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Commentaire de Anne

sur Où est passée ma bravitude ?


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Anne (---.---.228.234) 13 janvier 2007 03:32

Cher Zénon,

L’idée n’est pas de se replier sur le microcosme, mais de se concentrer dessus, pour la simple raison que le macrocosme ne nous serait accessible que par ce biais, tout le reste n’étant que « posture », et donc faux.

Je prends un exemple dramatique pour vous suivre : le milicien en 1944 (qui n’a rien compris sur le plan du macrocosme) qui sauve des Juifs parce qu’il a compris quelque chose sur le plan humain, ne vaut-il pas mieux que le résistant de la dernière heure (en phase avec le macrocosme) qui va tondre, ou pire, des femmes accusées d’avoir couché avec des Allemands ?

Il faudrait peut-être s’avouer que la politique appartient plus au mythe qu’à la science, et que les mouvements de masse participent plus à l’instinct grégaire qu’à la définition d’un avenir commun rationnel.

Chacun utilise des concepts préexistant, république, démocratie, mondialisation, sans franchement bien les comprendre, ou alors en leur donnant une définition à chaque fois différente (c’est cela la force des concepts, ils n’existent que par la valeur que chacun leur donne), et où l’important n’est pas la vérité mais, finalement, la foi, comme dans une religion.

En effet, qui peut prétendre avec raison connaître par exemple tous les tenants et aboutissants de la mondialisation ? Qui peut s’affirmer sincèrement « de gauche » (un concept abscond - je vais encore me faire tuer) et demander que les pays moins avancés restent dans leur misère en refusant d’acheter leurs produits (en avançant parfois des critères « éthiques » à géométrie variable car incertains) ?

Ne pourrait-on pas mieux travailler sur ce que l’on connaît (cela rejoint les réflexions pertinentes d’Eponymus, plus haut), c’est à dire les gens que l’on rencontre, nos spécialités professionnelles, plutôt que gesticuler sur des choses qui nous dépassent ?

Un monde harmonieux ne serait-il pas un monde dans lequel chacun se sentirait bien à sa place, et balayerait devant sa porte (on rejoint l’idée étymologique de « res publica ») avant de regarder devant celle du voisin ?

Les fabricants d’armure, à la fin du Moyen-Age, avaient du soucis à se faire, leur métier devenait inutile. Aujourd’hui, on les verrait descendre dans les rues pour réclamer des subventions afin de continuer à produire des armures que personne ne porterait. Pourtant, l’homme n’est pas monotache, comme le ferait croire une division du travail rigide et socialisante datant de l’ère industrielle. Laissons les plus créatifs s’exprimer, changer d’activité, de branche, de métier, encourageons les autres à comprendre qu’ils pourraient peut-être être tout aussi bien cadres ou artisans, et dans la mesure de nos moyens, aidons les plus faibles autour de nous.

Ainsi, tout en restant dans le monde réel, opposé au monde des idées politiques, nous auront peut-être une vraie influence, à laquelle Zénon aspire noblement. Je crois que cette vraie influence, tout aussi modeste qu’elle puisse être parfois, est préférable au « sentiment d’influence » que donne la participation à des mouvements de masse. Ce sentiment d’influence est la rémunération que donnent ceux qui sont à la tête de ces mouvements pour avoir une illusion de véritable pouvoir grâce à tous les anonymes qui marchent pour eux.

Enfin, pour avoir cotoyé des hommes politiques dans leur travail, il semble que cela soit surtout des pantins impuissants, ayant beaucoup plus un pouvoir de nuisance, en général, qu’un pouvoir de création. Comme par hasard, les rares qui font avancer les choses sont presque toujours des personnes très humaines, qui traitent bien ceux qui les entourent, bref, qui s’occupent d’abord du microcosme.


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