Mobilisation pour l’école
Cette année encore, la rentrée scolaire est marquée par un appauvrissement de l’offre éducative. Moins d’enseignants pour plus d’élèves, remise en cause et dégradation de la formation initiale et continue des enseignants, disparition des RASED (Réseaux d’Aide Spécialisée pour les Élèves en Difficulté) au profit d’un dispositif d’aide personnalisée inadapté et donc inefficace, manque de places pour accueillir les enfants à partir de 2 ans en maternelle, création de jardins d’éveil, statuts précaires des personnels EVS (Emploi Vie Scolaires) et AVS (Assistants de Vie scolaire)... Tels sont les ravages annoncés par le ministre de l’éducation actuel, Luc Chatel, qui, par ces mesures, contribue pleinement à continuer ce qu’avait initié Xavier Darcos.
Pour le SNUIPP-FSU 21, syndicat majoritaire des enseignants du premier degré, il est urgent, en cette rentrée, de faire entendre les besoins des écoles. C’est bien le but de l’initiative « 3 jours pour l’école », qui se déroule dans toute la France les 8, 9 et 10 septembre à l’initiative du SNUIPP-FSU. L’avenir des élèves exige de rompre d’urgence avec cette politique éducative et de redonner dynamisme et confiance autour d’un projet d’école qui soit celui de la réussite pour tous !
Pour expliquer la situation critique actuelle, faisons un bref retour sur les réformes qui détruisent le service publique d’éducation et qui mettent gravement en péril l’avenir de nos enfants.
En passant à la semaine de quatre jours, le gouvernement a repris deux heures chaque semaine dans l’emploi du temps des écoles. Sans aucune concertation, il a décidé d’utiliser ces deux heures pour « aider » les élèves en difficulté dans le dispositif d’aide personnalisée. Cette initiative, qui ignore les propositions de la recherche, s’avère inefficace pour la réussite des élèves, surtout pour les enfants les plus en difficultés.
En effet, le gouvernement a utilisé le prétexte de la mise en place de l’aide individualisée pour supprimer ou sédentariser de nombreux postes RASED (Réseaux d’Aide Spécialisée pour les Élèves en Difficulté). En Côte d’Or, ce sont 12 postes RASED qui ont été supprimés et 12 postes sédentarisés. Ces derniers n’interviendront plus que sur 2 écoles alors qu’ils avaient un secteur d’intervention souvent plus large et couvraient davantage d’écoles. Or, les RASED sont composés de personnels formés pour prendre en compte les difficultés les plus lourdes sur le temps scolaire. L’aide individualisée se déroule hors temps scolaire, ce qui entraîne automatiquement une augmentation de la durée de la journée de classe pour les élèves les plus en difficulté. Les spécialistes des rythmes scolaires les plus reconnus (professeur Hubert Montagné, François Testu) s’accordent à dire que cette nouvelle organisation de la semaine de classe a pour conséquence des journées trop lourdes pour certains enfants, et donc une incidence néfaste sur leurs apprentissages.
Pour les stages de remise à niveau pendant les vacances, aucun bilan qualitatif ni quantitatif n’est disponible, sauf quelques "bilans déclaratifs", et souvent les enseignants avouent que c’est surtout pour l’aspect financier qu’ils le font. Il y a nécessité de revaloriser le salaire des enseignants et non de proposer un saupoudrage pour quelques-uns.
La formation des enseignants
Jusqu’à maintenant, pour pouvoir passer le concours de Professeur des écoles, il fallait être titulaire d’une licence (Bac+3). Une fois le concours obtenu par le candidat, souvent à l’issue d’une année de préparation, celui-ci devenait fonctionnaire stagiaire et suivait une formation rémunérée d’un an à l’IUFM, formation comprenant de nombreux stages.
Avec la réforme de la formation des enseignants, le gouvernement affirme vouloir revaloriser le métier et augmenter la qualité de la formation en demandant aux candidats au concours d’être titulaire d’un Master. Là encore, il ne faut pas se laisser abuser, cette réforme a pour seul et unique but de réaliser des économies en ne rémunérant pas la dernière année de formation.
De plus, la diversité du corps enseignant est une richesse qui risque d’être gravement altérée par la « mastérisation ». En effet, ne pourront se présenter au concours de Professeur des écoles que les personnes qui auront les moyens de financer cinq années d’études après le bac. A l’issue de ses 5 ans d’étude, le titulaire d’un Master ne sera pas assuré de devenir enseignant. Il devra également préparer et réussir le concours ! Sinon, il viendra probablement gonfler les effectifs de l’Agence Nationale de Remplacement, constituée de personnels précaires.
Cette réforme aura également pour conséquence une baisse de la qualité de la formation (réduction du nombre d’heures de stage, de la formation à la didactique, à la recherche en pédagogie,..) ! L’offre de formation continue, parallèlement, ne cesse de se dégrader, le nombre de stage diminue et beaucoup sont supprimés pour pallier au manque de remplaçants.
Des élèves en plus, des postes en moins...
La rentrée est marquée par une régression budgétaire sans précédent : 14 000 élèves supplémentaires sont accueillis dans les écoles alors que 6 000 postes ont été supprimés. Dans notre département, nous avons dû rendre 37 postes, du jamais vu pour 283 élèves en moins soit une fermeture pour 7,6 élèves de moins. En comparaison, 3 postes ont été ouverts dans les collèges pour 144 élèves de plus soit 1 poste pour 48 élèves supplémentaires ! De nombreuses classes devront fonctionner avec des effectifs très importants (Mat Larrey 32 élèves en section de grands, 27 élèves en CP à la Trémouille, Marsannay le Bois mat plus de 30 élèves par classe). Dans le même temps, les associations complémentaires de l’Ecole Publique voient leurs moyens considérablement amputés tant en personnels qu’en subventions : Ce sont des colonies de vacances, des classes de découvertes, des activités péri-scolaires qui vont disparaître.
Des milliers de places manquantes en maternelle.
En Côte d’Or comme partout en France, la scolarisation des deux ans continue à baisser passant de 21,3% en 2007/2008 à 18,4% en 2008/2009 (chiffres nationaux). L’école maternelle a perdu près de 14 000 places par an depuis 3 ans. La création de jardins d’éveil payants confirmée par Nadine Morano continue de fragiliser la place des tout-petits à l’école. Le SNUipp réaffirme la nécessité des apprentissages précoces que seule l’école maternelle peut offrir à tous les enfants. Les jardins d’éveil payants à la charge des collectivités locales et des parents ne peuvent constituer une réponse adaptée à la demande des familles...
Enseignement des langues
Autre exemple de restriction budgétaire qui contribue à compromettre fortement la qualité de l’éducation : l’enseignement des langues vivantes étrangères. L’Éducation nationale s’était déchargée de cette responsabilité sur certaines municipalités, comme la ville de Dijon qui fournissait aux écoles des intervenants extérieurs. Le ministère prétend désormais assurer cet enseignement en se passant d’intervenants extérieurs, estimant qu’il relève de la polyvalence des professeurs des écoles comme n’importe quelle discipline, ce qui est nier les réalités du terrain. Ceci aura pour conséquences de fortes disparités, et donc une grande inégalité, ainsi que la disparition d’une offre diversifiée en matières de langues. Ne soyons plus hypocrites : quand l’Éducation nationale dit « enseignement des langues », il faut clairement entendre : « anglais pour tous » !
Autres personnels dont les écoles et les parents déplorent le départ : les contrats aidés employés dans les écoles (EVS et AVS). Si les postes ont été maintenus, ce n’est pas le cas des personnes : en juin, 30 000 EVS se sont retrouvé-e-s au chômage (plus de 150 en Côte d’Or), la plupart sans avoir bénéficié de la formation prévue par ce type de contrats et censée les remettre sur le chemin de l’emploi.
Le SNUipp-FSU dénonce ce recours à la précarité alors que l’école et les enfants devraient bénéficier de personnels formés et stables, avec un vrai statut et un vrai salaire.
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