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Accueil du site > Actualités > Société > Comment exploiter (légalement) les stagiaires ? Lisez Capital (...)

Comment exploiter (légalement) les stagiaires ? Lisez Capital !

Depuis plusieurs années, le nombre de stages connaît une croissance exponentielle.

Un stagiaire, c’est pratique : c’est une « ressource qualifiée, flexible et pas chère », une « main d’oeuvre qualifiée et low-cost ». C’est ce que nous explique Capital, mensuel traitant de l’économie en France. Car le stagiaire peut être exploité, mais encore faut-il prendre garde à le faire de manière légale. Si l’on en croit Pierre Pillet, auteur de l’article, ce n’est pas trop difficile.
Vous avez dit cynisme ? Morceaux choisis (et commentés) d’un article qui témoigne des limites (honteuses) atteintes par le système des stages.

Jusqu'où exploiter (légalement) les stagiaires, tel est le titre d'un article écrit par Pierre Alban Pillet dans le numéro de décembre du magazine Capital. Tout le contenu éthique de son article tient dans cette précision donnée entre parenthèse : exploiter, certes, mais pourquoi s'en priver, puisque c'est tout à fait légal.

Ainsi, se suivent les témoignages de recruteurs sans complexe, tout à fait disposés à exposer les avantages de ce système. Par exemple, Pascale Pailhé, qui assume son point de vue et "qui ne s'en cache pas", et qui sait "parfaitement tirer parti de son bataillon de jeunes issus d'école de commerce ou d'ingénieur", dixit Pierre Pillet. Lorsqu'elle cherchait un volontaire pour une tâche ingrate, explique Pascale Pailhé, "tout le monde baissait les yeux, sauf les stagiaires. (...) Non seulement ils étaient prêts à le faire sans discuter, mais en plus ils étaient contents."

Car c'est bien la moindre des choses, et la base d'un management réussi, que d'avoir des (sous)-employés heureux. Depuis, Madame Pailhé " a monté le cabinet de coaching Mentora". Sans doute coache-t-elle à présent des ex-stagiaires sans emploi pour qu'ils continuent à se faire exploiter avec le sourire.

Mais continuons. Monsieur Pillet a le mérite de la franchise : "dans tous les secteurs", écrit-il, "et singulièrement les secteurs à forte densité de matière grise, le stagiaire est devenu la figure incontournable du serrage de coût. Les statistiques sont là pour le confirmer : nos entreprises devraient en accueillir cette année environ 1 million, contre 800 000 en 2005, selon les estimations du Conseil économique et social". Un million de stagiaire, pour deux millions d'étudiants, n'est-ce pas absolument démesuré ? Absolument pas, car Pierre Pillet nous rassure : "Rapporté au 2 millions d'étudiants en France, cela peut sembler beaucoup. Mais des jeunes déjà diplômés s'inscrivent à des formations fictives ! certains établissements, véritables coquilles vides, n'ont même été créées que pour ça."

Ah, les vilains établissements ! Ah, le scandale de l'inscription aux formations fictives ! Cela méritait bien une phrase exclamative bien placée. En voilà, de l'indignation salutaire ! Le problème est donc là, ne cherchez pas plus loin. 

Stagiaires en solde en Lorraine

Pierre Pillet enchaîne en reconnaissant que "cette main d'oeuvre qualifiée et low-cost présente tous les avantages", et en énonçant lesdits avantages : corvéable à merci, non soumis explicitement aux 35 heures selon la loi, un coût qui n'excède pas 417 euros par mois...et, pour couronner le tout, un contrat "ultra-flexible" : "on peut le prendre six mois et renouveler sa convention de stage d'autant, sans avoir à justifier quoi que ce soit !" (remarquez l'usage, à nouveau, de l'exclamation, qui semble de toute évidence être la marque d'un grand enthousiaste de la part du journaliste). Il conclut : "Bref, et très cyniquement, on peut dire que l'abus de stagiaire n'est pas dangereux. A condition toutefois de ne pas dépasser certaines bornes."

Pierre Pillet, par un tour rhétorique, reconnaît son cynisme avec une honnêteté qu'il convient de souligner pour aussitôt prodiguer des conseils pratiques. Ne vous attendez pas à trouver des conseils pour protéger le stagiaire, comme le droit du travail peut protéger le travailleur. Que nenni : il s'agit, comme l'indiquait le titre, de savoir exploiter son stagiaire en respectant les limites de la légalité - loi qui, comme on s'en aperçoit de plus en plus, ne protège absolument pas le stagiaire des abus.


L'article est long (tant d'avantages pour un seul statut, et en toute légalité, ça fait rêver...). Je laisserai le plaisir à mes éventuels lecteurs de le découvrir en détail, en indiquant le lien de la page en cache à la fin de cet article. Voici un résumé des principaux points et les plus beaux passages :

1. Un point positif : le manager peut "les faire trimer sans avoir recours à la pointeuse". Dans certains cabinets de consultants ou banques, les stagiaires "peuvent même fréquemment finir à minuit ou au-delà. Rien d'illégal là-dedans."

2. "Leur durée de travail n'est pas directement réglementée. " Et c'est un avocat qui l'explique. Il faut juste prendre quelques précautions, tout de même ! "Préciser dès le départ, dans la convention, la durée hebdomadaire maximale de présence dans l'entreprise, y compris la nuit ou un jour férié si nécessaire." Un contraignant et vilain décret du 29 août 2010 a rendu cette précision obligatoire....

3. Pour le repos, "même topo : la loi est muette". Donc l'employeur peut choisir à sa guise d'accorder ou non des congés. "Légalement, n'ayant pas de contrat de travail, notre petite main n'a droit à rien, pas même au RTT, quand bien même elle resterait six mois ou un an." Et oui, il ne faudrait pas trop en demander, quand même. 

4. La gratification officielle, rappelons-le avec Pierre Pillet, est de 417 euros par mois, soit, remarque notre journaliste qui a le sens du calcul, "2,47 euros de l'heure s'il ne travaille pas plus de 35 heures. A peine plus cher qu'un ouvrier chinois !" Encore une phrase exclamative. Je l'ai pensé, je n'aurais pas osé la comparaison, mais Pierre Pillet l'a écrit : "à peine plus cher qu'un ouvrier chinois". N'allez pas en Chine, la Chine vient à vous !

5. Pour les motiver (car on sait bien, si l'on connaît la pyramide de Maslow et autres théories de la motivation, combien la motivation est importante pour le rendement du travail !) on peut "leur faire miroiter une prime de fin de stage". C'est "sans engagement". Pas de risque et retour sur investissement maximum !

Faut-il vraiment poursuivre ? D'autres conseils pratiques suivent, afin de rester dans le cadre fixé par la loi : éviter de les inscrire dans un planning, "noyer le poisson" afin de dissimuler le fait que le stagiaire fait en réalité le travail que pourrait accomplir un employé payé au tarif légal... Mais il suffit de quelques précautions, et le tour est joué.

La référence en fin d'article au collectif Génération Précaire est le couronnement de l'article. Le journaliste nous laisse un instant croire qu'il se soucie des conditions de travail des stagiaires lorsqu'il évoque les "Prix du cynisme", décerné à BNP Paribas et le prix de l'exploitation à Danone. Mais nous sommes très rapidement rassurés sur le véritable positionnement de Pierre Pillet :

"A la décharge de ces deux groupes, il faut souligner qu'une mise en situation vaut souvent bien mieux qu'une batterie de tests pour jauger le talent d'une éventuelle recrue."

Peut-être, mais il oublie de préciser que le stage est rarement un passeport pour une embauche, puisqu'un stage ouvre souvent vers... un autre stage. Si l'on en croit cet article de l'Apec, en 2005, "56 % des jeunes diplômés avaient trois stages ou plus à leur actif, contre 42 % auparavant. de plus, alors qu'en 2000, un seul stage présentait déjà un bénéfice quant à l'accès à l'emploi, en 2005 il faut au moins deux stages."

Et puis, à lire l'article, on se rend compte que sont davantage exposées les conditions légales d'une "mise en exploitation" que celle d'une "mise en situation". 

Le plus amusant est réservé pour la fin. L'article se trouve dans la rubrique "Carrière". Capital a sans doute le sens de l'humour, et notre journaliste le sens de la formule : "Stagiaire rime avec précaire, mais aussi avec carrière." 

L'intégralité de l'article est disponible ici (page 1) et là (page 2). Preuve, s'il en est, qu'on peut affirmer ouvertement aujourd'hui que, oui, le stagiaire est un sous-employé à peu de frais. Ne serait-il pas temps d'y réfléchir ?


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22 réactions à cet article    


  • juluch 12 janvier 2011 12:13

    Tout à fait d’accord avec votre article.


    Dans le milieu médico social ou les Maisons de Retraite c’est flagrant !!
    Les jeunes en stages font le travail du salarié absent sans qu’ils puissent rien dire !!

    Une honte !!

    Particulièrement que certain sont parfois mineurs !!



    • Talion Talion 12 janvier 2011 12:29

      D’un autre côté, un stagiaire s’il se rend compte qu’il s’est fait baisé une fois son stage achevé et qu’il a été foutu dehors a grand coups de pieds dans le cul peut très bien exfiltrer des informations sensibles concernant son ancien esclavagiste...

      Ne vous privez surtout pas de cette possibilité les mecs !...

      Vous n’apparaissez pas dans les planning ?... Alors aucun soucis, vous n’avez officiellement jamais eu connaissance des informations stratégiques qui vous sont tombées dans les mains et de nos jours des outils très pratiques permettent de publier le plus anonymement du monde des exclusivités concernant les stratégies d’un exploitant de misère.

      La fidélité se paye... Ne faites pas de cadeaux à celui qui vous exploite et vous presse comme un citron. La prochaine fois (s’il ne s’est lui-même pas fait virer) il y réfléchira à deux fois avant de donner de bonnes raisons à un stagiaire de le détester.


      • RilaX RilaX 12 janvier 2011 14:15

        très bon conseil selon moi !

        Votre employeur vous exploite ? Exploitez donc les données auxquelles vous avez accés !


      • Talion Talion 12 janvier 2011 15:51

        Non... Mon employeur actuel est très correct... Il faut dire que je suis en CDI et qu’il est plutôt à l’écoute et proche de ses salariés (même si son tempérament est du genre très têtu comme pour tous les Bretons :p )

        Par contre j’ai également connu la situation de l’exploitation du stagiaire avec horaires impossible, harcèlement, travail la nuit, semaines de 90 heures... Et le tout bien entendu payé au lance-pierres...

        Pour ce genre de crapule par contre, j’ai eu moins de scrupules une fois qu’on s’est séparés...

        Dans le genre j’en ai planté un en plein milieu d’un deal de plusieurs millions d’euros après six mois d’exploitation non payés de sa part. Tous ses contrats du moment son tombés a l’eau...
        Ca a été ma petite façon à moi de lui dire merde...

        J’aurais pu pousser le vice jusqu’à refiler la description de toutes ses cartes à ses concurrents et à ses fournisseurs vu qu’il ne m’a pas rémunéré pour cette mission et qu’il a toujours refusé de signer avec moi le moindre engagement contractuel.

        D’ailleurs je peux toujours le faire...

        Pas de contrat, donc pas de loyauté et pas d’engagement... C’est aussi simple que ça les mecs.

        Vous avez le droit de tomber malade ou d’avoir une urgence familiale au moment le plus critique d’un dossier pour lequel vous avez été bombardé comme rouage le plus indispensable (mais non rémunéré).

        Et surtout ne croyez jamais votre employeur qui vous fait miroiter une prime de fin de stage alors que rien n’est écrit noir sur blanc. Si ce n’est pas écrit, c’est qu’il se fout de votre gueule.


      • Marc Bruxman 12 janvier 2011 19:48

        "Et surtout ne croyez jamais votre employeur qui vous fait miroiter une prime de fin de stage alors que rien n’est écrit noir sur blanc. Si ce n’est pas écrit, c’est qu’il se fout de votre gueule."

        Faux ! J’en ai eu une sans qu’on me la fasse miroiter pour un stage bien payé et cela nous arrive de faire de même dans ma boite actuelle (avec des éléments que l’on a envie de revoir par exemple). La matière grise ca va cher alors quand on a quelqu’un de bien on essaie de le garder et si il est encore étudiant (on a envie qu’il revienne chez nous plus tard).


      • bob 13 janvier 2011 10:37

        @ Talion,

        Pas vraiment, la captation de données sensible d’une entreprise pour une autre est du domaine de l’espionnage industriel et est réprimé par la loi. Le stagiaire ne peut pas faire ce qu’il veut. La véritable arnaque est de faire croire que le stage donnera lieu à un emploi rémunéré. Dans les faitst, seul un cas sur dix y arrive et souvent dans des conditions qui n’ont rien à voir avec la prestation professionnelle.

        @ Marc Bruxman,

        Etes-vous sérieux lorsque vous dites cela ???
        L’entreprise est un lieu de pouvoir : ne resteront que ceux qui plaisent et non pas les plus productifs.


      • Talion Talion 16 janvier 2011 19:02

        @Bob : Et si votre ancien exploiteur ne peut pas démontrer que vous avez officiellement reçu les informations ayant fuité ?... Et si l’origine de la fuite n’est pas clairement identifiable (Cryptome est un super site pour ceux qui ne le connaitraient pas !...) ?... Et si aucun contrat ne vous lie avec celui qui vous a baisé ?...

        C’est extrêmement facile de faire sortir des infos stratégiques d’une grosse société ou d’un cabinet traitant des informations stratégiques... Surtout si ceux-ci on externalisés auprès de vous une partie de leur activité en vous faisant miroiter un recrutement en CDI mais vous laisse en fin de compte tomber comme une vieille chaussette (pas de contrat, pas de rémunération, donc pas de lien officiel).

        A malin, malin et demi...


      • Ronald Thatcher rienafoutiste 12 janvier 2011 13:22

        Les voilà nos petits chinois, tout frais sorti des écoles ! 

        Vive la croissance pour les tauliers, vive les féculents et les tubercules pour les esclaves...


        • Traroth Traroth 16 janvier 2011 23:03

          Je ne pense pas, non. Le principe de reproduction sociale dirait plutôt que comme le père de Jean a exploité Jacques, Jean va exploiter le fils de Jacques. Et ainsi de suite.


        • Yohan Yohan 12 janvier 2011 14:09

          Dans l’audit, ils sont très forts eux aussi, Mazars, Deloitte, KPMG et consors font provision de belles brochettes de stagiaires tous frais, et corvéables à merci. Ils en prennent entre 60 et 120 par an.
          Certes, on va dire que ce n’est pas totalement gratuit, mais donner 1200€ à un jeune qu’on envoie faire les quatre coins chez les clients jusqu’à point d’heures, ça fait pas cher ramené à l’heure, surtout quand on compare à ce qu’ils facturent aux clients.
          La manne des stagiaires est juteuse, et on pourrait parler des dérives de l’AFPR.
          Les stages ne devraient pas excéder les trois mois, et devraient être systématiquement rémunérés au moins 600€ par mois et les stagiaires devraient être turorés et non utilisés comme de simples salariés à bas coût.


          • Marc Bruxman 12 janvier 2011 19:41

            Pas dépasser les trois mois ce n’est pas génial. Impossible de donner un sujet intéressant sur 3 mois à un stagiaire. Pour ne parler que ce que je connais (l’informatique) on a généralement :

            • 2 Mois pour bien rentrer dans le code du projet sur lequel on va bosser, comprendre et analyser le problème. Productivité voisine de zéro.
            • 1 Mois pour faire un plan d’action sérieux et planifier ce que l’on va faire.
            • Et deux semaines en fin de stage ou l’étudiant fait son rapport ;)
            Alors ne soyons pas stupides si l’on limite les stages à 3 mois les étudiants vont faire du développement web et se voir confier des taches compétement inintéressantes alors que c’est parfois un moyen de faire bosser quelqu’un pour approfondir une piste technique que l’entreprise n’a pas le temps d’explorer en temps normal. C’est bon pour le stagiaire (super expérience) et bon pour l’entreprise.

            Par contre, pour le salaire minimal cela devrait je pense dépendre du secteur Mais déja imposer les 417 € sur toutes les durées (et pas seulement > à 3 mois) serait bien.


          • Traroth Traroth 16 janvier 2011 23:06

            Marrant. Le monde informatique, je connais plutôt bien aussi, et des projets où on ne produit rien d’autre que du papier les 3 premiers mois, je n’en ai jamais vu, même dans des multinationales !


          • patdu49 patdu49 12 janvier 2011 17:27

            417€ pour un 35h en gros ...
             
            ah bah vous etes en concurrence avec les CUI CIE CAE de pôle emploi, niveau cout pour les exploiteurs, les negriers etc .. aussi bien dans le privé, que dans le public que dans les milieux associatifs (chantier de speudo réinsertion etc) car :

            AIDES DE L’ ETAT :
            Le montant de l’aide ne peut excéder 95 % du montant brut du SMIC par heure travaillée, dans la limite de la durée légale hebdomadaire du travail.

            pour les ateliers et chantiers d’insertion conventionnés par l’État au titre de l’article L. 5132-2 du code du travail, le montant de l’aide financière peut être porté jusqu’à 105 %

            L’exploité à au moins, lui, le SMIC horaire ..
            PAR CONTRE pour les exploiteurs, je vous laisse faire les calculs, ... ça va au delà de la gratuité ...

            Absence de prise en compte dans les effectifs.

            des dérogations permettent d’exploiter certaines personnes jusqu’à 60 mois ainsi .. soit 5 ans de suite.

            Pendant la durée de la convention, les titulaires d’un CUI-CAE ne sont pas pris en compte dans le calcul des effectifs de l’entreprise.

            + Exonération de cotisations :

            1° Des cotisations à la charge de l’employeur au titre des assurances sociales et des allocations familiales, pendant la durée de la convention. Le montant de cette exonération est égal à celui des cotisations patronales au titre des assurances sociales et des allocations familiales correspondant à la fraction de la rémunération n’excédant pas le produit du SMIC par le nombre d’heures rémunérées, dans la limite de la durée légale du travail calculée sur le mois ou, si elle est inférieure, de la durée conventionnelle applicable dans l’établissement ; les cotisations afférentes à la partie de la rémunération qui excède ce montant ne donnent pas lieu à exonération ;
            2° De la taxe sur les salaires ;
            3° De la taxe d’apprentissage ;
            4° Des participations dues par les employeurs au titre de l’effort de construction.

            Sans parler des aides eventuelles des collectivités locales ...


            • perlseb 12 janvier 2011 18:18

              Rassurez-vous, tous les jeunes diplômés ne se font pas exploiter en étant obligés d’accepter des stages au lieu de n’avoir droit à... strictement rien s’il refuse ces stages (pas de RSA quand on n’a pas déjà travaillé au moins 2 ans, si on a moins de 25 ans).

              Ce que je peux dire, quand même, plus vous galèrerez jeune à faire des stages, et plus votre futur métier aura des chances d’être inintéressant. Bref, quand on galère jeune, c’est que ses pistons personnels sont insuffisants (ou, chose rare, que l’on a l’honnêteté et la non-lacheté de ne pas s’en servir).

              Quand j’étais dans mon école d’ingénieur, je n’avais pas réalisé à l’époque que certains éléments (et pas du tout les meilleurs) savaient déjà ce qu’ils allaient faire à la sortie de l’école (merci papa).

              Pourquoi ce système si injuste peut-il continuer encore comme cela ? Parce qu’à chaque nouvelle génération, les jeunes arrivent toujours pleins d’espoir, souvent portés par leur propre famille, assez fière d’avoir un enfant qui a fait de bonnes études... Rien de plus facile que d’exploiter quelqu’un qui espère, les jeunes sont des proies très faciles.


              • patdu49 patdu49 12 janvier 2011 19:36

                concernant le RSA jeune, je t’invite à lire mon dernier article :

                http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/rsa-jeune-c-est-du-pipeau-86935

                le RSA JEUNE c’est qu’un effet d’annonce, je te mets au défi de me trouver un seul bénéficiaire, afin qu’il vienne témoigner.


              • Marc Bruxman 12 janvier 2011 19:32

                J’ai fais trois stage en tout et pour tout dans ma scolarité :

                • Un comme développeur dans une PME (éditeur de logiciels) d’informatique payée 1000 € / Mois + tickets restaurants.
                • Un comme développeur informatique dans un grand compte (éditeur de logiciels) (700 € / Mois + resto d’entreprise)
                • Un comme développeur dans une PME (éditeur de logiciels) payé 1200 € / Mois (préembauche) le salaire est bien monté après.
                En clair non les stages ce n’est pas toujours de l’exploitation. Je n’ai pas eu de piston pour aucun de ces 3 stages, quoique pour le dernier un prof de mon école m’a fait une recommandation.

                Certe un stagiaire est bcp moins cher qu’un ingé diplomé mais d’un autre coté, il est encore en cours de formation et même en stage de fin d’étude on manque plus ou moins d’expérience.

                Pour les stages à 350 € mensuels (ou moins à l’époque on pouvait proposer 0) on m’en a proposé dans l’industrie effectivement ou ils se plaignaient de ne pas recruter d’informaticien compétents mais offraient une misère. On m’en a aussi proposé des non rémunérés (généralement dans des organismes publics). La plupart de ceux qui cherchaient à être bien payés ont réussi à l’être. Certains révaient de bosser dans tel ou tel secteur d’activité (typiquement l’aéronautique) et ont acceptés des rémunérations moindres.

                Bref je sais que certains abusent, mais ca ne m’a jamais semblé délirant de trouver un stage bien payé du moins en région parisienne.


                • Yohan Yohan 12 janvier 2011 19:40

                  Faudrait aussi se poser la question de savoir pourquoi les facs renouvellent des conventions de stage pour des jeunes qui souvent en ont déjà fait assez. Même si les jeunes le demandent par peur de n’être jamais assez à la hauteur pour entrer dans le sein des seins de l’ entreprise, il faudrait quand même mettre les bornes, car sinon on risque fort de les dépasser de manière démesurée, vu l’angoisse du chômage.


                  • Marc Bruxman 12 janvier 2011 19:45

                    Ca c’est pas faux.

                    Et j’ai aussi oui dire que la fac de nantes imposait une journée de travail en entreprise a ses master pro et que cette journée n’est pas payée. Ce qui est complément débile à la fois pour l’entreprise et pour l’étudiant.

                    Les écoles d’ingés ont depuis longtemps des stages longs 4 à 6 mois mais l’universitré a du mal à l’accepter. Alors qu’il vaudrait largement mieux concentrer les cours sur un semestre (vu le volume horraire) et permettre un stage de 6 mois qui a une chance d’être vraiment utile au niveau pédagogique et qui permet aussi à l’étudiant de faire suffisamment ses preuves pour que l’employeur ait envie de l’embaucher. En 6 mois on peut arriver à se rendre utile ;)


                  • DUCATI 12 janvier 2011 21:19

                    MERCI QUI ???
                    -merci le MEDEF et L’UMPS !


                    • SebdeRennes SebdeRennes 13 janvier 2011 07:15

                      Ce qui est encore plus choquant que la situation tragique des stagiaires est la litanie amorale et cynique du journaliste qui écrit l’article de Capital.
                      Normalement, ce genre de conseils, tant ils sont honteux, devraient tout juste être susurrés à l’oreille de celui qui veut bien écouter.

                      Le papier glacé de « Capital » n’accroche pas la merde, il l’étale.


                      • Linda Woo 13 janvier 2011 10:26

                        J’ai également été très choquée par le discours sans complexes du journaliste. C’est ce qui m’a motivé à écrire ce texte : je trouve cette publication honteuse de la part de Capital. 

                        Ceci dit je pense aussi que ce qui est dit dans l’article relaie bien une certaine manière de voir les stages pour certains employeurs (cf les témoignages dans l’article), et cela montre bien, qu’en fin de compte, beaucoup de stages pourraient être des emplois (mais pourquoi se priver de payer moins cher ?)
                        Je remarque, en consultant les offres d’emploi, que les stages portent sur des postes qui pourraient être qualifiés de postes « junior » , destinés à des personnes venant de terminer leur formation initiale. Il devient alors difficile de trouver un premier emploi lorsqu’on n’a pas ou peu d’expérience (puisque ces postes « d’entrée dans le métier », dans certaines branches comme la communication, la culture, etc. sont des stages...) De fait, la case « stage » a remplacé le premier emploi...
                        Ce n’est pas l’état d’esprit de toutes les entreprises, bien entendu. 
                        Et je ne parle pas des problèmes liés aux emplois aidés (CUI CAE, évoqués dans un autre commentaire) : lorsqu’on est déjà en emploi, ils ne sont pas accessibles. Il faut être en effet en recherche d’emploi pour y avoir accès. C’est, de fait, un frein à la mobilité professionnelle, alors même que les profils demandés sont souvent assez exigeants (bac + 5 et autres compétences). Qui plus est, il s’agit souvent de postes à temps incomplet, payés au minimum horaire... Allez donc vous réinsérer dans le marché de l’emploi avec un poste payé 800 euros. C’est très courant dans le secteur culturel.


                      • 2102kcnarF 13 janvier 2011 11:34

                        Je trouve les réactions des agoravoxiens extra , j’espère que le journaliste en question lira cet article et les commentaires. Il faut qu’il sache qu’il n’est qu’un dégueulasse...
                        Les patrons voyous doivent-être sanctionnés et même par des moyens légaux...
                        Quant au journaliste en question il s’est lui-même désigné.
                        Car comme le dit l’un d’entre vous : ’Normalement, ce genre de conseils, tant ils sont honteux, devraient tout juste être susurrés à l’oreille de celui qui veut bien écouter. ’ ....
                        Un jour la peur et l’insécurité changeront de camp .


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Linda Woo


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