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Commentaire de Catherine Coste

sur La définition légale de la mort doit-elle être conditionnée par les transplantations d'organes ?


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Catherine Coste Catherine Coste 9 novembre 2007 19:00

Merci pour vos précisions en ce qui concerne les fins de vie en réanimation, dans les cas où il ne s’agit pas de patients candidats au don d’organes. Effectivement, comme vous le soulignez, la loi Léonetti d’avril 2005 insiste sur la « proportionnalité des soins » et les décisions de fin de vie doivent être prises au niveau collégial (concertation entre les médecins, infirmières, les familles et les proches du patient, plus le patient lui-même s’il est conscient). Cette loi qui fait valoir les droits des patients en fin de vie doit permettre d’éviter tout « acharnement thérapeutique déraisonnable ». Le Dr. Marc Andronikof, chef du service des urgences à l’hôpital Antoine-Béclère, Clamart, auteur d’un livre écrit avec Jacqueline Dauxois et publié en 2005, « Médecin aux urgences » (Editions du Rocher), s’entretenait le 2 juin 2007 avec le Père Nicolas Ozoline, lors de l’émission « Orthodoxie » diffusée sur France 2. A cette occasion, il décrit son travail et ses idées : « Nous avons beaucoup de techniques qui peuvent prolonger les gens très longtemps : des sondes, des oxygènes, des perfusions... Plein de choses qui font qu’on peut maintenir longtemps, longtemps, longtemps, alors il faut trouver le seuil. Et je ne pense pas qu’il y ait un seuil, le même pour tout le monde. C’est un consensus à trouver autour de ce qui (...) fonde les valeurs, et ce que je dis, c’est que quand les choses vont un peu loin, il faut essayer de retrouver des choses un peu naturelles, de se dégager de la technique, et là, ça devient plus simple. (...) Ce qu’il faut, c’est accompagner. Il y a les soins palliatifs qui se sont développés en France depuis une quinzaine d’années et qui ont apporté beaucoup, justement dans l’idée de l’accompagnement. Les gens sont terrorisés en fait d’être seuls, de souffrir, de ne pas avoir de recours, et donc dans ces structures de soins palliatifs, et aussi dans ces structures de médecine, et aussi aux urgences, on essaye d’apporter cet entourage. On favorise beaucoup le fait que les familles soient présentes, qu’elles n’aient pas peur, donc on essaie d’accompagner au mieux qu’on peut, et c’est un peu paradoxal de voir qu’aux urgences on accompagne les fins de vie qui peuvent durer plusieurs jours, mais on essaie de le faire le mieux qu’on peut ; justement, je crois que les gens sont assez sensibles au fait qu’il n’y a pas d’abandon. Il n’est pas question d’accélérer quoi que ce soit, il n’est pas question non plus de s’acharner, justement en ne mettant pas en place la technique, en tout cas en s’en méfiant, et en accompagnant du mieux qu’on peut les gens pour ne pas qu’ils souffrent et déjà, le fait qu’ils sont entourés permet de baisser un peu l’angoisse. »

Père Nicolas Ozoline : « Et de toute façon, si ça dure plus longtemps que quelques jours, les gens quittent les urgences et vont à l’hôpital normal »

Marc Andronikof : « Oui, mais ce n’est pas si facile, parce que, et c’est un des problèmes dont je parle, nous avons beaucoup de difficultés à trouver des places d’hospitalisation, des lits pour hospitaliser les malades qui doivent rester. Il y a eu une contraction du nombre de lits en France depuis vingt ans, de moins en moins chaque année, et donc ... »

Père Nicolas Ozoline : « De lits d’hôpital ? »

Marc Andronikof : « Oui, de lits d’hôpital. Il y a 90.000 lits en moins en 15 ans... »

Père Nicolas Ozoline : « Mais c’est une catastrophe ! »

Marc Andronikof : « Ca répondait à des impératifs économiques, de gestion, d’amélioration des rotations sur les lits, mais du coup, nous avons énormément de difficultés à trouver des places pour des malades qui auraient besoin de places, on parle de fin de vie, mais c’est vrai pour toutes les spécialités, pour tout ! C’est très difficile... »

Père Nicolas Ozoline : « Et est-ce qu’à l’horizon il y a un espoir d’amélioration ? »

Marc Andronikof : « Non, aucun espoir d’amélioration de fond, puisque tous les pays occidentaux souffrent du même problème. Si vous lisez ce qui se passe aux Etats-Unis, ce sont des files de malades dans les urgences qui ne trouvent pas de place, c’est une tendance lourde, comme on dit, du système hospitalier occidental. Bien sûr, le vieillissement de la population ne favorise pas non plus les choses car les gens vivent de plus en plus âgés, ont besoin de plus en plus de soins, sont de plus en plus dépendants, et donc il y a un retard aussi en France sur les maisons de retraite, sur la prise en charge à long terme. »

Père Nicolas Ozoline : « Il faudrait croire que c’est une urgence absolue pour n’importe quel gouvernement pour faire le nécessaire ! On pourrait penser qu’il faut se réjouir que les gens vivent plus longtemps et faciliter cette vie. Ca paraît assez étonnant que ce ne soit pas clair pour tout le monde... »

Marc Andronikof : « Oui, mais il y a une prise de conscience, même si elle a été retardée. »


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