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Commentaire de Gérard Lemesle

sur Frégates de Taïwan : l'affaire qui n'aurait jamais dû exister !


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Gérard Lemesle 15 août 2007 19:53

Quelles frégates ?

Pardonnez moi ce titre provocateur, mais je suis journaliste et une victime indirecte de cette affaire. Une victime bête. Un peu stupide sans doute, néanmoins blousé au point de me retrouver aujourd’hui sans emploi alors que je devrais vivre des mes rentes - mes droits d’auteur. Laissez moi vous raconter. Tout a commencé au cours d’un week-end avec Christine DJ. Pas ce que vous croyez. Côte à côte nous étions, mais derrière une table sous une tente lors d’une séance de signature dans le Sud-Ouest. Bien reçus par la municipalité, nous avons tous pas mal picolé pendant ce week-end. Je vous avoue qu’à l’époque je ne savais rien des frégates, ou si peu. Je ne connaissais même pas Christine DJ. Et puis je l’ai reconnue quand elle m’a prêté son stylo : « J’y tiens », m’a t’elle dit, « c’est celui que j’ai piqué à Dumas. C’est celui qui a servi à signer les accords de Maastricht. » Là, j’ai percuté. Nous avons sympathisé, elle m’a tout raconté pendant 48 heures, tout ce qu’elle savait du moins. J’ai enregistré l’essentiel, dans un coin de ma mémoire. Nous étions au printemps, quelques semaines plus tard je devais toucher un pactole - ces fameux droits d’auteur. Un ouvrage vendu à des centaines de milliers d’exemplaires dans le monde entier, traduit en cinq langues. A cinquante ans ou presque j’avais le droit de rêver, me dire que j’allais arrêter de travailler... Mais un mois plus tard : catastrophe. Au moment de payer l’éditeur ne répond plus. Et pour cause, « l’éditeur des stars » a déposé le bilan. Ses somptueux bureaux de la Porte de St Cloud sont vides. Il est parti, tous les auteurs, et une grande partie du personnel, viennent de se faire avoir. Tous sauf une personne, la femme d’un chanteur très célèbre qui voyage beaucoup entre la Belgique et la Suisse. Dans toute cette histoire je ne suis pas grand chose, juste un petit journaliste qui a fait un ouvrage de journaliste. Il y a des noms plus célèbres que le mien dans la maison, comme Baudis Dominique, Ruquier Laurent, et j’en passe. J’ai tous essayé de les joindre, à l’époque, pour tenter une défense commune. En vain. Alors j’ai déposé une plainte, tout seul, comme un grand. En vain. J’ai été débouté. C’est à cette époque seulement que j’ai commencé à réfléchir et faire le lien avec cette affaire de frégates. Suivez moi, le voyage n’est pas triste. Pour l’instant, il s’achève sur la plus grande défaite de la presse française. Résumé :
- en juin 1998, cet éditeur a publié les mémoires de la veuve d’un ex-président. Vendues officiellement à près de 500 000 exemplaires. Mieux que « l’alchimiste », pourtant best seller international. Droits d’auteur estimés : 5 millions de francs et je ne crois pas que la dame ait été spoliée.
- en août 1998, le même éditeur dépose le bilan.
- en septembre de la même année, il offre un pont d’or à un ex-ministre des affaires étrangères, ex-ami de Christine DJ. On parle de 2,5 millions de francs. C’est à ce moment que je commence à comprendre qu’il y anguille sous roche. Je n’avais pas tort, un autre éditeur, un sous-fifre du précédent, me le confirmera plus tard. Il y a blanchiment d’argent, il y a argent des frégates - une toute petite partie - mais quand même. L’un dans l’autre, entre ce qu’a touché la dame (5 millions), l’ex-ministre (2,5 millions), le sous-fifre (1 million - pour avoir signé le livre d’un des protagoniste de l’affaire, mort aujourd’hui) et les frais de l’éditeur principal, il y en a pour dix millions. C’est vraiment une toute petite somme en considération de l’ampleur de l’affaire des Frégates, je le reconnais. Mais sur ces dix millions, il y en a une bonne partie qui aurait dû me revenir. Vous me comprenez ? Maintenant imaginez que vous êtes enquêteur, chargé des frégates, que je vienne vers vous avec tous les papiers, les témoignages, les esquisses de preuves, etc...Pas anonymement, mais carte d’identité en main. Vous seriez intéressé, n’est ce pas ? Eh bien ce n’a pas été le cas du Président Desplanck (procès Elf), ni du journal Le Monde, ni de Libération, ni du Journal du Dimanche, ni de France Télévision (« Complément d’enquête » ? Tu parles !), pas même de Dominique Jamet qui, récemment, chez Taddei, parlait de lancer une campagne de presse à ce sujet. Rien, ni personne, jamais, pas un flic, pas un juge, pas un journaliste, n’a cherché à m’entendre. Conclusion ? L’affaire des Frégates n’a jamais existée. Je me demande même pourquoi on en parle encore. Mais si jamais vous avez des infos... Je suis preneur. Cordialement. Gérard P.


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