A lire le message du Président de la FFII France ! Bon sang, réveillez-vous !
source : http://mail.mekensleep.com/pipermail/rescape-l/2007-May/000641.html
Nicolas Sarkozy ayant pris l’habitude de donner ses positions sur les enjeux numériques le vendredi [1], avant-veille d’élection (sachant que les médias ne peuvent faire de commentaire le week-end de l’élection), on peut trouver aujourd’hui sa réponse aux questions des membres du site Commentcamarche.net.
J’avoue que ma lecture n’est pas allé jusqu’au bout de cet article, butant sur la déclaration suivante [2] :
« Il faut également que les différents formats puissent être lus sur différents lecteurs. Ni le consommateur, ni l’artiste ne doivent être otage d’une technologie. Faire de l’interopérabilité une priorité industrielle européenne est un début et je m’engage à me battre en ce sens. »
Là, on atteint le summum de l’immoralité politique. Je suis scandalisé par ce que je viens de lire, parce que jouer avec l’interopérabilité comme il vient de le faire est proprement scandaleux. Pourquoi ?
Lorsque des débats sur la loi DADVSI, j’ai participé au mouvement qui a fait voter les obligations que la loi pose aux fournisseurs de mesures techniques en matière de fourniture des informations essentielles à l’interopérabilité. À la 25e heure des délibérations du 16 mars 2006 [3], des députés de l’ensemble du spectre politique, dont de courageux membres de la majorité allant pourtant ainsi à contre-courant du gouvernement, sont parvenus à s’accorder sur une série d’amendements
définissant clairement et sauvegardant la manière la plus juste de faire prévaloir le droit à l’interopérabilité face à la protection juridique des mesures techniques de protections.
C’est lui-même, le gouvernement auquel il appartenait et le parti qu’il dirige [4] qui ont non seulement supprimé ces dispositions sur l’interopérabilité, mais qui ont également inscrit dans cette loi, les positions liberticides promulguées par les plus influents groupes faisant commerce de la culture [5]. Ce qui fait qu’aujourd’hui,
l’interopérabilité en France est soumise au bon vouloir d’une énième autorité technocratique que les simples citoyens ne peuvent même pas saisir.
Monsieur Sarkozy le sait parfaitement. Je trouve scandaleuse la façon dont il vient de nous décrire, la larme à l’œil, la priorité industrielle que doit être l’interopérabilité en Europe, alors que des associations de défense du logiciel libre [6] ont fait des démarches
désespérées auprès du Conseil d’État pour réclamer l’annulation d’un décret qui instaure une contravention ne prévoyant pas les exceptions nécessaires au respect de l’interopérabilité.
Que Nicolas Sarkozy laisse de côté son Autorité de régulation des mesures techniques. Qu’il laisse de côté la façon dont il vient de faire de l’immoralité politique par rapport à une politique qui a été détruite, à laquelle je tenais particulièrement, parce que je savais à quel point cela soulageait les auteurs et utilisateurs de logiciels
libres de voir leur droit à l’interopérabilité garanti. Monsieur Sarkozy a cassé cette politique ! Et aujourd’hui, il promet de se battre pour la promotion de l’interopérabilité à l’échelle européenne ? Tout n’est pas
possible dans la vie politique, ce discours, cet écart entre le discours et les actes, surtout lorsqu’il s’agit d’interopérabilité, ce n’est pas acceptable. Je suis très en colère.
C’est une question très importante. C’est toute une conception de la vie politique et de la responsabilité politique qui est là. Si on est responsable de rien, si on n’a jamais des comptes à rendre sur ses actes politiques, comment voulez-vous que les citoyens croient encore à
l’efficacité de la politique...
[1] Candidats.fr - Le projet de Nicolas Sarkozy : brevets logiciels et
internet chinois
/www.april.org/articles/communiques/pr-20070420.html>
[2] Quel est le projet de Nicolas Sarkozy dans le domaine des TIC ?
/tinyurl.com/2sf5hp>
[3] 3:33 : après la boucherie, un instant de grâce parlementaire
/eucd.info/282.shtml>
[4] L’UMP transforme le droit d’auteur en droit totalitaire, EUCD.INFO
en appelle à Nicolas Sarkozy /eucd.info/323.shtml>
[5] J’écris ton nom : Vivendi !
/www.ratiatum.com/news3118_J_ecris_ton_nom_Vivendi.html>
[6] L’APRIL dépose au Conseil d’État une requête en annulation contre
le décret pénal /eucd.info/343.shtml>
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Gérald Sédrati-Dinet
Président de la FFII France
http://www.ffii.fr/