Du #CNR à Stéphane #HESSEL : comment ILS tuent la Résistance…
La mort d’un homme comme Stéphane Hessel forcément nous fait mal A gauche pour de vrai ! Non pour son petit livre d’indignation, ni même pour son rejet d’une droite libérale et réactionnaire. Bien plus pour sa résistance à un système mortifère dans une époque où la résistance vous la payiez de votre propre vie. Bien plus pour ce que les résistants nous donneront alors en signe de la victoire totale sur l’obscurantisme et le mépris du genre humain. Ce don nous viendra du Conseil National de la Résistance. Ce don ne porte pas de nom, il n’est pas un bien matériel. Il est au delà. Ce don est un système social et politique qui voulait revendiquer une lumière et une confiance dans le genre humain. Finalement, le CNR nous a fait don de l’arme efficace contre l’obscurantisme, l’individualisme et la tentation du pouvoir absolu qui conteste l’expression démocratique et mène au désastre. Le CNR nous a offert le droit de vote pour tous. Le CNR nous a offert la retraite par répartition. Le CNR nous a offert une sécurité sociale solidaire. Mais ces biens précieux et d’une rare efficacité contre l’obscurentisme, ILS n’ont eu de cesse de les mettre à mal, ILS n’ont eu de cesse de vouloir les détruire. ILS y auront mis du temps. Mais ce jour, où Stéphane Hessel est mort, ILS sont sur le point de réussir leur entreprise. Qui sont-ILS. Comment s’y prennent-ILS ? Découvrons le ensemble…
ILS n’ont guère d’égard pour le genre humain. ILS vénèrent d’autres objets que la vie. ILS adorent les actions, les obligations et autres constructions financières qui servent à fabriquer une richesse invisible, virtuelle et finalement fictive, sauf pour eux mêmes. ILS n’ont que faire de la manière de vivre des autres, de tous les autres. ILS sont, en revanche, préoccupés, en permanence, par ce que les autres, tous les autres, peuvent faire pour accroitre leurs richesses boursières. ILS sont attentifs à détruire tout ce qui, de prêt ou de loin, est susceptible d’empêcher ou réduire l’accumulation de leurs actions, obligations et rendements spéculatifs. ILS n’ont pas véritablement de préférences politiques. ILS peuvent passer si facilement du bleu au rose du moment où leurs intérêts sont sauvegardés. Du moment où le politique s’évertuera à défaire discrètement ou ostensiblement ce que Hessel, Aubrac, Moulin nous ont légué comme seul rempart à l’obscur et à la détestation du genre humain. ILS forceront et obtiendront plus que de raison le saccage de l’héritage du Conseil National de la Résistance, héritage pourtant acquis au prix de la vie. Maintenant, vous savez qui ILS sont.
ILS ont tout de suite attaqué le principe de solidarité entre les générations. Les résistants voulaient que le lien entre tous soit si fort qu’il empêche la désagrégation de la cohésion sociale. Car durant la guerre, la seconde, la fasciste, ils étaient effrayés, les résistants, à l’idée qu’une guerre civile en Français puisse éclater sous leurs yeux au motif que le projet d’avenir des uns soit incompatible avec le projet d’avenir des autres. Le CNR a alors inventé la retraite par répartition. Plus qu’une idée, plus qu’un système, un ciment de la cohésion sociale. Ceux qui ont travaillé pour les jeunes, pour les éduquer et leur confier une tâche dans le tissu social, seront pris en charge par ces mêmes jeunes une fois ces derniers devenus des adultes. Les enfants du présent doivent tout à leurs ainés, alors adultes ils leurs rendront tout ce qu’ils peuvent. Puis vieux à leur tour, ils recevront tout, en juste retour. Tapis dans le noir, les chasseurs d’actions, d’obligations et de rendements savaient qu’en ce début de retraite par répartition ILS étaient isolés. ILS savaient également que dans un tel système de solidarité, ILS n’y trouveraient pas assez leur compte. Alors ILS ont patiemment attendu que l’heure devienne plus favorable. Mais ILS ne se sont pas contentés d’attendre. ILS ont fabriqué une arme de destruction économique politique et sociale massive : la dette. Les attaques se sont faites de plus en plus violentes. Elles ont alors ouvert des brèches. “L’état est trop généreux” et ne peux plus financer ce bien pourtant si précieux qu’est la cohésion sociale. Il faut capitaliser la retraite, l’introduire en bourse. Voilà la “solution” qu’ILS finiront par imposer à beaucoup. Les fonds de pension, les assurances vies deviennent autant de scuds contre l’héritage du CNR. ILS obtiennent que les pensions baisses. ILS obtiennent que le temps de travail s’allonge au point que plus personne ne percevra une retraite à taux plein. ILS obtiennent alors que les vieux se fassent à l’idée que leurs jeunes ne seront plus à leurs côtés pour les vieux jours. ILS obtiennent que les adultes se jettent sur leurs produits boursiers et abandonnent peu à peu cet esprit de solidarité. ILS obtiennent que le ciment d’une cohésion sociale rempart de l’obscurantisme s’effrite, sous le regard impuissant ou l’action volontaire de politiques complices de ce saccage de l’héritage du CNR.
Les politiques seront également complices ou acteurs volontaires de l’autre saccage, celui de la sécurité sociale solidaire. Pourtant, cette idée est, elle aussi, plus qu’essentielle à la cohésion sociale. Durant la guerre, les résistants ont vu venir à eux des hommes, des femmes qui ne voulaient pas du totalitarisme nazi sur le territoire de la révolution. Ce nazisme qui instaure, en principe intangible, l’injustice qui frappe “au hasard” pour entretenir la peur, donc son maintien en place. Ces hommes, ces femmes ne voulaient pas d’un système social qui planifie méthodiquement puis qui industrialise la mort au motif de ce que le hasard de votre naissance vous lègue. Ces hommes et ces femmes utiliseront une arme redoutable pour se protéger de la traque nazi, la solidarité. Chacune, chacun dépendra de chacun et de chacune. Les réseaux seront des maillages où tous seront sous la protection de tous. Chacune, chacun viendra en aide à chacun et chacune dès que la menace de l’injustice qui frappe au hasard ou sur ordres menacera de s’en prendre à l’une ou à l’un. Ces hommes et ces femmes, au sortir de la guerre, et formidablement enrichis de cet esprit de solidarité qui protège de la mort, fabriqueront ce bouclier social qui fait rempart à l’injustice de la maladie et qui frappe au hasard. Ces femmes, ces hommes nous donneront cette sécurité sociale. Surtout, ce bouclier social rend chacune et chacun égal devant la loterie de la maladie, rend chacune et chacun égal face à la médecine. Ce bouclier efface l’héritage de la naissance, héritage qui peut tuer. Mais les chasseurs d’actions, d’obligations et de rendements ne peuvent supporter que la santé ne soit pas une marchandise comme les autres. Tapis, ILS attendront. Puis utiliseront leur arme de destruction massive : la dette. Les médicaments sont de moins en moins remboursés. Les hospitalisations de moins en moins prises en charge. Les hôpitaux publics de moins en moins entretenus. Les fonctionnaires de la santé de moins en moins payés. Dans le même temps, le secteur privé se développe. Les mutuelles, puis les assurances santé privées deviennent obligatoires pour chacune et chacun. A la condition de pouvoir se les payer. Peu à peu, ILS finissent là aussi par triompher et introduisent en bourse la sécurité sociale. ILS se serviront du scud nommé TVA anti social et qui adosse le financement de la solidarité non plus à la mutualisation salariale entre les citoyens, mais à leurs consommations, c’est à dire l’achat de produits dont les sociétés qui les fabriquent sont côtés sur les marchés financiers.
Pour tout cela, il faut aux chasseurs d’actions, d’obligations et de rendements un salariat aux ordres, soumis grâce à la peur du chômage, en concurrence face au salaire. ILS se serviront alors des femmes comme instrument de l’inégalité. La résistance avait pourtant ouvert les yeux sur elles qui étaient venues renforcer ses rangs en même nombre que les hommes. La résistance avait ouvert les yeux sur ces femmes qui prenaient les mêmes risques que les hommes. La résistance avait compris que sans les femmes rien, absolument rien n’aurait été possible. La résistance savait, comme tous, qu’elles n’étaient pourtant pas l’égal des hommes aux yeux de la République. Elles n’avaient pas le droit de vote, ces femmes, qui, comme les hommes, avaient pris les armes, en citoyennes, pour former des bataillons de résistance. Elles avaient, pareilles aux hommes, contribué au jour de gloire contre nous de la tyrannie. Le CNR mettra fin à l’injustice la plus cruelle et fera de la femme cette actrice majeure du genre humain, à 50/50 avec les hommes. Elles iront à la conquête de chacune de leur victoire : l’IVG, l’indépendance bancaire et autres symboles si important. Mais jamais on ne fera pour elles une loi qui les rendra égales aux hommes au travail. Elles percevront des salaires inférieurs, travailleront à temps partiel dans des industries pénibles qui exploitent. Elles seront licenciées en premier, recrutées en dernier. Car il leur faut aux chasseurs d’actions, d’obligations et autres rendements spéculatifs cet outil dénommé “peur” pour signifier au salariat qu’il dépend d’eux, exclusivement d’eux. Les gouvernements savent faire des lois pour faire de l’amour un droit pour tous. Les gouvernements ne savent pas faire une seule loi pour faire du travail et du salaire des droits égaux pour tous. Pire, les gouvernements laissent faire ou encouragent des lois qui finissent par soumettre le salariat aux chasseurs d’actions, d’obligations et autres rendements en précarisant leur sort et leur vie au travail. En définitive, chaque salarié doit vivre les conditions de travail que les femmes subissent depuis si longtemps.
Maintenant vous savez comment ILS font. Vous savez comment ILS attendent que le temps efface des mémoires l’action exemplaire de nos anciens. Vous savez comment ILS insinuent et finissent par convaincre que notre héritage coûte trop chère pour nous imposer une vie invivable. Nous devons en retour savoir comment résister. A gauche pour de vrai !, chaque fois que nous participons à une action militante et que nous entendons scander “résistance”, nous sommes pris d’un profond malaise. Car chaque fois nous repensons avec émotion à nos anciens si exemplaires. Mais nous, nous ne risquons pas nos vies. Chaque fois, A gauche pour de vrai ! nous repensons à ce jour où, malade et allongé sur notre lit d’hôpital, cet ami, Xavier, et aussi médecin, nous a rendu visite pour nous réconforter et à glissé dans nos mains ce témoignage de 1000 pages de Daniel Cordier. Ce livre* a changé notre vie à jamais, sache le Xavier. Nous ne pouvons nous empêcher de penser, avec effroi, que nous galvaudons ces femmes, ces hommes, ces résistants et le CNR. Puis, nous regardons autour de nous. Et nous voyons ces politiques qui conduisent en Grèce comme en France, desEuropéens au suicide face à une vie invivable. Nous voyons ces hommes et ces femmes, sur le sol d’Europe,s’immoler. Nous voyons les instances de l’UE refuser l’expression des peuples qui crient, avec leurs bulletins de vote, comme en Italie ces jours ci, leur refus de poursuivre sur cette route sombre qui mène à l’obscurité. Nous voyons cette commission qui ordonne aux Européens de se taire, qui ordonne aux nouveaux élus d’appliquer la doctrine édictée par des oligarques qui eux n’ont jamais été élus. Nous voyons ces sociaux libéraux qui valident une à une les actions et les pensées de ces chasseurs d’actions, d’obligations et de rendements au point que des Berlusconi ou des Sarkozy se voient “réhabilités”. Nous voyons, depuis l’ombre d’où ils surgissent, ces bruns et ces brunes qui comptent les points et misent sur un « playback » de l’histoire. Alors A gauche pour de vrai !, avec d’autres, de plus en plus nombreux, nous optons pour le rouge, ce rouge qui fait le cri du peuple, ce rouge qui conduisit à 1789, ce rouge qui conduisit à la loi de 1905, ce rouge qui conduisit au Front Populaire, ce rouge qui conduisit à mai 68. Et avec tous ces autres, de plus en plus nombreux, A gauche pour de vrai ! nous crions… “RESISTANCE” !
Sydne93
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