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Commentaire de Alexis Dayon

sur Valls, Montebourg : le vrai débat ?


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Alexis Dayon Alexis Dayon 20 septembre 2011 21:54

Bonsoir M. Samba.

Toute d’abord merci pour vos deux messages et pour l’attention qu’ils me témoignent ; j’y suis sensible, sincèrement. Sans doute aurais-je dû prendre la peine de vous répondre en bonne et due forme plutôt que de vous citer simplement dans une réponse à wàng. Je vais donc le faire.

Sachez que j’ai lu et relu votre commentaire ; je comprends bien que vous m’appelez à sortir de ma réserve d’observateur prétendument « neutre » et à m’engager. Je l’apprécie, même si je pense que vous-même n’avez pas bien cerné ce que je cherchais à sous-tendre dans cet article. Je n’ai pas écrit de tribune de soutien à un homme ou à une ligne politique - ce que j’ai déjà fait, sur ce site même. Mon choix était d’écrire un article sous forme de compte-rendu du premier débat socialiste ; ce n’était donc pas l’endroit approprié pour exprimer ouvertement mon opinion ou ma faveur - même si cet article reste un éloge à la radicalité politique.

Mais je m’étonne que vous m’ayez lu comme un auteur si détaché de mon propos ; moi-même je pensais au contraire y avoir trop laissé transparaître ma sympathie pour la ligne d’Arnaud Montebourg. Seulement, à partir du moment où je décide de ne pas écrire une tribune partisane - exercice éminemment respectable auquel, je le répète, je me suis déjà livré - mais un article d’observation politique, je me dois par honnêteté intellectuelle de traiter à égalité Valls et Montebourg. D’examiner pour l’un et pour l’autre les chances comme les risques que me semblent impliquer leurs propositions.

C’est pour cela que, je vous l’avoue, je comprends mal lorsque vous me dites qu’il y a dans cette phrase une « apparente sagesse » : « Mais au fond, y a-t-il réellement d’autre option que celles-ci : la pacification économique au risque de la compromission politique, ou la résistance politique au risque du conflit économique ? »

Déjà, mon but n’est pas d’être sage ou de faire sérieux, il est d’être aussi pertinent que je le peux dans la présentation et la schématisation d’idées que je propose à mon lecteur. Je lui laisse la liberté de choix. Vous, semblez à l’évidence opter pour « la résistance politique au risque du conflit économique » ; c’est tout à votre honneur, et je vous confie que c’est moi aussi ce en quoi je crois. Mais je ne vois pas en quoi énoncer le fait que la résistance comporte intrinsèquement le risque de la violence est une « apparente sagesse » ; c’est juste de la lucidité.

Voyez-vous, à la fac où je vais, j’en vois énormément des jeunes engagés trop fiévreusement engagés, un peu adolescents dans leur tête et qui pensent être de lyriques résistants dans un monde de compromission, mais qui, quand viennent les conséquences - parfois virulentes - de leurs actions, se décomposent et ne les assument plus. Car à ce qu’il me semble, on ne commence pas réellement à s’indigner tant qu’on n’a pas pris la mesure des conflits et des violences que cela peut amener, tant qu’on n’est pas prêt à les regarder en face et à les assumer. Avant cela on n’est pas un indigné, on est juste un gamin irresponsable.

Ceci étant, laissez-moi vous dire à quel point je respecte quelqu’un comme Manuel Valls. Je ne suis pas sur sa ligne politique (celle de la « pacification économique » dont j’ai voulu avoir la lucidité de dire qu’elle comportait intrinsèquement le risque de la « compromission politique » - suis-je réellement si neutre et si sage en le disant ? smiley ) mais je trouve que cet homme tient sa position et qu’il la tient bien. Il croit dans ce qu’il propose, il a envie d’agir pour le bien de son pays et c’est un républicain. Aussi ai-je tenté de restituer de manière honnête ce qui me semble faire le bien-fondé de son propos. Ce qu’il propose est une réelle option dans les temps actuels, comme ce que propose Montebourg. C’est à la démocratie de choisir où elle désire cheminer entre ces deux lignes (ou ailleurs...) ; je ne prétendais donner ici que quelques éléments d’analyse.

Puis dernière confidence, je ne suis pas socialiste. Je suis sympathisant écologiste. Je me suis engagé activement pour Nicolas Hulot ; j’ai été profondément déçu par Mme Joly. Aujourd’hui mon cœur balancerait plutôt du côté de M. Mélenchon. Je ne jette sur la primaire socialiste qu’un œil assez extérieur - intéressé, mais extérieur. À travers les hommes j’essaie de cerner la tectonique des idées. Je ne crois pas que le destin de la France dans les cinq ans se joue entre MM. Valls et Montebourg et n’ai donc pas besoin de m’enflammer ici plus que de raison. smiley

Cordialement.

Alexis.


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