L’Illectronisme et la fracture numérique
Le mot "illectronisme", est un néologisme qui transpose le concept d’illettrisme dans le domaine de l’information électronique. L’illectronisme se définit comme l’incapacité à accéder aux contenus de l’information numérique et (ou) à les discerner. Il fabrique une nouvelle forme d’illettrisme qui entraîne l’exclusion de certains publics et crée de nouvelles fractures contre lesquelles il faut lutter.
Alors que de nouveaux usages se sont développés avec le Web, de l’ordre de l’expression et de la communication, que les écrits numériques se multiplient, des personnes éprouvent de grandes difficultés à accéder à maîtrise de l’outil.
Selon une récente étude du Gartner Group, cabinet spécialisé dans la prévision sur le secteur des hautes technologies, le mal touche 50 millions d’Américains. Des initiatives ont été menées pour lutter contre ces nouvelles formes d’exclusion et de fractures.
Qu’est-ce que l’illectronisme ?
Il s’agit de l’incapacité à maîtriser les technologies de l’information en tant que technologies culturelles. Souvent, c’est un nouvel handicap culturel qui s’ajoute à ceux préexistants. Les personnes qui sont victimes d’illectronisme ne parviennent pas à utiliser Internet comme outil de formation, d’échanges positifs et d’inventivité. Ce sont des inadaptés du clavier.
La définition du mot "illectronisme" fut donnée par Élisabeth Noël , conservatrice de bibliothèque. Il s’agit d’un manque de connaissance des clés nécessaires à l’utilisation des ressources électroniques. Les difficultés touchent à la pratique et à la manipulation de ces nouveaux outils ou au contenu et à la vérification des informations véhiculées.
On parle d’"illectronisme ", en référence à l’illettrisme, et on étudie les moyens de lutte contre ce fléau en empruntant au vocabulaire des politiques d’insertion : fracture sociale, fossé numérique , inclusion numérique, les « sans-claviers » (comme on dit les sans abris ou les sans papiers), ...
L’ENA s’intéresse à l’illectronisme :
Le 16 octobre 2008 se tenait à l’ENA de Strasbourg, la 2ème rencontre européenne de la presse sociale. Cette manifestation était destinée aux acteurs de l’économie sociale, aux journalistes, aux enseignants et aux experts. Elle a pour titre « De l’illettrisme à l’illectronisme, une même exclusion ? » Se trouvaient réunis là le Syndicat de la Presse Sociale, l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme, la Ligue de l’Enseignement et l’Association des Journalistes de l’Information Sociale. Il s’agissait de confronter des expériences, de mutualiser les bonnes pratiques et d’identifier la nature des fractures numériques.
Des actions locales et en Europe :
Dans la Manche, un projet dénommé Wikimanche vise à fédérer les habitants du département en jouant sur les liens intergénérationnels : le but est de créer une identité commune à tous les habitants du département normand en s’appuyant sur un savoir historique et patrimonial local.
Dans les Asturies, un projet pédagogique dénommé Ticmania vise à faire connaître dans les Asturies les usages du Web par des émissions de télévision et des encarts dans la presse locale.
Dans le Vaucluse et à Marseille, l’association Urban Prod aide les associations intervenant auprès des jeunes issus des quartiers sensibles à produire des reportages sur Internet ou des émissions de télévision.
Internet crée de nouvelles inégalités, mais en réduit d’autres. Les jeunes n’ont qu’une maîtrise partielle du Net et manquent de distance par rapport à ce qu’ils y trouvent. Le risque de délaisser complètement l’écrit au profit de l’image est aussi à prendre en compte.
Un programme d’actions pour lutter contre la "fracture numérique"
Partant du constat qu’"Il est désormais clairement démontré qu’être coupé du réseau d’un point de vue physique ou social est un handicap important", Bernard Benhamou, que la DUI (délégué interministériel de la délégation aux usages de l’Internet ) a lancé, avec l’Agence nouvelle des solidarités actives (ANSA), un programme d’expérimentations "TIC et insertion" visant à diminuer la "fracture numérique".
L’opération a été présentée le 6 novembre dernier à la Caisse des dépôts, partenaire financier de l’opération. Elle est le prolongement du colloque "Les politiques publiques de développement des usages TIC et de lutte contre la fracture numérique", organisé au Sénat en mars dernier dans le cadre du Grenelle de l’insertion.
Elle est aussi inscrite dans le cadre du plan France numérique 2012 annoncé en octobre par le gouvernement.
Six dispositifs d’e-inclusion ont ainsi été identifiés sur le terrain. Ils visent à "développer l’usage des TIC pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle des personnes en difficulté", explique l’ANSA, qui a conclu une convention de partenariat avec Microsoft pour apporter 300 000 euros supplémentaires au programme.
Les six projets sont répartis sur plusieurs régions : l’Ile-de-France, le Grand Ouest, l’Auvergne, la Corse ou Rhône-Alpes.
Il sera mis en place un site Internet recensant toute l’offre d’insertion d’un territoire ou à regrouper dans un même lieu les différents services chargés de l’ouverture des droits RSA, des droits connexes et des services TIC.
En conclusion, il est aussi important de permettre à tous les Français d’accéder aux réseaux et aux services numériques et de développer la production et l’offre de contenu numérique que d’éduquer les utilisateurs afin de lutter contre l’illectronisme.
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