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L’Ankou

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  • L’Ankou 28 mai 2013 18:30

    Cher monsieur Allard,

    Je suis bien d’accord avec vous sur votre introduction : le mariage des personnes de même sexe est un faux problème. Il est possible qu’il en cache un vrai, mais je doute que nous partagions le même diagnostic sur celui-là.

    Je ne crois pas qu’il y ait eu de dessein gouvernemental à diviser les français et à les maintenir en zizanie. Ils sont bien assez grands pour le faire eux-mêmes sans qu’on le leur demande, saisissant le premier prétexte pour le faire et le montant en épingle.

    « Mariage gay » et « mariage homosexuel », s’il faut trouver que ce sont des mots condamnables, sont aussi à rendre à leurs auteurs, et ce sont les opposants au projet qui en privilégient l’emploi. Il n’y a qu’un mariage, et il concerne désormais aussi bien les personnes de même sexe et ceux de sexes différents. Les partisans parlent plus correctement de mariage entre personne de même sexe, ce qui ne présage absolument pas de leur inclinaison sexuelle ou affective : après tout, les personnes de même sexe peuvent aussi s’épouser par amour platonique ou par intérêt, comme les autres.

    Pour que vous mesuriez bien l’indépendence de la question du mariage avec les préférences sexuelles de chacun, songez que les sado-maso, les voyeurs, les exhibitionistes, les adeptes du bondage, du triolisme ou de la zoophilie sont, eux aussi, égaux devant le mariage « pour tous », et peuvent tout aussi librement continuer à pratiquer leur art dans le mariage ou en dehors, sans que personne n’y trouve à redire, et n’ont gagné dans l’affaire que la même possibilité nouvelle d’épouser une personne majeure et consentante de leur sexe, s’ils y trouvent un intérêt. Vous jugerez qu’ils n’y ont rien gagné, mais ils n’y auront rien perdu non plus tant les problématiques soulevées d’un côté par les « tabous sexuels » et de l’autre par une institution civile sont complètement déliés de toute corrélation.

    Du reste, si c’est la sodomie qui vous horripile, je dois vous informer qu’elle est ausi pratiquée entre personnes de sexe opposés, dans le mariage ou au dehors, sans que cela ne renverse des civilisations.

    Je ne vois pas de défi à la culture occidentale. L’occident a inventé l’Etat de droit, démocratique, où rien - ni d’obscures traditions, ni des préjugés imbéciles, ni une mythification des lois ancestrales, divines ou dites « naturelles » -, ne peut limiter le pouvoir du peuple souverain, maître des règles qu’il se donne par la voie de ses représentants légitimement élus.

    Vous résumez le clivage à une bataille de mots. Moi, je veux bien vous croire, mais si « mariage » n’était qu’un mot, ses défenseurs ne s’y incrusteraient pas comme bernâcle sur son rocher, comme si une légère inflexion dans sa définition allait aussitôt le dissoudre corps et âme (les rochers ont-ils une âme ?)...

    Je ne vais pas tout reprendre des longs développements que j’ai postés au début des débats parlementaires, mais non, le PACS ne répondait qu’imparfaitement aux souhaits de certains homosexuels et d’autres personnes, comme moi, qui tirent fierté de vivre dans un pays où il n’est pas fait mandat aux autorités d’aller vérifier ce que les époux ont entre les jambes avant de consacrer civilement leur volonté de vivre ensemble.

    Vous constaterez que même au sein de l’UMP, il est encore quelques démocrates convaincus et peut-être un ou deux libéraux dignes de ce nom pour admettre que plus l’état se met en retrait de la vie privée de ses citoyens, plus il leur fait confiance pour déterminer eux-mêmes ce quileur convient, plus la puissance publique se prive d’un pouvoir d’intervention sur les conscience, les opinions, les moeurs et la définition exhaustive d’une prétendue normalité ou d’une morale, et plus on y vit libre et heureux. Ceux-là ne peuvent, sans déchoir à leur propre yeux, défiler avec Copé et quelques autres récupérateurs d’indignation. Il est malheureux qu’ils n’aient pas poussé l’honneur jusqu’à expliquer à leurs collègues piétons combien il était méprisable de souffler ainsi sur les braises de l’obscurantisme le plus décérébré, jusqu’à laisser la foule se surprendre de son nombre et croire que celui-ci était la preuve qu’on pouvait avoir raison spontanément sans jamais y avoir réfléchi avant ni s’être un peu cultivé.

    Vos mots sont exacts : c’est bien d’une incroyable sottise qu’il s’agit, qui jette un lumpenproletariat dans les rues contre les libertés, au pays qui fut celui des droits de l’homme et des lumières !

    Passons à ce que vous présentez comme le « vrai problème ».

    « Il s’agit (...) du droit de l’individu (...) à entrer OUVERTEMENT en résistance contre la société pour en modifier le modèle. »

    De quel individu vous parlez ? Hollande ? Tobira ? Il me semble qu’ils détiennent leur légitimité d’un vote populaire parfaitement majortiaire, non ? L’Assemblée nationale et le Sénat ne sont pas des individus, mais chacun des individus qui les compose a été élu par le peuple, non ? Et il se trouve que ces individus constituent des majorités favorables au projet dans chacune de ces deux chambres, non ?

    De cette légitimité incontestable, tous ces individus ont tiré le pouvoir de modifier les lois. Toute la grandeur de la révolution Française est d’avoir effectivement soustrait ce pouvoir à la noblesse et au clergé pour rendre le peuple collectivement maître du modèle de société qu’il se choisit. Il ne manquerait plus qu’il s’ampute de ce pouvoir parce que quelques réactionnaires nostalgiques de traditions d’ancien régime voudraient à tout prix qu’on en revienne à l’immuable reproduction du passé où le pouvoir était légitimé par la naissance, Dieu, ou le respect des traditions.

    A l’opposé de cette société monolithique, fantasmée comme trifonctionnelle et hiérarchisante jusque dans sa moelle, il y a effectivement notre société Française actuelle, composite et pluriethnique dans son essence même, faite d’un assemblage hétéroclite d’Allobroges, de Burgondes, de Celtes, de Galloromains divers, de Basques, de Normands, de quelques Wisigoths, de Savoyards, de Phocéens, de Sarrazins, tous plus ou moins abâtardis au fil des invasions successives, plus les descendants de tous les serviteurs et employés que nos colons de jadis ont ramené d’Afrique, d’Orient et des Amériques... On trouve même du Néanderthal dans nos gênes d’homo sapiens !

    Société composite dans son essence, mais qui a fait son unité non pas en adoptant les lois d’une minorité mais en cassant d’autorité toutes les lois qui n’était à l’usage que d’une fraction de la société, fut-elle une majorité relative.

    Le sens de l’universalisme à la Française dont notre culture peut s’enorgueillir est bien de repousser les lois qui gènent inutilement une minorité ou que celle-ci pouvait faire objectivement reconnaître comme inutilement discriminatoire, inutilement ciblée contre une de leur pratique... C’est ce même universalisme qui permet également la pratique de toutes les religions, même ultra-minoritaires, à l’exception de celles qui rendraient obligatoire des pratiques hors-la-loi (le sacrifice humain, les mutilations rituelles ou le canibalisme, par exemple).

    Il n’y a pas de suicide social ou sociétal à reformuler les lois pour qu’elles produisent exactement les mêmes effets qu’avant au profit de ceux qui en bénéficiaient, mais produisent aussi les mêmes effets au profit de catégories de citoyens libres et responsables qui en étaient privés jusqu’alors. Contester ce principe de base, c’est contester l’universalisme français, l’humanisme français, le rationalisme à la française, et les principes mêmes qui ont gouverné l’invention de la France pour rendre ses lois compatibles avec toutes les ethnies dont elle est composée depuis l’origine. Oh, faites-le si vous voulez : on est dans un pays libre ! Mais au moins essayez d’en avoir un peu honte quand on vous fout le nez sur votre vraie nature antidémocratique et obscurantiste, pour ne rien reprendre de l’insulte pourtant justifiable d’homophobie !

    Ben oui, parce que moi, je veux bien qu’on considère comme absolument ignoble de ne pas respecter l’indétermination sexuelle des enfants en bas âge. Mais pourquoi, dans cette critique parfaitement légitime, ne jeter le discrédit que sur les couples de même sexe ?

    Vous trouvez normal, du point de vue du respect du caractère encore asexué d’un enfant en bas âge, qu’on le conditionne dès le berceau à se représenter lui-même en fille ou en garçon, à commencer par le choix de la couleur de la barbotteuse ou du bavoir ?

    Respectons cette indétermination jusqu’à ce qu’ils soient en âge de choisir eux-même leur préférence ! J’y suis parfaitement favorable. Mais est-ce que ça ne condamner pas tout aussi surement les pratiques douteuses de ces parents qui conditionnent dès le berceau leur bébé à ne rien ignorer du rôle sexué qu’il devra jouer toute sa vie, en commençant par la couleur de la barbotteuse, rose pour les filles, bleue pour les garçons.

    Il vous suffit de taper « idée déco chambre fille » dans votre moteur de recherche d’images favori, pour mesurer à quel point cette programmation sexuée uniformise les consicences, programme les esprits, imprègne les représentations... Il faut que la petite fille soit princesse et que le petit garçon soit un fier conquérant au torse arrogant. Et je ne vous parle pas d’attenter aux préférences sexuelles futures, mais juste d’envisager que Marie Curie ou Louise Michel puissent aussi être des alternatives au modèle de princesse, Fred Astair à Bruce Willis ou Ghandi à Napoléon. Je me fous bien de l’orientation sexuelle, dans cette critique de l’éducation « genrée » ! ce qui m’inquiète bien plus, c’est l’appauvrissement des modèles et des possibilités de choix, pour l’enfant, quand tout est réduit un modèle unique de petit garçon qui joue au foot entre deux jeux vidéo et un modèle unique de petite fille qui coiffe des poneys dans sa chambre rose !

    Evidemment, il est bien plus confortable pour un conservateur paresseux du ciboulot de faire passer les « gender studies » pour une histoire de pédés et de travelos, plutôt que de se poser les vraies questions sur la dictature uniformiste que révèlent lesdites études.

    La réaction majoritaire sera évidemment qu’on ne s’est jamais posé la question, et que si on fait comme ça, c’est juste que c’est la norme, l’habitude, la tradition, que c’est « naturel » et « de bon sens », et qu’il faut probablement ête un foutu pervers pour peindre la chambre de sa fille en vert ou en jaune, et que ça va la traumatiser et la marginaliser tout au long de sa vie...

    Vivent les minorités qui se poseront des questions : au moins, ils se coucheront moins sots.

    Il n’en reste pas moins que dénoncer les atteintes au caractère asexué de l’enfant en bas âge par les parents de même sexe, tout en son montrant complaisant avec les atteintes bien plus flagrantes encore des parents de sexes différents... ben... je sais que ça ne peux pas être de l’homophobie puisque les intéressés ne cessent de le nier, mais si l’on appelle un chat « un chat »...

    Alors merde ! Oui, cette « affaire » du mariage « gay » comme l’appelle ses détracteurs, révèle effectivement un clivage profond et détestable, un problème de choix de société, une opposition irréconciliable : d’un côté ceux qui veulent une « identité » au sens où il faudrait que tout le monde leur ressemblent et qui stigmatisent toute velléité de ne pas être comme eux, et de l’autre ceux qui continuent l’aventure d’une culture française en mouvement, avec son long trajet passé pour admettre les différences et intégrer les minorités, et qui, fidèles à cette invention permanente d’une nation humaniste et universaliste, continuent ce chemin avec obstination, conscients que la seule identité nationale qui vaille est dans cette construction d’un avenir « pour tous ». Choisis ton camp, camarade, mais ne crois pas que cela te donne le droit de me priver de mon drapeau tricolore.

    Bien sûr que cette nation n’est rien d’autre qu’un agglomérat de tendances qui luttent pour remplacer le modèle dominant. L’intérêt de cette lutte reside dans la logique suivante : le nouveau modèle ne remplace pas l’ancien, il l’altère pour se rendre compatible avec lui. De la sorte, le champ des possibles s’accroît, et le modèle « dominant » s’améliore en s’élevant au dessus des clivages, en se réduisant l’essentiel pour que tous les modèles qui ne nuisent pas à l’intérêt général puissent y cohabiter, s’intégrer et se reconnaître les uns les autres comme membre d’une même nation. Le « modèle » perd ainsi peu à peu ce qui l’éloigne d’un idéal universaliste. Il devioent de moins en moins uniciste, monolithique, univoque et conditionnant, et, au fil de ses retouches, autorise chacun, librement, à ressembler à qui il veut, à être qui il veut, à chercher son bonheur comme il le souhaite, pour peu qu’il accepte un socle commun de lois réduit à ce qui est strictement nécessaire pour faire cohabiter toute cette diversité.

    Si c’est ainsi qu’une société se fait « Hara Kiri », je veux bien fournir le sabre. Et je ne connais pas beaucoup d’autre société que la nôtre qui puisse revendiquer l’honneur d’une telle destinée.

    Dans cette optique, on reconnaitra une mauvaise loi en ce qu’elle durcit le « modèle », ou lui substitue un « modèle de remplacement » plus coercitif. Rien de cela en l’espèce puisque tous y gagnent plus de liberté, et il n’est pas nécessaire d’en avoir l’usage poure s’en satisfaire. Que vous en ayez conscience ou non, cette loi nous rend tous plus libre. Même si la majorité d’entre nous pouvaient déjà épouser la personne de son choix, on a désormais plus de choix, mais ça ne veut pas dire que nos choix sont remis en question, et au final, on n’est l’époux que d’une personne à la fois : quand le choix est fait, les autres options n’importent plus. Alors qu’a-t-on perdu si ces options comportaient aussi des personnes de même sexe ?

    Ce gain de liberté est réel est immédiat. Il n’est donc pas condamnable. Si des conséquences possibles sont néfaste, il faut traiter les conséquences, mais pas sacrifier la cause. Mais j’observe les raisonnement des détracteurs, et ce n’est plus les conséquences qu’on condamne, mais les risques des éventualités du contrecoup de conséquences indirectes... un billard à cinq bandes.

    La cause des libertés étant objectivement légitime, on aura tenté de s’y opposer au nom des lois <qu’on risque de faire plus tard au profit des couples incestueux ou polygames... He, les mecs ! Pourquoi pas les zoophiles aussi ? Du délire !

    On aura voulu refuser cette loi, qui ne traitait pas de l’adoption, au nom des enfants adoptés. Puis - ce n’était pas plus le sujet - au nom des mères porteuses et des enfants à naître... C’est quoi l’étape suivant ? On va la critiquer au nom des extraterrestres dont la reproduction fait intervenir trois sexes différents ?

    Il vous faut, maintenant, critiquer trois palliers d’éducation pour en arriver à trouver cette loi détestable et inique ! Et je ne vois pas comment vous pourriez le faire sans utiliser l’argument rigoureusement homophobe selon lequel des couples de même sexe feraient ipso facto de mauvais parents !

    Et voilà, pour finir, que vous inventez aussi des intentions politiques perverses destinées à attiser des conflits. On pouvait tout aussi bien museler les cons ou les éduquer : on en aurait eu moins dans les rues et le conflit tombait à l’eau. Le but visé ? Le désir transparent d’une classe dirigeante ? Je ne vois pas. A moins que la classe dirigeante dont vous parlez se compose de tous les tribuns populistes qui ont attisé les flammes du mécontentement pour récupérer des voix au prochaines élections, avec la bénédiction (le terme est pertinent) de tous les dignitaires religieux qui ont poussé leurs cris d’orfraie en commission parlementaire, avec une consternante pauvreté d’arguments, toutes religions confondues (Bouddhistes mis à part au bénéfice du doute).

    Se tourner contre les vrais coupables, dites vous ? Mon amour des libertés et ma haine des ainti-républicains m’y pousse volontiers, mais seront-nous alors dans le même camp ?

    Bien à vous,
    l’Ankoù



  • L’Ankou 15 mars 2013 16:55

    Tiens, les jésuites ne sont pas tous papes !

    durae.leges.sed.leges, une fois de plus, ovus tentez de faire le dictionnaire à votre sauce pour y faire entrer un athéisme que vous êtes rigoureusmeent incapable de concevoir. Je teisn cette inaptitude pour un handicap mental sévère, et vous engage à consulter. Encore que... si ça peut vous rassurer d’appeler un chat un chien, et de dire que les athées croient en dieu, libre à vous ! Quand vous en serez à démontrer que deux et deux font cinq, on n’aura même plus besoin de vous contredire : les faits le feront pour nous.

    Ceci étant, dans la mesure où je souhaite, avec la plus grande sincérité, serrer cordialement la main que jeremy v me tend avec sympathie, je dirai que je suis d’accord avec lui sur l’importance de dépasser les clivages et d’admettre des différences même d’apparence irréconciliables. Viscéralement athée, je vous tiens l’un comme l’autre comme parfaitement légitimes à exister et respectables dans vos croyances. Lui, au nom de l’ouverture d’esprit qu’il affiche, et vous, au nom de la grandeur d’une société qui sait ne pas exclure ses handicapés mentaux.

    A l’attention de jeremy v, j’ajoute néanmoins que j’apprécie modérément le contresens manifeste que vous faires sur le communisme.

    Vous parlez étrangement du « communisme vainqueur », et probablement avec autant de préjugés, de méconnaissance et de fausses informations que ce dont vous estimez être victime en tant que croyant : le « communisme vainqueur » en 1917 a été éradiqué par Staline. Gorbatchev aura été son chant du cygne. Le communisme « vainqueur » de Mao a dérivé vers une économie productiviste en se soumettant aux règles du capitalisme le plus libéral. Les « communismes vainqueurs » des anciennes colonies ont prostitué leurs idéaux pour quelques pétrodollars. Faut-il que, par méconnaissance et inculture en la matière, vous teniez le mot « communisme » pour la pire des insultes, pour qualifier ainsi le capitalisme néolibéral, son exact opposé et le système dont il est le seul véritable ennemi sérieux ? J’avoue ma plus extrême perplexité.

    Si un communisme accompli laisse peu de place aux visions délirantes d’arrières mondes idéaux, il n’en travaille pas moins à une entraide aussi locale que mondiale, à une création de richesses d’autant plus valables que partagées, à une dissolution des égoïsmes et des accaparements de classes dans un collectivisme fraternel... Le matérialisme n’est égoïste que dans sa conception capitaliste et c’est ne plus respecter le sens des mots que d’appeler cet égoïsme « communisme ». Des mots et des étymologies, d’ailleurs. Et le l’Histoire, tant qu’à faire.

    Ce que vous appelez le plan du « communisme vainqueur » n’est certainement pas de se forger un peuple asservi. Je reconnais que c’est le plan de quelques dictateurs, Staline à leur tête qui renonça à exporter la révolution prolétarienne devant la logique des « blocs ». C’est à partir de là, évidemment, que les révoltes populaires ne l’intéressaient plus, elles qui sont pourtant la source de tout élan communiste. Et autant ce n’était certainement pas le plan de Marx, autant c’est aussi celui de Monsanto et de quelques autres multinationales... toutes parfaitement capitalistes.

    Dans la logique matérialiste révolutionnaire, au passage, la disparition de la spiritualité ne signifiait rien d’autre que la dénonciation de l’escroquerie consistant à dissuader lesdites révoltes populaires par l’espérance d’une vie meilleure, un jour, plus tard, ailleurs, loin,... jamais. Jésus aurait-il désavoué une pratique matérielle de patage et de solidarité ici et maintenant, et laissé perduré des injustices au nom d’une souffrance rédemptrice, utile dans l’autre monde ? Si athée que je sois, j’ai assez lu les évangiles pour me faire ma propre opinion sur ce point.

    Si les révoltes populaires ont quelque valeur pour vous - ce qu’il me semble -, considérez que cette spiritualité qui fait passer la souffrance pour rédemptrice est l’un des rouages les plus puissants par lequel les rois, empereurs et tsars d’antan, contre qui se levaient les communistes, et à leur suite les mêmes bourgeois capitalistes qui ont gravé « in god we trust » sur les billets verts, ont pu contrecarrer les élans révolutionnaires.

    A cette première série de remarque sur votre article, j’en ajoute une seconde pour illustrer par ma propre expérience et mon propre témoignage, que l’absence de foi en une vie après la mort et en une résurrection n’est en rien génératrice d’une terreur panique dont les tyrans pourraient profiter.

    Au passage, je connais des chrétiens terrorisés par la mort, par peur du Jugement, alors que moi, sûr que je suis de ne comparaître devant personne, je vis la perspective du néant total après la mort avec la satisfaction rassurée que si cette mort devait être douloureuse (la vie n’est pas une histoire qui finit bien), ce n’est qu’un court moment à passer avant dissolution définitive de soi. Le tyran qui voudra y trouver une prise n’est pas encore né.

    Vous opposez la servitude volontaire des endoctrinés à la servitude volontaire des consuméristes rivés les uns à leurs maigres ressources vitales, les autres au superflu de leur confort télévisuel. Entre ces deux pôles, Je vous sens dessiner le chemin de votre foi comme alternative possible à l’un comme à l’autre. Mais, ce chemin dessiné, je vous affirme qu’il y a encore de la place pour de très nombreuses autres voies à défricher, dont les plus intéressantes se passent sans doute de tenir un texte pour vrai même quand le Monde le contredit, ou d’imaginer que la promesses d’arrière-mondes idéalisés représenterait un atout pour la bonne compréhension de ce monde-ci.

    Je ne sais pas trop comment je me suis libéré de la religion, mais cela fait de moi quelqu’un qui ne croit pas en l’au-delà sans pour autant que j’ai peur de la mort. Je la sais inéluctable alors à quoi bon en avoir peur ?

    Cela fait de moi un homme qui n’a pas d’espérance post mortem, qui sait n’avoir qu’une seule vie, qui sait n’être que matière animée, fruit d’une évolution faite de temps et de hasard, et à la vie de qui le plaisir lui-même ne donne pas de sens. Mais par contre, cela fait de moi un ennemi irrévocable de ceux qui veulent aussi donner du sens à la souffrance en ce qu’elle serait « rédemptrice » ou « salutaire ».

    Il est étonnant que vous posiez l’athéisme comme condamné au consumérisme et le croyant comme nécessairement résistant à ce diktat. Je ne suis certainement pas de ceux qui acceptent ce diktat par conformisme et je vous en conteste volontiers le monopole : on peut savoir que la possession matérielle n’est pas une vraie richesse, qu’elle est toujours frustrante et décevante sans pour autant idéaliser les aspirations « spirituels ». Certains vrais plaisirs sont gratuits comme une partie de tarot avec des amis, une ballade en forêt ou l’audition en libre diffusion du troisième concerto pour piano de Prokofiev. Je n’en tiens aucun pour « spirituel » mais ce n’est peut-être qu’une question de définition. En tout cas, je n’en tiens aucun pour lié à une foi.

    Malgré ces divergences, dont j’espère qu’elles n’ont rien de rédhibitoire ou de définitives, je reste persuadé que des gens qui croient le message d’un fils d’artisan, prônant le partage du repas avec les humbles, pain et vin compris, ne sont pas irrémédiablement perdus pour les luttes justes.

    Bien à vous, l’Ankoù



  • L’Ankou 4 mars 2013 15:55

    Excellente remarque.

    80% de l’article se borne à dire que payer une prostituée c’est une insulte faite à la Valeur Incommensurable du Sceptre Viril dont la noble vaillance devrait au contraire apporter à son possesseur respect, reconnaissance et dévotion. Les 20% qui restent tendent à indiquer que cette opposition de principe, morale, absolue et définitive, serait finalement tolérable si au moins on en avait pour son argent...

    Sauf que bon, outre ce que tu dis, Plus robert que Redford, à propos des solutions alternative (branlette, zoophilie ou rapports imposés...), quand la séduction n’est pas possible ou ses résultats frustrants, le rapport tarifé est une relation contractuelle, et si ces contrats se renouvellent, c’est que le prix du marché correspond aux prestations du marché.

    Pour aller plus loin, j’ai quand ême souhaité savoir si le raisonnement était transposable à d’autres domaines...

    Parfois, je ne cuisine pas moi-même, et je confie la satisfaction de mes besoins alimentaires voire gastronomiques à un restaurateur. Je n’y perds pas ma fierté. Je ne vois donc pas pourquoi le(la) client(e) d’un(e) prostitué(e) y perdrait la sienne, tant qu’il(elle) en a pour son argent et que cela se passe entre adultes consentants.

    Pareil pour le chant... j’ai beau chantonner gratuitement ou entendre mes proches chanter, je ne vois pas en quoi je perdrais ma fierté à acheter un disque ou à payer pour un concert ou un opéra.

    Quoique, à la réflexion... Voyons voir si le discours se tient en remplaçant la sexualité par la musique...

    Bon, Ok, la variété est une exploitation économique et artistique des humains, et il n’est pas bon que leur écoute soit ainsi utilisée sans être valorisée.

    Après tout, n’est-ce pas, au prix que factures les psychanalystes en contrepartie de leur écoute, ce sont les vedettes qui devraient payer pour avoir le droit de jouer devant une salle pleine. Je serais curieux de savoir combien de concerts il resterait...

    Il n’est pas bon non plus que l’argent péniblement gagné par les auditeurs parte par milliards pour des prestations de basse qualité et insatisfaisantes.

    Certains et certaines ont compris que les aspirations artistiques sont, par nature ou par culture, facilement frustrées. La variété est un business qui croît sur cette frustration, sans jamais l’éteindre - il faut garder les auditeurs. Si les chanteurs donnaient un vrai plaisir, et de la considération à l’auditeur, celui-ci, mieux reconnu dans ses besoins, mieux satisfait, pourrait consommer moins de chansons tarifés. Comme souvent c’est le manque qui entretient la clientèle.

    Sans aspirations artistiques insatisfaites, la variété n’existerait donc pas. Cela vaut pour la chanson française comme pour la pop étrangère, les auditeurs restant, dans la très grande majorité des francophones. Le chanteur ou la chanteuse a très bien compris l’insatisfaction profonde des auditeurs en matière de chanson. Les concert et les DVD servent à donner un semblant de contentement. Mais ce contentement, sans réel partage, est artificiel. Un morceau de trois minutes, solo compris, avec un chanteur qui n’attend que le fait que l’auditeur ait applaudi, est à la fois un mépris du client et une piètre prestation professionnelle. Que des auditeurs acceptent cela montre à quel point de souffrance du manque et de mésestime d’eux-mêmes ils peuvent en arriver.

    Beaucoup d’auditeurs ont des envies qui ne sont ni remplies ni satisfaites. Certains n’ont pas l’oreilles musicale. D’autres sont trop sourds pour être considérés comme de bons auditeurs. D’autres, immigrés par exemples, peinent à trouver des concerts de musique traditionnelles.

    Le client des concerts est habituellement décrit dans la doxa actuelle comme un mélomane très critique. Le mélomane fait piètre figure quand on sait que la grande majorité des clients sont de petites gens, des hommes simples sans formation musicale, qui donnent parfois 10% de leurs revenus à des vedettes du show-biz’ qui elles peuvent gagner des millions par mois.

    L’inégalité et la dissymétrie est flagrante. Pour un peu de rêve et de musique, des auditeurs se dépouillent au profit d’une catégorie qui exploite leurs besoins et leur portefeuille avec un cynisme non dissimulé.

    Donc :

    - les auditeurs n’ont, semble-t-il, pas les mêmes attentes que les chanteurs de variété en matière de mélodie (et de texte, cela allant souvent de pair) ;

    - leurs envie d’apprécier, tant le texte que la mélodie n’est sont pas suffisamment reconnue, valorisée, remplie et satisfaite - au contraire il sont souvent dénigrés, salis, criminalisés (surtout s’ils chantent faux chez eux ou pratiquent la batterie en amateur) ;

    - à cause de cela ils cherchent dans les concerts tarifées ou dans la radiodiffusion une satisfaction illusoire ;

    - elle est illusoire car la musique tarifée n’est pas un échange ni un partage, mais uniquement un objet de consommation, et la frustration alliée au mépris du désir artistique en est la conséquence ;

    - les auditeurs n’y gagnent aucune estime d’eux-mêmes, ils sont au contraires taxés d’être exigeants, critiques, aux goûts tyraniques, alors que ce sont eux qui sont exploités et dominés par la proposition artistique ;

    - ils participent et alimentent un transfert d’argent considérable vers une catégorie professionnelle dont la prestation est de mauvaise qualité parce qu’uniquement consumériste, et participent ainsi à leur propre appauvrissement et à l’enrichissement de la catégorie qui les exploite ; (rien à changer ici !)

    - ils contribuent à montrer que l’aspiration artistique est exploitable à souhait tout en étant méprisable et ne font rien pour changer cela. Quelle fierté d’auditeur peut-on trouver à écouter de la musique en payant ?

    Je pense toujours que la musique exercée librement n’a pas à être interdite ni méjugée. Un chanteur de variété est un artiste aussi digne que tout autre. Mais, pour les raisons citées ci-dessus, je considère comme dévalorisant et appauvrissant le fait que l’auditeur paye pour des chansons. J’invite donc les auditeurs à ne plus s’y prêter, à ne plus s’appauvrir en enrichissant une catégorie qui les exploite, à ne plus payer pour une relation de mauvaise qualité alors qu’ils peuvent en avoir de meilleures gratuitement.

    Bon, moi, je trouve que le raisonnement se tient parfaitement. Bon, ok, ça va finir par se voir, que je suis plutôt contre hadopi.



  • L’Ankou 24 février 2013 13:51

    Morice, je ne vous lis pas toujours et je ne me rappelle plus si j’apprécie ce que je lis, mais qu’importe : j’ai été un fan de Soft Machine et garde encore une tendresse particulière pour Robert Wyatt. La mort d’Ayers m’a touché.

    J’apprécie énormément ce que Ayers incarne et témoigne d’une époque où les arrivistes et les parvenus ne contaminaient pas tout le monde, où l’on pouvait être un génie nonchalant sans se prendre la tête ni se la choper grosse.

    Je vous remercie pour ce papier, qui fait passer cette insouciance, cette sagesse, cette modestie incompréhensible par les cons d’aujourd’hui. Qu’ils se déshonorent en affichant leur haine et en éclaboussant ces trésors par ignorance ou par la détestation qu’ils vous vouent. Qu’ils maudissent leur propre nom en foulant aux pieds les wild flowers dont ils ne comprendront jamais la valeur. Et quant à moi, je vous renouvelle mes remerciements respectueux.

    Bien à vous,
    L’ankoù



  • L’Ankou 20 février 2013 16:29

    Bien, Aldous ! Vous êtes pour la suppression des droits individuels ou des libertés collectives ?

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