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Commentaire de Claudec

sur L'affaire DSK : puissants et complices


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Claude Courty Claudec 18 mai 2011 09:11

Du silence complaisant à la connivence
Le cas de Tristane Banon (YouTube/y59ua5D2G0o) est à rapprocher des propos de B. Debré. en cela que si ce qu’ils disent l’une et l’autre avait été révélé plus tôt, le pire eût peut-être été évité.

Mais il faut compter avec des mœurs telles qu’elles règnent en notre beau pays ; qui admet trop facilement le passe-droits – quand ce n’est pas l’abus de pouvoir –, la complaisance, la connivence – voire la complicité – et une hypocrisie qui vaut bien celle du puritanisme, sous couvert d’une tolérance pratiquée à l’abri de valeurs républicaines dévoyées.

Concernant les propos de B. Debré, il n’est que de lire les déclarations du patron d’Accor pour imaginer la situation dans laquelle ont pu se trouver les employés et responsables du Sofitel en cause, lors et depuis de précédents désordres du même genre, s’ils ont bien eu lieu.

Pour ce qui est de Tristane Banon, ne pas omettre que ses dires sont confirmés par sa mère, soumise à l’époque à une solidarité de parti l’ayant conduite à recommander le silence à sa fille, bien que DSK lui ait avoué « avoir pété un câble ». Rien de tellement surprenant d’ailleurs dans cette démission. Combien d’autres se sont assis et continuent de s’asseoir sur leur conscience par soumission à une idéologie ?

S’il en est d’autres, comme en a tiré argument le procureur new-yorkais, et quelles que soient leurs raisons, il serait intéressant de l’apprendre, ne serait-ce que dans un seul souci de vérité et de la justice qui leur est due.

C’est ce mutisme coupable qu’il y a lieu de regretter aujourd’hui, davantage encore que les agissements d’un obsédé sexuel à qui il aurait appartenu de se faire soigner, avec l’aide d’un entourage nombreux, dont l’affection proclamée aurait due l’amener à s’inquiéter de sa conduite avant qu’il en arriver à l’irréparable. Cet entourage partage aujourd’hui la responsabilité d’une situation qui, avérée ou non, éclabousse la France, laquelle en fera les frais, à l’intérieur comme à l’extérieur.

Et là n’est pas encore le plus grave, à en juger selon un après dans lequel nous sommes déjà , où se tisse le réseau des connivences habituelles. Les avatars d’un pauvre bougre semblant affligé de l’une des tares de l’espèce parmi les plus réprouvées, sont une chose, l’attitude de la presse et des politiques en général, qu’ils soient de gauche ou de droite, en est une autre. Ce n’est pas faire preuve d’acharnement que de dénoncer ces connivences, qu’elles soient calculées ou non. Et c’est même nécessaire puisqu’elles font le jeu des extrémismes.

Pour les politiques, c’est la loi du donnant-donnant qui joue, quitte à ce qu’en souffre une crédibilité citoyenne se traduisant, entre autre, par une abstention dont l’explication est d’abord là.

Pour la presse, c’est une question de noyautage, dont il suffit, pour en apprécier la portée, de considérer la différence de traitement dont sont l’objet nos élus, selon qu’il sont d’un bord ou de l’autre. Il est vrai qu’avec 80% de journalistes appartenant à l’opposition ou payés par des supports y trouvant leur audience, rien de surprenant. La désinformation y foisonne et le lecteur s’en repait, trop content d’y trouver l’aliment frelaté auquel l’ont habitué des médias qui se déconsidèrent eux aussi trop souvent.

Et maintenant, faute d’avoir incité l’un de ses membres à se soigner, plutôt que de faire preuve d’un mutisme dont la poltronnerie le dispute à la complaisance, c’est notre classe politico-médiatique entière qui va être soignée par ses homologues étrangères. Si certaines ne valent pas mieux que la nôtre, reconnaissons que les méthodes pragmatiques - celles qui ne tournent pas autour du pot, appellent un chat un chat, et donnent à une affaire dont nous pouvons avoir collectivement honte, le caractère exemplaire qu’elle mérite - appliquées par ceux auxquels a échu le privilège d’instrumenter, nous donnent une belle leçon de démocratie sans fard.

Ne pas retenir la dure leçon, plutôt que de nous prévaloir de l’exception française et de persévérer dans un laxisme et une hypocrisie que la gauche caviar n’est pas la seule à prôner fera à coup sûr et toujours davantage, le jeu des extrémismes.


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