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Accueil du site > Actualités > International > Sortez le Satrape ! Assassinat de J. Khashoggi. Arabie Saoudite : vers le (...)

Sortez le Satrape ! Assassinat de J. Khashoggi. Arabie Saoudite : vers le remplacement du prince Mohammed ben Salman ?

"Un homme ce n'est rien après tout que de la pourriture en suspens"

L-F. Céline

L'Arabie Saoudite a donc reconnu samedi 20 octobre 2018 que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dont la disparition le 2 octobre avait eu un retentissement mondial, avait été tué à l'intérieur du consulat saoudien à Istanbul. La confirmation de la mort de Khashoggi a été donnée dans les premières heures de samedi par l'agence de presse officielle saoudienne, SPA, laquelle a rapporté de manière sybilline, citant le parquet saoudien, que "Les discussions entre Jamal Khashoggi et ceux qu'il a rencontrés au consulat du royaume à Istanbul (...) ont débouché sur une rixe, ce qui a conduit à sa mort".

http://www.arabnews.com/node/1390736/saudi-arabia

Comme chacun sait, n'importe quel citoyen entrant dans un service consulaire afin d'y accomplir une formalité administrative peut être conduit à rencontrer une quinzaine de tueurs venus par hasard en visite par avion spécial et repartant sans encombres après quelques heures passées sur le Bosphore.

Disons les choses très clairement : malgré de sérieuses et constantes imperfections, l'idée même de sauvegarde des fondements de l'Etat de droit et des libertés publiques dans la société civile, le droit pénal et la protection des citoyens, est et restera une invention occidentale sinon européenne. L'idée même de libertés publiques, de droits de l'homme, de protection de la personne humaine et de protections civiques, d'attentes légitimes qu'un citoyen ou un ressortissant quel qu'il soit est en droit d'espérer et de recevoir des structures politiques, judiciaires, administratives du pays dont il a la nationalité - et notamment le droit de ne pas être assassiné pour motifs politiques -, est en réalité peu répandue, comprise et encore moins admise dans une grande partie du monde où règnent la sauvagerie, l'arbitraire et ce trio maléfique que forment l'absolutisme, le fait du Prince et la raison d'Etat.

On objectera avec raison que l'assassinat politique a été et continue d'être pratiqué partout, y compris en Europe, mais il n'en demeure pas moins que dans cette zone géographique existent malgré tout des réactions et des organismes qui s'y opposent fermement malgré le nombre ahurissant que représente celui des...954 personnalités politiques assassinées entre 1945 et 2013 !

Disons encore les choses de la manière la plus précise qui soit : peu de pays savaient sans doute exactement de quoi il retournait à propos de "l'affaire Khashoggi". On retiendra, et pour cause, parmi ces pays qui ont tout de suite su de quoi il retournait, l'Arabie Saoudite, les Etats-Unis, la Russie, la Turquie et à un degré moindre sinon différent, Israël, le Royaume-Uni et la France. Les informations et supputations relayées par des agences de presse étant intenables sur la longueur la vérité - une vérité - a donc fini par s'imposer sur fond d'indignité de circonstance affichée par la fameuse "communauté dite internationale", en réalité un ramassis de "faux-derches" et de politicards de rencontre.

Soucieux de recouvrir un semblant de respectabilité, le royaume saoudien a donc simultanément annoncé la destitution d'un haut responsable du renseignement, Ahmad al-Assiri, et celle d'un important conseiller à la cour royale, Saoud al-Qahtani.Tous deux proches collaborateurs du prince héritier Mohammed ben Salman, sur lequel la pression était montée ces derniers jours à propos de l'affaire Khashoggi, ces deux hommes étaient les fusibles utiles et nécessaires dans une chaîne de commandement interne. "Ahmad al-Assiri, vice-président du service général de renseignement, a été renvoyé de sa fonction", a indiqué SPA, citant un décret royal. Ryad - la capitale du royaume -, a également annoncé que 18 personnes avaient été arrêtées dans le cadre de l'enquête saoudienne. Parions que figurent dans la liste les tueurs du journaliste et le consul dont on risque fort de ne plus jamais entendre parler, la vocation des amortisseurs étant d'encaisser les coups.

 

I- Crise internationale

La disparition mystérieuse de Khashoggi, qui était entré le 2 octobre au consulat d'Istanbul pour une démarche administrative et n'était pas reparu depuis, a curieusement suscité une crise internationale rythmée notamment par les accusations de responsables turcs affirmant sous le couvert de l'anonymat (on y reviendra) que le journaliste avait été tué sur ordre au consulat. Toujours désireux d'effacer ce regrettable incident, le roi Salman d'Arabie saoudite a par ailleurs ordonné la création d'une commission ministérielle présidée par le prince héritier Mohammed ben Salman (son fils...) pour restructurer le service saoudien du renseignement et "définir précisément les pouvoirs" de ce service, ont encore annoncé samedi les médias officiels.Il est vrai que de la simple rixe à l'étranglement dont Kashoggi a finalement été la victime il devenait urgent de calmer le jeu pour éviter que surgissent d'autres détails tels que le découpage à la scie chirurgicale et autres joyeusetés, ainsi que le rapporte le quotidien Libanais L'Orient-Le Jour.

https://www.lorientlejour.com/article/1139819/larabie-saoudite-reconnait-que-khashoggi-a-ete-tue-dans-son-consulat-distanbul.html

 

II- Radio Riyad

On sait désormais que l'annonce de l'agence SPA confirmant la mort du journaliste au consulat est intervenue peu après une nouvelle conversation téléphonique sur l'affaire Khashoggi entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le roi Salman. Les deux dirigeants, qui se sont entretenus vendredi soir, "ont souligné l'importance de continuer à travailler ensemble en complète coopération", selon une source à la présidence turque parlant sous le couvert de l'anonymat. Précisons ici que cette manière de parler (le fameux "anonymat") ne confirme absolument en rien l'existence réelle de cette conversation et encore moins la véracité de la source. M. Erdogan et le roi Salman ont très certainement échangé des informations sur les enquêtes respectives de leurs pays sur l'affaire Khashoggi, mais à ma connaissance rien d'officiel ne vient confirmer ni détailler pour le moment les termes précis de cet entretien, même si M. Erdogan et le roi ont eu dimanche dernier une première conversation sur la disparition du journaliste.

 

III- Un étrange grain de sable

Critique envers le prince héritier, Jamal Khashoggi vivait en exil aux Etats-Unis depuis 2017. Des responsables turcs ayant affirmé que la victime avait été assassinée par un commando spécialement envoyé de Ryad, jusqu'à ce samedi matin, la direction saoudienne avait toujours démenti être impliquée dans sa disparition.

La reconnaissance de sa mort est toutefois finalement intervenue alors que l'administration de Donald Trump avait adressé vendredi une nouvelle mise en garde à l'Arabie saoudite, évoquant de possibles sanctions s'il s'avérait qu'elle était d'une manière ou d'une autre responsable de la disparition du journaliste, ce qui était déjà en soi un secret de Polichinelle. Interrogé vendredi, M. Trump avait prévenu qu'"il pourrait" y avoir des "sanctions" contre son allié saoudien, précisant alors, manière de laisser officiellement une marge de manoeuvre, qu'il était encore trop tôt pour tirer quoi que ce soit comme conclusions.

 

IV- Les cancrelats en pleine lumière

Après l'annonce de Ryad, les Etats-Unis ont réagi rapidement mais avec prudence. "Nous sommes attristés d'apprendre que la mort de M. Khashoggi a été confirmée", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders. "Les Etats-Unis prennent note de l'annonce par le royaume d'Arabie saoudite que l'enquête sur le sort de Jamal Khashoggi progresse et que le royaume a entrepris des actions à l'encontre des suspects qui ont été pour l'instant identifiés", a ajouté la porte-parole. Le lecteur sera pleinement rassuré.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est à son tour déclaré dans un communiqué "profondément troublé par la confirmation de la mort" de Khashoggi. Que dire de plus ? Il ne manque plus à ce tableau touchant que la propre contrition du Saint-Père.

Ménageant dans un premier temps le royaume sunnite au nom des intérêts stratégiques communs, Donald Trump avait admis pour la première fois jeudi que ce journaliste était très probablement mort, menaçant l'Arabie saoudite de "très graves" conséquences.

"Nous allons certainement envisager une large gamme de réponses potentielles" si Ryad est responsable, avait précisé vendredi dans une interview à Voice of America, Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat américain revenu d'une visite à Ryad et qui a donc jugé utile de préciser que l'important était "que les faits apparaissent au grand jour". Tant de bonne volonté pour ne pas aborder pour le moment les éventuelles sanctions qui pouvaient être prises par les Etats-Unis alors que les dirigeants américains ont manifesté leur intention de travailler de concert avec le Congrès, où plusieurs élus républicains se sont dits outrés par les circonstances de la disparition du journaliste. Mais voilà, tout cela était la position adoptée avant la confirmation de la mort de J. Khashoggi. Et ensuite, demandera-t-on ?

 

V- Business as usual ?

Entre dénégations et protestations officielles, perquisitions, preuves recueillies et non communiquées, fausses pistes ou spéculations technologiques sur un enregistrement des circonstances de l'assassinat de l'intéressé par une équipe de tueurs venus pour "traiter" celui qui apparaît comme un opposant politique ou à tout le moins un personnage devenu gênant, les spéculations sont donc allées crescendo. On aura ainsi vu dans la balance les promesses de l'Ami Américain expliquant qu'il ne tolèrerait pas de tels dérapages brusquement mises en sourdine au regard d'un contrat d'armement qu'il importe de sanctuariser au nom de raisons économiques et financières.On aura entendu les cris d'indignation poussés par de multiples intervenants soucieux d'éviter de se commettre avec des partenaires économiques devenus infréquentables en décidant de ne pas se rendre à un "Davos des sables", sorte de forum économique organisé par le prince Mohammed ben Salman (dit MbS), puissance montante et maître officiel du royaume - pour le moment -, animé d'une volonté de modernisation incarnée par une "Vision" à l'horizon 2030 de la situation économique de l'Arabie Saoudite.

Le fait est que l'Arabie Saoudite est actuellement sous les feux de l'actualité et que toutes les tentatives de normalisation ne réussiront pas à effacer la réalité rampante et sordide d'un crime curieusement distingué parmi de multiples autres actes de cruauté sanglante, des décapitations en public, par exemple.

 

VI- Une question intéressante

N'est-il pas anormal qu'un assassinat soit venu fausser l'ordonnancement d'une passation de pouvoir dans l'ordre dynastique et remettre très probablement en cause l'avenir immédiat de l'Arabie Saoudite ?

C'est à l'heure actuelle et par-delà le caractère sensationnel de la disparition de l'intéressé le seul élément tangible dont dispose une analyse de la situation dont les ramifications et les conséquences à venir sont toutes autres.

Empêtrés dans une diplomatie qu'ils ne maîtrisent pas, pris dans les rêts d'intérêts contradictoires avec la Syrie, la Russie, la Turquie, Israël, les Etats-Unis, le Qatar et l'Iran, soumis à des pressions américaines paralysantes en matière de production d'hydrocarbures, courant à la ruine financière avec le désastre militaire d'une guerre impitoyable qui conduit le Yémen à un état de debellatio affreux sur fond de querelle avec l'Iran, le prince saoudien et son royaume sont en réalité dans une situation critique désormais teintée de réprobation internationale pour des agissements qui ne peuvent être que criminels et qui n'ont rien de surprenant dans un pays où la vie ne vaut rien.

Le Satrape étant devenu insortable, il est donc fort possible que les autorités tutélaires de l'opulent royaume aient très probablement décidé d'effectuer un changement de décor et de personnage en trouvant appui chez le propre père de l'intéressé, sans doute âgé mais suffisamment rusé pour savoir que malgré une poigne de fer, la royauté ne saurait tolérer tous les excès, sauf à vouloir courir à sa perte.

On se souvient en effet que le président des États-Unis, Donald Trump, particulièrement en verve et n'ayant aucun scrupule pour parler comme un suzerain à son feudataire, a déclaré lors d’un rassemblement organisé dans le Mississippi que l’Arabie saoudite et son roi ne dureraient pas “deux semaines” sans le soutien militaire américain.

“Nous protégeons l’Arabie Saoudite. Diriez-vous qu’ils sont riches ? Et j’aime le roi, le roi Salman. Mais j’ai dit " Ô Roi - nous vous protégeons – vous pourriez ne plus être là en deux semaines sans nous – vous devez payer pour votre armée ! ”, a en effet déclaré le président.

L'allocution et la vidéo valent le détour et illustrent bien ce que "parler vrai" ou dire les choses "cash", signifient dans le concert international :

https://www.islametinfo.fr/2018/10/08/video-vous-ne-tiendrez-pas-2-semaines-sans-nous-vous-devez-payer-pour-cela-donald-trump-au-roi-darabie-saoudite/

S'il convient de préciser que D.Trump n’a pas dit quand il a tenu ces propos devant le monarque saoudien, on notera toutefois qu'ils ont été prononcés dans un contexte de hausse des prix du pétrole aux États-Unis.

L’Arabie Saoudite est en effet le premier exportateur mondial de pétrole et le leader de facto du bloc des producteurs de pétrole, l’OPEP, qui a été critiquée par D.Trump pour les prix élevés du pétrole.

D.Trump ayant appelé le roi Salman pour discuter des efforts déployés pour maintenir les approvisionnements afin d’assurer la stabilité du marché pétrolier et la croissance économique mondiale, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman s’est rendu au Koweït pour s’entretenir avec l’ émir koweïtien Cheikh Sabah al-Ahmad al Jaber Al Sabah, afin de travailler sur l’accroissement de la production de pétrole.

S’exprimant lors de l’ Assemblée générale des Nations Unies à New York au mois de septembre, M. Trump a aussi déclaré que les membres de l’OPEP étaient “comme d’habitude en train d’arnaquer le reste du monde”.

Les prix du pétrole sont à la hausse. Le baril de pétrole coûte actuellement environ 75 dollars, une augmentation par rapport à l’année dernière. Le prix du baril était d’environ 50 dollars en octobre 2017. Il devient donc urgent de ne pas laisser les choses s'envenimer.

"Never Let a Serious Crisis Go to Waste", pour reprendre ici le titre d'un ouvrage passionnant ou citer les propos d'E. Rahm, l'ancien Chief of Staff du président B. Obama.
 

VII- Une onde de choc ingérable ou quand la satrapie a décidé de chasser le satrape

 Il y a en effet le feu aux puits et voilà que le quotidien le Figaro note dans sa livraison du 17 octobre que les grandes manoeuvres ont très probablement commencé en coulisses. La visite éclair de Mike Pompeo dépêché par Donald Trump en visiteur plénipotentiaire et extraordinaire aura très probablement permis de prendre la température et d'aboutir à une conclusion à laquelle on ne sait si le principal intéressé aura participe bon gré ou malgré.

Comme l'écrit en effet le journaliste G. Malbrunot : " face aux pressions après la disparition de Jamal Khashoggi, les Sages de la famille régnante se penchent sur le cas MBS." Depuis plusieurs jours, le comité des sages de la famille régnante saoudienne est réuni dans la plus grande discrétion, affirme au Figaro une source diplomatique à Paris. Une information confirmée par un Saoudien contacté à Riyadh."

Si pareille information relève de l'approche toujours discutable rangée sous la forme habituelle du "une source bien informée" ou "un correspondant qui a décidé de garder l'anonymat", moyen bien commode usé jusqu'à la corde pour parler de quelque chose sans disposer de source ou de source fiable, il n'en demeure pas moins qu'il se passe effectivement quelque chose à Riyad. Composée d'un délégué représentant chacun des clans - sept au moins - de la famille royale, cette instance, chargée des problèmes de succession, et qui n'a pu se réunir que sous décision et autorité du vieux monarque Salman ben Abdulaziz, examine la situation créée par la "disparition" de J. Kashoggi dont on finit par comprendre qu'il est devenu un opposant, "frère musulman" devenu insupportable aux yeux des wahabbites qui ont décidé de l'éliminer, mais aussi et peut-être agent d'influence au service de la Turquie et des Etats-Unis.

La fiction qui voudrait, selon Donald Trump, que le roi Salman et son fils, le prince héritier, Mohammed Ben Salman (MBS), « ignorent » quel est le sort de l'opposant, comme la promesse faite au secrétaire d'État américain Mike Pompeo d'une « enquête approfondie et rapide qui n'exempterait personne », est intenable.

Alors que les pressions internationales s'intensifient, la famille royale se pencherait donc sur le "cas MBS", vers lequel convergent les soupçons et qui a amplement montré qu'il était devenu le "usual suspect" susceptible de répondre de ses agissements excessifs devenus dangereux pour la sécurité et le pérennité du royaume.

 

VIII- Arrivée du prince Khalid ben Salman ?

 Plus jeune que son frère, âgé de 28 ans, pilote de chasse engagé en combat aérien sur près de cinquante missions en Syrie et au Yémen, conseiller auprès du Ministre de la Défense et ambassadeur à Washington depuis avril 2017, le prince Khalid ben Salman qui a été rappelé en urgence a semble-t-il assisté à l'entretien entre le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et le prince héritier en place.

On formulera ici une pré-conclusion en forme d'hypothèse. Il y a probablement eu avec l'affaire Khashoggi qui aurait servi de "plastron" une sorte de "coup d'Etat" interne, l'idée étant que la continuité du développement économique de l'Arabie Saoudité ne peut plus être sérieusement menée avec le "prince héritier" MbS, devenu trop impétueux, trop imprévisible, trop dangereux pour le contexte géopolitique, géostratégique et géofinancier des seuls intérêts qui comptent dans une monarchie dont la sécurité est née du Pacte du Quincy conclu sur le croiseur du même nom entre le président américain F.D. Roosevelt et le roi Ibn Saoud, fondateur du royaume d'Arabie saoudite, le 16 février 1945 : ceux des Etats-Unis.

 

IX- Le véritable enjeu : perspectives économiques et financières d'un royaume en difficulté

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Pacte du Quincy

 Le pacte du Quincy (du nom du navire USS Quincy où se sont rencontrés Roosevelt et Abdelaziz ibn Saoud), datant de 1945, est donc à l'origine de "l'alliance" entre les deux maisons, blanche et Saoud, autour d’un accord tout aussi simple qu’il était informel  : pétrole contre protection militaire. Le pacte du Quincy a fait de l’Arabie « un pays dhimmi (protégé) qui paye en retour un tribut, une capitation sous forme d’avantages pétroliers », capitation devenue encore récemment un piètre moyen de résistance ou de chantage vis-à-vis de l'encombrant "Allié".

Comme l'explique Cynthia Fleury dans un article intéressant , trois éléments feront la puissance de l’Arabie  : le pétrole, l’avion et les médias. L’avion fournira les pèlerins en quête de spiritualité, le pétrole lui offrira une surface financière des plus enviables, et la stratégie communicationnelle et d’irrigation de subventions tous azimuts… le reste. L’Arabie sponsorise en effet pléthore d’instituts académiques, cultuels, culturels, scientifiques, dans le monde entier.

On y ajoutera les menées politiques empreintes de terrorisme.

En fait, le pacte du Quincy est fort utile pour couvrir un autre pacte, plus ancien celui-là, celui de Nadjd (1745) entre Muhammad ibn Saoud et Muhammad ibn Abd Al Wahhab.

L'historien Hamadi Redissi écrit à ce propos : « Né à l’abri des interférences étrangères, le wahhabisme est la dernière secte médiévale par sa forte immersion dans l’imaginaire médiéval, son univers langagier, ses hantises et ses caprices. Mais le wahhabisme est aussi la première des hérésies modernes. (…) En fait, on ne peut comprendre l’entente entre le wahhabisme et l’islamisme sans expliquer que les liaisons dangereuses, loin d’être accidentelles ou fortuites, se ressourcent dans une matrice commune. D’un mot, les thèses de l’islam millénariste, misanthrope, indompté, belliqueux, antichrétien, antisémite et misogyne se trouvent à l’état brut dans le wahhabisme. »

Au XIXe siècle, une relation s'est donc nouée entre le wahhabisme, le salafisme et le nationalisme. L’intuition de Redissi est que ces trois mouvements se sont fédérés autour d’une triple hostilité, celle contre le colonialisme, la cléricature et les confréries. Enfin, entre wahhabisme et islamisme, le dernier chaînon manquant est celui des Frères musulmans d’Hassan Al Banna, apparu et monté en puissance tout au long du XXè siècle, lui-même bâtissant son programme autour de propositions intégristes de réislamisation.Les tensions demeurent aujourd'hui, à ceci près qu'elles se heurtent ou doivent composer aux XXIè siècle avec la nécessité vitale pour le royaume d'Arabie saoudite, travaillé de l'intérieur par un tropisme intégriste et psychologiquement médiéval, d'investir et d'utiliser intelligemment et efficacement - pour un futur immédiat - tout en essayant de mettre les gens au travail en les coupant d'une économie de rente -, des ressources fossiles et financières qui ne seront pas éternelles.

 

X- Protéger les piliers et regarder vers l'avenir : une délicate équation

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 L'un des objectifs clés de Vision 2030, le projet du prince héritier MbS, http://vision2030.gov.sa/en , est donc d'élargir le rôle du secteur privé dans l'économie du royaume. Pour que cela se produise, les autorités saoudiennes doivent attirer des investissements massifs à l'étranger afin de stimuler les industries manufacturières et d'autres secteurs.

">Dans le cadre du processus visant à attirer des entreprises et des gouvernements étrangers, l’Arabie saoudite organise une grande conférence sur les investissements plus tard ce mois-ci, dénommée officieusement « Davos dans le désert ».

Depuis que Khashoggi n’a pas réussi à sortir du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul et que des accusations de plus en plus sinistres se sont fait jour sur son sort, la liste des participants à la conférence sur l’investissement s’est réduite.

">Un certain nombre de sociétés internationales clés ont déclaré qu’elles ne participeraient plus.

Cela ne veut pas dire que "Davos dans le désert" ne se produira pas, d'une manière ou d'une autre, maintenant ou plus tard. Les gouvernements et les entreprises qui investissent déjà en Arabie saoudite, notamment dans le secteur de la défense, ne songeront certainement pas à se retirer.

">Le président Trump a souligné l'importance du royaume en tant qu'acheteur d'armes et le danger que la Chine ou la Russie interviennent si les États-Unis se retiraient.

Mais la liste embarrassante des absents, avec plusieurs autres entreprises qui n'ont pas encore confirmé leur présence, signifie que la conférence sur l'investissement ne sera pas en mesure d'envoyer un signal fort d'un engagement international solide en faveur du programme de réformes de l'Arabie saoudite.

">L'hésitation des entreprises étrangères ne veut pas de la vision 2030.

Si, au cours des prochains jours, une explication sans équivoque de la disparition de Khashoggi, est susceptible de dissiper le soupçon de suspicion sur l'Arabie saoudite, les parties qui choisiraient d'éviter la conférence sur l'investissement pourront peut-être reconsidérer leurs décisions.

">Mais tant que l’affaire du consulat d’Istanbul demeure un sujet de mystère et de spéculation, il est peu probable que les principaux dirigeants économiques et financiers reviennent à récipiscence.

Bon nombre d'objectifs du programme national de transformation intermédiaire à l'horizon 2020 sont déjà en train de déraper, et certains objectifs plus ambitieux de Vision-2030 semblent ttout d'un coup trop ambitieux. Il y a urgence.

 

Y a-t-il eu avec l'affaire Khashoggi une sorte de "coup d'Etat" interne, l'idée étant que la continuité du développement économique de l'Arabie Saoudite ne peut plus être sérieusement menée avec le "prince héritier" MbS, incontrôlable et trop dangereux pour le contexte géopolitique, géostratégique et géofinancier des seuls intérêts qui comptent et qui sont ceux des Etats-Unis ?

L'hypothèse ne peut être écartée.

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On verra prochainement ce qu'il en est avec la montée ou non aux affaires du prince Khalid, arrivé dans les valises américaines, et qui sait ? la déposition de son frère aîné.

A moins que tout ne soit désormais rentré dans l'ordre une fois reconnu le décès d'un grain de sable gênant et l'élimination de ceux qui l'ont tué, à défaut des commanditaires. L'ordre doit régner à Riyad. On peut continuer à pomper et à exporter.

“The Kingdom expresses its deep regret at the painful developments that have taken place and stresses the commitment of the authorities in the Kingdom to bring the facts to the public opinion, to hold all those involved accountable and bring them to justice,” a statement on the SPA said.

"Le Royaume exprime son profond regret devant les développements douloureux qui ont eu lieu et souligne l'engagement des autorités du Royaume de porter les faits à l'opinion publique, de s'emparer de tous les responsables concernés responsables de leurs actes et de les traduire en justice", selon un communiqué du l'agence SPA.

 

Sources et notes :

http://www.leparisien.fr/faits-divers/interactif-les-assassinats-politiques-depuis-1945-02-03-2015-4570005.php

https://ctc.usma.edu/ctc-sentinel/

https://www.goodreads.com/book/show/16284953-never-let-a-serious-crisis-go-to-waste

https://english.alarabiya.net/en/News/gulf/2018/10/09/Saudi-ambassador-to-US-addresses-malicious-grim-rumors-on-Khashoggi.html

https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/disparition-d-un-journaliste-saoudien/le-boycott-du-davos-du-desert-est-un-mauvais-coup-parce-que-l-arabie-saoudite-a-un-besoin-vital-de-se-diversifier-explique-didier-billon-iris_2992811.html

https://www.humanite.fr/les-deux-pactes-nadjd-et-quincy-619725

http://vision2030.gov.sa/en

http://www.petroleum-economist.com/articles/politics-economics/middle-east/2018/saudi-arabias-vision-2030-looks-blurry-in-khashoggi-aftermath

Hamadi Redissi, le Pacte de Nadjd. Ou comment l’islam sectaire est devenu l’islam (Seuil, 2016) http://www.seuil.com/ouvrage/le-pacte-de-nadjd-hamadi-redissi/9782020960816


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68 réactions à cet article    


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 20 octobre 2018 17:28

    Peut être simplement sentiment d’impunité , de toute puissance, bref d’ imbécilité profonde .


    • Rodolphe de Gérolstein redneck 20 octobre 2018 19:58

      @OMAR

       
      Iran, Syrie, Gaza, Libye, Algérie, Yémen, Égypte etc... meme idéologie, meme prophète.


    • mmbbb 21 octobre 2018 11:12

      @OMAR Le roi d Arabie Saoudite a signe un chèque de 100 milliards de dollars aux USA Ce n etait que le premier , Cette affaire sera vite oubliee Quant aux barbouzeries de la sorte , soyons honnête, regardons notre histoire, nous avons ete fort. Les amerloque aussi d ailleurs les Britichs idem


    • velosolex velosolex 21 octobre 2018 13:48

      @Aita Pea Pea
      Tout est fou dans cette affaire. La cible, la façon, le traitement. 

      La cible : Bien que critique envers le régime, ce journaliste exilé restait respectueux, et après avoir applaudi à l’arrivée d’un monarque qui semblait réformiste, avait perdu la langue de bois, mais n’était en rien un danger pour les saoudiens, se contentant d’exhorter la venue de réformes, de la liberté de presse, et davantage d’ouverture au monde.

      La façon : Sans commentaire. Les barbouzes issus des pays de l’est avec leur parapluie semblent des gentilhommes éduqués à coté des mœurs affichés par ces « sopranos »... L’horreur du crime, où les exécuteurs se sont délectés de la souffrance d’un homme dont on coupé vivant les membres, puis la tête, nous plonge dans l’indicible et l’interrogation la plus complète..On est clairement dans les techniques de la mafia sicilienne la plus abjecte, la plus acculturée, en lien avec le moyen age. Le fait que cela se soit passé dans une ambassade, un lieu évoquant les parquets cirés, les convenances, l’éducation, les lois, et qui plus est dans un pays étranger, nous montre clairement qu’on dépasse là toutes les limites, politiques, morales, et même de la cohérence. .

      Le traitement : Plus ou moins à la Fourniret. On fait le coup, puis on nie à fond, au delà de la vraisemblance. Ce type à la tête d’un état fait penser à Caligula. Ou à un clown sadique. On peut penser que ce pays qui n’avait pour richesse que ses troupeaux de chèvres, avant qu’on y trouve par miracle du pétrole, n’était vraiment pas mûr pour assumer la modernité, l’argent tombant à flot, devenant finalement comme une malédiction. Qu’en restera t’il quand la dernière goutte de pétrole sera pompée ; Babylone qui avait une autre gueule et une vraie culture a disparu dans la nuit des sables. Vite, qu’on se mette au solaire pour hâter le processus

    • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 16:36
      @velosolex

      Bonjour. Bonne analyse.Il existe une expression terrible mais réaliste pour résumer ce que vous décrivez avec justesse, celle de...Sandniggers.

      Pour le reste, et pour répondre à votre interrogation (Qu’en restera t’il quand la dernière goutte de pétrole sera pompée ? Babylone qui avait une autre gueule et une vraie culture a disparu dans la nuit des sables. Vite, qu’on se mette au solaire pour hâter le processus.« ), je vous approuve.

      Il ne restera que les ruines d’un immense désastre de gaspillages monstrueux de ressources naturelles, des villes hallucinées qui prétendirent un temps devenir des cités modernes, sortes d’Elysium revues à la mode bédouine, des carcasses rouillées d’immeubles abandonnés, jamais habités. Des épaves de bagnoles américaines, des malls ensablés aux vitrines fracassées et pillées. Des réseaux autoroutiers effondrés et ensablés eux aussi. Des tentes trouées, quelques groupes électrogènes tombés en panne, comme tout le reste et, broutant une maigre paille jaunie, des chèvres et des dromadaires faméliques.

      Lisez ce très bon livre intitulé Le Stade Dubaï du Capitalisme ».



    • Jonas 23 octobre 2018 18:06

      @OMAR

      L’Arabie Saoudite est la gardienne des lieux saints de l’islam , celle qui a financée tous les chefs d’Etats Arabo-musulmans et musulmans non arabes, et à construit partout des mosquées dans le monde musulmans avec leur accord et le consentement des masses " Arabo-musulmans analphabètes et incultes. 
      L’Arabie saoudite a rendu riche des chefs d’Etats Arabo-musulmans et Africains à coups de pétrole-dollars , tous ont courbé l’échine et fermé les yeux sur la propagation du Wahhabisme. 

      L’Arabie saoudite , fait toujours partie de la Ligue Arabe, et de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) , pas de réunions ni de prises de positions de ces pays musulmans. 
       
      Ce journaliste saoudien fait tant parler de lui, pour une simple raison , il s’est réfugié aux Etats -Unis et non dans un pays Arabo-musulmans où musulmans non arabes, parce qu’il sait par expérience ce que valent ces pays. Car L’Arabie saoudite gardienne de la Mecque et Médine , ces lieux saints de l’islam , a déjà assassiné un carton de personnes : Nassir Al-Saïd a Beyrouth en 1979. En 2003, le prince Sultan ben Turki, a été kidnappé à Genève. En 2015 , le Major général Ali Al-Qahtani , officier de la garde nationale est mort pendant sa garde à vue etc. 

      C’est la Turquie , du sultan Erdogan compagnon et Frère musulman, qui a emprisonné + de 200 journalistes , des milliers de fonctionnaires , d’intellectuels et d’opposants , qui veut jouer au démocrate. CELA PROUVE QUE L’ON SOIT ARABO-MUSULMAN Ou MUSULMAN NON ARABE , Rien ne change. 



    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 20 octobre 2018 17:40

      La consequence la plus grave de cet événement est que Trump, qui en est le maquereau-en -chef, vient de confirmer que l’Amérique est une pute, puisque elle est prête à tout si on y met le prix. Le prix de l’Amérique pour renoncer à tous ses principes, fermer les yeux sur la torture et l’assassinat et cautionner un régime anti-démocratique c’est 110 G$ cash et des promesses...


      Quant à la « Saoudie », elle déshonore l’humanité et une intervention musclée des nations civilisées devrait IMMEDIATEMENT la sortir du Yemen, puis mettre en marche dans ce pays-martyr une opération humanitaire dont on enverra la facture à Rydad

      PJCA

      • Christian Labrune Christian Labrune 20 octobre 2018 22:56
        @Pierre JC Allard

        Une intervention musclée du même type s’imposerait aussi d’urgence en Iran, et dans toutes les régions sur lesquelles l’islamo-nazisme des mollahs a pu étendre son hégémonie.

        Par ordre d’urgence : Gaza, Syrie, Liban.

        Dans le même temps, on confisquerait les fortunes des ayatollahs, converties en dollars, qui dorment dans les banques européennes et s’élèveraient à plusieurs centaines de milliards de dollars. Cela permettrait de financer l’entreprise. Il faut dire ça à Macron, de toute urgence.

      • pemile pemile 20 octobre 2018 23:22
        @Christian Labrune « Une intervention musclée du même type s’imposerait aussi d’urgence en Iran »

        Dans vos interventions vous avez cité environ 1600 fois l’Iran et 70 fois l’Arabie Saoudite, et là, sur un article concernant l’Arabie Saoudite vous détournez encore le débat vers l’Iran ! smiley

        Condamnez tous les financiers du terrorisme islamique, pourquoi cette pudeur de gazelle dès qu’il s’agit de l’AS ?

      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 20 octobre 2018 23:33

        @pemile

        Le prix a la pompe .


      • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 octobre 2018 04:35

        @Jeekes.


        Reprenant vos objections dans l’ordre.

        a) s’il en est un, quel est le principe auquel l« Amérique ne renoncerait à aucun prix ?

        b) l’humanité n’a pas eu besoin des Saoudiens pour se déshonorer, mais je ne vois pas qu’elle y soit parvenue récemment avec si peu d’effort, une telle bassesse et une telle effronterie.

        c) En principe, une intervention musclée sera sous l’égide de ONU ; en pratique, une nation de moyenne envergure suffirait a éliminer d’une seule frappe »chirurgicale" la petite caste qui la dirige. 

        d) Pour les fins qui nous intéressent, une nation civilisée est toute nation qui juge impardonnable le comportement de la Saoudie.

        e) J’adore être réprimandé : ce sont les seuls moments où l’on est sûr d’avoir suscité un intérêt.

        PJCA


      • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 octobre 2018 04:43

        @Le Panda


        Je vieillis. Je ne me lance donc au combat que quand je suis TRES indigné.... smiley Pour le reste, comme disait le Grand Roi, - mais avec plus humilité  smiley  - " Sachez, Monsieur, que je vous garde toute mon amitié.

        PJCA

      • CORH CORH 21 octobre 2018 15:12

        @Le Panda
        je decouvre qu’Avox est un lieu opportun pour avoir des conversations privées pour ne pas dire intimes


      • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 15:39
        @CORH
        Une boîte aux lettres. Panda s’est excusé. Tout à fait normel.
        RB

      • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 16:48
        @Pierre JC Allard
        Bonjour Pierre et merci pour votre visite comme pour votre commentaire.

        Vous écrivez :

        "La consequence la plus grave de cet événement est que Trump, qui en est le maquereau-en -chef, vient de confirmer que l’Amérique est une pute, puisque elle est prête à tout si on y met le prix. Le prix de l’Amérique pour renoncer à tous ses principes, fermer les yeux sur la torture et l’assassinat et cautionner un régime anti-démocratique c’est 110 G$ cash et des promesses...

        Quant à la « Saoudie », elle déshonore l’humanité et une intervention musclée des nations civilisées devrait IMMEDIATEMENT la sortir du Yémen, puis mettre en marche dans ce pays-martyr une opération humanitaire dont on enverra la facture à Ryad."

        Et une Cour pénale internationale présidée par de vrais juges intègres - il en existe - pour juger, condamner et mettre en prison à perpétuité, après avoir confisqué tous leurs avoirs, ces criminels internationaux.

        On peut toujours rêver...

        La seule consolation tient au fait que 28 à 30 millions de propres à rien qui n’ont jamais travaillé et ne vivent que d’une économie de rente sont condamnés à très court terme, partagés entre une société médiévale, une religion féroce, un mode de vie artificiel, des smartphones, de la pornographie et une américanisation dans tous les aspects les plus néfastes qu’elle peut présenter.

        Il faut en effet savoir, mais je sais que vous le savez, qu’aux Etats-Unis mais aussi en Arabie Saoudite, certaines élites intellectuelles sont parfaitement conscientes de ce désastre et souffrent de voir leurs pays respectifs courir à l’abîme.

        Cordialement,
        Renaud Bouchard

      • Christian Labrune Christian Labrune 21 octobre 2018 22:02
        @pemile

        C’est que l’Arabie Saoudite, surtout ce qu’elle paraissait devenir avec Ben Salmane, et en dépit de toutes les casseroles qu’elle traîne à cause d’un islam jihadiste qu’elle a trop longtemps nourri, n’est pas actuellement notre ennemie. A la différence de l’Iran, elle n’envisage pas de fabriquer des missiles éventuellement nucléarisés qui lui permettraient de frapper l’Europe. Elle ne menace pas non plus notre allié israélien, et comme je suis admirateur autant qu’on peut l’être de la grande aventure du sionisme, c’est pour moi quelque chose de tout à fait essentiel.

        Vous pouvez, si cela vous amuse, préférer un Iran qui rêve de ratatiner tout le monde ; je ne comprends pas du tout qu’on puisse être masochiste mais il faut bien, quand même, tolérer les perversions ; du moins, tant qu’elles ne prétendent pas devenir la norme qui s’imposerait à tout le monde.

      • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 octobre 2018 23:17

        @Christian Labrune


        Il est toujours interessant que vous nous donniez ainsi le point de vue d’Israel sur chaque problàme auquel le mode est confronté.

        PJCA

      • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 octobre 2018 23:35



        • Pierre JC Allard 21 octobre 04:35

          @Jeekes.


          Reprenant vos objections dans l’ordre.

          a) s’il en est un, quel est le principe auquel l« Amérique ne renoncerait à aucun prix ?

          b) l’humanité n’a pas eu besoin des Saoudiens pour se déshonorer, mais je ne vois pas qu’elle y soit parvenue récemment avec si peu d’effort, une telle bassesse et une telle effronterie.

          c) En principe, une intervention musclée sera sous l’égide de ONU ; en pratique, une nation de moyenne envergure suffirait a éliminer d’une seule frappe »chirurgicale" la petite caste qui la dirige. 

          d) Pour les fins qui nous intéressent, une nation civilisée est toute nation qui juge impardonnable le comportement de la Saoudie.

          e) J’adore être réprimandé : ce sont les seuls moments où l’on est sûr d’avoir suscité un intérêt.

          PJCA

      • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 octobre 2018 23:48

        @Renaud Bouchard

        « La seule consolation tient au fait que 28 à 30 millions de propres à rien... » 

        Heureusement, au moins 95% de la population de l’Arabie Saoudite est composée de victimes, locaux ou travailleurs immigrés. Les vrais coupables sont peu nombreux, bien identifiés... Il suffirait de presque rien pour qu’ils soient mis hors d’État de nuire.

        PJCA

      • Christian Labrune Christian Labrune 22 octobre 2018 10:23
        Il est toujours interessant que vous nous donniez ainsi le point de vue d’Israel sur chaque problàme auquel le mode est confronté.
        ============================
        @Pierre JC Allard

        Je ne vous le fais pas dire, et je ne saurais que vous approuver. Il va de soi que dans la France de ces dernières années, si on veut avoir la possibilité de comprendre quelque chose à ce qui se passe au Moyen-Orient, - et même en Europe, voire ici, chez nous, ce qui est un comble !- il vaut mieux aller voir du côté de ce qui se pense en Israël, où l’information est beaucoup moins truquée et où il se trouve bien des gens qui ont encore les yeux en face des trous.

        Ce qui se raconte en France sur le conflit Israélo-palestinien dépasse en connerie tout ce qu’on peut imaginer. Je n’ai donc même pas regardé tel documentaire crapuleux d’Antenne 2 diffusé récemment, qui faisait apparaître les pauvres pantins Gazaouis manipulés par un Hamas téléguidé par l’Iran comme de pauvres victimes de l’armée de défense israélienne. J’aurais eu encore une fois honte d’être un Français gouverné par des collabos, et cela m’aurait rendu malade.

        Ce qui se raconte en France à propos de l’Iran est d’une telle stupidité que si demain le bazar de Téhéran s’emploie - ce qu’on peut aisément prévoir -, à renverser le régime des mollahs comme il avait renversé le shah en 79, le gouvernement de Macron pourra mettre à la disposition de Khomeini et de ses sbires quelques compagnies de CRS ou de gardes mobiles sous la direction de quelque Benalla pour aider à massacrer l’opposition sans qu’une opinion française parfaitement crétinisée s’en émeuve beaucoup.

        Ce régime islamique est pourtant le dernier avatar du IIIe Reich, installant ses Pétain en Syrie et au Liban, rêvant à voix haute de pouvoir un jour achever ce programme de Wannsee qui a fait toute l’horreur très particulière du nazisme et que les nazis n’avaient même pas osé publier.

      • Christian Labrune Christian Labrune 22 octobre 2018 10:40
        ERRATUM
        « pourra mettre à la disposition de Khomeini »

        KhamenEI et non Khomeini. Excuses

      • pemile pemile 22 octobre 2018 12:22
        @Christian Labrune "C’est que l’Arabie Saoudite, surtout ce qu’elle paraissait devenir avec Ben Salmane, et en dépit de toutes les casseroles qu’elle traîne à cause d’un islam jihadiste qu’elle a trop longtemps nourri, n’est pas actuellement notre ennemie« 

        Vous pensez donc qu’elle ne »nourrit" plus un islam jihadiste et que MBS est en train de pacifier la région ??!!


      • Jonas 23 octobre 2018 18:34

        @Jeekes


        Pourquoi , les pays Arabo-musulman ou musulman non Arabes doivent compter sur les pays non musulmans pour prendre position sur une affaire qui regarde en premier lieu , les pays musulmans ? 

        Presque tous les pays Arabo-musulmans et musulmans non arabes soutiennent l’Arabie saoudite. 

        Avez-vous entendu leurs désapprobations et leurs critiques ? 

        1) C’est un journaliste arabo-musulman , qui est assassiné par d’autres arabo-musulmans dans un pays musulmans. 

        2) Que fait la Ligue Arabe ?
        3) Que fait l’Organisation de la Coopération islamique ?
        3) Que fait la Ligue islamique mondiale ?

        Par ailleurs , ce n’est pas le premier saoudien assassiné , par la monarchie wahhabite , d’autres le furent sans attirer au tant de protestations des pays Occidentaux. 

        Je rappelle qu’un pays arabo-musulman est détruit et sa population massacrée au Yemen , par l’Arabie saoudite et d’autres pays arabo-musulmans , sans avoir au tant de retentissement que ce journaliste ancien apparatchik obscurantiste. 

         Pour mémoire + de 10 000 morts , 14 millions de personnes affamées dont un million d’enfants au Yemen. 

        Les Etats Unis sont une démocratie , même si le Président peut faire des bêtises, la presse, le Congrès ,l’opinion publique , la Cour suprême tiennent leurs rôle. Ce qui n’est pas le cas , de la Russie, de la Chine , des pays Africains sans parler des pays musulmans. 
        Voyez et apprécier le jeu du Frère musulman Erdogan, qui a transformé son pays en une prison pour journaliste , mais veut se présenter comme un défenseur d’un journaliste. 



      • Jonas 23 octobre 2018 19:26

        @Pierre JC Allard


        L’Arabie Saoudite est née en 1932 et depuis cette date , elle a répandu son venin wahhabite dans tous les pays arabo-musulmans et musulmans non arabes avec leur consentement . Ce wahhabisme s’est propagé en Europe avec le flux migratoire incessant. 

        Vous n’allez pas me dire que c’est en 2018, que les arabo- musulmans ou musulmans non arabes viennent seulement d’ouvrir les yeux, soit 86 ans après la création de cette monarchie wahabbite crapuleuse ? Pour constater : Excisions , mutilations corporelles, peines de mort avec exécutions publiques, esclavages, assassinats des opposants, des journalistes , exportation du wahhabisme avec achats des consciences des responsables musulmans à coups de millions de pétrodollars. 

        Combien de responsables musulmans et leurs familles doivent leur richesse au pays du wahhabisme/ 

        Ces mêmes arabo-musulmans et musulmans non arabes qui critiquent , aujourd’hui l’Arabie saoudite sont ceux qui chaque année enrichissent l’Arabie saoudite de près de 17 millards de dollars pour le Hajj. 

        Un autre Arabo-musulman qui n’a pas eu la chance de fuir aux Etats-Unis , comme le journaliste apparatchik du régime Khashoggi , c’est le blogueur RAIF BADAWI arrêté , puis condamné a 10 ans de prison et mille coups de fouet pour « injures envers l’islam ». Pas de tapages , pas de protestations.

        Quant à l’Arabie saoudite , elle déshonore d’abord l’islam et les pays musulmans , pour leur silence complice. Ce sont les pays Occidentaux et leurs presses qui montent au créneau , pas la Chine , pas la Russie , pas l’Inde pas les pays Africains . 


      • Christian Labrune Christian Labrune 20 octobre 2018 22:29
        @Renaud Bouchard,

        Les réactions internationales, après cet assassinat, m’ont paru d’une totale incohérence. On avait paru, sans trop y croire, approuver le grand projet de modernisation de l’Arabie décidé par Ben Salmane, et c’était bien le moins, mais les arrestations de quelques opposants, mis en résidence surveillée, même si c’était dans un grand palace, montraient bien quand même que si l’Arabie ambitionnait, avec le jeune prince, de préférer les Lumières de notre XVIIIe siècle à l’obscurantisme propagé dès la même époque par Mohammed Abdelwahhab, ça ne pouvait se faire d’une manière bien conforme à nos habitudes démocratique. Ben Salmane apparaissait en la circonstance comme un despote éclairé, mais il resterait quand même un despote.

        L’assassinat dans le consulat, c’est évidemment le comble de l’horreur, et du coup les âmes sensibles prennent fait et cause pour un Frère musulman qui devrait être vu pourtant comme l’ennemi du genre humain. Qu’un Ergogan soit ému du sort réservé à l’un de ses « Frères », c’est bien compréhensible. Qu’il soit par ailleurs un ardent défenseur de la liberté des journalistes, en revanche... En tout cas, ce qui est beaucoup moins compréhensible, c’est que nos journalistes occidentaux s’émeuvent du triste sort d’un « confrère » qui ne devait quand même pas être un saint et qui s’opposait, d’une manière qu’il faudrait préciser (je n’ai rien lu là-dessus), à une mise entre parenthèses de l’islam qui était l’un des objectifs premiers de Ben Salmane. Solidarité, donc, avec le pire obscurantisme ! Cela dit, il est vrai, quand on voit Macron solidaire des pauvres ayatollahs menacés par le bazar - à tous les sens du mot bazar- il est vrai qu’on ne doit plus s’étonner de rien.

        Vous pourrez peut-être nous éclairer là-dessus : il y a quelques mois, Ben Salmane a disparu pendant plusieurs semaines. Le bruit avait même couru qu’il était mort, ce qui, à son âge, impliquait nécessairement qu’on l’eût refroidi. Après cela, la politique de l’Arabie a complètement changé, en particulier sur la question du conflit israélo-palestinien. On est revenu - et on attribuait ça à la volonté du roi - à des positions plus traditionnelles. Que s’était-il passé ? Une révolution de palais ? Des règlements de compte ? Personne n’en dit rien.

        Il est de fait que si les ambitions de Ben Salmane et quelques timides réformes touchant à la condition des femmes paraissaient plutôt positives, on ne peut pas dire que ses entreprises aient été couronnées de succès : le conflit au Yémen est devenu une terrible boucherie, et l’affaire Hariri a très vite tourné en eau de boudin. La question est de savoir qui gouverne, actuellement, en Arabie. On a remarqué que des gens qui s’étaient exprimés sur les récentes réformes et en voulaient plus ont été arrêtés. On impute ces arrestations à Ben Salmane, mais en est-il directement l’inspirateur ?

        S’il est prochainement mis à l’écart, comme on le laisse entendre, et remplacé par son jeune frère, cela vaudra-t-il mieux pour l’Arabie et pour ses alliés ? Il ne s’agira pas, probablement, d’une fuite en avant vers plus de liberté et de démocratie, mais plutôt d’un retour en arrière, vers le wahhabisme et vers les méthodes qu’on a pu voir à l’oeuvre au consulat, qui ne sont certes pas une nouveauté dans une Arabie saoudite où l’on a toujours très bien su aiguiser le matériel qui sert au découpage.
         
        Bref, j’avoue que je n’y comprends pas grand chose.

        • Zolko Zolko 21 octobre 2018 13:49
          @Christian Labrune : « Bref, j’avoue que je n’y comprends pas grand chose »
           
          c’est normal, puisque votre lecture du monde se fait uniquement avec un phyltre Israël / Iran, et là ils ne sont pas impliqués. Vous aimeriez bien pouvoir dire que, quelque-part, tout ça est de la fôte à l’Iran (« Macron solidaire des pauvres ayatollahs menacés par le bazar ») mais même vous n’y croyez pas. Alors vous êtes perdus.
           
          Alors que l’affaire est simple : ce dictateur est encore plus débile que ses prédécesseurs. Car il ne s’agit pas juste d’un meurtre barbare, il s’agit de la violation d’un principe diplomatique vital : qu’une ambassade est un endroit de confiance.
           
          Mais ce crétin de MBS a encore plus raté son coup qu’il ne le pense : plus aucune personne humaine ne voudra aller en Arabie Saoudite, ni même rencontrer des personnalités officielles, car ils auront peur pour leur propre vie désormais. Aucun investisseur sérieux ne s’y risquera, il n’aura plus que les escrocs.

        • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 14:43
          @Christian Labrune

          Bonjour et merci pour votre visite et votre commentaire.
          Au moins avez-vous l’honnêteté de dire que vous ne comprenez pas grand chose à ce qui se déroule en ce moment.Vous n’êtes pas le seul, rasssurez-vous.

          En réalité, il me semble au contraire que vous avez parfaitement saisi et suivi cette succession de tableaux en mouvement.

          "Macron solidaire des pauvres ayatollahs menacés par le bazar - à tous les sens du mot bazar- il est vrai qu’on ne doit plus s’étonner de rien.« 
          Oui...et encore moins du projet d’attentat que l’Iran entendait perpétrer en France il y a peu.Il y a beaucoup de tirage, là-bas aussi, entre factions qui ne se supportent pas.

          L’occultation du prince ?
          A vrai dire et de manière officielle, s’il est probable qu’un événement se soit produit (du genre tentative avortée de révolution de palais, attentat éventé ou raté, toutes les supputations sont possibles dès lors que dans le contexte elles n’auraient rien de surprenant), on ne sait rien, si ce n’est qu’il y a bien eu lieu une attaque armée le 21 avril 2018.

          Un article publié dans Monde Afrique https://mondafrique.com/le-prince-ben-salman-a-disparu-des-radars/ a bien tenté d’y voir plus clair, que voici :

           »Après des voyages médiatisés à Londres et à Paris en mars et en avril 2018, le jeune prince Salman, ministre de la Défense et homme fort du Royaume, n’a fait aucune apparition publique. Sans preuves, la rumeur de sa mort qui a été reprise par les médias iraniens hostiles court sur les réseaux sociaux. Pour l’instant, le ministère saoudien de l’Intérieur n’a pas réagi pour démentir ces allégations. D’où le sentiment au minimum d’un malaise à Ryadh.

          Dans les milieux de l’opposition séoudienne à Londres, on pense qu’il aurait été sévèrement blessé lors de la sévère attaque du Palais royal qui a eu lieu le 21 avril à Ryadh. Ce jour là, l’armée saoudienne avait officiellement abattu un drone qui avait survolé le quartier de Riyad où se trouve le palais royal, déclenchant une alerte dans la capitale. « A 19h50 (heure locale), un poste de contrôle dans le quartier de Khuzama à Riyad a repéré un drone de loisir contrôlé à distance », a précisé l’agence officielle Saudi Press.

          Avant la diffusion de cette information, une vidéo avait circulé sur les réseaux sociaux, alimentant les spéculations. En visionnant ces images amateur, on entendait nettement des tirs nourris.

          Une journaliste Clarence Rodriguez, qui connait très bien l’Arabie Saoudite, a expliqué à Paris-Match : « J’ai appris qu’il était blessé, mais on ne sait pas si cela est lié à l’attaque du 21 avril. On n’a aucune indication sur la gravité de sa blessure. Mais officiellement, on n’en parle pas ».

          Une absence troublante

          Les 28 et 29 avril, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo s’est rendu en Arabie Saoudite puis en Israël, deux alliés stratégiques de Washington qui considèrent l’Iran comme leur ennemi. Une certitude, le prince Salman n’a pas accueilli lui même cette éminente personnalité à l’aéroport comme le protocole l’exigeait. C’est son frère Khaled qui s’en est chargé, avant de recevoir au Palais royal, l’hôte de marque en compagnie de son père, le souverain séoudien.

          Le 17 mai et sans doute pour faire taire les rumeurs, l’équipe de MBS a diffusé sur twitter, une photo du prince héritier avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, mais sans qu’elle ne soit datée. Mohammed ben Salmane y apparaît portant une casquette dont la visière cache en partie son visage. Cette mise en scène n’a pas convaincu grand monde.

          Coup d’arrêt à la modernisation

          Dans l’hypothèse où le prince Ben Salman serait dans l’incapacité aujourd’hui d’agir, on comprendrait mieux le revirement spectaculaire qu’a connu la politique de modernisation qu’il affichait afin de donner des nouveaux droits aux Saoudiennes, notamment la possibilité de conduire. Voici quinze jours en effet, une dizaine de militantes féministes ont été en effet placées en détention, sans qu’on s’explique vraiment les raisons d’un tel durcissement.

          Parmi elles, se trouvent de grandes figures de la cause féminine en Arabie Saoudite, telles que Aziza al-Yousef, 70 ans et de nombreuses années d’activisme, Loujain al-Hatloul, emprisonnée 73 jours en 2014 après avoir bravé l’interdiction de conduire, ou encore la blogueuse Eman al-Nafjan, qui a également participé à de nombreuses campagnes pour réclamer le droit de prendre le volant.

          L’aile conservatrice du pouvoir saoudien aurait-elle profité du retrait du Prince Salmanepour avancer ses pions ? L’hypothèse mérite d’être évoquée, compte tenu de l’étrange climat qui règne en Arabie Saoudite. "


          La question est de savoir qui gouverne, actuellement, en Arabie.
          Nous le saurons très rapidement.
          Stay tuned...

          Cordialement, Renaud Bouchard

        • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 15:36
          @Zolko


          ...Les escrocs et les aventuriers sont eux aussi très prudents et les investisseurs n’aiment pas les risques inutiles, surtout ceux qui résultent d’un comportement impévisible imputable à un partenaire qui renverse l’échiquier lorsque le partie tourne en sa défaveur...

          Bien à vous,
          Renaud Bouchard

        • Christian Labrune Christian Labrune 21 octobre 2018 15:49
          @Renaud Bouchard

          Merci pour ces précisions ; vous êtes fort bien informé sur tous ces événements, et si je l’avais été moi-même un peu mieux, j’aurais été en mesure de vous épargner une si longue mise au point.
          Espérons qu’elle ne sera pas inutile à beaucoup sur cette page, à qui suffit le brouet des journalistes habiles à touiller les information souvent déjà biaisées des agences de presse pour les accommoder à la sauce ordinaire.

        • Christian Labrune Christian Labrune 21 octobre 2018 16:34
          il ne s’agit pas juste d’un meurtre barbare, il s’agit de la violation d’un principe diplomatique vital : qu’une ambassade est un endroit de confiance.
          ====================================
          @Zolko

          Vous avez tout à fait raison, et aussi de faire allusion à l’Iran, dans votre réponse.
          Personne, en effet, ne peut avoir oublié le siège de l’ambassade des Etats-Unis, qui aura duré plus d’un an (444 jours) à partir de novembre 79. Comme « violation d’un principe diplomatique vital », on pouvait difficilement faire mieux. L’exemple était donné, il fut très bien suivi.

          On est là au début du règne de Khomeini et d’un terrorisme chiite qui ne tardera pas à s’exporter partout dans le monde. Les Parisiens en savent quelque chose : il se souviennent encore de l’attentat de la rue de Rennes commis par le Hezbollah en septembre 86. Il ne fut malheureusement pas un cas isolé.


        • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 16:55
          @Christian Labrune

          Vous écrivez :

          "Merci pour ces précisions ; vous êtes fort bien informé sur tous ces événements, et si je l’avais été moi-même un peu mieux, j’aurais été en mesure de vous épargner une si longue mise au point."

          Bien au contraire !

          Vous êtes le bienvenu, comme tous ceux qui, ici, ont la gentillesse de contribuer à nous informer et nous éclairer sur des questions passionnantes.

          Voyez ci-dessous rois informations et articles communiqués par un lecteur très attentif, lui aussi, et qui offrent des mises au point très solides :

          Un bon article du Washington’s Blog qui donne un éclairage au vitriol sur l’attitude cynique et ambigüe des administrations US envers le royaume.

          Un autre papier qui décrit assez finement qui était ce « journaliste » et, comme souvent, l’intercept qui donne aussi un éclairage très intéressant..

          A lire.

          Cordialement,

          Renaud Bouchard


        • zygzornifle zygzornifle 21 octobre 2018 10:14

          Le remplacement ?


          C’est comme le remaniement chez nous , la bas ils remplaceront un tueur par un assassin un peu plus malin donc qui sera bien sucé par les états unis , l’Europe etc ....
          Pour se débarrasser d’eux faut attendre qu’ils soient fauchés autrement tant qu’ils auront « un pognon de dingue » ils seront courtisés par nos présidents prêts a avaler toutes les couleuvres tant que le pognon coule a flot ....

          • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 14:46
            @zygzornifle
            Bonjour et merci pour votre visite comme pour votre commentaire.

            Rien à redire...."C’est comme le remaniement chez nous , la bas ils remplaceront un tueur par un assassin un peu plus malin donc qui sera bien sucé par les états unis , l’Europe etc ....
            Pour se débarrasser d’eux faut attendre qu’ils soient fauchés autrement tant qu’ils auront « un pognon de dingue » ils seront courtisés par nos présidents prêts a avaler toutes les couleuvres tant que le pognon coule à flot ....

            Une nuance, toutefois.
            Les capitaux se raréfient et son moins disponibles.

            Bien à vous,
            Renaud Bouchard

          • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 15:32
            @Cadoudal

            Bonjour et merci pour votre visite comme pour votre commentaire.

            Je vous cite :
            "Ça se discute :Si ma famille était installée dans le Royaume à cause de ma position de fonction diplomatique, je la ferais partir dans l’instant et j’aurais mon sac de voyage à portée de main à tout moment. Sans forcer aucunement sur l’hyperbole, je prédis que MbS est sur le point de prendre des mesures impitoyables, bien au-delà de la liquidation d’un journaliste expatrié vieillissant. "

            http://www.dedefensa.org/article/lang-et-le-destin-de-mbs

            Je pense que vous vous tenteriez de faire partir votre famille...Avec plus ou moins de succès.

            Avez-vous entendu parler de l’accident d’hélicoptère du prince Mansour bin Muqrin ?


            Bien à vous,
            RB

          • jjwaDal jjwaDal 21 octobre 2018 12:52
            Le soucis essentiel, semble-t’il entre les USA et l’Arabie Saoudite vient du fait qu’il est dans l’intérêt des USA que le prix du pétrole soit bas (tant pis pour les compagnies exploitant les schistes) et dans l’intérêt de l’Arabie Saoudite qu’il soit élevé pour éponger les coûts de l’intervention au Yemen par ex. Se souvenir que suite à la chute des prix du pétrole l’Arabie Saoudite a dû recourir aux emprunts pour financer son déficit public (dû en partie à son intervention au Yemen et en Syrie).
            La demande explicite de Trump d’une augmentation de la production qui a été différée par l’Arabie Saoudite et les menaces explicites de Trump « Sans notre protection vous avez une espérance de vie de 15 jours » et le jeu trouble de la Turquie en dévoilant un meurtre très gênant pour les USA (rendu de monnaie disons) expliquent la réponse d’ailleurs ambigüe des USA.
            Il y a des forces voulant régler le sort de l’Arabie Saoudite aux USA (motifs divers) et le complexe militaro-industriel semble plutôt faire pression pour garder un excellent client, donc la réponse ne peut être facile à prendre. Par ailleurs, le royaume est une énorme base américaine dans la région
            qui vise essentiellement à protéger leur approvisionnement en pétrole très bon marché et aussi l’enclave sioniste en Palestine. Entre refuser de voir et d’entendre pour garder le status quo et sanctionner un Etat d’où provenait la « fine équipe du 11 » et qui notoirement arrose le terrorisme (en Syrie par ex) et un une clef dans tout projet de guerre avec l’Iran, une option médiane est difficile à trouver.
            Un bel article du Washington’s Blog donne un éclairage au vitriol sur l’attitude cynique et ambigüe des administrations US envers le royaume. Un autre, me semble assez bien décrire, qui était ce « journaliste » et comme souvent l’intercept donne aussi un éclairage très intéressant.

            • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 15:25
              @jjwaDal

              Bonjour et merci pour votre visite comme pour votre analyse à laquelle je souscris parfaitement.
              Les liens mentionnés, que je vous remercie d’avoir communiqués, viennent très utilement compléter une analyse de la situation.
              L’article paru dans The Intercept m’avait échappé. Merci de me (nous) l’avoir signalé.

              J’invite à mon tour les lecteurs à lire les papiers ouverts ci-dessous après avoir relu le commentaire d’Ijwal Dal.


              Le (comme toujours) très bon article de René Naba dans lequel on voit que Jamal Khashoggi est un pur produit de la matrice wahhabite takfiriste, non un parangon de la liberté de la presse. Si son supplice a magnifié son parcours, il n’en excuse pas pour autant son aberration criminogène.


              Mehdi Hasan, dans The Intercept :


              Kristen Breitweiser, dans le Wahington’s Blog.



              Un extrait de ce papier qu’il faut lire entièrement :

              Which begs the obvious question : Who was Jamal Khashoggi and why has his disappearance and alleged murder triggered this unprecedented, and out of character response from so many in Washington DC ?

              Unfortunately, the answer to that question makes the many statements and support currently being given by so many in Washington even more incomprehensible. Because Jamal Khashoggi was no Mother Theresa.

              First, let me be crystal clear—>Jamal Khashoggi was not merely a journalist working for the Washington Post.

              Additionally, Jamal Khashoggi was not just an outspoken critic of current Saudi Crown Prince Mohammed Bin Salman.

              Simple research reveals a much more colorful background of Jamal Khashoggi. https://spectator.us/2018/10/jamal-khashoggi/

              To start, a person should read the Chicago Tribune article from 2004 that talks about Jamal Khashoggi being recruited by Adel Batterjee http://historycommons.org/entity.jsp?entity=adel_abdul_jalil_batterjee  in the 1980’s to get the “scoop of a lifetime.” That assignment was to go with Batterjee to Afghanistan and hang-out with the CIA/Saudi mujahideen fighting against the Soviets. The article is long and very well-researched. I highly suggest you take the time to read it because it details very clearly and specifically why and how Jamal Khashoggi knew so much about al Qaeda, the CIA, the Saudis, and much of the financing, funding, and organizing of Bin Laden that led to the 9/11 attacks. http://www.chicagotribune.com/news/chi-0402220496feb22-story.html

              Next, I would encourage you to read some of Jamal Khashoggi’s opinion pieces from the Daily Star. Notably, do not read the ones cherry-picked by David Ignatius. Read some of the others that include some fairly fiery words from Khashoggi : http://www.dailystar.com.lb/Opinion/Commentary/2002/Jan-07/108710-combating-extremism-must-be-for-islams-sake-not-americas.ashx and http://www.dailystar.com.lb/Opinion/Commentary/2002/Jan-15/108152-examining-the-state-of-the-great-saudi-american-meltdown.ashx and http://www.dailystar.com.lb/Opinion/Commentary/2002/Jan-23/109014-us-combat-of-terrorist-financing-is-exasperating-the-saudis.ashx and http://www.dailystar.com.lb/Opinion/Commentary/2002/Sep-17/101910-where-islam-is-concerned-the-world-has-become-colorblind.ashx and http://www.dailystar.com.lb/Opinion/Commentary/2003/Feb-22/110816-why-saudis-are-unruffled-by-us-call-for-reform.ashx and http://www.dailystar.com.lb/Opinion/Commentary/2003/Jan-27/109765-bring-back-the-occupation.ashx

              Also, please note that in one of the leading books written about the 9/11 attacks, Lawrence Wright’s, “The Looming Tower,” Jamal Khashoggi is portrayed by Wright as a “friend” of Bin Laden. Khashoggi is not a “journalist” who reports on bin Laden. Rather he is described as Osama Bin Laden’s friend. And the Bin Laden/Khashoggi friendship apparently spans more than a decade—from Afghanistan, to Pakistan, to the Sudan.

              In addition, also note that Jamal Khashoggi was closely connected to Prince Turki al Faisal. Prince Turki was the head of Saudi intelligence for more than 20 years. Interestingly, he resigned from his post 10 days before 9/11. Probably more interestingly, Turki is the man who allegedly brokered the deal with Bin Laden back in 1998 where, in exchange for money and support, Bin Laden would not attack the Saudi Royal Family. http://www.freerepublic.com/focus/f-news/563318/posts  Some believe that this agreement paved the way for the 9/11 attacks and various intelligence agencies around the globe “looking the other way” or “turning a blind eye” to al Qaeda’s actions in the lead up to 9/11. http://historycommons.org/entity.jsp?entity=turki_bin_faisal_bin_abdul_aziz_al_saud Notably, Prince Turki al Faisal was also one of the first named defendants in the 9/11 Families’ litigation. https://www.theguardian.com/world/2003/mar/02/september11.politics He was dismissed from the case years ago due to grounds of sovereign immunity.

              Moreover, Jamal Khashoggi was also closely connected to Prince Alaweed bin Talal who was held at the Ritz Carlton Hotel last year by Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman. Additionally, reporting also links Talal to the 9/11 attacks. https://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/saudiarabia/11390705/S audi-princes-supported-al-Qaeda-before-911-claims-twentieth-hijacker.html and https://www.nytimes.com/2015/02/05/world/middleeast/pre-9-11-ties-haunt-saudis-as-new-accusations-surface.html and https://www.bloomberg.com/news/features/2018-03-20/alwaleed-reveals-secret-deal-struck-to-exit-ritz-after-83-days

              Finally, there is Khashoggi’s family connection to Adnan Khashoggi, the notorious Saudi arm’s dealer at the center of the CIA’s Iran-Contra fiasco back in the 80’s. https://www.independent.co.uk/news/long_reads/adnan-khashoggi-dead-saudi-arms-dealer-playboy-pleasure-wives-billionaire-lifestyle-wealth-profit-a7778031.html


            • Aafrit Aafrit 21 octobre 2018 12:55
               Il ne manquait que ça..

              Trouver une transcription en rouge-sang sur le mur de l’ambassade : « Ben Selman ne m’a pas tuer »

              • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 14:51
                @Aafrit

                Bonjour.

                Bien vu :

                Il ne manquait que ça..Trouver une transcription en rouge-sang sur le mur de l’ambassade : « Ben Salman ne m’a pas tuer »

                Seul un afrite peut se cacher derrière tout cela...

                « Souvent il [Soliman] s’enfermait seul pour... évoquer les esprits. Un afrite, génie des abîmes, fut contraint de le servir.. » G. de Nerval, Voyage en Orient,t. 3, 1851, p. 236.

                Bien à vous, Renaud Bouchard

              • Massada Massada 21 octobre 2018 14:20

                Kashoggi était un extrémiste islamiste, un ancien ami d’Oussama Ben Laden et un acolyte des frères musulmans, un haineux d’Israël qui a demandé à tous les arabes de rejoindre la « Résistance » contre elle.

                https://www.jns.org/opinion/the-story-behind-the-story-of-jamal-khashoggi/


                • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 octobre 2018 14:52

                  @Massada

                  Kashoggi était un extrémiste islamiste, un ancien ami d’Oussama Ben Laden et un acolyte des frères musulmans, un haineux d’Israël qui a demandé à tous les arabes de rejoindre la « Résistance » contre elle.


                  ...et probablement un plastron ou un agent qui a dérapé ou que l’on a fait déraper.

                  The perfect Fall Guy...

                  Bien à vous, Renaud Bouchard

                • Christian Labrune Christian Labrune 21 octobre 2018 16:12
                  Kashoggi était un extrémiste islamiste, un ancien ami d’Oussama Ben Laden et un acolyte des frères musulmans
                  ============================
                  @Massada

                  Les terroristes ont quand même bien le droit de vivre, comme tout le monde !

                  Chez nous, en France, ils peuvent s’exprimer (la liberté d’expression est essentielle dans une démocratie) en massacrant en masse au Bataclan ou ailleurs. On ne leur en veut pas pour autant parce qu’on sait être plus tolérant qu’en Israël. « Vous n’aurez pas notre haine » avait clamé, avec beaucoup de bienveillance, un proche de l’une des victimes, et c’est tout dire. Récemment, le Mossad a induit les services français à empêcher un gros attentat commandité par l’Iran à Villepinte. De quel droit ? C’était une grave atteinte à la liberté d’entreprendre de ces bons mollahs iraniens qui sont nos meilleurs alliés.

                  Et de toute façon, si le Coran (IX,5) recommande ces sortes de massacres, on ne peut quand même pas aller contre une injonction qui vient de Dieu lui-même, ce serait carrément de l’islamophobie. Si on ignore tout cela, on ne comprendra jamais rien à la politique du gouvernement français.

                  Allah akbar !


                • Massada Massada 22 octobre 2018 07:36

                  @Christian Labrune

                   
                  La torture en Arabie bientôt au patrimoine immatériel de l’humanité selon l’UNESCO

                • Christian Labrune Christian Labrune 22 octobre 2018 11:11
                  La torture en Arabie bientôt au patrimoine immatériel de l’humanité selon l’UNESCO
                  =====================================
                  @Massada

                  Ce que vous écrivez me rappelle deux clichés atroces, il y a bien quarante ans, dans une revue photographique, montrant une exécution au sabre en Arabie. Avant, après.

                  Un commentaire succinct expliquait la chose suivante que deux images seules ne permettaient pas de bien comprendre : le bourreau, d’abord, fait tourner la lame dans la lumière du soleil pour aveugler le « patient ». Ensuite, il lui pique brusquement les fesses avec la pointe de l’instrument ; cela a pour effet de provoquer un réflexe qui l’oblige à projeter en avant sa tête ; partant, le cou se trouve parfaitement dégagé, dans une position très favorable à la suite de l’opération. C’est du grand art !

                  J’espère que l’UNESCO, dans un souci de transmission aux générations à venir fera un sort, aussi, à toutes les belles inventions de Pallywood, à l’art du Hamas qu’on peut admirer du côté de la barrière de sécurité. Une « performance », comme on dit dans l’art contemporain, qui dure deux cents jours, et qui fait voir aux profane une série d’agressions violentes comme une promenade de paisibles promeneurs partis cueillir des fleurs le long de la barrière de sécurité, cela aurait fait rêver un Marcel Duchamp qui était tout juste parvenu, lui, à transformer en oeuvre d’art immortelle un simple urinoir récupéré probablement dans les chiottes d’un bistrot.

                • Christian Labrune Christian Labrune 22 octobre 2018 12:14

                  @Renaud Bouchard

                  J’aurais voulu pouvoir recopier quelques extraits d’une traduction Google (mauvaise) de l’article de Mélanie Phillips, mais il y a toujours un moment où le fichier s’anéantit.

                  Tout ce que j’ai pu copier, c’est son hypothèse sur ce qui se serait passé au consulat, qui est tout à fait vraisemblable.

                  Elle voit très bien la naïveté, ou plutôt « l’hypocrisie » - c’est son terme – des réactions occidentales qui présentent ce pauvre journaliste comme une victime d’un pouvoir tyrannique, et elle fait très bien voir que si Khashoggi était un opposant au régime, ce n’était assurément pas au nom des valeurs démocratiques. Il faisait partie de ceux qui s’opposaient à toute réforme qui pût compromettre l’avenir de l’islam le plus radical.

                  =====================

                  Mélanie Phillips :

                  « Cette idée qu’il était en quelque sorte un guerrier démocrate libéral contre un ennemi tyrannique est simplement ridicule. L’homme faisait partie du système. Lorsque vous lancez votre chapeau sur le ring de cette manière très agressive, en oubliant que vous étiez à un moment donné un agent de renseignement et qu’être un journaliste n’était qu’une couverture, c’est là que les choses se compliquent. "

                  [...]

                  Les Saoudiens ont donc entrepris de ramener Khashoggi contre son gré. C’est pourquoi ils ont envoyé l’équipe de 15 personnes, qui avait été alertée du moment choisi pour son rendez-vous consulaire. L’intention était de le ramener à Riyad, de l’interroger et de l’enfermer, probablement pendant de nombreuses années.

                  « S’ils avaient voulu le tuer », a déclaré mon informateur, « ils auraient facilement pu verser 200 000 dollars à la mafia tchétchène d’Istanbul, qui aurait pu le faire sortir si facilement et lui donner l’air d’un vol qui aurait mal tourné.

                  « Il n’y avait pas d’ordre de mise à mort de l’Arabie saoudite. Les avions qui ont piloté le groupe vers la Turquie appartenaient à son ami, l’ancien prince héritier, Mohammed al Nayaf. Khashoggi aurait été enfermé et interrogé. Ils voulaient savoir à qui il avait parlé et ce qu’il avait révélé. Ils disent que des fuites en provenance du Qatar portaient ses empreintes digitales.

                  « Ils ont donc entrepris de le ramener vivant. Le pathologiste, un membre du cercle restreint, était là pour s’assurer qu’il restait sous sédation sur le chemin du retour à Riyad.

                  Mais selon ma source, c’est là que la catastrophe s’est produite. « Le pistolet sédatif a mal fonctionné et il s’est étouffé suite à une overdose massive. Il avait 60 ans, il faisait de l’embonpoint, son corps ne pouvait pas le supporter.


                • pemile pemile 22 octobre 2018 12:45
                  @Christian Labrune "Mais selon ma source, c’est là que la catastrophe s’est produite. « Le pistolet sédatif a mal fonctionné et il s’est étouffé suite à une overdose massive. Il avait 60 ans, il faisait de l’embonpoint, son corps ne pouvait pas le supporter.« 

                  Donnez la source de cet extrait et citez la fin de l’article ?

                   »Et pour l’aider dans cette grande bataille de civilisation, l’Occident a besoin de l’Arabie saoudite.
                  [...]
                  Peut-être pourrait-il même donner aux États-Unis le pouvoir de contraindre MBS à faire ce qu’il n’avait pas réussi à faire jusqu’à présent, à savoir sortir l’Arabie saoudite de l’obscurité et mettre fin à l’un des régimes les plus arriérés et répressifs du monde.« 

                  Contraindre MBS, pour Trump, c’est de déclarer que la première version »bagarre" était crédible ?

                • Christian Labrune Christian Labrune 22 octobre 2018 13:21
                  et citez la fin de l’article ?
                  ====================
                  @pemile
                  Je l’aurais fait si un problème technique ne m’en avait empêché. Cette conclusion de l’article est parfaitement logique. En politique, il n’y a pas d’un côté les mauvaises solutions et de l’autre les bonnes. Il n’y a souvent que de mauvaises solutions, et quelquefois pas de solution du tout. Si l’Amérique choisit (détestable solution) de fermer les yeux sur ce qui s’est passé, ce sera probablement moins calamiteux pour les Américains (gros contrats en cours) comme pour tous les états arabes du Moyen-Orient, pour des raisons que je ne développerai pas : elle sont évidentes.

                  On sait depuis le début qu’il y a une très forte opposition aux réformes que Ben Salmane avait prévu de mettre en oeuvre. Les oulémas sont attachés comme des morpions au wahhabisme ; on leur a passé sur le corps mais on ne les aura pas totalement ratatinés. Si le roi a soutenu le jeune prince, c’est sans doute qu’il voyait bien que l’Arabie ne pourrait pas s’en sortir, à long terme, quand la rente pétrolière serait tarie. Si, après l’étrange disparition de Ben Salmane au printemps durant tout un mois, la politique de l’Arabie est retournée au statu quo ante, c’est bien qu’il doit être très difficile de faire bouger les choses, même avec les méthodes les plus expéditives qu’on a pu voir à l’oeuvre au consulat en Turquie.

                  Je suppose que le fonctionnement du palais royal, à Ryad, doit ressembler un peu au sérail dans le Bajazet de Racine : on doit toujours s’y demander si derrière la porte il n’y aurait pas quelque « muet » muni de son lacet, qui vous étranglera très bien à la sortie, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

                • pemile pemile 22 octobre 2018 17:00
                  @Christian Labrune "En politique, il n’y a pas d’un côté les mauvaises solutions et de l’autre les bonnes. Il n’y a souvent que de mauvaises solutions, et quelquefois pas de solution du tout.« 

                  J’ai bien compris que c’est le fond de votre discours ... uniquement lorsqu’il qu’il s’agit de l’Arabie Saoudite !

                  En donnant priorité aux ventes d’armes on est pas près de »sortir l’Arabie saoudite de l’obscurité et mettre fin à l’un des régimes les plus arriérés et répressifs du monde" ! smiley


                • lloreen 21 octobre 2018 17:42
                  Il se murmure que monsieur Khashoggi avait des révélations intéressantes à faire au sujet de l’attaque du 11 septembre 2001...concernant précisément l’Arabie saoudite.
                  A ce sujet, on peut relever par exemple, l’étrange agression de l’Afghanistan et l’Irak alors que 15 terroristes sur 19 étaient des ressortissants saoudiens et que la logique aurait voulu que les représailles touchent l’ Arabie saoudite...

                  D’autre part, il faut se rappeler que monsieur Jamal Khashoggi était un proche conseiller du prince Turki, lequel fut responsable des services de renseignements et de ce fait très informé des tenants et aboutissants des affaires en cours, notamment celles au sujet de l’implication saoudienne et « autre » concernant le 11 septembre.

                  Comme toujours ce règlement de compte a fait les bonnes affaires de quelques-uns...du sérail.

                  • zygzornifle zygzornifle 22 octobre 2018 13:12

                    En fait on risque moins a traverser une citée de non droit , tout au plus une rouste et un délestage des poches que d’aller a l’embrassade Saoudienne .

                    On ne retrouve pas le corps , peut être que les tortionnaires on fait une fondue bourguignonne avec les restes ce qui ne m’étonnerait pas .... 
                    Macron ne s’est pas encore excusé pour les désagrément occasionné a ses potes ? ....

                    • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 22 octobre 2018 15:54

                      Aux Lecteurs.Un excellent papier de René Naba :

                      DYNASTIE WAHHABITE : LA VERSION BEDOUINE DES BORGIA AU XXIème SIECLE – René Naba, 10 octobre.

                      Jamal Khashoogi : La récidive, moins d’un an après la capture de Saad Hariri

                      La disparition en Turquie, le 2 octobre 2018, du journaliste saoudien Jamal Khashoogi, ancien directeur du groupe Media ROTANA du prince Walid Ben Talal, et éditorialiste au Washington post, –moins d’un an après la capture du premier ministre libanais Saad Hariri, le 4 novembre 2017–, remet en mémoire une pratique courante en Arabie saoudite, à savoir l’usage immodéré et inconsidéré du kidnapping comme mode préférée de suppression de toute contestation, comme en témoigne cette liste non exhaustive de princes ou d’opposants disparus, en toute impunité. Une pratique courante ancienne inaugurée au Liban, en 1975, à la faveur de la guerre civile inter libanaise.

                      Curieux retournement des choses : L’Arabie Saoudite et la Turquie, deux des grands artisans de la destruction de la Syrie, pour le primat sunnite sur le monde musulman, se retrouvent à l’occasion de cette affaire crapuleuse, en état de guerre larvée, les deux en mauvaise posture, dont l’un, le Royaume saoudien, pourrait en pâtir pour son attitude outrageusement cavalière et méprisante à l’égard des usages internationaux, et l’autre, la Turquie, pour son son défaut de tonus face à une violation caractérisée de sa souveraineté.

                      Liste des personnalités contestataires saoudiennes enlevées… en toute impunité

                      Nasser As Saïd : L’exemple le plus connu est celui de Nasser As Saïd, le chef de l’opposition saoudienne, enlevé à Beyrouth, en pleine guerre civile libanaise, par les services saoudiens avec la complicité de dirigeants palestiniens, notamment Abou Zaim, responsable militaire du Fatah pour le sud Liban, agissant sur ordre d’Abou Iyad, le bras droit de Yasser Arafat.

                      Nasser As Saïd, auteur d’un remarquable ouvrage sur « Le Royaume d’Al Saoud », drogué, a été jeté par-dessus bord d’un avion militaire saoudien au-dessus du Robh Al Khali, le quart désertique du royaume. Que des dirigeants palestiniens se soient prêtés à de telles compromissions morales, qu’ils aient livré un opposant politique à une dictature, explique une part de leur déconfiture dans le commandement de leur guerre de libération nationale.

                      Le Prince Sultan Ben Turki : Le 2eme cas connu est celui du prince Sultan Ben Turki Ben Abdel Aziz, petit-fils du fondateur du Royaume.

                      Sultan a été enlevé dans le palais du Roi Fahd à Genève, à la suite d’un traquenard, drogué et exfiltré de Suisse via un avion d’évacuation sanitaire vers l’Arabie saoudite où il a été maintenu sous contrôle entre hospitalisation et résidence surveillée. Son tort est d’avoir dénoncé un vaste réseau de corruption entre Rafic Hariri, ancien premier ministre du Liban et père de Saad et des princes de la famille royale saoudienne. Son rapatriement forcé a été alors décidé. Fait significatif  : le Prince Sultan Ben Turki a d’ailleurs fait l’objet d’un double enlèvement, le 2eme en 2016. En route pour Le Caire, son avion a été détourné. Depuis lors, toute trace de lui a disparu.

                      Liste additive de la chaîne Al Mayadeen

                      La chaine TV libanaise Al Mayadeen, constituée par des dissidents d’Al Jazeera a diffusé la liste de six autres personnalités saoudiennes disparues dans des conditions obscures, dont voici les noms :

                      1- Nawaf Ben Talal Ar Rachid. Remis à l’Arabie saoudite par le Koweit en 2017. Depuis lors toute trace de lui a disparu. Selon la chaine libanaise, Nawaf a vraisemblablement « connu le sort de son père », une personnalité saoudienne assassinée par des inconnus en Algérie en 2003.

                      2- Le Prince Saoud Ben Seif Al Nasr. Enlevé en 2015 en Italie. Apaté par un mirifique contrat commercial, le prince s’est évaporé. Depuis lors toute trace de lui a disparu.

                      3- Le Prince Turki Ben Bandar Al Saoud : Haut responsable de l’appareil sécuritaire du Royaume, le prince est entré en conflit avec une composante de la famille royale à la suite d’un conflit d’héritage. Emprisonné, il sera libéré et choisira Paris comme lieu de résidence. De son lieu d’exil, il multipliera critiques et révélations sur la politique et les manigances du Royaume sur les réseaux sociaux, particulièrement yo tube. Venant de Paris, le prince a été enlevé au Maroc, lieu de villégiature préféré de la dynastie wahhabite. Depuis lors toute trace de lui a disparu.

                      4- Mohamad Al Moufreh : Opposant saoudien a trouvé la mort dans des conditions obscures en 2014 alors qu’il était à Istanbul.

                      5- Wajd Ghazzaoui, victime d’un traquenard tendu par ses services saoudiens, qui lui ont fait miroiter un grand projet lucratif, l’opposant a été arété à son retour en Arabie saoudite et incarcéré dans autre forme de procès.

                      6- Le Prince Abdel Aziz Ben Fahd, fils du Roi Fahd, cousin germain du prince héritier Mohamad Ben Salman et ancien compagnon festif du premier ministre libanais Saad Hariri, capturé lors du coup de filet contre les dignitaires saoudiens, en Novembre 2017, dans le cadre de la lutte contre la corruption. Le prince est maintenu en détention sans autre forme de procès, expiant un crime de lèse-majesté celui d’avoir ouvertement critiqué le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohamad Ben Zayed, le mentor belliciste de l’héritier belliqueux du trône wahhabite.

                      Curieux retournement des choses, là aussi, le prince Abdel Aziz Ben Fahd avait été l’instigateur de l’enlèvement d’un autre de ses cousins, sous le règne de son père, le prince Sultan Ben Turki (cf. plus haut, 2ème cas connu). Ancien chef d’orchestre de la campagne de la promotion de l’image de l’Arabie saoudite à travers le Monde, en dépit de ses turpitudes, – et contrairement aux autres disparus -, Jamal Khashoogi, exilé aux Etats Unis depuis 2017, n’a jamais lancé un appel à la sédition, encore mois à une révolution ou à un changement de régime.

                      Le seul grief qui pourrait être retenu à son encontre est le fait qu’il n’a pas prêté une allégeance absolue au nouvel homme fort du Royaume, le prince héritier Mohamad Ben Salmane.

                      La dynastie wahhabite : la version bédouine des Borgia au XXI me siècle. Avec le plein appui de la grande démocratie américaine.

                      Cauda

                      Borgia est le nom italianisé de la famille Borja, originaire du Royaume de Valence, qui exerce une grande influence politique dans l’Italie du XVᵉ siècle. Elle fournit deux papes, plusieurs cardinaux, ainsi que divers autres personnages dont quelques-uns acquièrent une fâcheuse renommée

                      Pour aller plus loin sur l’Arabie saoudite

                      https://www.madaniya.info/2017/12/06/la-dynastie-wahhabite-et-le-bradage-de-la-palestine-1-2/

                      https://www.madaniya.info/2017/12/08/dynastie-wahhabite-bradage-de-palestine-2-2/

                      Source (A lire) : https://www.les-crises.fr/la-dynastie-wahhabite-la-version-bedouine-des-borgia-au-xxie-siecle-par-rene-naba/


                      • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 22 octobre 2018 17:33
                        Aux Lecteurs, ces derniers éléments 23 octobre 2018 :

                        Nous vous rappelons que Erdogan doit s’exprimer demain et il prétend révéler la « »Naked Truth ».

                        Le crime saoudien a dégénéré en affrontement domestique aux USA. On reproche à Trump d’avoir maladroitement tenté de couvrir MBS et de se montrer cynique sans considération pour les valeurs morales. Des personnalités de tous bords enfoncent le clou et réclament des sanctions exemplaires contre MBS et l’Arabie. Ceci déborde sur le guerre du Yemen , une campagne se développe contre cette guerre. La remise en cause de l’alliance de Trump avec MBS peut modifier la situation au Moyen Orient . Certains n’hésitent pas à titrer que les alliances explosent. Israél reste silencieux.

                        A lire un bon papier/discussion du Think Tank Carnegie 

                        L’une des idées fortes de ce papier c’est qu’il n’ y a personne pour faire respecter les règles dans le monde, les Etats Unis manquent à leur mission : « We have a crisis of strongmen and weak leaders, from the Middle East to the United States ».

                        « Jamal Khashoggi’s disappearance has made it very clear that not only are governments in the Middle East inept, but that the United States has no moral authority, offers poor leadership, and has very little leverage to sway the behavior of its regional partners. And we can’t trust anyone. » 

                        La suite sur :

                        http://carnegie-mec.org/diwan/77503

                         

                        Le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul a été « sauvagement planifié », a affirmé lundi un haut responsable turc, ajoutant que « des efforts conséquents » avaient été déployés pour le dissimuler.

                        « Nous sommes face à une situation qui a été sauvagement planifiée et des efforts conséquents ont été déployés pour dissimuler » ce meurtre, a déclaré lors d’une conférence de presse à Ankara Omer Celik, porte-parole du parti au pouvoir en Turquie (AKP).

                        « C’est un crime extrêmement complexe », a ajouté M. Celik. « J’espère que tous les éléments seront mis au jour et que les responsables seront punis, de sorte que ce genre de choses ne traversera plus jamais l’esprit de quiconque », a-t-il poursuivi.

                        Ces déclarations surviennent à la veille de révélations promises par le président turc Recep Tayyip Erdogan au sujet de cette affaire qui a choqué la communauté internationale et terni l’image du prince héritier du trône d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, dit « MBS ».

                        Khashoggi, un journaliste critique du pouvoir saoudien âgé de 60 ans, a été tué le 2 octobre au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

                        D’après des responsables et des médias turcs, le corps du journaliste a été démembré après ce meurtre soigneusement prémédité et mis à exécution par une équipe de 15 personnes.

                        Après avoir dans un premier temps affirmé que Khashoggi avait quitté le consulat vivant, Ryad a reconnu que le journaliste y avait été tué, tout en affirmant qu’il s’agissait d’une « opération non-autorisée » par le pouvoir, et dont « MBS » n’était « pas informé ».

                        Mais la presse turque a démonté cette ligne de défense lundi.

                        Le quotidien Yeni Safak, proche du pouvoir, a affirmé qu’un membre du commando ayant tué Khashoggi avait appelé à plusieurs reprises le directeur du bureau du prince héritier, Bader Al-Asaker après le meurtre du journaliste.

                        Lors de sa conférence de presse lundi, M. Celik a par ailleurs rejeté les « allégations » selon lesquelles l’enquête sur la mort de Khashoggi ferait l’objet d’intenses tractations entre Ankara et Ryad.

                        « Ces allégations sont contraires à l’éthique », a-t-il déclaré.

                        C’est cela...Au point où nous en sommes des mots tels que « éthique », « morale », sont devenus des bonbons empoisonnés dans la bouche de toutes ces crapules.

                        Source : l’excellent Blog de Bruno Bertez https://brunobertez.com/2018/10/22/les-depeches-lundi-23-octobre-apres-midi/



                          • phan 23 octobre 2018 10:07
                            Selon les chaînes de télévision Al Wahhabia et Al Capone, la dépouille de Jamal K. a été immergée en mer de Marmara, sur un lieu et dans des circonstances pour l’heure inconnues. Un responsable de la Maison Saoude aurait indiqué s’assurer que le corps était traité «  avec la pratique et la tradition salafiste ».

                            • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 23 octobre 2018 10:45

                              @phan

                              Bonjour et merci pour votre visite, votre commentaire et les liens que vous y joignez.

                              Même cortège d’horreurs, images identiques (on est passé du noir et blanc à la couleur) entre les massacres d’Arménie et ceux du Yémen.

                              Et pendant ce temps quelques questions attendent leurs réponses :


                              Bien à vous,
                              Renaud Bouchard

                            • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 23 octobre 2018 16:50
                              Aux lecteurs.

                              « Puisqu’il s’agit d’un assassinat politique, il est indispensable d’élargir l’enquête à des suspects résidant dans d’autres pays, s’il y en a quelques-uns, conformément aux normes de la loi internationale. La Turquie s’engage à mener l’enquête jusqu’au bout. Je voudrais m’adresser au gouvernement saoudien et en premier lieu au roi Salmane. L’assassinat a eu lieu à Istanbul. Ainsi, je propose de juger les 18 suspects à Istanbul. Mais certes, c’est à l’Arabie saoudite de décider ».

                              Recep T. Erdogan, 23 octobre 2018

                              • raymond 26 octobre 2018 17:13

                                @Renaud Bouchard
                                "Ainsi, je propose de juger les 18 suspects à Istanbul. Mais certes, c’est à l’Arabie saoudite de décider « , Erdogan est pas mal non plus en dictateur, avant de juger des »suspects", il faut d’abord enquêter non ?


                              • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 23 octobre 2018 17:11
                                Aux lecteurs.

                                Point de vue et analyse de Pierre Conesa.
                                Dr Saoud et Mr Jihad, pour mémoire.

                                Pierre Conesa : les explications saoudiennes sur Khashoggi n’ont « aucun degré de crédibilité »

                                • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 27 octobre 2018 17:53
                                  Aux Lecteurs.

                                  Un point sur les coulisses de l’Affaire Khashoggi.

                                  Où l’on voit que les coulisses de cette étrangère histoire révèlent un tout autre monde et un contexte bien spécifique qui, pour résumer, explique pourquoi l’assassinat de J ;K. était dans l’ordre des choses. cf. ci-après :

                                  http://lepeuple.be/le-cote-islamiste-obscur-de-la-fausse-affaire-khashoggi/93904

                                  Il s’agit bien d’une fausse affaire. En tout cas, dans ses développements. Pas question de nier l’assassinat de Jamal Khashoggi, mais l’exploitation sensationnaliste par les médias bien-pensants éveille de sérieux soupçons de manipulation de l’opinion publique. Voici pourquoi. 

                                  Présenté tantôt comme un journaliste (faux : il écrivait des papiers d’opinions, entre autres, dans le Washington Post, tout acquis au parti démocrate américain), tantôt comme un espion, Jamal Khashoggi était surtout un islamiste de la pire espèce.

                                  L’Arabie saoudite est un pays rétrograde dont, nous Occidentaux, comprenons mal les réalités et les rouages. La famille ben Laden est très proche de la famille royale, représentée aujourd’hui par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Néanmoins, la même famille ben Laden a financé un des pires ennemis du pouvoir royal : Oussama ben Laden ! Ce qui n’empêche pas la famille ben Laden de rafler à peu près tous les contrats immobiliers à Ryad, La Mecque et autres lieux du royaume…

                                  La famille Khashoggi entretient, elle aussi, des liens privilégiés avec les al Saoud, la dynastie en place.

                                  Adnan Kashoggi (1936-2007), le plus médiatisé de la famille avant Jamal, était un des pires trafiquants d’armes dans le monde. Il accumula une formule en vendant des instruments de mort, et on peut évaluer ses victimes à près d’un million de personnes. Les activités d’Adnan, ainsi que sa vie de débauché très peu halal (photo ci-dessous), n’ont jamais révulsé la famille al Saoud, qui multiplia les bienfaits à l’égard de la famille Khashoggi.

                                  Il en est allé de Jamal Khashoggi comme d’Oussama ben Laden : se voyant refuser des faveurs royales, Oussama et Jamal passèrent dans l’opposition aux al Saoud. Dans le cas de Jamal, son opposition médiatisée au prince Mohammed ben Salmane date du jour où ce dernier fit emprisonner les détenteurs des plus grosses fortunes du pays, ne leur rendant la liberté qu’après avoir capté leur argent.

                                  Autre aspect de la fausse affaire Khashoggi : l’origine turque de la famille (le nom ancestral des Khashoggi est Kaşıkçı) qui fait de ses membres de « faux saoudiens », selon les Arabes établis de longue date autour de La Mecque (les el Saoud dirigent le pays depuis 1744).

                                  Ce n’est donc pas anodin si Jamal Khashoggi a été occis sur le sol de la Turquie. Ce qui a ravivé le vieil antagonisme Turcs-Saoudiens. Il suffit d’éplucher le langage fleuri anti-saoudien du dictateur turc Erdogan pour apprécier combien les vieilles blessures, issues de rancunes millénaires, n’ont jamais été cautérisées. Par ailleurs, dans l’état actuel des relations Turquie-Etats-Unis, le satrape d’Ankara croit pouvoir jouer une carte de rassemblement islamiste autour de sa personne et mettre à mal la présence américaine, déjà réduite, dans la région.

                                  Un lobby anti Mohammed ben Salmane tourne à vitesse accélérée pour dresser l’opinion mondiale contre les réformes du prince. Jamal Khashoggi en était un des organisateurs les plus actifs (retrouvez les détails dans l’article joint ici). Il n’est pas impossible que des pots-de-vin ont été échangé afin de convertir certaines « grandes consciences » aux manigances du lobby mené par Jamal Khashoggi.

                                  Contrairement aux arguments développés par la presse « de qualité », il n’est pas interdit de penser que ce dernier se soit opposé au prince Mohammed al Salmane au nom d’un islam rigoriste (dont Jamal a été un des « combattants »), écorné par le nouvel homme fort d’Arabie saoudite.

                                  Dès son investiture (janvier 2017), Donald Trump a apporté son soutien à Mohammed ben Salmane. Lors de sa visite en Arabie saoudite (20-21 mai 2017), le Président américain n’avait pas hésité à dire au vieux roi Salmane, prédécesseur de Mohammed ben Salmane que « si les Etats-Unis(abandonnaient) les Saoudiens, le régime (s’effondrerait) en quelques semaines » (voir l’article du Point).

                                  L’Arabie saoudite reste un gros client des Etats-Unis, notamment dans l’achat d’armes (380 milliards de dollars – voir ici)  : pas question d’abandonner cette manne… Mais cette réalité rend d’autant plus ridicule les rodomontades d’Angela Merkel, invitant les pays européens à ne plus vendre d’armes aux Saoudiens ! (voir l’information ici).

                                  De même, les fanfaronnades politiquement correctes des associations subsidiées – Amnesty International, Ligue des droits humains, entre autres (leurs déclarations, ici) – ne trompent personne : si la Wallonie arrêtait de vendre des armes, Liège pourrait dire adieu à un pan important de son économie (la FN).

                                  Il ressort que « l’affaire Jamal Khashoggi » cache de petits et gros secrets relevant de l’équilibre des forces au Moyen Orient. Raison de plus pour ne pas présenter Jamal Khashoggi comme un champion de la cause occidentale : il nous combattait et peut-être bien que son assassinat, aussi horrible et impardonnable soit-il, mette à jour les doubles jeux qui empoisonnent la paix mondiale. 

                                  A.D.

                                  http://lepeuple.be/le-cote-islamiste-obscur-de-la-fausse-affaire-khashoggi/93904


                                  • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 28 octobre 2018 18:19

                                    Aux Lecteurs:Une très intéressante analyse à lire.Source  : « Le Pacte du Quincy ne protège que le roi d’Arabie, pas son héritier », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 23 octobre 2018, www.voltairenet.org/article203577.html

                                    Le Pacte du Quincy ne protège que le roi d’Arabie, pas son héritier par Thierry Meyssan

                                    Les Panaméens qui se souviennent de l’arrestation par Washington de son employé, le général Noriega, ne sont pas surpris du sort réservé par Washington au prince héritier saoudien. L’affaire Jamal Khashoggi est l’un des plus petits crimes de MBS, mais ce devrait être son dernier. La famille des Saoud n’est pas protégée par le Pacte du Quincy qui ne s’applique qu’au roi. Les États-Unis devraient récupérer plusieurs milliards de dollars.

                                    Réseau Voltaire | Beyrouth (Liban) | 23 octobre 2018

                                    Recevant le prince héritier saoudien, « MBS », le président Trump avait récapitulé les commandes dispendieuses de Riyad à son pays et conclut en souriant : « C’est dans vos moyens, n’est-ce pas ? ».

                                    L’affaire Khashoggi est un des multiples exemples de l’éthique à géométrie variable des Occidentaux.

                                    L’Arabie des Saoud

                                    Voici soixante-dix ans que l’on ignore un fait criant : l’Arabie saoudite n’est pas un État comme les autres. Il est la propriété privée de son roi et tous ceux qui y résident ne sont que ses serfs. C’est pourquoi il est désigné comme la résidence de ses propriétaires, les Saoud, c’est-à-dire l’Arabie « saoudite ».

                                    Au XVIIIème siècle, une tribu de bédouins, les Saoud, s’allie à la secte des wahhabites et se révolte contre l’Empire ottoman. Ils parviennent à créer un royaume au Hedjaz, la région de la péninsule arabique comprenant les villes saintes de l’islam que sont Médine et La Mecque. Ils sont bientôt réprimés par les Ottomans.
                                    Au début du XIXème siècle, un survivant de la tribu des Saoud lève une nouvelle révolte. Cependant sa famille s’entre-déchire et perd à nouveau.
                                    En définitive, au XXème siècle, les Britanniques misent sur les Saoud pour renverser l’Empire ottoman et exploiter les ressources d’hydrocarbures de la péninsule arabique. Avec l’aide de Lawrence d’Arabie, ils fondent le royaume actuel, le troisième de la tribu.

                                    L’idée du Foreign Office était que les Saoud et les wahhabites sont détestés de leurs serfs et incapables de s’entendre avec leurs voisins. Compte tenu de la disproportion des forces militaires entre les sabres des Saoud et les armes modernes des Britanniques, cette famille ne pourrait jamais se retourner contre ses maîtres occidentaux. Cependant, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis profitèrent de l’affaiblissement des Britanniques pour se substituer à eux. Le président Franklin Roosevelt conclut avec le fondateur du royaume le Pacte du Quincy. Les États-Unis s’engageaient à protéger la famille des Saoud en échange de leurs hydrocarbures. En outre, les Saoud ne s’opposeraient pas à la création d’un État juif en Palestine. Ce document a été renouvelé par le président George W. Bush.

                                    Le fondateur du wahhabisme, Mohammed ben Abdelwahhab, considérait que tous ceux qui ne rejoignaient pas sa secte devaient être exterminés. De très nombreux auteurs ont relevé la proximité du mode de vie wahhabite et celui de certaines sectes juives orthodoxes, ainsi que les ressemblances entre les raisonnements des théologiens wahhabites et ceux de certains pasteurs chrétiens puritains. Cependant afin de maintenir leur influence au Moyen-Orient, les Britanniques décidèrent de combattre les nationalistes arabes et de soutenir les Confréries des Frères musulmans et des Nachqbandis. C’est pourquoi ils demandèrent aux Saoud, en 1962, de créer la Ligue islamique mondiale, et en 1969, ce que nous appelons aujourd’hui l’Organisation de la coopération islamique. Le wahhabisme admit l’islam sunnite qu’il avait jusque là combattu. Les wahhabites se présentent désormais comme les protecteurs du sunnisme, mais persistent à combattre les autres formes d’islam.

                                    Soucieux d’éviter les fratricides qui marquèrent l’histoire de sa famille au XIXème siècle, Ibn Saoud institua un système de succession entre ses frères. Le fondateur du royaume avait eu 32 épouses qui lui donnèrent 53 fils et 36 filles. Le plus âgé d’entre les survivants, le roi Salmane, a 82 ans. Pour sauver le royaume, le Conseil de famille admit en 2015 de mettre fin à cette règle adelphique et de désigner les enfants du prince Nayef et du nouveau roi Salmane comme futurs héritiers. En définitive, Mohammed Ben Salmane évinça le fils de Nayef et devint l’unique prince héritier d’Arabie saoudite.

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                                    • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 28 octobre 2018 18:20

                                      Suite (2)

                                      Les mœurs des Saoud

                                      Dans l’Antiquité, le mot « arabe » désignait les peuples araméens vivant du côté syrien de l’Euphrate. Dans ce sens, les Saoud ne sont pas des arabes. Cependant, le Coran ayant été collationné par le Calife à Damas, le mot « arabe » désigne aujourd’hui les peuples parlant la langue du Coran, donc ceux du Hejaz. Ce terme générique masque les civilisations très différentes des bédouins du désert et des peuples des villes dans un ensemble géographique qui va de l’Océan atlantique au Golfe persique.

                                      Passée subitement du chameau à l’avion privé, la famille des Saoud a conservé au XXIème siècle, la culture archaïque du désert. Par exemple sa haine de l’Histoire. Elle détruit tout vestige historique dans son pays. C’est cette mentalité que l’on a vu à l’œuvre avec les jihadistes en Iraq et en Syrie. Il n’existe aucune autre raison à la destruction de la maison de Mahomet par les Saoud ou des tablettes administratives sumériennes par Daesh.

                                      De même que les Occidentaux ont utilisé les Saoud pour repousser les Ottomans —ce que personne ne conteste aujourd’hui—, ils ont utilisé les jihadistes, financés par les Saoud et encadrés par les wahhabites, pour détruire l’Iraq et la Syrie.

                                      On l’a oublié, mais au début de l’agression contre la Syrie, lorsque la presse occidentale inventait le « printemps arabe », l’Arabie saoudite n’exigeait que le départ du président Bachar el-Assad. Riyad acceptait le maintien de ses conseillers, de son gouvernement, de son armée et de ses services secrets, auxquels il n’avait rien à reprocher. Il voulait uniquement la tête d’Assad parce que celui-ci n’est pas sunnite.

                                      Lorsque le prince Mohamed Ben Salmane (dit « MBS ») est devenu le plus jeune ministre de la Défense au monde, il a exigé d’exploiter les champs pétroliers du « Quart vide », cette zone à cheval sur son pays et le Yémen. Face au refus yéménite, il a lancé une guerre pour s’y couvrir de gloire comme son grand-père. En réalité, personne n’est jamais parvenu à se maintenir au Yémen, pas plus qu’en Afghanistan. Peu importe, le prince héritier manifeste sa puissance en privant 7 millions de personnes de nourriture. Si au Conseil de sécurité, tous les membres s’inquiètent de la crise humanitaire, nul ne se permet de critiquer le valeureux prince MBS.

                                      Conseillant son père, le roi Salmane, MBS lui propose d’éliminer le chef de l’opposition intérieure, le cheikh Nimr Baqr al-Nimr [1]. L’homme était certes pacifique, mais c’était un infidèle du point de vue wahhabite, un chiite. Il fut décapité sans provoquer de tollé chez les Occidentaux. Puis, MBS fit détruire Moussawara et Chouweikat dans la région de Qatif. Tous des chiites ! Là encore les Occidentaux n’ont pas vu les villes rasées par des blindés, ni les serfs massacrés.

                                      Ne supportant aucune contradiction, MBS pousse son père à rompre avec le Qatar, en juin 2017, qui a eu l’audace de prendre parti pour l’Iran face à l’Arabie saoudite. Il somme tous les États arabes de le suivre et parvient à faire reculer provisoirement l’Émirat.

                                      Lorsqu’il accède à la Maison-Blanche, le président Trump fait la part du feu. Il laisse les yéménites agoniser à la condition que Riyad cesse de soutenir les jihadistes.

                                      C’est alors que le conseiller du président Trump, Jared Kushner, eut l’idée de récupérer l’argent du pétrole pour renflouer l’économie US. L’immense fortune des Saoud n’est jamais que l’argent que les Occidentaux en général et les États-uniens en particulier lui ont versé mécaniquement pour ses hydrocarbures. Ce n’est pas le fruit de leur travail, juste une rente de leur propriété. Le jeune homme organise donc le coup de Palais de novembre 2017 [2]. 1 300 membres de la famille royale sont assignés à résidence, y compris le bâtard du clan Fadh, le Premier ministre libanais Saad Hariri. Certains sont pendus par les pieds et torturés. Tous doivent « offrir » au prince héritier la moitié de leur fortune. « MBS » encaisse en nom propre au moins 800 milliards de dollars en argent et en actions [3]. Erreur fatale !

                                      La fortune des Saoud, jusqu’ici dispersée entre tous, s’était concentrée en une main qui n’était pas celle du roi et donc de l’État. Il suffit donc de tordre cette main pour récupérer le magot.

                                      Alors que les Occidentaux s’esbaudissent devant la modernité de MBS qui autorise les femmes à conduire, le Canada lui reproche d’arrêter des leaders féministes. Furieux, il rompt les relations diplomatiques entre les deux pays, gèle les échanges commerciaux et rappelle tous ses ressortissants. MBS menace aussi le Koweït du même sort que le Yémen s’il ne lui offre pas ses réserves pétrolières frontalières. Mais le temps s’écoule rapidement.


                                      • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 28 octobre 2018 18:21

                                        Suite (3)

                                        L’opération Khashoggi

                                        Il suffisait d’attendre. Le 2 octobre 2018, MBS fit assassiner au consulat saoudien d’Istanbul un des hommes de main du prince al-Waleed Ben Talal, le journaliste Jamal Khashoggi, en violation de l’article 55 de la Convention de Vienne sur les relations consulaire [4].

                                        Jamal Khashoggi était le petit-fils du médecin personnel du roi Abdul Aziz. Il était le neveu du marchand d’armes Adnan Khashoggi qui équipa l’armée de l’air saoudienne, puis approvisionna pour le compte du Pentagone l’Iran chiite contre l’Iraq sunnite. Samira Khashoggi, sa tante, est la mère du marchand d’armes Dodi Al-Fayed (éliminé avec sa compagne, la princesse britannique Lady Diana [5]).

                                        Jamal avait été associé au coup de Palais que le vieux prince al-Waleed préparait contre MBS. Des spadassins lui coupèrent les doigts et le démembrèrent avant de présenter sa tête à leur maître, MBS. L’opération avait été soigneusement enregistrée par les services secrets turcs et US.

                                        À Washington, la presse et des parlementaires US demandent au président Trump de prendre des sanctions contre Riyad [6].

                                        Un conseiller de MBS, Turki Al-Dakhil, réplique que si les États-Unis prennent des sanctions contre le royaume, celui-ci est prêt à chambouler l’ordre mondial [7]. Car dans la tradition des bédouins du désert, toute insulte doit être vengée quel qu’en soit le prix.

                                        Selon lui, le royaume prépare une trentaine de mesures dont les plus marquantes sont :
                                         Descendre la production de pétrole à 7,5 millions de barils/jour, provoquant une hausse des prix aux environs de 200 dollars le baril. Le royaume exigera d’être payé en d’autres monnaies que le dollar, provoquant la fin de son hégémonie ;
                                         S’écarter de Washington et se rapprocher de Téhéran ;
                                         Acheter des armes en Russie et en Chine. Le royaume offrira une base militaire à la Russie à Tabuk, au nord-ouest du pays, c’est-à-dire à proximité de la Syrie, d’Israël, du Liban et de l’Iraq ;
                                         Soutenir du jour au lendemain le Hamas et le Hezbollah.

                                        Consciente des dégâts que le fauve peut provoquer, la Maison-Blanche sonne la curée. Se souvenant tardivement de leur beau discours sur les « Droits de l’homme », les Occidentaux déclarent en chœur qu’ils ne supportent plus ce tyran médiéval [8]. Tous leurs leaders économiques, un à un, se conforment aux instructions de Washington et annulent leur participation au Forum de Riyad. Rappelant que Khashoggi était « résident états-unien », le président Trump et son conseiller Kushner évoquent la confiscation de ses biens au profit des États-Unis pour apaiser leur courroux.

                                        À Tel-Aviv, c’est la panique. MBS était le meilleur partenaire de Benjamin Netanyahu [9]. Il lui avait demandé de constituer un état-major commun au Somaliland pour écraser les Yéménites. Lui-même s’était secrètement rendu en Israël, fin 2017. L’ancien ambassadeur US à Tel-Aviv, Daniel B. Shapiro, prévient ses coreligionnaires israéliens : avec un tel allié, Netanyahu met le pays en danger [10].

                                        Le Pacte du Quincy ne protège que le roi, pas les prétendants à son trône.


                                        • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 28 octobre 2018 18:22

                                          Suite et fin (4)

                                          [1] « La mort du cheikh El-Nimr fait vaciller le régime des Saoud », par André Chamy, Réseau Voltaire, 3 janvier 2016.

                                          [2] « Coup de Palais à Riyad », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 7 novembre 2017.

                                          [3] “Saudis Target Up to $800 Billion in Assets”, Margherita Stancati & Summer Said, Wall Street Journal, November 8, 2017.

                                          [4] « Convention de Vienne sur les relations consulaires », Réseau Voltaire, 24 avril 1963.

                                          [5] Lady died, par Francis Gillery, Fayard éd., 2006. « Francis Gillery : « J’ai étudié le mécanisme du mensonge d’État dans l’affaire Diana » », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 23 août 2007.

                                          [6] “The disappearance of Jamal Khashoggi”, by Manal al-Sharif, Washington Post (United States) , 9 October 2018. “Letter by the Senate Foreign Relations Committee on the disappearance of Jamal Khashoggi”, 10 October 2018.

                                          [7] “US sanctions on Riyadh would mean Washington is stabbing itself”, Turki Al-Dakhil, Al-Arabiya, October 14, 2018.

                                          [8] « Déclaration conjointe des ministres des affaires étrangères d’Allemagne, de France et du Royaume-Uni sur la disparition de Jamal Khashoggi », « Déclaration de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni sur la mort de Jamal Khashoggi », Réseau Voltaire, 14 et 21 octobre 2018.

                                          [9] « Exclusif : Les projets secrets d’Israël et de l’Arabie saoudite », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22 juin 2015.

                                          [10] “Why the Khashoggi Murder Is a Disaster for Israel”, Daniel Shapiro, Haaretz, October17, 2018.

                                          Source  : « Le Pacte du Quincy ne protège que le roi d’Arabie, pas son héritier », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 23 octobre 2018, www.voltairenet.org/article203577.html


                                          • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 29 octobre 2018 00:07

                                            « Dans la tradition des bédouins du désert, toute insulte doit être vengée quel qu’en soit le prix.... »


                                             Ce qui ne laisserait a Trump d’autre alternative que d’exterminer la famille de MBS au complet. Une operation facile, car il y certainement déjà sur place un « réformateur » charismatique formé par la CIA, fin prêt lancer au bon moment une insurrection pour « rétablir la démocratie »... et à transformer l’Arabie et les états du Golfe en protectorats américains... Voyez ce que j’écrivais sur le site « Les 7 du Quebec, le 25 septembre 2013...

                                            « Mon opinion personnelle est qu’on garde l’Arabie et les petites satrapies environnantes, - si riches, si mal défendues et si odieuses (jusqu’à la caricature !) – pour un grand « finale », qui sera à la fois le festin du roi et une superbe catharsis.

                                            Les médias nous sortiront quelques vierges lapidées et cette fois en parleront sérieusement. L’indignation bien notée, on pourra laver tous les déshonneurs de la politique de l’Occident par le massacre bien médiatisé de quelques douzaines ou centaines de potentats locaux que personne ne regrettera. (Se chargera du massacre une foule locale vengeresse vite assemblée qui aura enfin compris la démocratie)….et sera encadrée par une douzaine de nos barbouzes.

                                            Ce sera l’épisode de conclusion qui fermera la série »printemps arabes", celui qui permettra la perfection dans l’hypocrisie, puisque tout ce qu’on pourra leur reprocher sera VRAI. ! 

                                            Justice sera faite presque sans pertes, puisqu’il est difficile de penser, pour protester, à un saoudien qui ne soit pas un cheik bedonnant inapte a faire le coup de feu.. et que les mercenaires auront été rachetés et exportés avant le spectacle. Cette opération de bonne conscience passera a l’Histoire comme une grande bouffée d’air pur. 

                                            Je suis assez vieux pour mourir avant de voir tout çà in vivo, mais le scénario est tellement prévisible que je pourrais écrire déjà le bouquin… 

                                            Pierre JC Allard

                                            PJCA


                                            • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 25 novembre 2018 04:19

                                              Aux Lecteurs. The Art of The Deal...Le prix du crime et de la crapulerie ou celui du « sauvetage » temporaire du satrape. 450 Mds de dollars.

                                              https://www.middleeasteye.net/columns/saving-saudi-arabias-crown-prince-mohammed-bin-salman-1700937210

                                              US President Donald Trump’s latest statement on Saudi journalist Jamal Khashoggi’s murder is an extraordinary example of political sincerity - although backed by a completely wrong analysis. Trump departed from the usual empty and generic rhetoric made by former American presidents about Saudi Arabia. He made it very clear that the US will condone what Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman did, i.e ordering the killing of Khashoggi, because the kingdom is containing Iran, purchasing American weapons and is helping to control oil prices in line with American interests.In other words, when American values, such as defending human rights and the rule of law, collide with American interests, Trump will opt for the latter. In fact, Trump statement confirms indirectly Middle East Eye’s report on the US intention to offer a way out to the Saudi crown prince from the Khashoggi quagmire.

                                              A dangerous place

                                              The first sentence of the statement : "The world is a very dangerous place !" is probably the only one that reflects a correct reading of the current international situation. Of course, the president of the United States skips, or does not care about, the fact that his country carries a significant degree of responsibility for this situation. 

                                              In a statement stunning &cold-hearted, #Trump gave #saudiarabia a pass on murder of #JamalKhasoggi. He sounded more like #Saudi lobbyist or defense lawyer than protector of US values. So much for American justice. https://t.co/rsCNYcQARe

                                              — Robin Wright (@wrightr) November 21, 2018

                                              The support provided - so far - to Saudi Arabia’s war on Yemen, the bias shown on the Israeli-Palestinian question, the never-ending war in Afghanistan and before that the US’s toxic legacy in Iraq, are just a few examples.The reasons provided to explain why the world is dangerous follow the usual American position, reductive and oversimplified to say the least : all roads lead to Tehran.The reasons provided to explain why the world is dangerous follow the usual American position, reductive and oversimplified to say the least : all roads lead to Tehran.The reference to the Yemen conflict is quite puzzling, as well as the proposed solution : « Saudi Arabia would gladly withdraw from Yemen if the Iranians would agree to leave. » Even more puzzling is the president’s vision about the responsibilities for terrorism.He considers Iran "the world’s leading sponsor of terror" and then he makes a reference to Saudi kingdom’s efforts in this field : "Saudi Arabia has agreed to spend billions of dollars in leading the fight against Radical Islamic Terrorism." Unfortunately, the historical and circumstantial evidence, as far as Saudi Arabia is concerned, point in just the opposite direction.

                                              $450bn price tag

                                              Apart from the flawed analysis, Trump’s statement is an extraordinary demonstration of realpolitik. Because the world is a very dangerous place, the United States will continue to support Saudi Arabia, no matter what. But the real purpose of Trump’s statement on Saudi last night is actually to fix a price for this support.The hidden message that the statement was sending to the Saudi royal court is that to save himself the Saudi crown prince will be expected to disburse $450bn in investments.

                                              Unprecedented times call for unprecedented measures. @SenBobCorker & I are triggering Magnitsky Act AGAIN to defend human rights & free press. Now Pres. Trump must SPECIFICALLY determine if Crown Prince Mohamed bin Salman himself is responsible for the murder of Jamal Khashoggi pic.twitter.com/b1MbAJhA6O

                                              — Senator Bob Menendez (@SenatorMenendez) November 20, 2018

                                              The astronomical sums discussed during Trump’s visit to Saudi Arabia last year and Saudi crown prince’s subsequent visit to the US, that so far had remained at the level of a declaration of intent, have to be transformed into binding contracts very soon.And in case the message coming from Washington was not clear enough for the Saudis, Trump is even perfidious enough to mention possible initiatives by the US Congress going in different directions, hinting at the possibility of examine them : « I will consider whatever ideas are presented to me. » Translate : hurry up in drafting and signing the contracts !

                                              Saving bin Salman

                                              Trump is aware that the CIA has probably reached different conclusions on the responsibility of MBS in Khashoggi’s murder : "Our intelligence agencies continue to assess all information, but it could very well be that the crown prince had knowledge of this tragic event – maybe he did and maybe he didn’t !".Certain sectors of the CIA still regret losing the excellent cooperation they had with the former crown prince, Mohammed bin Nayef, and they could complicate Trump’s plan to save the current crown prince.There is a risk that this affair will also turn into another struggle between the White House and the intelligence agencies as happened with the Russiagate. Trump has questioned the analysis of US intelligence agencies according to which Russian intelligence hacked the Democratic party and voting systems during the US presidential elections in 2016.

                                              To make matters worse, on Wednesday, a bipartisan group of senators sent a letter to Trump, triggering an investigation into Khashoggi’s disappearance.The letter, written by Republican Senators Bob Corker and Lindsey Graham, and Democratic Senators Bob Menendez and Patrick Leahy, called for Trump to investigate Khashoggi’s disappearance under the Global Magnitsky Human Rights Accountability Act.The Magnitsky Act allows the president to impose sanctions on a person or country that has engaged in a human rights violation. "It is a delicate situation when we have a longtime ally that we’ve had for decades, but we have a crown prince that I believe ordered the killing of a journalist," Corker said in an interview.

                                              In other words, saving Mohammed bin Salman will not be an easy undertaking, especially if further leaks from Turkey on Khashoggi’s murder should emerge with the smoking gun trail leading directly to the Saudi crown prince.

                                              Hence, the Khashoggi saga is likely to go on.

                                              Marco Carnelos, former Italian diplomat, has been assigned to Somalia, Australia and the United Nations, has served in the foreign policy staff of three Italian prime ministers between 1995 and 2011. Middle East Peace Process Coordinator Special Envoy for Syria for the Italian government and, until November 2017, ambassador of Italy to Iraq.The views expressed in this article belong to the author and do not necessarily reflect the editorial policy of Middle East Eye.



                                                • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 30 janvier 2019 20:13

                                                  Un bel avenir.

                                                  Analyse d’Alexandre del Valle à propos de MBS.

                                                  Youtube d’Alexandre Del Valle

                                                  « Qui est vraiment le puissant prince hériter d’Arabie Saoudite Mohammed ben Salmane ? »

                                                  « Mohammed ben Salmane possède un atout qu’il a rappelé lors du G20 en Argentine. Qu’a-t-il dit lorsque Macron le critiquait un peu ou que d’autres hommes d’État lui faisaient des observations ? Il a ricané très sûr de lui. Et en off, il a quand même rappelé : « Moi je tiens un certain nombre de pays occidentaux dans les mains par les investissements, par le pétrole et par la possibilité, en Amérique ou ailleurs, de retirer de l’argent, des bons du trésor ou en ne prêtant plus à tel ou à tel pays. Il sait qu’il tient un certain nombre d’états occidentaux dans ses mains parce que l’argent achète tout.

                                                  Quand vous êtes MBS et que vous pouvez arroser n’importe qui et que de nombreux hommes politiques ont été arrosés par vous ou par vos parents ou par votre pays durant des décennies, vous avez quand même un atout.

                                                  Et là c’est autrement plus grave que l’affaire du Russiagate. […] »

                                                  Une vie mais aussi un destin de Satrape. Question de patience...A moins que l’inattendu vienne frapper sans s’annoncer, ce qui est dans le domaine du possible.

                                                  Saddam et Muammar n’ont pas très bien terminé, semble-t-il.


                                                  • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 26 septembre 2019 18:13

                                                    On ne peut pas tout surveiller...

                                                    The recent attack on Saudi Arabia’s Abqaiq oil processing facility has netted Saudi Arabia a modicum of international sympathy, which has temporarily quieted criticisms of the Kingdom’s many egregious human-rights violations (like bankrolling one faction in Yemen’s civil war and beheading teenagers for speaking out against the state).

                                                    But with the one-year anniversary of Jamal Khashoggi’s murder inside the Saudi consulate in Istanbul coming up next week, many of those old passions could soon resurface.

                                                    The backlash from the government-insider-turned critic’s murder was extremely embarrassing for the kingdom. Many American businesses, including the big banks, vowed to cut business ties with Saudi Arabia, and many bold-faced names pulled out of MbS’s « Davos in the Desert » forum.

                                                    So now, in a transparent attempt by Saudi Crown Prince MbS - widely blamed for ordering the killing - to assuage investors’ concerns about the Kingdom’s human rights record ahead of Aramco’s IPO, the Crown Prince sat for an interview with PBS’s Frontline where he said he ’takes responsibility’ for Khashoggi’s murder, even though he continued to deny having any foreknowledge of the killing.

                                                    « It happened under my watch, » Prince Mohammed told PBS reporter Martin Smith in a trailer released on Tuesday for the Frontline documentary, which kicks off the season . « I get all the responsibility. Because it happened under my watch. »

                                                    And how could this have happened without MbS knowing ?

                                                    « We have 20 million people, » he said. « We have 3 million government employees. »

                                                    And how did the kill squad get access to a government plane ? MbS blamed it on his subordinates.

                                                    « I have officials, ministers to follow things and they’re responsible, they have the authority to do that, » he said.

                                                    Nearly one year ago on Oct. 2, Khashoggi walked into the Saudi consulate in Istanbul for an appointment to obtain a document he needed to marry his Turkish fiancée. Inside, he was ambushed by death squad of 15 Saudi agents who had flown in a few hours earlier on a government jet. After reportedly refusing to return to Saudi Arabia with them, Khashoggi was strangled by a member of the team. His body was dismembered in the consul’s office, and his killers disposed of his remains. They have never been found.


                                                    MbS

                                                    The Kingdom punished members of the kill squad, including charging 17 people with Khashoggi’s murder, a charge that could carry a death sentence (by beheading) in Saudi Arabia, though few expect any to actually be convicted.

                                                    Turkish and international investigators have determined that the Saudi State sanctioned the attack then tried to cover it up, and the CIA has also reportedly determined that MbS directly ordered the murder of Khashoggi, who had been living in Virginia and working as a columnist for the Washington Post.

                                                    But the Frontline interview is one of the only examples of MbS publicly discussing the Khashoggi case. But if MbS and the Saudi state are worried about some kind of shareholder boycott hurting the valuation of Aramco’s IPO, they can probably relax. If anything, the Khashoggi affair showed how quickly international outrage can subside and be forgotten.

                                                    Just look at how quickly US investment banks have scrambled to join the ranks of the underwriters for Aramco’s IPO.

                                                    https://youtu.be/jNIysBbhSYA

                                                    Source Zero Hedge 26 septembre 2019

                                                    https://www.zerohedge.com/geopolitical/it-happened-under-my-watch-mbs-takes-responsibility-khashoggi-murder


                                                    • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 26 septembre 2019 18:15

                                                      Ce sont les magouilles des « apprentis maitres du monde », nous on regarde ^^

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