Sommes-nous réellement condamnés à revoir l’assurance-maladie à la baisse ?
Les Etats généraux de la santé et de l’assurance-maladie ont eu lieu les 21 et 22 octobre derniers à Bobigny. Bernard Teper, organisateur et président de l’UFAL, Union des familles laïques, nous aide à répondre à une question : la France n’a-t-elle réellement plus les moyens de mettre en application le principe de solidarité ?
Les Etats généraux de la santé ont réuni 150 participants (syndicats, associations, professionnels de la santé). Ils participent d’une dynamique plus large de débats publics sur ce thème. Bernard Teper est un expert du sujet, ses explications sont limpides.
Le constat
Le constat de départ : un trou de la Sécu, toutes branches confondues, de 10 à 15 milliards d’euros par an. Le déficit de la branche santé s’explique notamment par l’allongement de la durée de vie ainsi que par le développement de traitements technologiques et coûteux.
Actuellement, la façon de faire face à cette situation est toujours la même : c’est l’assuré qui paie (diminution des remboursements, augmentation des listes de médicaments non remboursés...). Ainsi les remboursements sont de plus en plus assurés par les assurances complémentaires et de moins en moins par la Sécu. Cette situation équivaut à une remise en question complète du principe de solidarité : chacun paie selon ses moyens et bénéficie selon ses besoins. Au contraire, notre système de soin devient de plus en plus inégalitaire :
- discrimination par rapport au pouvoir d’achat : il faut pouvoir se payer une bonne complémentaire pour être bien soigné et bien remboursé
- discrimination par rapport à sa situation sanitaire : les personnes malades ou âgées sont considérées par les assurances privées comme des populations à risques, et donc le montant des cotisations est supérieur pour ces personnes.
Comment faire face ?
De fait, on assiste à une privatisation progressive de l’assurance-maladie, imposée à coup de matraquage idéologique : "la France n’a plus les moyens". Est-ce réellement le cas ?
Les richesses produite par le pays (mesurées par le PIB) augmentent et sont bien supérieures à ce qu’elles étaient il y a trente ans. Par quel miracle notre pays de plus en plus riche a-t-il de moins en moins de moyens ?
Les richesses, générées par le travail des hommes, rémunèrent de plus en plus les revenus financiers et de moins en moins le travail. L’impression selon laquelle les revenus des entreprises sont de plus en plus captés par les actionnaires (sous forme de dividendes) et par les banquiers (sous forme d’intérêts) est largement confortée par les chiffres : ce n’est pas qu’une impression ! Ainsi, depuis vingt-cinq ans, 10% du PIB (environ 170 milliards d’euros par an) ne vont plus aux salaires mais aux profits. Les revenus des entreprises ne sont pas réinvestis, soit pour augmenter les salaires, soit pour développer les activités. Or les cotisations sociales sont bien sûr indexées sur les salaires.
Bernard Teper nous livre cette analyse, basée sur les chiffres publiés par l’Union européenne.
Si on partage cette analyse, les propositions faites par les Etats généraux coulent de source : taxer les profits financiers non réinvestis dans l’appareil productif. Cela aurait le double avantage de rééquilibrer le rapport entre travail et capital et de fournir de nouvelles sources de financement pour garantir l’application du principe de solidarité.
Bien sûr, le système de santé ne se réduit pas à une question de financement. Les Etats généraux abordent d’ailleurs de nombreux autres sujets, mais ça, c’est une autre histoire... En attendant, soyons conscients que le financement de la protection sociale est avant tout un choix politique. Il y a des priorités, pas de fatalité...
24 réactions à cet article
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« Les richesses, générées par le travail des hommes »
Non, le capital produit bien plus de richesse qu’avant, car il est bien plus productif qu’il y a 25 ans, justement.
« Ainsi, depuis vingt-cinq ans, 10% du PIB (environ 170 milliards d’euros par an) ne vont plus aux salaires mais aux profits. »
Remarque juste, mais qui ignore totalement que la période précedente était complétement déséquilibrée au profit des salariés, et est une des cause de la crise des chocs pétroliers (qui n’ont été que l’étincelle de celle ci).
« Si on partage cette analyse, les propositions faites par les Etats généraux coulent de source : taxer les profits financiers non réinvestis dans l’appareil productif. »
Conneries. Et pourquoi pas une prime à la délocalisation, pendant qu’on y est ?
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Le ruissèlement du PIB vers le capital assèche les salaires et l’investissement productif. Les anglo saxon compensent par le crédit à la consommation mais ce n’est pas une situation enviable.
Dire que le capital est plus productif ça me parait très hasardeux mais la main d’oeuvre aussi est devenu beaucoup plus productive car qui conduit, répare et règles les machines ? Des ouvriers de plus en plus formé et efficace.
Expliqué la crise par la part des salaires dans le PIB est vraiment ridicule.
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Le problême est aussi que la caisse de sécu est mal gérée. Les plus pauvres s’en tirent très bien avec la CMU, ils sont entièrement couverts, quant aux plus riches, puisqu’ils ont de l’argent, le problème ne se pose pas. Dans la classe moyenne, on peut distinguer ceux qui travaillent en CDI et qui ont une mutuelle et ceux qui font des petits boulots, qui n’en ont pas, et qui hésiteront à se soigner !
Tout cela est pris sur les salaires ! En effet dans les pays que nous montrons du doigt, l’assurance maladie est privée, et elle est beaucoup moins chère. En regardant vos fiches de payes, regardez ce qui est prélevé sur le salarié, mais regardez aussi ce qui est prélevé sur l’employeur, cela va au mmême endroit, pour la même « cause » : défendre un service désuet et plus adaptée !
Nous avons aujourd’hui la possibilité de prendre une caisse privée, un texte de loi a été voté sur ce sujet. Mais cela est tu par tous les média.
Cela m’intéresse beaucoup et pour autant je me demande ce que nous pourrions faire pour que les pauvres soient tout de même soignés. La médecine militaire pourrait peut-être intervenir ? Les étudiants en médecine ? Le problème aujourd’hui, c’est que cela pèse sur le salarié, mais que ce n’est pas non plus la seule solution ! cela bride l’emploi et la consommation et partant, toute l’économie !
Ce ne sont que des pistes ! Qu’on n’hésite pas à me contredire !
Bill
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la solution individuelle, c’estde fuir la secu et de passer au prive ( voir le site de claude reichmann)
mais quelle solution pour financer les pauvres ? un nouvel impot ?
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Et quid des régimes spéciaux, financés à fond perdu par le régime général ? Vous n’en parlez pas du tout. Curieux oubli...
La solidarité des uns va finir par s’arrêter devant l’égoïsme des autres. Vous prônez le partage. Fort bien, que les régime spéciaux disparaissent !
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La répartition profite toujours plus à ceux qui en abusent... et l’on dépense toujours plus facilement l’argent des autres.
alors ne nous étonnons pas que cela crée un déficit !
Seules DES assurances privées permettraient de responsabiliser chacun, mais la France l’interdit encore, et maintient un monopole couteux, malgré les directives européennes...
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Une information du jour sur le sujet : video ici et là ! Espérons que la médiatisation de cette démarche permettra enfin un débat sur ce sujet, et nous rendra notre liberté !
Et mettra fin à la dépense sans fin de l’argent des autres...
Et que l’on arête de craindre cette ’privatisation’ de la santé : des proches travaillent en clinique, où la journée d’hospitalisation coûte QUATRE fois moins qu’en hopital, pour des soins au moins aussi bons !
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les cliniques ne font que les actes médicaux rentables, par d’urgence, de psychiatrie, de gérontologie mais la petite chirurgie, cardiologie, bref ce qui rapporte.
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L assurance privee c est bien, mais c est pas la solution qui mene a plus d economie. L exemple des USA est parlant, tout est prive est la medecine est hors de prix (en partie pour payer les assurances que les medecins doivent payer a cause des patients qui veulent recuperer leur mise a coup de proces)
Pour revenir au cas francais, il y a surement de bonne economies a faire par une meilleure gestion. Et ca c est vrai que c est dur a faire par une societe publique. Les parties qui seront mises sous pression (ex medecin, laboratoire, retraites) vont pleurer vers l etat qui est dirige par de spoliticiens qui ne veulent que se faire reelire et donc vont ceder.
L exemple parfait de l incompetence est la reforme de douste blabla qui a augmente les tarifs des medecins en echange d une moderation des prescriptions de ceux ci. Les medecins ont touche l argent mais les depenses en medicament ont continue a flamber.
La seule solution pour stopper tout ca c est de frapper au portefeuille du consommateur (eh oui, a ce niveau c est plus de malade qu on parle). Si on payait ces medicaments, on ne representerai pas 50 % de la conso mondiale des tranquilisants !!! Et on peu continuer avec les vacances au frais de la secu (cures) ou les opration de chirurgies esthetiques remboursees (officiellement c est pas le cas, mais il suffit de dire qu il y a une gene et hop le tour est joue ! La secu ne verifie meme pas que le medecin qui opere le fait dans un vrai hosto ! A marseille un generaliste s est pas prendre suite au non remboursement d une patiente qu il a loupe. Il n avait aucune qualification pour operer (generaliste) et en plus il faisait ca dans une clinique officiellement desaffectee !!)
Je vois pas le probleme ou une assurance vous demande plus si vous etes un cas a risque (ie un vieux paye plus qu un jeune). C est le cas pour moi en allemagne. Et quand je vivais en france, je payais un max pour mon assurance auto car j etais jeune, et ca c est genait personne !
L ideal c est une secu qui couvre les gros pb (ex attaque cardiaque) mais pour le bobo du petit doigt c est perso et eventuellement une assurance privee. Ca va freiner sec la conso, baiser les cotisations sociales et donc le cout du travail et par consequent devrait faire baisser le chomage.
Evidement ca n arrivera jamais. Quel politicien serait assez fou pour se mettre a dos les professions medicales ?
Autre piste, delocaliser les soins ! Un dentiste polonais ou tunisiens est surement 50% moins cher qu un francais !!!
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On nous rebat les oreilles avec les grands mots : la solidarité, la répartition (pour les retraites Sécu) Dans les deux cas, cela consiste à distribuer immédiatement, donc sans provisionner (ou capitaliser...)l’argent des cotisations qui est arrivé dans les caisses. Si les budgets ont été bien faits, et on peut penser qu’il y a des tas de gens très intelligents à la Sécu et dans les Ministères qui savent compter, apprécier les coûts et la démographie, il n’y a aucune raison pour qu’il y ait des déficits de l’ampleur que l’on connait ! A cotisations négociées avec les cotisants salariés et patronaux,et fixées pour une année,il suffit d’appliquer des coefficients d’adaptation aux remboursements et aux pensions ! Si on prévoit un déficit de 5%, on rembourse à 95%, voilà tout ! Et on corrige l’année suivante ! Simpliste, peut-être ? Probable dans son application pure et dure. Mais une méthode de ce type aurait l’avantage d’attirer très vite l’attention sur les mensonges et les gabegies qui caractérisent la gestion de ces organismes !
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Avant d’envisager de taxer encore plus, ne pourrait-on pas commencer par traquer les abus payés par tous : hopitaux qui coutent 2 fois plus chers que les cliniques pour les mêmes actes, médecins capables de faire 80 actes par jour, salariés en arrêt maladie de complaisance etc...
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@ TB
Mon petit TB, je commence à être très inquiet, mais alors très très inquiet ! Nous arrivons à être d’accord sur un tas de sujet ! Es tu malade ? Je t’ai même vu complimenter mon copain Jim il n’y a pas longtemps ! Flute, il faut que tu rencontres un docteur, on ne sait jamais ! Ou alors serais tu en train de te billisé ?
En tous cas je te salue bien !
Bill
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Une médecine ruinée dans un pays ruiné ,voilà mon constat. Que l’on se remette au travail avec au max.15% de prélèvements divers et le pays repartira . A-t-on encore besoin de tous nos élus avec l’Europe. Il y a en 2006 ,77 erreurs des plus hauts élus, des lois honteusement caduques qui prouvent que notre système politique est incompétant . L’ Europe est garante de notre bien être ,nos élus n’ont donc plus que les lois « primordianles » tq sur notre défense nationale, notre police nationale ..à faire passer et c’est tout !! Notre sécurité Siociale est gérée par des gens dont personne ne veut dans les entreprises et les administrations ,que doit-il arriver,sinon la ruine de ce système qui fonctionne par affinité .
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Je suis ravi de ce débat ! A la vue des commentaires, il semble que les Etats-Généraux de la Santé ont du boulot ! Vous mettez allègrement à la poubelles les droits de l’hommes et les principes fondateurs établis par le conseil national de la résistance. Vous allez me dire qu’ils sont dépassés, inadaptés au monde moderne, archaïques, mais ce modernisme affiché ne cache t’il pas un conservatisme certain, une adhésion à l’idéologie ambiante qui fait l’apologie de l’individualisme et nie les déterminismes sociaux.
J’ai ainsi relevé un ensemble d’assertions qui constituent autant de positions dogmatiques et stéréotypées :
- La sécu est mal gérée
- Les agents de la sécu sont des fonctionnaires poussiéreux (« Notre sécurité Sociale est gérée par des gens dont personne ne veut dans les entreprises »). Je peux vous dire que dans le privé, banque par exemple, vous avez autant d’employés qui bullent, partent à 17h et dont la préoccupation principale est de compter leurs jours de congés.
- Les assurances privées sont moins chères que les assurances publiques
- Les cliniques privées sont moins chères que l’hopital public
- chacun doit s’assurer lui-même (Agor : « on dépense toujours plus facilement l’argent des autres »)
- Les bénéficiaires de l’assurance maladie sont des profiteurs qui abusent (Panama : « La solidarité des uns va finir par s’arrêter devant l’égoïsme des autres », cdg : « vacances aux frais de la sécu »). Il faut bien sûr lutter contre les fraudes et abus, mais c’est justement pour maintenir et renforcer le système d’assurance maladie, pas pour le supprimer ! Ce n’est pas parqu’il y a des gens qui fraudent dans le métro qu’on va supprimer le métro ... D’aileurs les états-généraux font des propositions pour améliorer la gestion de la sécu, la rendre plus démocratique. Mais cela ne veut pas dire la privatiser ...Chers amis, réagissez ! Ne nous laissons pas instiller une pensée toute faire servie au JT de TF1 (et autres médias dominants).
Autres réponses :
- « le capital produit bien plus de richesse qu’avant, car il est bien plus productif qu’il y a 25 ans »
- > Le capital ne produit rien du tout ! C’est le travail des hommes qui produit les richesses ! Sans travail, le capital ne rapporte rien. Et effectivement, le travail est de plus en plus productif. Cette précision peut sembler anecdotique mais je pense qu’elle est révélatrice d’une différence d’état d’esprit ...- Bill se préoccupe généreusement des pauvres : la médecine militaire ou des étudiants pour soigner les pauvres ! Cela revient à remplacer la solidarité par la charité. Ne soyons pas condescendant.
- Le Panda : il faut distinguer 2 choses : corruption ou abus de pouvoir (Chirac, Giscard), et d’autre part le rôle économique et social de l’état (que vous appelez « Etatisme »). On peut lutter contre le 1er sans pour autant nier que l’état est le meilleur garant possible des droits fondamentaux.
Merci pour tout ces débats enrichissants.
Michoko
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Contrairement à ce que l’auteur semble dire, les vérités affichées dans les commentaires passent peu sur TF1 :
- une journée en clinique psychiatrique est jusqu’à 4 FOIS MOINS CHERE qu’en hopital
- les secu europeennes couvrent mieux la santé pour un cout 3 FOIS plus faible
- la france défend un monopole couteux et contraire à la législation européenne : nous devrions avoir accès au libre choix de notre sécu
- les médecins libéraux sont fonctionnarisés par l’état, et ils n’en peuvent plus de voir leurs charges augmenterBref, rien du consensus ’tout va très bien chez nous madame la marquise’ de notre créateur national de minute de cerveau disponible, TF1 !
Et les droits de l’homme n’ont rien à y faire : ils n’indiquent pas que la générosité doit être imposée à grand frais par l’état. La validité d’une démarche morale ne justifie pas le maintient de tous les abus qui la maintienne artificiellement. Notre modèle de sécu est MORT, COUTEUX, et INEFFICACE. Ce que je remets en cause, c’est son fontionnement étatique, pas son principe !
Les droits de l’homme sont des droits individuels, et en rien la justification des abus de notre système contaminé.
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Certes, le PIB augmente constamment mais cela ne signifie pas que l’on ait plus d’argent pour financer. C’est une erreur de raisonnement mathématique. Le PIB a augmenté, et, dans le même temps, les dépenses de santé ont augmenté largement plus vite. résultat : leur part dans le PIB ne cesse de croître. On ne raisonne pas sur la même base, une base croissante doit financer des dépenses qui augmentent encore plus vite. L’impasse n’est due qu’à cela, indépendamment de tout débat idéologique !
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C’est sous ce titre que Michoko, animateur de radio associative, s’exprime dans Agora vox pour poser une question majeure ? Les états généraux de la santé mobilisés depuis la réforme de l’assurance-maladie (été 2004) dénoncent la privatisation de l’assurance maladie (faite au motif d’un financement actuel trop onéreux). Ce qui se joue aujourd’hui n’est-ce point la désocialisation des dépenses de santé sous le prétexte de responsabiliser ? L’augmentation des frais de santé pour le malade est une aubaine pour les assureurs qui pourront d’ailleurs moduler leurs tarifs en fonction du profil de l’assuré. Elle fout le camp notre sécurité sociale fondée sur les principes d’universalité, d’unité et d’unicité !
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Je pensais trouver sur Agoravox un peu plus de réflexion et surtout un peu moins d’idéologie !! Je vois opposer l’idéologie « libérale » prônant la privatisation de la Sécu et celle qui voudrait son maintien, le tout nappé dans des considérations pseudo-économiques... Avant de débattre sur la Sécu, encore faudrait-il rappeler les conditions (démographiques et économiques) dans lesquelles elle a émergé, voir comment celles-ci ont évolué et, partant, poser quelques questions de bon sens. L’espérance de vie a augmenté de près de 30 ans depuis le début des années 1950 et les causes de maladies et de décès ont profondément évolué. Les premières causes de décès dans les années 50 étaient les maladies infectieuses et cardio-vasculaires qui ont spectaculairement régressé. On dit encore que les maladies cardio-vasculaires constituent la première cause de décès mais ceci ne concerne que les personnes de plus de 70 ans. Parmi les causes de décès dits « prématurés » (avant 65 ans), ce sont les cancers qui sont en tête et leur traitement coûte cher et de plus en plus cher... Par ailleurs, on a vu émerger, en partie du fait de l’allongement de la durée de vie, des maladies chroniques telles le diabète qui pèsent très lourdement sur le budget de la branche maladie de la Sécu. Il faut aussi savoir que ce n’est qu’une petite frange de patients qui consomment la majeure partie du budget de l’assurance maladie... On peut bien entendu agir sur les comportements de « gaspilleurs » mais cela ne jouera qu’à la marge. Les raisons profondes de l’augmentation des dépenses de l’assurance maladie sont structurelles et en grande partie liées à l’évolution démographique et à celle des maladies chroniques. Et encore je ne parle là que de la branche assurance maladie, il faudrait aussi évoquer la branche « famille » et « vieillesse », ce qu’aucun des commentateurs n’a fait !! Quelle ignorance et quelle pédanterie à vouloir régler le déficit de la Sécu par des coups de gueule idéologiques sans connaissance réelle du sujet... Cela laisse mal augurer, hélas, du devenir de cette assurance solidaire qu’il faut faire évoluer mais pas nécessairement dans le sens d’une dissolution pure et simple pour aller vers des assurances privées. N’oublions pas qu’aux USA ce sont 45 millions de personnes qui n’ont aucun accès aux soins, étant trop pauvres pour se payer une assurance privée et pas assez pour avoir droit à l’aide médicale... 45 millions, cela représente 15% de la population US... C’est comme si, en France, 9 millions de gens des classes moyennes n’avaient aucun accès aux soins !! Alors que voulons-nous réellement ?? Voilà une bonne question à se poser à quelques mois de l’échéance présidentielle en sachant qu’un des candidats se prononce très nettement en faveur de la dissolution pure et simple de la Sécu (sous des oripeaux de libéralisme)... Bien à vous.
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Enfin un commentaire à la hauteur du sujet traité ! J’approuve totalement l’argumentaire développé par son auteur ainsi que son sentiment sur le différents commentaires populistes qui « réagissent » à l’article de Michoko...
Le problème de la solidarité ne se pose aujourd’hui qu’à l’apparition de problèmes personnels. Le même phénomène se retrouve régulièrement dans le monde salarié, principalement sur l’engagement de chacun dans le militantisme syndical. Cette envie de solidarité n’apparaît malheureusement que lorsque l’individu est totalement concerné par les accidents de la vie qui le touchent personnellement et qu’il s’aperçoit (un peu tard !) qu’il ne peut pas, seul, réagir face aux injustices que génère le système libéral...
La santé des citoyens (tous les citoyens, même ceux qui ne produisent pas de richesses !) peut-elle être dépendante de son coût ? C’est, je crois, la seule question qu’il faut poser. Et la réponse à cette question doit être politique et non économique ! Comme cela a été écrit plusieurs fois sur cette page, les productions de richesses sont en constante progression, c’est donc sur cette redistribution inégalitaire de cette richesse qu’il faut intervenir...
Les problèmes de fraudes ou d’abus du système doivent bien sûr être traités sans tabou mais ils ne doivent pas servir d’alibi aux plus favorisés pour abandonner la solidarité au profit d’une charité tout juste suffisante à leur donner bonne conscience !
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« mais ils ne doivent pas servir d’alibi aux plus favorisés pour abandonner la solidarité au profit d’une charité tout juste suffisante à leur donner bonne conscience ! »
Oui, tu as raison, Emmanuelle Béar, quelle salope. Enfin, jespére qu’elle va revenir de son paradis fiscal pour soutenir Royale et les clandestins, qu’on rigole encore un peu.
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Sommes nous condamnés à revoir l’assurance maladie à la baisse ?
Oui, c’est une question importante : fondamentale même et c’est pourquoi je secoue ma léthargie pour y répondre...et d’abord je remercie l’UFAL (que je ne connais pas, pour l’initiative de ce forum citoyen, car c’est la seule solution pour trouver des solutions, c’est bien à la réflexion citoyenne collective de s’emparer de ces questions pour tenter d’y trouver des réponses : celles ci , en aucune manière, ne peuvent nous venir des technocrates, ils ont fait leurs preuves d’incompétence et de nuisance depuis longtemps et dans tout les domaines.
Mais il me semble que, s’il faut échapper au discours des experts, ce n’est pas non plus pour retomber dans son inverse, càd les clichés et les lieux communs qui ne veulent plus rien dire, sinon de servir de soupape au « ras le bol »...ça fait du bien mais on n’avance pas ! En fait il s’agit réellement d’une question de civilisation : comment tisser des liens entre nous comment ne pas laisser les faibles et vulnérables au bord de la route, quel système d’entraide imaginer et comment le faire évoluer, pour substituer , à la loi de la jungle, la solidarité humaine. La difficulté est grande car la sécu est une vaste usine à gaz, complexe et mal connue de la plupart, en tout cas de moi-même. Et c’est pourquoi je suis incapable, seul d’en dresser un tableau simple, clair et parlant, qui me permettrait de trouver de « bonnes » solutions. C’est pourquoi je pense que tout le monde doit s’y mettre , réfléchir et y aller de ses idées- et expériences pour construire une vraie pensée populaire constructive sur ce sujet, NOTRE secu, car c’est notre création et notre propriété commune . Donc, pour l’instant je n’en suis qu’à pouvoir émettre des considérations plutôt générales pour essayer de baliser le terrain où je veux aller. Je parle en tant que praticien (retraité) de la santé mentale ayant dirigé des services de psy publiques depuis une trentaine d’années, mais aussi en temps qu’usager de la santé puisque j’ai eu à bénéficier de soins. Mais également comme voyageur ayant connu de nombreux pays sans système de santé : c’est une expérience qui décoiffe...j’ai même fait un remplacement de médecin libéral d’un an au Maroc : je sais donc ce que je ne supporterais pas de voir s’installer en France. Alors voilà, je vous livre un peu en vrac mes idées générales qui reposent sur mes expériences vécues, c’es un catalogue un peu disparate pour susciter des réactions et de nouvelles réflexions... Les idées générales : La secu est l’enfant du CNR qui l’a créé au lendemain de la guerre, en pleine pénurie de tous ordres : pourquoi ont-ils pu le faire alors que les grandes sociétés aujourd’hui font des bénéfices record ? Pourquoi ce qui est possible dans la pénurie pose problème dans l’abondance ? Question. L’idée force était celle d’une solidarité : chacun d’entre nous doit bénéficier des progrès d’une médecine moderne en pleine évolution. Depuis cette création, les gouvernements conservateurs se sont succédés en France( qu’ils soient ouvertement de droite ou PS.) Question : comment voulez vous qu’un état capitaliste (élitiste ,égoîste et individualiste construise un système inverse basé sur la communauté, le collectif, et l’intérêt général : j’y vois une contradiction fondamentale. Illustration : les syndicats médicaux alertent les instances politiques successives depuis plus de 20 ans sur la baisse très prévisible du nombre de médecins : aucun gouvernement n’y a rien fait, sinon aggraver la situation. Résultat des courses : 600 postes de psy hospitaliers vacants en 2002 et 1200 pour 2007 !! c’est l’extermination « douce » des services de psy publics, dans le même temps, on a fermé la filière de formation des infirmiers psy, dans l’indifférence générale. Mais rassurez vous,cette remarque concerne aussi les gynéco, ORL, ophtalo, gynéco et autres chirurgiens et la pression est telle dans le métier que les jeunes ne veulent plus faire d’études de médecine : pourquoi ??? Les budgets : d’abord, il représente le second budget de la nation : on imagine combien est grande la tentation de puiser- légalement ou pas, dedans. En fait ce budget représente le remboursement des frais engagés par les traitements. Mais si on y ajoute la construction des hôpitaux, il faut alors payer les frais (privés) d’études d’implantations, le béton, le verre l’acier et l’électronique, avec tous les dividendes qui passent dans les poches des actionnaires, sans compter la vente des médicaments ou l’hôpital rembourse aux compagnies pharmaceutiques la fabrication, les frais de recherche, la pub et .....les bénéfices des actionnaires et ceci le plus légalement du monde. N’y a-t-il pas confusion budgétaire entre frais d’investissements à long terme et remboursement de frais médicaux ? qui doit financer les investissement lourds à long terme ? La sécu ou les impôts généraux ? Question. En tout cas cela éclaire un peu la question des prix de journée astronomique des hôpitaux publics, sans compter les frais des formation cliniques des étudiants en médecine à l’hôpital... Quelques questions administratives : Pourquoi les cadres administratifs se sont-ils multipliés ces dernières années au détriment des postes soignants ? Ne serait-ce pas parce que l’hôpital devient géré « comme une entreprise » ? Savez vous qu’un cadre de direction ne peut être sanctionné pour faute ? dans ce cas, il est l’objet d’une mutation AVEC PROMOTION...( c’est arrivé dans mon hôpital) Ne va-t-on pas dans le mur avec ce système ? Les conseillers techniques des instances administratives sont des médecins généralement sans expérience clinique, n’ayant passé aucun concours hospitaliers ni pris la responsabilité de « faire tourner » un cabinet privé : sont-ils les meilleurs conseillés des décideurs administratifs et politiques ? cela n’explique t-il pas la stagnation des projets que nous leur avons soumis pendant toute notre carrière ? Là encore ne va t-on pas dans le mur ? Ne voyez pas dans mes questionnement de l’aigreur ou une position anti administrative : je suis à fond pour un service public de santé, car la santé n’est pas une marchandise comme le disent certains à très juste titre. La sécu est la pièce maîtresse de ce dispositif et elle doit être défendue sans concession à ce titre. Mais des réformes profondes sont nécessaires pour qu’elle perdure et joue pleinement son rôle. Je voudrais prendre pour exemple la pédo psy : notre pays a vu se mettre en place DANS L’INDIFFÉRENCE GÉNÉRALE une vraie révolution silencieuse. Dans ces trentes dernières années, sous l’impulsion des soignants suivis par certains administratifs compétents nous avons tous mis fin à l’internement des enfants et à la prescription de psychotropes, ils sont maintenant soignés en restant en famille, en poursuivant leur scolarité pour un grand nombre d’entre eux, et les psychotropes ont été remplacé par des psychothérapies qui ont fait leur preuve. Cette vaste entreprise qui s’est déroulée en France a été rendue possible par le financement des services de pédo psy par la secu. Les soignants ont eu autre chose à faire qu’à valoriser cette grande avancée : mais qui en a parlé ??? actuellement ces services sont attaqués de toute part et menacés de disparition : qui en parles ? Il y a sùrement des critiques à faire à ce système de soins, des améliorations à apporter mais seule la secu pourra permettre ces évolutions positives. Pardonnez moi ces considérations plutôt indigestes, ce sont des questions dont les réponses ne sont pas évidentes car les situations complexes ne peuvent pas avoir de réponses simples. Bon courage à tous et encore merci pour ce forum. jp
05/01/2007
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Les assurances médicales privées : ce sera comme pour les véhicules automobiles...Tant que vous n’avez pas de sinistre, on encaisse les primes et vous êtes un bon client. Quand surviendra une casse, responsable ou pas, que vous ayez cotisé 1 an ou 50 ans, on vous résilie comme un malpropre... Ce serait exactement la même gestion financière dans le domaine de la santé. Les malades chroniques, les personnes agées, bref la population à risque pour une caisse de sécu privée qui n’hésitera pas à « jeter » tout ce qui devient un centre de coût.
Finalement conforter la sécu existante est peut être le moindre mal pour garantir l’accès aux soins pour tous.
Je m’interroge aussi sur le discours infantilisant de nos dirigeants sur la sempiternelle responsabilité des assurés et toujours principalement eux dans le « trou » de la sécu.
Je constate que depuis que l’appareil étatique a confisqué la gestion de la sécurité sociale en 1995, la situation ne s’est pas vraiement méliorée. De plus, si l’Etat remboursait les sommes dues à la sécu pour toutes les mesures financées dans l’immédiat par nos cotisations, le trou financier serait bien moins béhant.
En outre, il est extrémement étonnant d’entendre toujours la même lithanie étatique pour culpabiliser les hopitaux, les acteurs médicaux et les malades qui seraient responsables de la faillite du système de santé alors que jamais l’appareil de gestion de la sécu elle-même n’est jamais stigmatisé et mis à contribution pour participer à la « modernité » dont on nous rabat les oreilles.
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Voilà quatre commentaires qui remettent un peu d’ordre dans les idées et qui vont à l’essentiel.
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Oui, le systéme est condamné. La solution est la privatisation, afin de responsabiliser le client (les français refusent toujours de payer pour leur soins et leur logement, etrange comme mentalité..). Mais n’inversons pas les chose. Ce n’est pas la privatisation qui cause la ruine du systéme, pas plus que Hayek n’est responsable de la crise des années 70 !
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