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Commentaire de Karneade

sur Les affiches électorales de « la Ligue du Nord » italienne : le discrédit du débat démocratique


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Karneade 29 avril 2008 10:23

 

LA VRAIE FORCE DE LA LIGUE NORD.
 Le succès électorale de la LIGUE NORD semble avoir déconcerté et étonné beaucoup d’observateurs.
Malgré son histoire (vingt ans) et son enracinement dans le territoire du Nord d’Italie, la Ligue demeure encore un objet mystérieux, un énigme, jugé plus à cause de ses intempérances verbales de ses leaders que par sa nature.
Le reflex pavlovien de tous en France est celui de liquider le phénomène sous l’étiquette de « mouvement de protestation » pire de « parti d’extrême droite » voir « fasciste ».
Cela dépend primo du fait que toutes les informations qui remontent de l’Italie à la France proviennent de journaux de gauche voir d’extrême gauche et véhiculés par des personnes appartenantes à partis politiques de gauche et secundo de la difficulté de comprendre la signification de « Parti Régionale ou territoriale » inexistant en France.
LA LIGUE DU NORD, parti régional, est un parti qui échappe aux étiquettes classiques droite/gauche.
Il aspire à devenir la porte parole d’un territoire et de le représenter d’une manière monopolistique. C’est un parti interclassiste* et communautaire. C’est un parti-communauté. 
Pour un tel groupe politique, le fait de jouer un rôle dans le gouvernement national est important à la condition que cela lui permet de rendre son action le plus efficace possible à la faveur de la communauté territoriale représentée. 
Sa vraie force est située dans le contrôle des administrations locales et dans une présence capillaire sur son territoire.
Le journaliste Andrea Romano de la Stampa de Turin observe que <<on ne peut pas comprendre la Ligue Nord si on ne tient pas compte de la capacité qu’a eu Umberto Bossi (fondateur et leader), pendant toutes ces années, de faire croître une classe dirigeante locale de jeunes administrateurs, habiles et capables de se tenir en harmonie avec les demandes des leurs administrés>>.
C’est pour ces raisons que certaines comparaisons ne sont pas soutenables. Ça ne marche pas associer la Ligue, parti territoriale établis dans les Régions les plus riches du pays et avec le consensus de la classe productive et de la classe ouvrière, aux mouvements classiques de type idéologique soit d’extrême droite (voir le Lepénisme en France) soit d’extrême gauche (voir Besancenot ou la gauche maximaliste en Italie). Au-delà de certaines ressemblances superficielles (de gesticulation) avec les mouvements extrémistes, un parti régional comme la Ligue vit et prospère en vertu d’un « rapport contractuel », d’échange, sur des thèmes très concrets qui touchent directement leur vie et leurs intérêts avec ses propres représentés. 
Selon moi il y a deux circonstances qui donnent force à son action et qui expliquent son enracinement et ses succès. Primo : un parti régional ne doit pas se préoccuper, à différence des partis nationaux, de la « compatibilité » et des intérêts nationaux. Et cela rend ses mouvements moins entravés des partis nationaux qui doivent jouer le rôle de médiateurs entre beaucoup d’intérêts, répandus dans tout le Pays et, souvent, très contre versés parmi eux.
Secundo : le communautarisme territorial qui l’inspire lui permet de bouger <comme si>> les populations représentées étaient entièrement homogènes.
 
C’est un fait que des changements importants sont intervenus dans la structure économique et sociale. Et c’est dans cette perspective, étant donné que la conflictualité entre entrepreneurs et salariés s’est estompée, que nous pouvons expliquer la chute de la gauche classiciste et les significatifs déplacement du vote ouvrier vers la Ligue. (Dans le département de Trévise il y a une entreprise tout les 6/7 habitants et son P.I.B est comparable à celui de la Grèce). 
Afin de mieux comprendre la spécificité de la Ligue il faut focaliser l’attention dans la différence entre son rôle joué dans le précèdent gouvernement de Berlusconi et celui joué par la gauche maximaliste dans le Gouvernement de Prodi.
La gauche maximaliste a gardé en otage le gouvernement de Prodi sur tous les thèmes, de la politique étrangère au welfare. Il a toujours été une source d’instabilité et, de plus, d’incompétence.
La Ligue Nord, par contre, dans le précèdent exécutif de Berlusconi, a systématiquement soutenu les politiques gouvernementales, mais en gardant la barre sur les deux sujets que lui intéressaient le plus, à savoir : l’immigration et la dévolution*.
Il ne faut pas ignorer, à confirmation du caractère pragmatique de l’action légiste, que le gouvernement Berlusconi fut débiteur par rapport à la Ligue d’un Ministre du Travail (Maroni) auquel on doit le courage d’avoir fait approuvé la loi Biagi (économiste socialiste tué par les brigade rouge).
Etant donné que la nature de la Ligue n’a pas changé, nul ne fait penser que les choses se dérouleront différemment.
La Ligue continuera à soutenir loyalement le prochain gouvernement Berlusconi mais en lui demandant en contrepartie des mesures précises sur les choses qui ses électeurs veulent : sécurité, immigration et fédéralisme fiscal.
Sur la sécurité et sur les politiques d’immigration il n’y a aucune difficulté compte tenu qu’il existe une homogénéité politique dans le centre droite.
Le point le plus délicat est le fédéralisme fiscal.
Dans le passé il fut agité en tant que forme de propagande, mais aujourd’hui il fera partie de l’agenda gouvernemental et deviendra l’objet de vraies décisions.
Le Pdl (le parti du Popolo delle Libertà de Berlusconi) ne peut pas ignorer le problème du Mezzogiorno (le sud du pays) et il sera obligé à chercher un compromis entre les intérêts nationaux et la nécessité des régions du Nord de garder une partie plus importantes des richesses produites et de contribuer d’une manière ciblée au développement du sud sans passer par le gouvernement centrale (Roma ladrona = Rome voleuse). Le Nord aime le Sud. Il veut tout simplement décider lui-même la manière de le financer pour favoriser son développement.
C’est par le fédéralisme fiscal que se confrontera la durée du gouvernement Berlusconi.
Karneade
PS : Hier le Président Napolitano, à l’occasion de sa visite dans la région autonome del Trentino- Alto Adige a souhaité l’application du féderalisme fiscal.

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