• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de PELLEN

sur Après la dette abyssale, une électricité précaire et hors de prix


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

PELLEN PELLEN 10 octobre 2011 18:58

À l’attention de messieurs Bupp et Bulgroz, que je ne remercierai jamais assez de leur pugnacité et de leur détermination à ne pas se laisser intimider, quelle que puisse être la provocation.


Le plus pathétique dans tout ça c’est que, au bout du compte, le choeur des lanceurs d’invectives, n’ayant pour toute arme que le slogan et la furieuse envie de me voir clouer au pilori en place publique, revendique avec véhémence que leur soit distribuée une électricité erratique et hors de prix ! Qu’il se rassurent : un tel âge d’or énergétique pourrait, hélas, arriver chez nous bien plus tôt qu’ils ne le déplorent... dans le sillage des mêmes hérauts du nouveau monde qu’en 1997.
Pour se faire une petite idée du radieux régime énergétique qu’ils nous préparent, il suffit de regarder ce qui se passe chez nos voisins d’Outre-Rhin, où l’arrêt de 8 réacteurs a instantanément provoqué une augmentation de 20 % du prix moyen d’un KWh déjà 20 à 30 % plus cher que le nôtre. Et encore, ne s’agit-il là que d’une dérisoire mise en bouche : nos voisins n’ont pas encore attaqué les premières pentes de l’Himalaya financier de leur sortie du nucléaire, selon les sources, estimée entre 250 et 300 milliards d’euros. Je vous laisse imaginer ce que cette sortie coûterait chez nous...
Et tout ça pour, comme nous, vivre avec le nucléaire pendant une bonne trentaine d’année encore. Sauf que, pendant cette période, notre nucléaire opérationnel à nous aura progressé sur les plans technologique, économique, sûreté, rendement et autre production de déchets et atteindra naturellement une limite d’âge conforme aux prescriptions nominales de son démantèlement, prescriptions qui en garantissent une optimisation sur tous les plans. À l’inverse, pendant ces décennies, les Allemands vont devoir chèrement essuyer les plâtres d’une anticipation trop prématurée de ce que le nucléaire a de plus ingrat et de plus repoussant... dont les autres exploitants nucléaires de la planète ne manqueront pas de tirer un grand profit du retour d’expérience. Tout ceci sans contrepartie aucune, ni au plan économique, ni à celui du confort et de la stabilité énergétique du pays et de la « plaque de cuivre » européenne, laquelle pourrait douloureusement pâtir des foucades hivernales de la production allemande.
Quant aux miraculeux progrès technologiques, pronostiqués par les adorateurs du vent et du soleil, pour éolien et photovoltaïque, je nous donne rendez-vous dans seulement 15 ans, si Dieu me prête vie. La prospérité industrielle et économique pourra bien attendre ce modeste délai !
En tout cas, si ça peut consoler tous les impatients de ce pays à entrer dans une telle félicitée énergétique, je les informe que, à la faveur du passage des Verts au gouvernement, la France a déjà bien anticipé la nouvelle ère. J’engage vivement ces impatients à consulter leur facture d’électricité et à y considérer attentivement la très discrète CSPE ; vous savez, la fameuse Charge de Service Public de l’Électricité. C’est grâce à cet impôt que l’État dédommage EDF de son obligation d’acheter électricités éolienne et photovoltaïque à des tarifs 2 à 15 fois supérieurs aux coûts de sa production interne ! Une obligation portant sur des milliards d’euros et à laquelle EDF est liée par contrats de longues durées allant de 12 à 20 ans. Mais ce n’est pas tout ! L’État développe ensuite des trésors d’arguties pour justifier de ne pas rendre à EDF la totalité du montant de cette CSPE, si bien que le défaut de recette correspondant ne peut que se retrouver dans la facturation à l’usager qui, de ce fait, paye deux fois la CSPE sur une part de ses KWh. J’invite tous ceux qui me lisent à reprendre, s’il le peuvent, leurs factures EDF des années précédentes et à quantifier l’évolution du montant de la CSPE. Ils ne devraient pas être déçus.
J’en terminerai en précisant que je persiste et signe pour ce qui concerne l’énergie surfacique solaire MOYENNE dont bénéficie notre pays : elle est communément évaluée entre 5 et 600 w/m2. Les 1000 Watts qui ont été avancés ici, correspondent à un soleil au zénith, à midi, en plein été, dans le midi de la France et ceci ne fait pas une moyenne nationale.
Quant aux 140 Wc/m2 dont les nouvelles cellules seraient capables, je veux bien considérer que je suis en retard d’un progrès récent et admettre bien volontiers cette valeur. Mais, convenez avec moi que le passage de 100 à 140 w n’est pas vraiment susceptible de provoquer le changement d’échelle qui rendrait le photovoltaïque compétitif avec l’un quelconque de nos moyens traditionnels de production électrique. J’ajoute que, contrairement à ce qui a été insinué, 98 % de cette électricité photovoltaïque est vendue à EDF, dans ce pays... Et pour cause ! Sans quoi, cette technologie serait, chez nous comme ailleurs, quasi inexistante, pour la bonne et simple raison que, sans subvention, elle n’est pas viable. L’autoconsommation de cette électricité c’est pourtant la responsabilité individuelle qu’il faudrait prioritairement encourager partout et à laquelle je suis foncièrement favorable. Mais, chez nous, la responsabilité individuelle se porte surtout comme une cocarde...

André Pellen   

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès