Voilà encore un sujet brûlant qui va empoisonner l’humanité
au XXIème siècle en raison de la pression excessive qu’exerce l’homme sur le
cycle naturel de cet élément.
L’eau est un élément abondant sur la planète. Nous n’avons
pas eu besoin de Veolia tant que Gaïa la purifiait gratuitement et donnait à
tous les êtres vivants de la planète une eau propre à leur consommation. Gaïa
est une usine de traitement écologique modèle. Elle prélevait l’eau salée des
océans, l’adoucissait par évaporation avec la participation du Soleil qui la
fournissait gratuitement en énergie, puis la transportait sur terre utilisant
l’énergie éolienne. Elle en stockait une partie sur les montagnes sous forme de
glace pour parer aux saisons plus sèches et en utilisait une autre pour arroser
les plaines et les forêts. Là, après avoir arroser les plantes et les cultures
des humains, les eaux étaient à nouveau judicieusement réparties. En surface,
le surplus allait alimenter les ruisseaux descendus des montagnes pour donner
des rivières et des fleuves qui se chargeaient gracieusement de la distribution
en eau des populations qui avaient bon goût de s’installer sur leurs rives (et
pour cause !). Enfin, ce qui restait de ce précieux fluide était filtré par le
sol puis mis en réserve sous forme de réservoirs qu’on appèle nappes
phréatiques, à la disposition des populations qui avaient choisi de vivre à
l’écart des rivières et qui voulaient bien se donner la peine de creuser leurs
puits. L’usine Gaïa se chargeait
également et toujours gratuitement de la collecte des eaux usées pour les
recycler. Une partie était assainie sur place par lagunage dans les marais ou
par filtration dans les sols perméables et retournait sagement dans les réservoirs
souterrains. L’autre partie des eaux usées non traitées était collectée par les
fleuves et retournait directement aux océans qui savaient les traiter. Et le cycle recommençait ainsi,
indéfiniment, calmement, sans hâte, mais toujours avec la même efficacité.
Mais voilà, les hommes, toujours plus nombreux, toujours
plus pressés et avides, ont perturbé Gaïa. C’est pas qu’ils étaient
foncièrement méchants, les hommes ! Ils ont juste oublié une chose :
c’est que l’usine de traitement Gaïa, comme toute usine, avait une capacité de
production maximum, que les stocks de réserve étaient limités et qu’à vouloir
forcer le rythme de production c’est le système cyclique dans son ensemble
qu’il dégradait gravement.
Mais l’homme est très très intelligent. Se rendant compte de la
situation, il a inventé Veolia et ses sœurs pour secourir Gaïa. Et le génie
humain s’est dit qu’il pouvait sûrement faire mieux et plus vite que Gaïa, et
aussi gagner beaucoup de sous, bien sûr ! Alors, de géniaux ingénieurs ont pris
les choses en mains. Et c’est vrai qu’en dépensant beaucoup d’énergie pour
fabriquer et faire fonctionner des grosses pompes bien puissantes et en
s’aidant de beaucoup de produits chimiques que le génie humain sait produire,
ils ont pu nous fabriquer de l’eau (presque, pas toujours !) potable très très
vite dans des cycles beaucoup plus courts que ne le fait Gaïa.
Très heureux de l’extraordinaire réussite des ingénieurs
géniaux, l’homme financier de Veolia se réjouissait de voir les hommes,
toujours plus avides et dépendants de cette eau-là, pour arroser abondamment les
champs afin de produire plus de maïs, prendre des bains dans les jacuzzi
de leurs salles de bains, remplir leurs
piscines privées, laver leurs merveilleux 4x4, arroser les terrains de golf
bien verts. Il jubilait, le financier de Veolia.
Oui mais… devant une telle réussite, les ingénieurs, pas si
géniaux que ça au fond, se rendaient bien compte que leur capacité de
production, elle aussi avait ses limites. En plus les boues plus ou moins
toxiques et les produits chimiques utilisés participaient à accroître la
pollution ambiante et donc à compliquer leur problème d’épuration. Ça allait
coûter encore beaucoup plus cher.
Mais le financier de Veolia s’en foutait, les consommateurs
le payeraient encore mieux ; il était riche, il avait son jacuzzi, une piscine,
son 4x4 bien propre et rutilant pour montrer sa splendide réussite du côté de
l’avenue Kléber et au club de golf !
Hé, les humains ! Ça va pas, non ?
Arrêtez un peu de bousiller la planète, les gamins !
Et si on vivait au rythme de Gaïa, ça serait pas un peu plus
reposant, non ?
D’accord avec l’auteur. C’est bien le niveau local qui est
favorable à une ré-appropriation technique et économique, de ce bien précieux qu’est l’eau. D’abord
pour mieux maîtriser la consommation au plus près de son lieu d’utilisation.
Ensuite pour passer en revue les solutions techniques d’épuration et choisir la
mieux adaptée aux conditions locales et la moins perturbatrice pour
l’environnement. En zone rurale, l’épuration naturelle par lagunage pourrait
probablement être réalisée en beaucoup d’endroits, après étude de
faisabilité, avec un minimum d’énergie ; juste un peu de temps.