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Viktor Bout et les USA, ou Mickey dans Fantasia (29) : les vrais responsables, les banquiers du trafic

Le pire est à venir, vous disais-je hier, après la découverte de ce néo-zéandais fantasque, devenu roi des sociétés-écrans. Le pire est en effet financier. Pour pouvoir acheter ses tonnes d’armes, Viktor Bout a bien dû s’organiser. Pour en particulier trouver des machines à laver son argent sale. Plutôt situées dans les paradis fiscaux, tant qu’à faire. Les Seychelles (ça devrait vous rappeler une grande fortune française), le Vanuatu vont voir fleurir des établissements bancaires qui vont brasser des millions... dans un bureau pas plus grand qu’une cabine d’ascenseur la plupart du temps. Des banques filiales d’autres, dont une va se révéler le pilier du fonctionnement du système Viktor Bout : or c’est la même qui va se retrouver prise dans la tourment d’un des plus grands scandales bancaires américain de ses dernières années. Pour du blanchiment d’argent lié à la drogue : encore une fois les deux domaines se croisent. Viktor Bout n’est que l’émanation de tout un système véreux.

Le pire, c'est ce qu'avait découvert en 2008 un trader plus curieux que les autres. D'une espèce assez particulière : c'était en réalité le directeur de l'unité anti-blanchiment de sa banque, à Londres. L'histoire démarre cette fois avec Stella Port-Louis, 30 ans seulement, autre employée de GT Group aux Seychelles, avec le titre de directrice, entre autre, de Lotus Holding Company Limited . A cet endroit, GT Group dispose aussi de plusieurs adresses : 338 exactement, avec une seule et unique directrice : Stella. Echaudée par ce qui est arrivée à sa consœur, elle prend les devants... et révèle le principe mis en place aussi là-bas, où les adresses se perdent à nouveau au milieu de centaines d'autres. Ses sociétés s'appellent par exemple Petro Tex Ltd, El Mondo Ltd, London Group ou Nelson Trading Lt et sont toutes domiciliées au Level 5, 369 Queen St, Auckland. L'adresse de ST Trading : or ce bâtiment, autre particularité étonnante, appartient en fait à l'armée du salut ! A côté réside Danite Corporate, une autre société de prêtes-noms. La seule rivale possible de Stella étant une autre employée de GT Group, Nesita Manceau, de Port Vila (la capitale du Vanuatu), qui en dirige autant ou presque. C'est la directrice, elle, de SP Trading, la firme mise en cause dans le transert d'armes de Thaïlande, appartenant à Vicam (Auckland) Ltd. Bien entendu le nom de Nesita Manceau fait rebondir sur toutes les autres firmes virtuelles, telle ici BMI Consulting ltd. Son adresse étant alors 72 New Bond Street, Mayfair, London. La liste où elle figure comme directrice est assez sidérante.... elle tient sur 13 pages consécutives....
 
 Elle aussi, est donc "directrice" de plusieurs sociétés !  USA Today, le 23 février 2007, révèlait que la pratique était déjà courante depuis longtemps, mais au Nevada : "l'analyse de USA TODAY a révélé que plus de 1 000 sociétés au Nevada avaient comme seul dirigeant William Reed, un cadre de 56 ans identifié tel quel dans le procès de la Federal Trade Commission Protection Chaque société avait comme siège de l'entreprise la même adresse". En 5 minutes et en réglant 95 dollars, vous en créez une, raconte le journal ! Pour Stella, même principe : tout est au rabais. Le site de Lotus Holding Company Limited est la copie conforme de celui de sa firme mère...
 
Les 115 îles des Seychelles, hébergent en effet un nombre incalculable d'adresses de sociétés fictives, au point de mettre en alerte deux sénateurs américains qui dénoncent bientôt ces paravents évidents :  l'actif député démocrate du Wyoming (celui avec les lunettes au bout du nez), Carl Levin, et juste après lui Barack Obama, qui part en campagne électorale sur davantage d'éthique dans le commerce. Rejoints tous deux par le républicain Républicain Norm Coleman, ils tenteront de faire passer un projet de loi (Stop Tax Haven Abuse Act) qui avait pour objectif de mettre fin à la fraude fiscale aux USA (où le le Trésor américain perd, dit-on, 100 milliards par an). Aux Barbades, on s'en gausse. Dans la liste des pays suspicieux cité dans le projet (*) on trouve en 24 eme position... le Vanuatu.... (la Lituanie étant 20 eme). En 2008, le retour de bâton pour les Seychelles et leur laxisme avait été pire que pour l'Islande : l'Etat était passé à deux doigts de la faillite complète. C'est aussi aux Seychelles qu'est située l'île d'Arros rendue célèbre par un dénommé Woerth, en France... "Une centaine d’îles aux plages de sable fin, un tourisme de luxe, le revenu par an et par habitant le plus élevé d’Afrique (8 960 dollars)… Le rêve prend fin. Le gouvernement des Seychelles a dû solliciter le FMI pour faire face au service de sa faramineuse dette de 800 millions de dollars, représentant 165 % du PIB. Seul le Malawi (235 %) fait mieux sur le continent. Le FMI devait approuver, le 14 novembre, un premier financement de 26 millions de dollars destiné à appuyer une série de réformes structurelles…" expliquait Jeune Afrique le 1er décembre 2008. Les adresses d'entreprises fictives ne lui rapportaient rien en taxes, inexistantes...
 
Au même moment, à l'autre bout du monde, un jeune trader, Martin Woods, qui ne fait pas dans le Kerviel, lui, et qui travaille chez Wachovia U.K, la filiale anglaise du gigantesque groupe bancaire américain du même nom s'inquiète soudain du nombres de sollicitations de la filiale des Seychelles de GT Group, qui ne cesse d'envoyer des paiements à Wachovia UK, pour des sommes de plus en plus élevées. La plupart au nom de Vicam, et via des détours complexes. " iI décrit notamment comment Wachovia avait reçu l'équivalent de 40 millions de dollars via des comptes bancaires lettons, émanant de de quatre toutes nouvelles sociétés néo-zélandaises, ayant toutes leur direction nommé aux Seychelles sous le nom de Stella Port-Louis, et dont l'actionnaire principal étatit Vicam du GTGroupe. Stella Port-Louis n'a jamais répondu à ses requêtes par e-mail. Au final, lassé, Woods à résilié son emploi chez Wachovia, qui n'a fait aucun commentaire. Aucune des opérations détectées n'ont entraîné des mesures de réglementation bancaires". Sans le savoir, Martin Woods venait de lever un lièvre, un très gros lièvre. Car Wachovia, au même moment, est dans la tourmente. Ce n'est pas l'absence de réponses qui avait inquiété Woods, mais plutôt la passivité de sa direction qui, visiblement, laisser faire ce que lui avait déjà déterminé comme étant bel et bien du blanchiment d'argent. "En Juin 2008 et Mars 2009, Woods a envoyé des notes de service de dénonciation aux autorités de réglementation sur les transactions suspectes présentées par le GT Group", précise l'article.. en juin 2009, on découvre enfin l'étendue des dégâts chez Wachovia, racheté depuis par... Wells Fargo. Avec une autorisation express accordée par le gouvernement US : celui de Barack Obama, désireux donc de tasser au plus vite l'affaire : ce qu'il enterre, c'est en fait une vraie bombe !
 
Dans la tourmente en effet, et le mot est faible : en mars 2010, Wachovia allait en effet signer un accord avec le gouvernement US pour le paiement de la plus lourde amende jamais adressée à une banque américaine : 160 millions de dollars, pour éviter les poursuites et un procès sur des liaisons évidentes avec les cartels de drogue colombiens. "Le 29 septembre 2008, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) a annoncé avoir facilité la vente par Wachovia de ses activités bancaires à Citigroup. D'après la FDIC, Wachovia "n'a pas fait faillite" et continuera d'opérer ses filiales Wachovia Securities, AG Edwards et Evergreen Investments en tant qu'entreprise privée, côtée. Mais en octobre de la même année, la Réserve Fédérale Américaine a donné son feu vert à une fusion de Wachovia avec la Wells Fargo Bank. Citigroup porte plainte mais après une courte bataille judiciaire, la retire et abandonne son projet de fusion avec Wachovia". On notera la bien étrange sollicitude du gouvernement via la réserve fédérale pour l'absorption discrète par Wells Fargo, malgré son lourd passé financier. Celui du blanchiment d'argent  ! "Wachovia a admis qu'il n'a pas vérifié la provenance de fonds illicites dans le traitement de 378,4 milliards de dollars en monnaie d'échange mexicaine de 2004 à 2007. C'est la plus grande violation de la Bank Secrecy Act, une loi anti-blanchiment d'argent, aux États-Unis histoire - une somme égale à un tiers du le produit intérieur brut courant du Mexique..." nous dit le spécialiste Mike Shedlock. Faramineux !
 
Wachovia, installée à Charlotte, en Caroline du Nord, au moment où Martin Woods met le nez dans ses affaires est alors le quatrième plus important réseau bancaire aux USA. Et ses activités délictueuses, comme le soupçonnait fortement Woods sont patentes. En épluchant l'historique de la banque, il avait en effet découvert qu'elle avait absorbé une banque Mexicaine, "Casa de Cambio Puebla", qui était loin de présenter l'assurance d'une gestion sans reproches. "Woods avait raison de soupçonner la Casas de Cambio mexicaine. En mai 2007, la US Drug Enforcement Agency avait saisi 11 millions de dollars que Wachovia détenait dans des comptes bancaires à Miami au nom de Casa de Cambio Puebla. L'agence avait déclaré que les fonds avaient été perdus dans une affaire pénale qui reste toujours complètement hermétiquement fermée près de trois ans plus tard. En Novembre 2007, les autorités mexicaines avaient fermé Puebla et arrêté son directeur, Pedro Alatorre Damy, comme étant le cerveau financier du cartel de Sinaloa au Mexique. Le gouvernement mexicain avait déclaré qu'Alatorre avait financé une force aérienne effective de transport de drogues, y compris un DC-9 capturé avec cinq tonnes de cocaïne à bord et un Gulfstream II qui s'était écrasé dans la péninsule du Yucatan, avec plus de trois tonnes de cocaïne à bord". Voilà, on y est... la découverte du trader est primordiale : elle nous ramène à la fois à ça, et à la fois à ça aussi. Aux transferts de drogue marqués du sceau de la CIA, et au rôle trouble de l'état de Floride et de ses aéroports comme plaques tournantes. Une banque, gestionnaire de l'argent d'un des cartels de drogue ? On croît rêver, et pourtant !
 
Une banque qui prête de l'argent pour acheter des avions, toute une flotte, qui, le plus souvent ne servent qu'une seule fois ! Achetés notamment au Venezuela par un seul homme. Pedro Benavides Natera, 48 ans, un vénézuélien, celui qu’on retrouve derrière les achats d’appareils servant au trafic de drogue : il sera arrêté à Miami en février 2008. On recense en effet pas moins de 11 avions depuis 2003 achetés par ce seul individu, des avions servant de manière unique à transporter de la drogue, car le plus souvent abandonnés sur place, une fois la dogue transportée, des appareils obtenus chez seulement deux sociétés américaines : Skyway Aircraft Inc. de Clearwater, près de St. Petersburg, Floride, et Planes and Parts Enterprises LLC de Doral, en Floride également, près de Miami également... ce que ce monde est petit ! Naterra était inscrit à la banque dirigée par Pedro Alfonso Alatorre Damy, ancien employé de change à Miami devenu responsable de Casa de Cambio Puebla... je reviendrais bientôt en détail ici même (ou ailleurs) sur ces onze appareils qui ont tous servi à des transferts de drogue, une majeure partie vers... l'Afrique. Des avions, qui, comme au bon vieux temps des Contras et des livraisons à l'Irak ou à l'Iran s'activaient à la place des porte-containers, notamment ceux ancrés à Guantanamo... En janvier 2008, je vous avais expliqué la méthode employée. La même que celle pour le trafic d'armes. C'est en effet à Skyway Aircraft Inc qu'appartenait le DC-9 retrouvé à Mexico avec 4,5 tonnes de drogue à bord, portant des logos d'une administration américaine... aux dernières nouvelles, Parts Enterprises LLC essayait toujours de revendre son Beech E-90 N-1100M saisi par les douanes à Puerto Plata la Union en République Dominicaine, bourré de drogue... un des onze appareils de Pedro Benavides Natera. Tout le système a donc depuis été mis à jour. Des firmes américaines et des banques financent le trafic, et il est impossible que cela puisse échapper à la CIA, qui y est partie prenante.
 
Idem en effet pour les deux propriétaires du Gulfstream N987SA crashé et coupé en deux dans le Yucatan étaient Clyde O’Connor et Greg Smith, deux pilotes mercenaires de Floride. Ils avaient aussi acheté un autre jet, un Hawker 125 numéroté N230TS, qui lui aussi à servi aux renditions flights vers Guantanamo : difficile cette fois encore en ce cas de ne pas soupçonner d'ingérence de la CIA ! Dans l'avion coupé en deux, la drogue était dans 125 sacs militaires ! De 2001 à 2005, l’appareil avait changé cinq fois de regsitration : un coup Connors, un coup Smith sous les noms d’entreprise de Shewcon LLC de Miami, Foride ; Edax Investment Corp. de Nassau, aux Bahamas ; ou de Core Investments de Fort Lauderdale, Floride ! En juin 2005, le fameux Hawker revenait à... Dodson International Parts Inc. de Rantoul, Kansas.... déjà bien connue ici...celle qui avait repeint les 727 afghans d'Ariana ! On tourne en rond avec cette histoire ! Nous revoilà à l'époque de l'assassinat d'Enrique “Kiki” Camarena, un membre de la DEA sauvagement tué (il fut torturé à la perceuse  !) par les narcos trafiquants en 1985, et devenu depuis héros de l'Amérique... 
 
 
Comme le dit un site, ce qui sidère c'est l'inertie des gouvernements dans ces magouilles : "la chose la plus irritante est de savoir qu'un directeur de Wells Fargo avait signalé ce qui se passait et a été ignoré. Vingt millions de personnes aux États-Unis consomment régulièrement des drogues illégales, pour stimuler la criminalité de rue et les familles démolies. Les stupéfiants coûtent à l'économie des États-Unis 215 milliards de dollars par an - assez pour couvrir les soins de santé de 30,9 millions d'Américains - dans les tribunaux surchargés, les prisons et les hôpitaux et la perte de productivité, explique le ministère. « C'est le blanchiment de l'argent pour les banques les cartels qui finance la tragédie », affirme Martin Woods, directeur de l'unité de anti-blanchiment de Wachovia à Londres, du 2006 à 2009. Woods a raconté qu'il a quitté la banque avec dégoût après avoir constaté que ses dirigeants ignoraient les documents sur les trafiquants de drogue affirmant que l'argent circulait via le réseau de la Direction Générale de Wachovia. "Si vous ne voyez pas la corrélation entre le blanchiment d'argent par les banques et les 22 000 personnes qui ont été tuées au Mexique, vous manquez de jugeote", condamne Woods. Wachovia et Wells Fargo s'en sont toutes deux tiré pour la raison d'être tout simplement trop grosses pour pouvoir faire faillite. A quoi tient l'économie américaine : Madoff, à côté, est l'arbre qui cache la forêt de magouilles !
 
(*) La liste des pays visés : (i) Anguilla.

`(ii) Antigua and Barbuda.

`(iii) Aruba.

`(iv) Bahamas.

`(v) Barbados.

`(vi) Belize.

`(vii) Bermuda.

`(viii) British Virgin Islands.

`(ix) Cayman Islands.

`(x) Cook Islands.

`(xi) Costa Rica.

`(xii) Cyprus.

`(xiii) Dominica.

`(xiv) Gibraltar.

`(xv) Grenada.

`(xvi) Guernsey/Sark/Alderney.

`(xvii) Hong Kong.

`(xviii) Isle of Man.

`(xix) Jersey.

`(xx) Latvia.

`(xxi) Liechtenstein.

`(xxii) Luxembourg.

`(xxiii) Malta.

`(xxiv) Nauru.

`(xxv) Netherlands Antilles.

`(xxvi) Panama.

`(xxvii) Samoa.

`(xxviii) St. Kitts and Nevis.

`(xxix) St. Lucia.

`(xxx) St. Vincent and the Grenadines.

`(xxxi) Singapore.

`(xxxii) Switzerland.

`(xxxiii) Turks and Caicos.

`(xxxiv) Vanuatu.

Documents joints à cet article

Viktor Bout et les USA, ou Mickey dans Fantasia (29) : les vrais responsables, les banquiers du trafic Viktor Bout et les USA, ou Mickey dans Fantasia (29) : les vrais responsables, les banquiers du trafic Viktor Bout et les USA, ou Mickey dans Fantasia (29) : les vrais responsables, les banquiers du trafic Viktor Bout et les USA, ou Mickey dans Fantasia (29) : les vrais responsables, les banquiers du trafic Viktor Bout et les USA, ou Mickey dans Fantasia (29) : les vrais responsables, les banquiers du trafic

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3 réactions à cet article    


  • Frédéric 11 12 janvier 2011 16:11

    Tout cela pour critiqué un homme qui à opéré pour la plus grande gloire de la Mere Russie ? Franchement, vous me decevez  smiley

    Pourquoi donc le Kremlin à fulminer lors de son extradition ?

    Reposez vous et lisez donc ’’Le piège de Bangkok’’  smiley

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