est plutôt cette dernière qui a fait une fixette sur celui-ci, en déformant ses propos et en l’accusant de tout les maux.

                Le Canada, ayant opter pour une politique libérale, diminution importante de la sphère d’intervention étatique (sauf la santé, hélas), le Canada, donc, est parmi les pays qui souffrent le moins de la crise. C’est une grosse pierre dans le jardin de N. Klein.


              • sagesse 12 décembre 2011 18:22

                Excellent article !
                « La stratégie du choc » existe également en dvd, un documentaire à voire absolument pour comprendre ce qui se passe actuellement, et ce qui se passera demain....


                • fr_lh 12 décembre 2011 23:45

                  A propos de l’UE, il est utile de revenir à l’histoire.


                  • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 13 décembre 2011 00:45

                    Voici un antidote aux mensonges de Naomie Klein : http://www.enquete-debat.fr/archives/naomi-klein-la-strategie-du-mensonge.

                    A voir si vous avez lu le livre, et même si vous ne l’avez pas lu !

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